Après mon bilan du mois de février, vous savez que j'adore le Japon. Je ne peux pas résister à la collection Neko des éditions du Chat noir. J'avais acheté
La rumeur des racines à sa sortie. Je l'ai pioché dans ma PAL sous l'impulsion de Zoé prend la plume.
Louise est étudiante en géologie. Elle se rend au Japon, dans la forêt de l'Aokigahara pour analyser le sol si particulier de cette région. Louant une maisonnette à la famille Aomori, elle s'intègre dans ce petit village avec bonheur jusqu'au jour où la disparition de deux lycéens amoureux l'inquiète. À raison. La contrée est réputée pour attirer les âmes en peine qui s'y suicident. Au cours de son enquête et de son séjour, Louise y gagnera autant qu'elle y perdra.
Cette histoire de fantôme m'a transportée en douceur. Je ne m'attendais pas à ressentir ce sentiment si spécifique au récit bouleversant en atteignant le mot fin : le pincement au coeur quand on vient de lire la dernière ligne. Surtout que le démarrage était un peu lent, le suspense se déploie au moment où les fantômes entrent en scène et que Louise comprend que quelque chose cloche.
La majeure partie du livre ressemble à un documentaire qui explore diverses facettes du Japon allant du tourisme naturel, aux traditions en passant par le folklore et ses légendes. Et bien entendu, la géologie du lieu, étudiée par Louise, qui possède un sol magnétique aux propriétés exceptionnelles et une forêt dont les arbres communiquent entre eux et, sans doute, aux humains sensibles. Au cours de ma lecture, j'ai eu envie de me tourner vers Arte ou d'autres chaînes qui offrent des reportages sublimes et instructifs. Les nombreuses descriptions rebuteront peut-être certains lecteur.icess. Dans mon cas, elles n'ont pas empêché mon immersion dans ce pays adoré. Cette immersion est renforcée par l'utilisation du japonais. Si vous êtes des néophytes, rassurez-vous ces dialogues sont traduits ou expliqués.
Outre cet aspect documentaire,
Julie David nous offre une histoire rythmée comme celles des plus grands écrivains (
Haruki Murakami) et réalisateurs nippons (Ghibli). le genre de narration toute en finesse et en douceur qui procure des étincelles ou qui dévoile tout à coup un paysage nocturne illuminé par des lucioles. le merveilleux côtoie le réel sans le défigurer. L'autrice gomme la frontière entre les deux mondes qui s'entremêlent, et elle brouille nos sens. Elle casse nos certitudes avec une fin toute en émotion et imprévisible au point de me donner envie de le relire pour relever les indices qu'elle a soigneusement dispersés. Si l'ambiance générale ressemble à la vie quotidienne, des atmosphères plus oppressantes et étranges parsèment aussi le récit.
La majorité des personnages sont nuancés et portent des traits particuliers. Si Louise adore la géologie, elle a tendance à procrastiner à cause de la chaleur. Sociable, elle s'intègre vite dans le village et la famille Aomori dont je retiendrai surtout Akemi, la grand-mère. Énergique et espiègle, elle possède une franchise à toute épreuve. Sa sagesse et son âge avancé lui permettent de rompre avec la réserve habituelle des Japonais. Réserve incarnée par son fils qui guide Louise vers la maison qu'elle a louée. Sa façon de s'exprimer donne tout de suite l'image du Japonais accueillant, chaleureux et calme. le seul m'ayant laissée de marbre est Yuya qui semble correct et passionné. Sa gentillesse est palpable, mais je n'ai pas ressenti le lien qu'il établit avec Louise.
Enfin, je me dois de citer Noroi-san, le chat. Félin d'une importance capitale dans cette histoire de malédiction. Toute bonne histoire de fantômes et de forêt mystérieuse en a besoin d'un, n'est-ce pas ?
En bref,
La rumeur des racines fut une lecture surprenante. Commençant avec douceur, telle la vie quotidienne et banale au pays du soleil levant, je n'ai pas remarqué le piège. Au fil des pages, la forêt s'est refermée peu à peu sur moi, m'enlaçant de ses racines pour m'emmener au coeur de ce Japon merveilleux et humains, de cet autre monde où les limites entre vivants et fantômes s'estompent.
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