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sur 143 notes
Comme tout homme, Bellman a un rêve. Après avoir lu dans la gazette locale d'un coin perdu de Pennsylvanie, où il vit dans sa ferme, que des os gigantesques avaient été retrouvés dans le Kentucky, il décide de partir sur la trace des animaux qu'il espère retrouver vivants.
« Tu vas partir combien de temps, alors » l'interroge Bess, sa fille de dix ans orpheline de mère. « Au moins un an. Deux peut-être » lui répond-il en lui promettant de lui écrire de nombreuses lettres, trente au total, pour l'informer de l'avancée de sa quête. Il confie la gamine à sa soeur Julie, une bigote aigrie qui le considère comme un vieux fou irresponsable. « Il aurait mieux fait de consacrer son temps à quelque chose de plus sensé, comme aller à l'église ou se trouver une nouvelle épouse. » pense-t-elle.
Pour l'aider dans ses investigations, il s'adjoint l'aide d'un « jeune Shawnee disgracieux et malingre » dénommé « Vieille Femme de Loin »... Tous deux affronteront les éléments : la neige, le froid... L'apprenti explorateur se prend à regretter ce périple. « Il aurait dû rester chez lui avec le petit et le familier » croit-il, culpabilisant d'avoir abandonné son unique enfant.
Pendant ce temps, celle-ci entretient l'exploitation et attend désespérément les nouvelles, qui n'arrivent pas, du « grand homme blanc aux cheveux rouges » qu'elle admire tant parce qu'il ne ressemble pas au « commun des mortels », ceux qui sont restés et qui sont des prédateurs pour la fraîche jeune fille dont le corps s'épanouit alors que le « géniteur », figure protectrice par excellence, est trop éloigné pour la protéger.
Roman qu'on pourrait rapprocher du genre « nature writing », « West » est un joli livre sur la liberté, le sens de la vie, la réalisation de soi... A la manière d'un conte, le récit de Carys Davies évoque un magnifique amour entre une fille, formidable et courageuse Bess, et un père. L'enfant puise sa force dans l'espoir du retour de Bellman, trompant l'attente en inventant des rituels (« Demain, si elle réussissait à rejoindre la maison depuis la pompe sans renverser une seule goutte d'eau par-dessus le rebord du seau, cela signifierait que son père était en bonne santé. ») qui seraient autant d'heureux présages.
C'est juste, sensible et émouvant.

EXTRAITS
- L'homme prophétisait qu'un temps viendrait où les siens se rendraient compte qu'on avait retiré la terre tout entière de sous la plante de leurs pieds, qu'ils se réveilleraient un matin aux aurores pour découvrir que toutes les forêts (…) avaient filé entre leurs doigts comme une corde d'eau, qu'il ne leur resterait de ces accords passés que des bijoux sans valeur (…) ils comprendraient un jour que tout cela, ils l'avaient abandonné pour du vent. On les repousserait jusqu'à l'endroit où se couche le soleil et, au bout du compte, ils s'éteindraient à tout jamais.
- Bellman aimait cette histoire, (…) cette idée que, quelle que soit la vision qu'on avait du monde connu, il existait toujours des choses en dehors de celui-ci dont on n'avait jamais rêvé.
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Je l'ai lu l'été dernier et en garde un vague souvenir de solitude et de grands espaces. Un souvenir amer aussi. le héros se nourrit de rêves que le lecteur sait naïfs et vains, et explore le continent d'Amérique du Nord avec autant de naïveté - pouvons-nous appeler ça du courage ? En quelque sorte. Et cet homme est touchant, mais également haïssable puisqu'il laisse sa fille derrière lui ; une gamine d'une autre naïveté, d'un autre courage, une fille qui vit - survit - plus que lui qui est éreinté par son voyage. le récit se divise entre elle et lui, entre celle qui reste et celui qui part. Un étrange portrait de l'humain, qui se dit civilisé, quand le personnage de l'Indien apparaît comme le plus sage et le plus humain de tous. Ce troisième personnage contraste brutalement avec tous les autres et est vraiment la lumière du roman.
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Ah, la mythique conquête de l'Ouest... Certains y partent dans l'espoir d'y trouver de l'or, d'autres pour y investir de nouveaux territoires.

Et que va y chercher ce fou de Cyrus Bellman ?... Des animaux géants, dont l'éventuelle existence lui a été suggérée par un entrefilet de la gazette locale rapportant la découverte d'os monstrueux...

Cyrus n'est ni naturaliste, ni biologiste. C'est un modeste agriculteur, qui élève seul sa fille Bess depuis la mort de sa femme Elsie. Mais depuis qu'il a lu cet article, dont il garde précieusement la coupure sur lui en permanence, il mûrit un projet insensé. Pris de vertige à la pensée de tout ce qu'il ne connait pas, il lui est impossible de rester chez lui... Comme si d'avoir traversé l'Atlantique, d'avoir quitté l'Angleterre pour venir s'installer dans ce Nouveau Monde ne suffisait pas, comme si l'Ouest, seule source de promesses admissible, n'était jamais précisément atteint...

Donc, un jour, il part. Il confie sa propriété et sa fille, alors âgée de dix ans, à la garde de sa soeur, que son âge mûr et son physique ingrat condamnent au célibat.

Le récit alterne entre sa quête obsessionnelle, improbable, et l'attente de son lointain retour qui s'installe dans l'esprit de Bess. Sa confiance inébranlable, l'admiration sans faille qu'elle éprouve pour son aventurier de père, qu'elle est prête à le défendre bec et ongles contre quiconque médira de lui, l'aide à supporter la solitude et la rigidité morose de sa tante. Malgré les lettres qui n'arrivent pas, contredisant les promesses de Cyrus, Bess sait qu'il reviendra... En attendant, elle grandit, et l'épanouissement de son corps de jeune adolescente suscite bientôt la concupiscence du voisin que son père a chargé de veiller sur sa ferme.

Le voyage de Cyrus, rythmé par les contraintes et les difficultés que les saisons lui imposent, s'étire lui aussi. Au soleil accablant frappant une terre dure et calcinée, aux nuées de moucherons, moustiques et mouches piqueuses qui accompagnent les étés, succèdent le froid d'hivers neigeux, le combat quotidien pour trouver quelque nourriture et préserver son corps du gel à l'aide de vêtements devenus guenilles. Il est accompagné de "Vieille femme de loin", jeune Shawnee qui doit son patronyme à son aspect chétif, recruté pour sa connaissance du terrain. Les échanges avec l'indien, qui ne parle pas sa langue, sont limités. Que peut bien penser de la folle quête de cet étranger à la barbe rouge, ce natif qui n'a connu la marche vers l'ouest que subie, lorsque sa tribu, contre la promesse de quelques marchandises dont elle a à peine vu la couleur, a accepté de quitter ses terres ?

Toujours est-il qu'après de longs mois d'expédition marqués par les privations, les obstacles, aucun ossement et a fortiori aucun animal gigantesque, ne se laissent même entrevoir... le doute s'empare de Cyrus, son échec lui fait réaliser le prix de sa quête, la vacuité de son ambition. le grand inconnu que l'on n'est jamais sûr d'atteindre vaut-il de sacrifier le petit familier dont on ne mesure l'importance qu'une fois qu'on l'a perdu ?

Le but de son voyage en perd de sa clarté, comme si le voyage était devenu une fin en soi. Que représentent, pour lui, ces animaux géants ? Une porte s'ouvrant sur les mystères du monde ? Quelle est la part inconsciente de mysticisme dans sa quête, que cherche-t-il à comprendre de lui, ou de l'humanité en général, cet individu à qui la douleur de la perte a fait perdre la foi ?

J'ai aimé l'originalité du roman de Carys Davies, et les questions qu'il laisse en suspens à l'issue de la lecture, que la fluidité de son écriture rend très agréable. Mais je dois bien avouer que quelques semaines après l'avoir terminé, il ne m'en reste qu'une faible empreinte, ce que j'explique par le fait que l'intrigue ne m'a pas complètement emportée. Est-ce parce qu'en oscillant entre Bess et Cyrus, au fil de courts chapitres, le récit n'acquiert pas suffisamment de densité pour impliquer le lecteur ? Je n'ai pu m'empêcher de comparer ce titre à celui d'Hernan Diaz, "Au loin", lu en début d'année, où il est aussi question d'une longue traversée du continent américain, et qui m'avait, à l'inverse, complètement engloutie...

Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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Une odyssée dans l'ouest sauvage de l'Amérique en quête des derniers dinosaures, d'une grande finesse littéraire. Des personnages inoubliables, un lyrisme tout en retenue. A découvrir!
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Ce court roman d'aventures nous plonge au tout début de la conquête de l'Ouest. Mais là où l'imaginaire nous renvoie généralement à une glorieuse épopée, West décrit une aventure pétrie par des quêtes irraisonnées, l'incertitude quotidienne de la survie, la violence à peine contenue par une société balbutiante, celle infligée et ravalée à grand peine par les Indiens… Bref, à la lecture de West, on veut bien croire que la réalité se situe plutôt de ce côté-là. Et c'est à la fois rafraîchissant et terrifiant.
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L'imagination enfiévrée par un article relatant la découverte d'ossements gigantesques appartenant à une espèce inconnue, Bellman décide de quitter sa ferme du jour au lendemain pour rechercher ces créatures extraordinaires qui, il en est sûr, vivent encore quelque part dans les terres inexplorées de l'ouest. Confiant sa fille Bess à sa soeur Julie, le colosse prend la route pour un long voyage. Avec l'aide d'un jeune indien répondant au drôle de nom de Vieille Femme de loin, il avance toujours plus à l'ouest, tandis que Bess attend et espère.
C'est donc le récit avant tout le récit d'une quête improbable. Tel Don Quichotte, Bellman cherche sans relâche, ceux auxquels personne à part lui ne croit. Improbable aussi le duo qu'il forme avec Vieille Femme de Loin, dans le rôle de Sancho Panza. Il y a donc quelque chose du conte, de la fable, voire de l'odyssée dans l'histoire de Bellman.
Le roman alterne le récit du voyage de Bellman avec celui de l'attente de Bess, le mouvement d'un côté, l'immobilité de l'autre. Il se dégage une profonde mélancolie de cette histoire et de ces personnages.
Au passage, je salue aussi la très jolie couverture de l'ouvrage.
Un très joli livre, facile à lire, mais pourtant mystérieux.
Lien : https://tantquilyauradeslivr..
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L'histoire se passe au 19è S. aux États-Unis. Un père n'hésite pas à confier sa fille à sa soeur pour retrouver des animaux monstrueusement gigantesque suite à la découverte d'ossements. Il va parcourir des milliers de kilomètres seul au départ puis aidé par un indien.
Nous suivons dans ce roman leur parcours, les rencontres et les épreuves qu'ils vont subir pour parvenir à destination. le froid, la faim, ne les ménagera pas.
Un beau livre à lire pour découvrir le côté cow-boy de l'Amérique.
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La quatrième de couverture de West me promettait une quête périlleuse, rythmée et ensorcelante, à la découverte d'une Amérique encore sauvage, peuplée de créatures mystérieuses et de peuples aborigènes aux rites ancestraux...

Je m'attendais à du prodigieux, du surprenant, du grand spectacle ; West n'en est rien. le roman de Carys Davis tient beaucoup plus du conte philosophique que du roman d'aventures. A travers la quête absolutiste de Bellman, qui abandonne sa jeune fille pour poursuivre ses chimères, Carys Davies offre une fine exploration de la psyché humaine et du caractère impermanent de l'existence.

Malgré une atmosphère bien plantée, une plume simple et évocatrice, je dois reconnaître que je suis restée sur ma faim : l'intrigue s'est révélé finalement un peu plate, et les personnages manquants d'épaisseur.

L'émerveillement et la recherche de soi se côtoient intimement dans ce récit aux allures de fable, qui prend son temps. La double narration, construite en miroir, alterne continuellement entre le périple de Bellman, et le quotidien monotone de la petite Bess. Les prédateurs ne sont pas ceux que l'on croit : les monstres sont bien réels et rôdent aussi bien dans la société des hommes que dans la nature sauvage.

Un roman sobre, intime, au charme brut, qui se lit comme une quête de soi, et d'un ailleurs.
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