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sur 115 notes
J'ai découvert le monde d'Evanegyre avec un autre livre de l'auteur, Port d'Âmes, et je me suis promis d'aller plus loin dans son univers. Cette première incursion dans la bibliographie de Lionel Davoust n'avait pas été très concluante, mais je sentais que son monde était très riche et que je n'étais peut-être tout simplement pas à la bonne époque. Les Dieux Sauvages se passe des siècles avant Port d'Âmes, le monde est au bord de la rupture, deux dieux s'entre-déchirent pour lui, mais c'est à Mériane, une forestière qui n'a rien demandé, de porter un d'eux vers la victoire. Cette série est très ambitieuse, exigeante, mais c'est une aventure qui m'a tout de suite emportée, et c'est un gros coup de coeur.

Le premier chapitre m'a littéralement traumatisé. L'auteur nous fait directement découvrir, sans détour, le mal qui ronge la Rhovelle : les anomalies. de nombreuses zones instables transforment, mutent horriblement tout ce qui est vivant et les changent en des monstres de chair et de métal. Terrifiant. C'est tout ce qui me fait peur. Ce premier chapitre m'a plongé dans l'horreur aux côtés de Meriane et je me suis tout de suite sentie impliquée, je savais que je n'arriverais plus à décrocher de ce livre.

Mais Mériane n'est pas le seul personnage que nous allons suivre dans ce premier tome, au contraire. Lionel Davoust fait très souvent durer le suspens autour des mésaventures de notre messagère et on passe fréquemment de nombreux chapitres sans nouvelles d'elle. Les autres personnages apportent de gros enjeux politiques, car si Mériane peut compter sur l'inspiration de Dieu, le Roi et son Conseil de régence n'ont que leurs propres expériences et leurs avis divergent. le frère du Roi, Luhac, et son cousin Juhel ne sont vraiment pas du même avis au sujet de la défense du royaume. L'aspect politique est vraiment maîtrisé et j'ai eu énormément de mal à prendre partie. Je trouve que l'on comprend les choix des deux personnages et que l'on arrive vraiment à se mettre à leur place. L'auteur introduit de nombreux personnages dans ce premier tome, on sent qu'ils vont tous avoir leur importance et se retrouver à un moment ou un autre de l'histoire.

J'avais peur que l'auteur en fasse trop avec le côté très féministe que prend le récit. Mériane est une femme indépendante et forte dans un monde qui les méprise et les rabaisse. C'est aussi la première femme a avoir été choisie par Dieu afin de porter sa parole et sauver la Rhovelle. Je dois bien l'avouer, au début Mériane m'énervait un peu. Toujours sur la défensive et effrontée, elle avait le don de m'exaspérer. Mais le personnage évolue tellement ! Elle apprend à être moins égoïste, à comprendre les autres et à embrasser son rôle de messagère. Et c'est ça le féminisme, c'est faire preuve d'empathie et être égal aux autres, l'auteur l'a tellement bien compris. Et puis sa relation avec Leopol ! J'aime tellement ce personnage et sa complexité, et qu'est-ce que j'attendais ce moment où Mériane le rejoint sous la pluie et où ils finissent enfin par se comprendre !!

Mais tout cela n'aurait pas autant d'impact sans la plume de Lionel Davoust. le narrateur est toujours interne, comme dans Port d'Âmes, mais cette fois ci le récit est riche de ses nombreux personnages et l'on ne s'ennuie absolument pas. Et alors les descriptions des anomalies, de toutes les abominations créées par Aska, j'arrivais malheureusement tellement bien à me les représenter, quelle horreur.

J'ai été tout simplement très impressionnée par ce premier tome ! J'ai rarement lu un récit aussi maîtrisé et aussi prenant. C'est de la fantasy tellement recherchée, tellement précise et exigeante que j'ai bien envie de la comparer à du Tolkien. Et j'ai beau avoir refermé ce premier tome il y a quelques jours, Evanegyre m'accompagne encore.
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La Messagère du Ciel entame l'ambitieux cycle des Dieux Sauvages de Lionel Davoust. Cinq tomes sont prévus, aux éditions Critic, et trois sont déjà parus.

Récompensé par le prix Elbakin.net 2017, ce premier volet ne pourra que susciter l'intérêt des amateurs du genre. On y suit les aventures périlleuses qui s'abattent sur les différents protagonistes de l'auteur, chacun d'eux poursuivant sa propre quête. La Rhovelle est sur le point de connaître une guerre sans précédent, de sombrer dans la folie. Depuis la chute de l'Empire d'Asrethia, le monde est distordu, parcouru d'anomalies qui ont donné naissance à des zones instables, dangereuses et inhabitables. C'est dans cet univers que la jeune trappeuse Mériane est choisie par le dieu Wer pour devenir son Héraut, sa voix, son bras armé : elle aura pour mission de fédérer les peuples et d'organiser la défense du royaume face aux forces du Mal qui ne vont pas tarder à déferler. Choix étonnant, quand on pense à la société féodale - archaïque et misogyne - qui régente ce monde ! Mais ne dit-on pas que les voies du Seigneur sont impénétrables ?

Un monde déchiré, deux Dieux frères ennemis, une poignée de héros qui nous paraissent bien démunis pour affronter les dangers à venir, telles sont donc les prémices des Dieux Sauvages de Lionel Davoust.

L'auteur nous plonge dans une fantasy mâtinée de post-apo. Les Dieux y sont omniscients. Ils confèrent de grands pouvoirs à ceux qu'ils jugent dignes de pareille élection. le monde de Lionel Davoust est corrompu. Tout ce que touche cette souillure est profondément modifié. Ainsi, des humains sont changés : augmentés pour certains, dénaturés pour d'autres. Tandis que les premiers fusionnent avec la matière et deviennent des êtres mi-hommes, mi-machines, les seconds, eux, sont transformés en morts-vivants. Les Mortes-Couronnes abandonnées par Wer ont permis à Aska d'étendre sa sombre influence, et, de ce peuple, Aska fera son armée, qu'il lancera, tels des chiens de l'Enfer, sur La Rhovelle afin de prendre sa revanche sur Wer.

Combat des Dieux, combat des peuples : la lutte entre le Bien et le Mal est bien mise en exergue dans cette saga.

Amorcé dans des textes antérieurs, le projet fou de Lionel Davoust continue donc d'évoluer avec Les Dieux Sauvages. Nourri de nombreuses influences, l'incroyable univers d'Evanégyre se dévoile à travers différents récits (romans et nouvelle) dans lesquels l'auteur fait vivre pléthore de héros, dont certains se révèlent archétypaux. Ainsi dans La Messagère du Ciel, on va retrouver la figure de la pucelle Jeanne d'Arc, incarnée par Mériane. Une femme solitaire qui se retrouve, bien malgré elle, obligée d'haranguer les foules. Traquée par des fanatiques religieux, hués par des hommes misogynes, la jeune Mériane devra lutter autant contre cette population rétrograde que contre les ennemis de Wer. Sa mission sera non seulement de sauver La Rhovelle, mais aussi et surtout de faire évoluer les mentalités. A la lecture d'un tel portrait, on sent notre âme d'insurgé se réveiller. D'autres, tout aussi complexes, voire mystérieux, viendront lui prêter main forte. Je pense notamment à ce moine weriste qui deviendra son compagnon d'armes.

Ce premier roman s'apprécie dans la durée. On feuillette lentement cette histoire racontée à plusieurs voix. Lionel Davoust prend son temps dans l'exposition de son intrigue afin de nous laisser tout le loisir de nous l'approprier.

Aux dernières lignes du roman, la frustration est là. On est déjà dans les starting-blocks pour lire la suite !

Retrouvez l'intégralité de mon avis sur Fantasy à la carte
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Même si ce n'est pas un coup de coeur, j'ai beaucoup aimé ce premier tome, qui aborde des thèmes très intéressants qui font échos à notre monde actuel (patriarcat, religions, la différence, etc…), et la suite semble annoncer quelques scènes épiques et de nouveaux grincements de dents de la part de Mériane (les lecteurs sont aussi sadiques que les auteurs, je crois^^). Je m'attends par ailleurs à ce que l'intrigue se complexifie, notamment autour des raisons du conflit entre les deux divinités. Bref, un bon premier tome d'introduction, donc la suite devrait être encore meilleure^^
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Le plus curieux avec ce roman, c'est que je n'avais pas prévu de l'acheter ou de le lire. Même si le résumé semblait sympathique, je n'étais pas plus convaincue. En fait, je l'ai emprunté en version numérique à la bibliothèque quand je l'y ai vu par hasard. Et grand bien bien m'a pris car ce roman est tombé au bon moment.

Pourtant, l'univers en soi est assez classique : nous sommes dans un monde médiéval gouverné par des instances politiques qui se déchirent autour d'un roi malade et par un clergé tout-puissant. Ce clergé est très proche de ce que fut l'Eglise au Moyen-âge, un ordre qui tente d'asseoir sa puissance autour d'un Dieu Unique, convertissant les âmes et abusant vaguement de leur pouvoir. Ils ont aussi un ordre guerrier qui concrètement ne se sent plus péter. Autre caractéristique, cet univers est fortement misogyne pour des raisons historiques, peut-être même de manière plus radicale que dans notre Moyen-âge.

Du coup, le fait qu'une femme ait été choisie par Wer, le grand Dieu local, pour incarner la voix des hommes en temps de troubles apparaît comme délicieusement ironique. Si cette idée aurait pu passer pour téléphonée, Lionel Davoust parvient à bien doser son propos. Mériane est notamment très sympathique, elle a un caractère de cochon. Entêtée, insolente, indépendante et anticonformiste, elle est aussi vaillante, déterminée et d'une droiture à toute épreuve. J'aime beaucoup le duo qu'elle forme avec Léopol, le Moine de Wer, tout aussi insupportable mais de manière différente. le soldat religieux est plus arrogant, sûr de lui et a tendance à avoir des opinions très arrêtées sur les femmes.

Un autre personnage m'a beaucoup plu, c'est Chunsène. Décidément, on a beaucoup de personnages féminins forts. Elle non plus n'a pas été dotée du caractère le plus doux de la création. Mais elle a bien besoin d'un tempérament fort, vu son passé sous la domination des démons d'Aska, dans une famille pauvre. le personnage d'Erwel cache aussi un bon potentiel. Il est assez cocasse de le voir tomber dans tous les pièges qui lui sont tendus alors qu'il est bien parti pour devenir un personnage central. Et puis son côté jouvenceau naïf est attachant.

Outre ces personnages, j'ai beaucoup apprécié le rythme du récit. Alternant entre plusieurs points de vue, on accède à la complexité de la situation qui se joue. On sent le récit construit avec précision. Il est d'ailleurs, notamment au début, difficile de retenir le nom de toutes les provinces, leur importance, leurs dirigeants, qui est allié avec qui... Mais la sensation d'être perdue s'est réduite au fil de l'histoire, les éléments se mettent en place et il devient plus aisé de comprendre les enjeux.

De plus, l'écriture prenante donne envie de tourner les pages et d'en savoir plus sur la suite. L'univers est profond et très vaste. le roman donne vraiment envie de découvrir les autres livres de l'auteur qui se passent dans le même univers, car ils pourraient amener des éléments additionnels non négligeables sur des détails de l'intrigue.

Autrement, je ne mets pas la notre maximale pour deux raisons. La première est que l'histoire semble prendre une tournure assez manichéenne. Sans être très dérangeante, je me serais attendue à quelque chose de plus approfondi qu'une lutte entre le bien et le mal. Ensuite, j'ai trouvé certaines parties politiques moins prenantes, sûrement car elles étaient moins intenses que celles déjà plongées dans le combat et que le contraste était trop vif.

La messagère du ciel est donc un grand oui ! Premier tome captivant et écriture simple mais accrocheuse, les personnages sont le grand point fort de ce roman. L'univers est bien fouillé, les ambiances crasses sont retranscrites à merveille. Je n'ai qu'une hâte, c'est de lire le prochain livre pour découvrir comment Mériane va s'emparer de ses responsabilités.
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Le fond de l'histoire me plaisais mais celle ci se trouve êtres bien trop complexe pour moi. Il y as a mon gout trop de personnages dont on dois suivre l'histoire donc on pers un peux la fil et il faut avouer que le langage utiliser est très soutenue surtout dans le début du livre j'ai donc choisi de mettre ce livre de coté pour tenter de le reprendre plus tard
.
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A mon grand dam, j'ai un peu de retard dans mes lectures de l'univers d'Evanégyre, mais comme c'est bien fait, chaque opus peut se lire indépendamment, et ce nouveau cycle des Dieux Sauvages n'y fait pas exception, j'ai donc craqué lors des Utos 2017. ^^

Je me suis donc enfin replongée dans l'aspect fantasy de l'oeuvre de cet auteur que j'apprécie particulièrement depuis presque dix ans, justement l'aspect que j'en apprécie le plus :)

Et même s'il me manque les références à "La Route de la Conquête" (que j'ai furieusement retrouvé l'envie de lire) et "Port d'Âmes" sur l'Empire d'Asreth, elles sont bel et bien suffisamment dispensables ou évoquées pour le peu nécessaire à resituer cet héritage lointain dans l'univers des Dieux Sauvages, un univers qu'on pourrait qualifier de médiéval-fantasy, à ceci près qu'on y trouve aussi des "Anomalies", sortes de zones à l'étrange magie esquissant une notion de portail spatio-temporel principalement en lien avec les ruines de l'Empire d'Asreth, des zones très localisées et apparaissant aléatoirement dans les "zones instables", comme les colonnes de cyclones fixes, qui laissent aussi des traces résiduelles au hasard et que les rares habitants des zones instables (principalement des parias ainsi écartés de la société) s'efforcent d'éviter à tout prix, au risque de subir les effets des métamorphoses monstrueuses et autres manifestations cruelles de cette magie incomprise et inappréhensible...
Des composants métalliques et ce qu'on devine être une antique forme d'osmose entre matière organique et dispositifs technologiques est ce qui affecte le plus souvent les malheureuses victimes, au prix de leur vie détruite ou happée par le tourbillon implacable.

Pour compléter le tableau, ajoutez-y les intrigues politiques typiques de la med-fantasy, quelques personnages très bien détaillés aux caractères aussi variés que certains peuvent l'avoir fort - sans pour autant manquer de doutes ni de failles bien humaines - ; et couvrez surtout le tout de grandes problématiques religieuses, de duels irréels entre deux grand Dieux qui se disputent ce monde et le peuple humain, de réflexions profondes sur la foi, l'instrumentalisation politique et le besoin de croyances chez la plupart des humains dans leurs conditions de vie rudes et incertaines : c'est là tout l'intérêt et la richesse de ce nouveau cycle qui s'ouvre, dans un style toujours aussi délectable, taillé au scalpel et dosé à la goutte près !
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J'ai mis pas mal de temps à lire ce roman choral. Non pas que je ne l'aimais pas, bien au contraire. Je voulais le déguster et du coup, je l'ai alterné avec d'autres lectures. Ça a été facilité par son découpage en cinq actes, comme dans le théâtre classique, et une coda, qui vient conclure ce premier opus, et surtout relancer l'intrigue vers le deuxième tome de cette tétralogie (à priori, puisqu'au départ Lionel Davoust pensait écrire une trilogie^^)...
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Je vais mettre les choses au clair dès maintenant : ce livre a été un coup de coeur intersidéral. Donc attendez-vous à des commentaires dithyrambiques (non sponsorisés !).

Un mot sur l'objet livre qui est très beau et soigné (bon, ça ne m'étonne plus, je commence à avoir quelques livres des Editions Critic dans ma bibliothèque) avec une très belle couverture qui rend un bel hommage à notre héroïne, Mériane. Cela lui correspond en tout point alors chapeau à l'illustrateur.

Ce qui m'a plu, sans surprise, fut la plume de Lionel qui est fluide, travaillée et qui me donne toujours l'impression que chaque mot a été pesé. Je suis toujours admirative. Il n'y a rien en trop et il ne manque rien. La lecture est donc très agréable.

Le monde est extrêmement riche. Port d'Âmes, la Volonté du Dragon, La Route de la Conquête et les Dieux Sauvages se déroulent dans le même univers mais à des époques si différentes que vous n'êtes pas obligés d'avoir lu les autres romans qui restent parfaitement indépendants. Bien sûr, je vous encourage à le faire car, d'une part ils sont géniaux et, d'autre part, cela vous donnera une autre vision de cet univers. Car la Volonté du Dragon et la Route de la Conquête se déroulent aux âges d'Or de ce monde dont il nous reste des traces dans Les Dieux Sauvages. Tandis que Port d'Âmes se passe bien plus tard... d'ailleurs on y faisait mention de Mériane (détail que j'avais oublié... tant mieux comme ça je ne me rappelle plus de ce qu'il lui arrive). Bref, pour mieux vous rendre compte de l'envergure de l'univers créé par Lionel, je vous conseille de lire ses autres romans de fantasy.

De ce fait, je n'étais pas totalement dans l'inconnu, j'avais des détails "rassurants" sur l'univers, déjà sur son futur mais aussi sur des notions que je connaissais déjà comme l'influence de l'artech et les armures. Malgré tout j'ai bien été dépaysée et j'ai plongé sans hésitation dans cette nouvelle aventure. Encore une fois le travail de fond est admirable, tant pour le contexte que pour les descriptions des différents lieux.

Le monde décrit ici est terriblement injuste et rétrograde. On est retourné au Moyen-Âge pas si lointain où les femmes sont des pécheresses et l'Eglise toute puissante. Ce contexte a suscité en moi autant de colère que de peur.

Mais ce qui a fait la force de ce roman à mes yeux et qui vaut mon coup de coeur, ce sont les personnages qui sont tous dotés d'un charisme, d'une personnalité et de desseins propres qui les rendent tous géniaux. Nous suivons environ 8 points de vue très différents mais qui tous sont très travaillés. Grâce à eux j'ai ressenti de l'admiration, de la colère, de l'injustice, de l'espoir, du désespoir, de la peur aussi mais surtout une grande combattivité. Si on pressent que certains vont prendre de l'ampleur dans la suite (Erwell), d'autres comme Juhel m'ont autant impressionnés qu'effrayés. Ce personnage est criant de réalisme et à l'image du bouquin : travaillé au millimètre. Je l'ai aimé autant que détesté. Je ne peux pas revenir sur tous les personnages mais sachez qu'ils sont tous intrigants et qu'on veut tous les suivre.

Le pilier du roman, à savoir Mériane est telle que je l'imaginais, avec plus de verve ce qui est d'autant mieux. Cela a été très facile pour moi de m'identifier à elle. Sa force de caractère et sa détermination sont admirables et encourageantes. Elle est exactement telle que je la voulais, avec ses forces, ses faiblesses et surtout humaine. Elle est forte, courageuse, avec du caractère et surtout des convictions qui lui permettent de survivre à cette période injuste. Même avant d'être la porte-parole de l'un des Dieux, elle était très charismatique. Je n'ai absolument rien à lui reprocher (comme l'ensemble du roman) et je suis même impressionnée.

Mais la personne qui a déclenché dès le départ mon coup de coeur pour ce roman n'est pas l'héroïne. Non, c'est Léopol. Alalala, Léopol ! Cela faisait si longtemps qu'un personnage ne m'avait pas autant inspirée. Pourtant sur le papier, ce pauvre Léopol n'avait rien pour me plaire : un religieux aveugle, propre sur lui, qui suit les ordres sans réfléchir, hautain et agaçant. Mais que voulez-vous, un coup de foudre ne se contrôle pas ! Son duo explosif avec Mériane fonctionne du tonnerre et je trépignais de le voir évoluer, de le voir peu à peu laisser parler son humanité au lieu de ses dictats religieux. Je n'ai pas été déçue et j'ai tellement hâte de le retrouver dans le prochain tome. Il est juste G-E-N-I-A-L. Oui, cela s'appelle du fangirling, j'assume XD

En conclusion, ce roman est à la hauteur de ce que j'espérais. Il est passionnant, riche, haletant, terriblement injuste, cruellement réaliste et porteur d'un espoir que l'on ne peut qu'embrasser. Certaines scènes de guerre sont si bien décrites qu'elles étaient à la limite du soutenable (et pourtant l'horreur ça me connaît). Bref, vous ne lirez pas ce premier tome : vous le vivrez.

Et vive Léopol !!!!

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Aaah ! Je viens de prendre ma dose annuelle d'Évanégyre. Bon sang que ça fait du bien C'est de la bonne came, cette année encore.

Pourtant rentrer dans ce pavé que constitue le premier tome d'une grosse trilogie ne s'est pas fait si facilement. L'action se passe bien après que l'empire d'Asreth se soit effondré. Une civilisation de type médiévale réussit à bourgeonner dans ce paysage parcouru d'énergie « magique » incontrôlée. le principe de l'éternel recommencement est à l'oeuvre, selon la même idée qui guidait le cycle de Corlay de Richard Cowper ou Un Cantique pour Leibowitz de Walter M. Miller. Dans ce décor, le royaume de Rhovelle est soumis à des déchirements politiques internes au moment même où une menace monstrueuse et létale montre le bout de son nez au-delà des montagnes (pour comprendre les origines de ce bazar, il est utile d'avoir lu La Route de la Conquête, même si ce n'est pas indispensable).
Un royaume déchiré politiquement gouverné par un Conseil, une menace monstrueuse qui vient du nord derrière un mur de montagne, ça commence à ressembler à quelque chose de connu. Et alors ? Ce n'est pas une honte. C'est Robert Silverberg qui disait que l'être humain n'est pas fait pour inventer quelque chose ab initio (cf ; Bifrost n°49). Même inconsciemment, un auteur est obligé de s'inspirer de ce qu'il a vu, lu et entendu dans sa vie. L'important, c'est la variation qu'il va proposer par rapport au thème principal.

Et justement la partie construction du royaume n'apporte pas de note vraiment originale. Je me suis demandé pourquoi Rhovelle disposait d'un ost alors qu'elle n'a aucun ennemi extérieur à affronter. Les menaces « magiques » internes au royaume ne sont pas du genre à clamer leur défi sur un champ de bataille. L'Église est construite pour être détestée par le lecteur (cela s'explique au vu du contexte). Les conflits de la cour n'ont pas une origine digne d'une tragédie mais semblent plutôt naître de petites mesquineries, de petits riens. J'ai trouvé ces passages de la cour longs et manquant de fougue, surtout ceux consacrés à Juhel.
Par contraste, j'ai éprouvé beaucoup de plaisir sur les chapitres consacrés à notre Messagère du Ciel. Mériane établit une relation avec son Dieu très jouissive pour un lecteur qui n'est pas dévot. Il n'est pas question de soumission totale, de transe illuminée devant la Lumière du Créateur. Au contraire c'est comme si Savonarole venait hanter l'esprit de Descartes ; cela donne lieu à des débats à l'ironie prononcée extrêmement réjouissants. Mériane établit le même genre de rapports amour/haine avec Léopol le soldat de Dieu. Là aussi les échanges valent un bon match Borg-Mc Enroe. Autre duo explosif : Chunsène, la soeur en esprit d'Arya Stark, et la « parfaite » Néhyr. Lionel Davoust est un dialoguiste en or.

Les dieux qui mènent le jeu m'intriguent beaucoup ; je n'arrête pas de conjecturer à leur sujet. Il faut dire qu'ils représentent un violent changement de paradigme par rapport aux récits consacrés à l'empire d'Asreth. En ce temps-là, la vision dominante du monde était scientifique ; on analysait, reproduisait, modélisait, maîtrisait. Les dieux étaient confinés. Ils n'étaient pas nécessaires à la compréhension du monde par l'empire. Ici ce sont les principaux joueurs. Pas seulement par l'intermédiaire de leurs hérauts : ils s'expriment directement, prétendent avoir toujours existé, avoir décidé de la fin de l'empire.
Eh bien j'ai des doutes. Je me demande vraiment si ces « dieux » n'ont pas été en quelque sorte conçus par les déflagrations dignes d'une guerre atomique qui ont provoqué la fin d'Asreth, si ce ne sont pas eux les « dupes ». L'alternative m'obligerait à admettre que la créatrice « divine » de l'empire était une sorte d'ange déchu du panthéon d'Évanégyre. Et je digèrerais mal cette information, car une des forces de cet univers est, à mon avis, la vision très occidentale moderne que porte l'homme d'Asreth sur son monde.

Lorsqu'on approche de la fin, on se rend compte à quel point Lionel Davoust est un écrivain architecte ; c'est-à-dire qu'il maîtrise son récit de bout en bout, que la conséquence de chaque acte était prévue, qu'à aucun moment son histoire ne lui a échappé pour prendre son propre envol. Tellement d'éléments se mettent alors en place. de nombreux passages qui m'avaient semblé ennuyeux et sans réelle conséquence prennent du sens. C'est un gène qu'il partage avec Asimov.
Mais l'auteur est-il vraiment architecte ? Je l'imagine en fait plutôt comme possédant les conditions aux limites de son récit ‒ d'où il part et où il doit arriver ‒ mais sans avoir l'idée précise du chemin qu'il va lui falloir tailler à coup de serpe dans la jungle inconnue pour relier ses balises. Un peu comme un scientifique qui écrit un article : ceux-ci semblent toujours prétendre que l'auteur a suivi un chemin logique et déterministe, avançant pas à pas inéluctablement grâce à la raison, alors qu'en fait il a passé son temps à affronter la désillusion, à pleurnicher à genoux qu'il n'y arriverait jamais. La présentation n'est pas la vérité, mais elle fait de l'effet sur le lecteur.

Enfin, est-il nécessaire d'ajouter que Lionel Davoust est un maître de la description des batailles ? Son roman La Volonté du Dragon (toujours dans Évanégyre) suffisait à le prouver. On retrouve ici la même efficacité, la même maîtrise de la tactique qui n'oublie pas d'osciller entre défaite totale et victoire définitive en multipliant les points de vue.

Même si je continue à penser qu'on aurait gagné à faire un peu plus court, j'applaudis la qualité du récit que j'ai lu, digne de l'univers que Lionel Davoust ne cesse de développer par petite touche, comme un peintre impressionniste. La suite ne tardera pas et c'est tant mieux. J'espère que les prophéties seront mises en défaut et que l'on aura droit à une palanquée de surprises.
Car sur Évanégyre, même les dieux peuvent être surpris.
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Après Spire de Laurent Genefort, les éditions Critic lancent encore en 2017 une autre nouvelle série dans les littératures de l'imaginaire en s'appuyant sur un de leurs auteurs phares, Lionel Davoust. Celui-ci, avec Les Dieux sauvages, nous fait revenir dans son monde de fantasy où la magie est fondée sur des technologies nucléaires bien souvent incomprises : Évanégyre.

La Messagère du ciel, c'est d'abord une bien belle couverture chatoyante et verdoyante d'Alain Brion. J'avoue que, de prime abord, mise en parallèle avec la quête promise en quatrième de couverture, j'ai craint d'aborder un roman davantage jeunesse que d'habitude de la part de Lionel Davoust, avec des concepts plus manichéens que dans les autres volumes que furent La Volonté du Dragon, La Route de la Conquête et Port d'Âmes. Bien heureusement, la mise en place des premiers personnages chasse vite ce doute. Car, de l'anti-manichéisme, il y en a à revendre ! à commencer dans la façon dont on aborde la psychologie des personnages. Trois sont principalement mis en avant (ou peut-être est-ce qu'ils m'ont le plus marqué personnellement, sait-on). Tout d'abord, l'inévitable figure de la couverture est Mériane, toute jeune paria débrouillarde, complètement anticléricale et qui va porter sur elle non seulement un certain nombre de responsabilités, mais également de réflexions à l'encontre du lecteur ; entre sa volonté farouche et les voix qu'elle entend malgré elle, y voir une « Jeanne d'Arc non consentante et très légèrement revisitée » ne semble pas volé. Vient ensuite Juhel, noble très haut placé, faisant partie de la famille royale et héritant de son père défunt juste avant le début de l'aventure du plus important des duchés. Enfin, Garrel, franc-tireur en quête de pouvoir, lui aussi, nous permet d'aborder cette histoire par un autre biais, une autre localisation et en vue d'un tout autre défi. Taisons volontairement ceux qui font, pour l'instant, figure de seconds couteaux, mais qui promettent des développements intéressants, dans leurs tourments comme leurs motivations.
Dans la lignée de cette orientation avant tout tripartite, trois espaces sont principalement pris en compte : les mystérieuses campagnes forestières de la Belnacie, les coups tordus des cours princières notamment celle de Ker Vaesthrion et la lisière orientale enneigée de la Rhovelle. Trois visions très différentes d'une même histoire, mais aussi d'un même univers de fantasy. Ainsi, les forêts et les villages de Belnacie recèlent l'aspect le plus classique de la fantasy, de l'heroic fantasy avec une jeune héroïne qui doit prendre son destin en main ; l'aspect mystico-religieux y est bien utilisé pour s'amuser des croyances habituelles. Ensuite, les cours princières donnent lieu à des joutes oratoires puis des basses besognes qui peuvent jouer sur des aspects inhérents à la dark fantasy, même s'ils sont, au départ, loin des champs de bataille les plus meurtriers. Enfin, justement, les confins tourmentés de la Rhovelle préparent l'aspect le plus intéressant, du post-apocalyptique avec une forte possibilité de zombies, possédés et dévastateurs ! Bref, La Messagère du Ciel organise un monde médiéval-fantastique en picorant des aspects très variés de ses sous-genres.
Il fallait oser tenter l'aventure de la dark fantasy agrémentée d'intrigues de cour alors que le phénomène Game of Thrones / le Trône de Fer bat encore son plein. Nous pouvons y voir une façon de surfer sur la vague, mais ce serait négliger la touche toute personnelle qui y est appliquée. En effet, l'auteur poursuit ici la construction d'un vaste univers cohérent puisque nous sommes ici dans les Âges sombres (post-Volonté du Dragon et pré-Ports d'Âmes) et le lecteur attentif peut voir réapparaître quelques éléments « mythologiques » inhérents à l'univers d'Évanégyre. de même, on peut remarquer l'ajout de plusieurs éléments, notamment toponymiques, très bretonisants : les villes sonnent comme Naoned, certains prénoms nobles semblent reprendre quelques prénoms dynastiques des comtes bretons du haut Moyen Âge et des lieux en –ÿs ne peuvent que faire songer à quelques lieux symboliques du « Far ouest breton ». Enfin, pour avoir lu désormais un certain nombre d'écrits de Lionel Davoust, il faut reconnaître la manie structurelle de cet auteur (c'est carré-carré chez lui, en somme), mais celle-ci ne m'a jamais autant sauté aux yeux que dans ce volume. Ainsi, chaque enchaînement semble paramétré, les apparitions des personnages sont réglés au cordeau et la géographie est méthodique (ce n'est pas ma vision habituellement, mais pour ce volume, cela fonctionne). Attention d'ailleurs, comme tout auteur, Lionel Davoust a les inconvénients de ses qualités et il y aura sûrement un problème d'immersion à anticiper pour ceux qui auraient déjà été réticents à Port d'Âmes et à son héros indécis : par exemple, Mériane trouvera facilement ses détracteurs, d'autant qu'elle semble appeler à de très hautes responsabilités sur l'ensemble des deux tomes à suivre (cela me ravit, mais je peux comprendre qu'il n'en soit pas ainsi pour tous).

En somme, La Messagère du Ciel engage bien cette série (qui sera finalement davantage qu'une trilogie). Si on veut se lancer dans les comparaisons, elle se positionne au-dessus de Port d'Âmes et en-deça de la Route de la Conquête.
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