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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Dans la présentation de cette réédition, Jean-Marc Drouin cite Wilberforce, l'évêque anglican d'Oxford qui demandait ironiquement au zoologiste Thomas Huxley « s'il descendait du singe par son grand-père ou par sa grand-mère ». Huxley lui rétorquait en substance « qu'il rougirait plutôt d'avoir un ancêtre comme l'évêque qui se mêle de problèmes qu'il ne connaît pas dans le seul but de les embrouiller ».
Malheureusement, nombreux sont encore ceux qui, sans aller, comme les adeptes du créationnisme, jusqu'à nier l'évolution des espèces vivantes, n'en tirent pas toutes les conséquences philosophiques sur l'interdépendance et la fraternité universelle. Aujourd'hui, ces successeurs de Wilberforce ne peuvent plus nier cette filiation, mais ils ont honte de leurs ancêtres. Ils veulent encore, en dépit de toutes les évidences, se sentir étranger au monde réel, séparés, différents et, bien sûr, supérieurs ! C'est bien dommage pour eux et pour le monde car ils perdent le bonheur de faire partie d'un fantastique organisme planétaire vivant et ignorent donc, ou sous-estiment, toutes les conséquences concernant notre immense responsabilité, en particulier dans le domaine de l'écologie.
Les rééditions de ce texte fondateur de Darwin sont d'utilité publique !
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Prenez un jeune anglais espiègle et distrait, qui s'ennuie un peu sur les bancs de l'école. Ne lui procurez ni de télé, ni de téléphone portable, ni internet : la zone. le morveux va se mettre à ramasser tout un tas de trucs qu'il trouve par terre : des coquilles, des pièces de monnaies, des cailloux et même des chenilles. Un bon à rien, quoi. Destinez-le à devenir curé, ou médecin. du coup, le garnement devenu jeune homme va se faire la malle pendant cinq ans sur un bateau, pour tenir compagnie à un capitaine irascible. Là, il va faire le tour du monde, et continuer à ramasser tout un tas de cochonneries : des oiseaux morts, des insectes bizarres, des vers dégoûtants. Une fois revenu à Londres, enfermez-le pour qu'il réfléchisse à son comportement inadéquat pour quelqu'un de sa classe, tout juste pourra-t-il correspondre avec les meilleurs spécialistes en zoologie d'Angleterre.
Laissez-ce vaurien mijoter pendant vingt ans.
Vous obtenez ce livre qui va révolutionner la biologie, et, au-delà de ça, replacer l'homme au sein du monde animal. Donc contribuer à changer la vision que nous avons du monde.
Le livre en lui-même ne fait pas dans le sensationnel : pas de photos chocs ni de formules chics ; il ne s'agit que « d'une longue argumentation », s'appuyant sur « d'innombrables petits faits », comme dit Stephen Jay Gould.
Ce livre résume le fruit de longues années d'observations minutieuses, de prises de notes, de la culture de deux cents trente-trois plants de choux, d'échanges avec des éleveurs de pigeons ou de naturalistes amateurs, de comparaisons de crânes, d'études de géologie, de physiologie, de géographie, des poils sur le poitrail des dindons mâles, et aussi, de discussions avec d'éminents spécialistes. C'est un traité sur l'élevage des animaux domestiques, un traité de botanique, un ouvrage de zoologie, tout cela à la fois.
Le génie de Darwin, c'est que, de tout ces humbles et sans doute peu glorieux travaux, il tire des conclusions extraordinaires : la descendance induit des variations de l'espèce, et de cette descendance, seuls les plus aptes survivent, sélectionnés par les conditions naturelles. Il n'y a plus d'espèces fixes, créées ex-nihilo.
Cependant, Darwin sait qu'il demeure de nombreux points obscurs à sa théorie : parmi ces points, la question des formes intermédiaires. « Pourquoi ne trouvons-nous pas, dans toutes les formations géologiques, une grande abondance de ces formes intermédiaires ? » se demande ce sacré Charles. C'est qu'il s'accroche à sa conception de transformations lentes et graduelles ! La réponse est : « Parce qu'il n'y en a pas, Charles ! »
Mais impossible de lui en vouloir : Darwin faisait avec les connaissances scientifiques de son époque, et, malgré ses qualités de déduction extraordinaires, il ne pouvait quand même pas tout découvrir. Il lui manquait la biologie moléculaire, la génétique, la théorie des équilibres ponctués, l'embryologie, et toutes ces sciences qui ont amélioré et continuent à affiner cette magnifique théorie, qu'il avait tracée dans les grandes lignes. Chapeau, Monsieur Darwin !
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Ça c'est sûr, "L'évolution des espèces" ne se lit pas comme un roman et j'avoue que j'ai sauté quelques pages mais ce n'est pas par manque d'intérêt pour l'extraordinaire travail scientifique de Charles Darwin.
Il est difficile de résumer les théories développées par Darwin mais quelques points importants permettant de comprendre l'impact de cet ouvrage publié en 1859 peuvent être évoqués.
A l'époque, l'Angleterre et une grande partie du monde croient au créationnisme : dieu a créé la terre et toutes les espèces qui y vivent. La religion domine les idées et les scientifiques font, la plupart du temps, un travail d'observation sans remise en cause : ils observent les créations divines au sommet desquelles trônent Adam et Eve.
Dans son ouvrage, Darwin cite de nombreux scientifiques (naturalistes, géologues) car il n'était pas le premier à questionner ce principe. Mais il a été plus loin, il a mis en évidence que le temps nécessaire à l'évolution des espèces était possible en reliant les observations géologiques aux observations du vivant. Il a également généralisé l'universalité du principe à l'ensemble des espèces.
Il faut dire aussi que Darwin était autant philosophe que chercheur. On voit sa rigueur de scientifique dans le plan de son livre mais c'est sa vision globale qui a donné à ses travaux une telle ampleur.
Sa théorie repose sur quelques principes forts : l'évolution se fait par sélection naturelle, où les espèces qui s'adaptent le mieux survivent indépendamment de leur force ou de leur intelligence. L'évolution n'a pas une direction donnée ou un déterminisme logique mais prend place en fonction de la pression des conditions externes. L'homme n'est pas le faîte de l'évolution mais une mutation comme les autres, amenée elle-même à évoluer.
Alors non il n'a pas écrit que l'homme descendait du singe.
Je suis admirative de cet observateur hors pair qui a cherché à comprendre ce qu'il voyait de manière objective, en assemblant des faits plus que des idées imposées.

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Ce livre a marqué un tournant dans l'histoire de la connaissance du vivant. Il ne fut ni le premier (Maupertuis dès le 18e annonçait cette théorie) ni, naturellement le seul. Il explique pourquoi les espèces changent, évoluent, se diversifient, c'est-à-dire qu'il explique que des "lois" universelles gouvernent les modifications du vivant que l'on peut observer dans les documents fossiles qui nous viennent de la géologie et dans les populations vivantes qu'étudient les botanistes et les naturalistes. Plusieurs théories complémentaires sont venues depuis enrichir l'idée maîtresse de Darwin (on pense à l'épigénétique déjà annoncée par Lamarck, à l'évolution générale du cosmos par Chaisson/Reeves, à la coévolution de Picq, aux équilibres ponctués de Gould, etc...), mais celle de Darwin a incontestablement marqué un tournant qui entérina la fin -- définitive ? -- des hypothèses téléonomiques et théologiques. Rien que ça. A lire pour celles et ceux qui s'intéressent au cheminement de la pensée nécessaire à la connaissance des phénomènes.
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Un texte fondateur de la pensée de l'humanité. Quel plaisir de se plonger dans l'univers d'un naturaliste du XIXe siècle. On touche le quotidien de cet homme ; on le voit consulter une masse de documents sur les insectes d'Asie centrale et les coléoptères du Paraguay ; observer pendant des jours et des jours, chaque année, la vie d'une fourmilière ; argumenter devant un parterre de savants perplexes ou conquis sur la sélection naturelle et l'évolution des espèces et défile alors dans notre esprit une liste de plantes et d'espèces animales allant du choux, du houx, du chêne et du pin sylvestre au ver à soie, au loup, au coq de bruyère et à l'alligator. Charles Darwin, comme beaucoup d'hommes de son époque est un fin observateur, qui prend plaisir à tenter des expériences, à observer les résultats et à les analyser pour en tirer des conclusions. On se replonge, à travers la lecture de son oeuvre, dans la méthodologie scientifique qui s'est imposée comme règle au XIXe siècle. Sa formidable capacité d'observation lui fait remarquer des phénomènes qu'il ne peut expliquer par sa théorie de l'évolution, mais qui seront connus quelques années plus tard grâce à l'apparition de la génétique.
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Cette nouvelle édition est la traduction française de la première édition écrite par Darwin en 1859. Les éleveurs constatent la transmission des caractères par l'hérédité sans connaître encore le mécanisme génétique qui ne sera découvert que plus tard. Darwin croit que nombre de variétés domestiques descendent souvent d'une seule espèce. Il discute d'un exemple qu'il connaît bien pour en avoir élevé lui-même, le pigeon domestique. Il évoque l'effet indéniable de la sélection méthodique et inconsciente effectuée par les hommes depuis que les animaux sont domestiqués, sorte de sélection bien imparfaite s'attachant surtout à l'aspect extérieur de l'animal. La plasticité des variétés y est mise en évidence par de nombreux exemples. Il est à noter que l'idée de la plasticité des espèces entre en conflit avec la notion biblique de la création divine des animaux dans le dessein de servir l'homme. L'extraordinaire résistance, pour ne pas dire de mauvaise foi, que rencontre le darwinisme depuis plus de 150 ans n'est pas étrangère à ce conflit d'idées.

Le deuxième chapitre s'intéresse à l'action de la sélection naturelle sur les animaux à l'état de nature. Les différences individuelles sont un terreau fertile sur lequel peuvent naître les variétés. Il y a cependant une grande difficulté, même pour les spécialistes, à différencier une variété d'une espèce. À l'observateur expérimenté, la variété mue en variété plus prononcée, puis en sous-espèce, puis en espèce distincte. Ces transformations ne sont pas le fait de facteurs externes, mais de la sélection naturelle. Par ailleurs, les espèces des genres riches ressemblent davantage à des variétés que les espèces des genres pauvres qui ont des traits mieux délimités. Par définition, les variétés ont des distributions géographiques restreintes.

Comment expliquer les admirables adaptations dans le monde animal entre des plantes et des animaux? Comment expliquer aussi que les espèces naissantes deviennent de vraies espèces distinctes? C'est la lutte pour la vie qui explique cette évolution. Grâce à cette lutte, une variation, aussi minime soit elle, qui avantage un animal a davantage de chance d'être transmise à sa descendance et à favoriser sa survie. C'est ce principe de préservation que Darwin nomme sélection naturelle, opposé à la sélection effectué par l'homme. La lutte pour l'existence implique des relations mutuelles de dépendances, mais aussi l'aptitude à laisser des descendants. La quantité d'individu naissants est telle qu'il faut une réduction sensible de la masse des êtres qui parviennent à la vie sans quoi la terre ne pourrait rapidement plus supporter l'ensemble de la biomasse. La concurrence, la prédation, le climat, le type de végétation, la lutte entre individus de la même espèce ne sont que quelques-uns des aspects de la très grande complexité de cette lutte universelle.

Qu'en est-il du principe de la sélection naturelle à l'état de nature? Il y a un nombre infini de variations individuelles, la force des tendances héréditaires, les rapports étroits des êtres complexes les uns avec les autres. Peut-on douter qu'un individu ayant un léger avantage ait de meilleurs chances de survie? de plus, les modifications n'ont pas besoin de grands bouleversements pour surgir. L'action de l'homme est minime, variable et établie en fonction de ses besoins; en comparaison, l'action de la nature s'exerce au bénéfice des animaux sur des temps géologiques sinon les animaux finiraient par disparaître. La sélection sexuelle se produit lors de la lutte des mâles pour choisir les femelles. Les combats ne sont pas toujours mortels, comme chez les oiseaux où les femelles choisissent certains mâles pour leur plumage. Darwin discute ensuite de plusieurs exemples.

La sélection naturelle tend à la divergence des caractères. Les variétés cherchent à occuper des niches inoccupées car plus les organismes diffèrent les uns des autres sous les rapports de la structure, des habitudes et de la constitution, moins âpre est la lutte entre les variétés. Les souches proches ont tendances à s'éliminer entre elles; il en résulte que les descendants sur des milliers de générations finissent par se différencier davantage. Ce sont les espèces les plus riches qui varient le plus et qui transmettent à leur descendants les avantages qui leur permettent de se maintenir à travers les variétés qui apparaissent et la sélection naturelle tend à faire disparaître les espèces intermédiaires moins perfectionnées. Voilà ce qui explique toutes les affinités que nous voyons dans la nature et que nous ne verrions pas si toutes les espèces étaient entièrement distinctes. Il y a vraiment une ramification de la vie, comme dans les branches d'un arbre, si on remonte assez loin on finit par retrouver un ancêtre commun.

Les lois de la variabilités sont encore inconnues parce que les gènes ne sont pas découvert, mais une observation attentive montre des tendances lourdes appelées lois concernant l'environnement dans une faible part, l'habitude d'utilisation ou non des parties de l'anatomie, les parties fortement développées, les parties secondaires plus variables que les parties centrales, les caractères spécifiques, plus variables que les caractères génériques, les caractères sexuels secondaires très variables. La sélection naturelle n'a pas eu le temps de maîtriser la tendance à la variabilité ultérieure ou au retour de certains caractères.

Dans le chapitre sur les difficultés liées à la théorie, on y apprend qu'il y a énormément de variétés mais peu de formes radicalement originales les unes des autres. Il y a peu de gradations intermédiaires entre les espèces en partie parce que la sélection naturelle agit lentement sur quelques parties et que la sélection implique l'extinction des formes intermédiaires antérieures. Aussi, les formes intermédiaires sont moins nombreuses que les formes établies et disparaissent plus vite. Il faut accueillir avec prudence l'impossibilité d'un changement graduel; une espèce peut changer ses habitudes et ne pas sembler totalement bien adaptée à son environnement. le problème de la perfection de l'oeil n'est qu'un problème apparent, il est possible que la sélection naturelle puisse faire apparaître un oeil au cours de gradations simples s'échelonnant sur une longue période. Des parties atrophiées peuvent redevenir importantes et inversement des parties importantes peuvent s'atrophier dans la suite des temps. La sélection naturelle ne peut produire chez un animal une partie seulement pour nuire à un autre animal; mais elle peut créer des parties très utiles ou très nuisibles à d'autres animaux. Les habitants d'une région plus petite disparaissent plus rapidement que ceux d'une région plus grande. Ceux d'une plus grande région seront en général plus parfaitement adapté que les animaux des régions plus petites. Enfin, la nature ne progresse pas par sauts brusques, mais par lentes et petites évolutions. La formation de tous les animaux repose sur deux grandes lois: l'unité de type et les conditions d'existence. Les conditions d'existences étant supérieures à l'unité de type car elles comprennent, par l'hérédité, l'unité de type elle-même. Les opposants à la théorie de l'évolution utilisent encore aujourd'hui les mêmes objections soulevées par Darwin en leur donnant un statut définitif comme si ces objections réfutaient la théorie alors que Darwin énonce clairement à plusieurs reprises que malgré parfois d'énormes difficultés, rien dans tous ces obstacles ne remet en question la validité fondamentale de ses axiomes. J'y vois une preuve éclatante que les opposants à la théorie de l'évolution n'ont jamais lu Darwin, se contentant de répéter machinalement des objections dont ils ne comprennent ni la portée, ni l'importance. Après le travail colossale d'observation effectué par Darwin, il faut pour le moins être imbu d'une idéologie aveuglante doublé d'un ego hypertrophié pour oser affirmer que cette théorie est fausse.

Comme les formes biologiques, l'instinct est soumis à la sélection naturelle. Les habitudes mentales sont variables et héréditaires. Darwin discute longuement de l'instinct esclavagiste des fourmis et de l'instinct des abeilles à construire des rhombes (alvéoles) de cire d'une symétrie parfaite avec une économie de moyen favorisant la survie de la ruche, autre manifestation de la sélection naturelle.

Comment se fait-il qu'il y ait si peu d'espèces de transition dans les archives fossiles? Les archives fossiles sont d'abord et avant tout très incomplètes. Si en plus, les espèces intermédiaires sont remplacées plus rapidement par les espèces dominantes, il est normal que les chaînons manquants soient plus difficile à trouver. Darwin discute ensuite des laps de temps immenses des époques géologiques à l'aide de observations des dépôts et des couches de sédiments sous toutes leur forme et de la très grande imperfection des archives géologiques.

À ce stade, je n'ai lu que le résumé des deux chapitres sur la distribution géographique, et sur les affinités mutuelles des êtres organisés et n'ai lu ni la récapitulation ni la conclusion.

Voici l'une des grandes oeuvres de l'humanité, manifeste du génie d'observation et de déduction de l'esprit humain. C'est un peu soporifique par moments, et j'aurais aimé un peu plus de concision, plus de 500 pages, c'est trop long, mais dans l'ensemble, une lecture passionnante que je recommande à tous ceux qui veulent en apprendre davantage sur la vie et ses ramifications.
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Le récit de Charles Darwin sur nos origines, a lire comme un roman.
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Tout le monde connaît mais qui l'a vraiment lu?
Il s'agit du meilleur article scientifique jamais écrit. Darwin s'excuse dans son introduction de ce "résumé" écrit à la hâte (321 pages qu'il a mis 38 ans à rédiger). Darwin y décrit ses nombreux travaux expérimentaux ainsi que ceux d'autres savants de l'époque qui apportent les preuves de la théorie. le déroulé du raisonnement est brillantissime. C'était l'époque où les scientifiques étaient de vrais savants.
Aujourd'hui une thèse équivalente serait disséquée en une cinquantaine d'articles.
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"Tous ces effets découlent d'une même cause: la lutte pour l'existence. Grâce à cette lutte, les variations tendent à préserver les individus d'une espèce et se transmettent ordinairement à leur descendance, pourvu qu'elles soient utiles à ces individus."

Une lecture contre les créationnismes ou le dessein intelligent.

C'est en plein milieu du 19ième siècle que Charles Darwin publie l'une de ses oeuvres phares dont il en tire 6 révisions entre 1859 et 1872 afin d'y inclure précisions et réponses à ses contradicteurs. La rédaction du texte On the Origin of Species by Means of Natural Selection, or the Preservation of Favoured Races in the Struggle for Life va être stimulée par son voyage autour du monde dans les années 1830 à bord du H.M.S. Beagle dont il inclura nombre d'observations comme base d'argumentation pour supporter sa thèse. Car il s'agit bien d'un argumentaire, d'une longue dissertation, dont l'objet sera de discuter du principe de l'évolution des espèces grâce au mécanisme de la sélection naturelle.

Il existe aujourd'hui bien d'autres ouvrages qui expliquent, actualisent et corrigent ses intuitions et ses déductions, néanmoins la lecture du texte permet un certain voyage dans le temps, un retour appréciable au texte source qui cristallisa et qui exposa sous une forme tout à fait abordable à tout public une vision radicalement autre de ce que la croyance populaire ou le dogme tenait pour vrai et immuable. Certes Darwin n'est pas seul à penser ce qu'il écrit car bien d'autres scientifiques comme Spencer, Saint-Hilaire ou Lamarck émettait des idées qui abondaient dans le sens que les espèces n'étaient pas fixes, et à cette époque les hommes vivent en des temps intéressants dans lesquels les sciences, les techniques, les industries sont acteurs d'un changement qui cherche à se définir. Dans l'Angleterre Victorienne, l'Église anglicane reste un pilier du conservatisme, et les controverses et disputes contribueront au renforcement de la théorie et de son rayonnement. La notoriété dont Darwin bénéficie ne tient pas dans ce qu'il a pu écrire soit complétement correct ou absolument juste, mais d'avoir pu mettre le doigt sur des mécanismes peut-être plus subtils à démontrer et qui tranchait par rapport à son époque, mais explicable par un raisonnement fondé. D'ailleurs il prend grand soin dans son propos à montrer là où il s'avance en connaissance de cause et là où reconnait de pas pouvoir s'avancer.

S'il n'existait qu'un point fort dans cet oeuvre, il s'agirait justement d'être rédigé de façon à être lu par tous: plus dissertation que que schéma, plus littéraire que mathématiques, et si quelques termes ici et là font appels à des connaissances de naturaliste, il existe un lexique en fin d'ouvrage, c'est surtout la clarté du propos et de la réflexion qui prévaut.

le texte date nécessairement. Darwin bute sur quelques questions de biologie en rapport avec l'hérédité et l'hybridation car l'outil de la génétique en est aussi à ses début, ou bien il peut concevoir l'évolution comme un processus qui ne tend que vers un idéal dont l'homme est le reflet. Toutefois, il pointe de manière pertinente les difficultés qui existent encore dans la thèse: le principe fondamental de variabilité dans la descendance est mis en exergue pour expliquer la capacité d'évolution des espèces en comprenant que la nature ne retient et par là ne favorise que ce qui marche le mieux dans un écosystème local. La nature agit comme un tamis, les espèces disparues le sont au profit de nouvelles, et les espèces intermédiaires changent dans le temps, à un rythme qui ne peut être dicté que par celui de la pression concurrentielle locale et de la capacité de reproduction.

De manière intéressante, Darwin doit déjà répondre à des critiques que l'on continue de lire et d'entendre. Ainsi il explique en quoi l'oeil, dont la complexité et dite perfection ne pourrait être le produit du 'hasard', peut s'expliquer par étapes successives, par le processus de sélection naturelle qui favorise l'appareil oculaire le mieux adapté pour l'espèce dans son environnement. L'un des autres points de discussions porte sur l'absence de preuves des espèces dites intermédiaires dans les couches géologiques qui tendrait à affaiblir sinon invalidé l'idée que des espèces aient pu changer; là aussi Darwin qui est assez géologue pour relever le défi, développe son argumentaire en démontrant le caractère imparfait des sources géologiques et fossiles et en opposant le caractère transitoire et donc relativement éphémère des certaines espèces. Tout autant que l'absence de preuve n'est pas la preuve de absence, l'absence de fossile d'espèce moderne dans les sols les plus anciens peut aussi faire porter l'argument comme quoi certaines espèces sont belles est bien apparues après d'autres, et qu'elle devait bien venir de quelque part.

La théorie de l'évolution des espèce par le moyen de la sélection naturelle choquait à sa parution, et continue de choquer lorsque l'on regarde certaines espèces ou lorsque tout simplement on considère la diversité du nombre de formes vivantes sur la Terre, mais surtout parce qu'elle déroge à l'idée que la nature est immuable et que l'homme en est le produit final et parfait. Pourtant, elle reste l'explication la plus rationnelle, logique et démontrable des explications, car la démonstration conceptuelle s'appuie sur l'observation et la compréhension du fonctionnement des environnements, et car elle peut tout simplement s'expérimenter ou sinon s'observer: le point de départ de Darwin dans son argumentaire est de rendre compte de la sélection dite inconsciente effectuée depuis des générations d'éleveurs et d'horticulteurs. Quelle rose ou dahlia de jardin peut se trouver à l'état naturel ? Quelle race de chien d'arrêt, de boeuf ou d'étalon n'a pas fait l'objet d'une sélection par leur propriétaire en faisant se reproduire les éléments disposant des attributs les plus intéressants. le principe de sélection existe, est appliqué par les hommes et il fonctionne; donc pourquoi pas dans la nature, mais sans le caractère intentionnel ? C'est la concurrence des espèces entre-elle pour l'accès au même ressources qui en devient le moteur.

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Je recommande à tous - littéraires comme scientifiques - la lecture de cet ouvrage pour son caractère historique et naturaliste en insistant sur le caractère abordable du vocable et de la lecture, ce même si certains passages malgré tout leur exotisme peuvent devenir moins intéressants lorsque les démonstrations prennent quelques longueurs. Toujours est-il que la structure du texte permet une lecture par thèmes et chapitres qui en facilite la progression.
Lien : http://dedicated-monkeys.blo..
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