Voilà un ambitieux projet : dépeindre la vie et les espérances de ces 200 millions de jeunes Chinois dans un pays en constante mutation depuis des décennies.
Tout d'abord pour bien comprendre dans quelle société ces jeunes Chinois évoluent, il faut aborder le hukou. C'est un système (qui remonte au X è siècle) d'enregistrement de la population qui distingue citadins et ruraux. Conçu comme un véritable passeport intérieur, l'objectif est de freiner l'exode rural (Actuellement la Chine compte 129 villes de plus d'un million d'habitants). Mais le hukou fait de ce territoire si vaste, un pays où les disparités entre régions sont énormes. Il a surtout pour cause d'empêcher l'ascension sociale des nouveaux urbains, ces derniers bénéficient de moins d'avantages sociaux que les citadins pure souche. Par exemple, ils payent plus d'impôts, les frais de scolarité ne sont pas gratuits pour leurs enfants, il faut des autorisations pour acheter une voiture ou un appartement. Et le pire c'est que ce hukou complique la vie sur plusieurs générations puisque qu'il s'hérite.
Pour une part, les Chinois sont comme des étrangers dans leur propre pays.
On rencontre le cas d'un jeune homme, qui venant d'une province rurale, devra rompre avec sa copine car n'étant pas de la même origine sociale, les parents s'opposent à un futur mariage. de nombreux jeunes aspirent à une vie simple : acheter un appartement, se marier.
Mais pas seulement, beaucoup se tournent vers de nouvelles problématiques comme l'environnement, les nouvelles technologies avec l'émergence tardive d'internet ou encore les droits sociaux. C'est le cas de Miss Lei, une jeune ouvrière de 19 ans qui devient déléguée syndicale après qu'ait éclaté, en mai 2010, la première grève générale de l'histoire contemporaine de la Chine. En partie liée à la politique de l'enfant unique, la main d'oeuvre est moins abondante et se sait plus forte. Cette grève aboutie à une revalorisation salariale de 24% puis de 20% dans la plupart des régions (allant même jusqu'à 64% dans le Guangdong).
La culture est un autre aspect qui préoccupe la jeunesse chinoise, la censure reste encore très présente en Chine (elle s'est même renforcée depuis l'arrivée au pouvoir de Xi Jinping) à la TV, au cinéma, en littérature...
Le problème de l'éducation se pose également, l'école renforce les inégalités sociales ou géographiques. Pour étudier dans de bonnes écoles, il faut avoir les moyens et être dans des grandes villes comme Shanghai.
C'est pour cela que les "haigui", ces Chinois qui partent étudier à l'étranger, sont de plus en plus nombreux.
J'adore la collection Lignes de vie d'un peuple mais je dois dire que j'ai été un peu déçu par cet ouvrage. Premièrement, il traite essentiellement de politique et d'économie, je m'attendais à plus de références culturelles, à des intervenants plus variés. Deuxièmement, le style très pompeux et pédant de l'auteur, avec ses phrases tortueuses et ses innombrables références à la littérature française, m'ont rendu la lecture fastidieuse. Néanmoins ce livre reste très intéressant et bien documenté pour quiconque s'intéresse à la Chine.
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Les intervenants choisis par l'auteur sont intéressants, même si l'angle (la jeunesse chinoise) est un peu attendu. J'aime beaucoup la collection « Lignes de vie d'un peuple » des éditions Henri Dougier. Ces livres sont un bon moyen de préparer un voyage à étranger. Celui-ci m'a toutefois un peu déçue. le style est ronflant et pédant bien que les approximations lexicales pullulent tout au long du livre. Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué? Mais plus étranges encore, ce sont ces citations empruntés à la littérature française qui trahissent le point de vue quelque peu ethnocentré de l'auteur. Je me serais bien passée aussi des commentaires personnels parfois déplacés et souvent inutiles de l'auteur sur ses interlocuteurs. Ce livre reste malgré tout intéressant pour appréhender le fonctionnement de la société chinoise.
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Peut-on oeuvre en politique et être vertueux? Devant ce sujet, les bacheliers français pourraient, en philo, plancher pendant quatre heures. Pour y répondre, Zhou Yi, 24 ans, compte, lui, prendre trente ans de sa vie. rendu des copies vers 2045.
Pour l'heure, Zhou n'est encore qu'un étudiant en deuxième année de master de droit pénal. Enfin, quand même, il évolue à l'université de sciences politiques et de droit de Chine, Zhengda, une pépinière de futurs gongwuyuan ("employés de la chose publique"), les hauts fonctionnaires chinois chargés du bon fonctionnement de l'Etat. Une sorte d'ENA, mais à la botte du Parti. Pour qu'il arrive à Zhengda, il a fallu le dompter, le cravacher, le jeune homme.
Si l'émergence en Chine de l'Internet est tardive, au tournant des années 2000, il bouleverse rapidement les modes de vie d'un pays dont l'histoire contemporaine n'est après tout qu'une série, justement de bouleversements. A peine sortie de l'économie planifiée, la Chine se jette dans le tout Internet. Cinquante ans d'histoire occidentale compressée, ici, en dix ans.