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La mer était vide, et soudain ils sont là, surgis du néant comme une escadre fantôme : des centaines de navires de toute taille, dépenaillés et brinquebalants, venus s'entasser sur le lac de Bizerte, cette lagune au sud de la ville éponyme transformée en rade militaire par le protectorat français de Tunisie. Vestiges de la flotte de l'Armée blanche, ces bâtiments ont à leur bord cent cinquante mille réfugiés, civils et militaires, évacués de Crimée trois mois auparavant alors que les unités de l'Armée rouge s'apprêtaient à envahir cette seule région russe non encore tombée sous leur contrôle.


La France ayant accepté de leur venir en aide, ils affluent en ce début de 1921, pour un internement dans le port de Bizerte dont on ignore encore qu'il durera presque quatre ans. Quatre ans d'une lente décomposition pour ces bateaux bientôt irrécupérables. Quatre ans d'une longue attente pour les exilés restés à bord tout ce temps, maintenus en vie par l'aide d'urgence française et par le troc mis en place avec la population locale. Alors seulement, le gouvernement français ayant reconnu l'URSS, ce qu'il restera de l'escadre sera rendu aux Soviétiques, et les émigrés russes autorisés à poursuivre leur exode vers la métropole.


S'emparant de ces événements méconnus, Didier Decoin a composé une poignée de personnages mirifiques, pour un roman aussi magique que tragique. A bord du plus grand cuirassier de ce camp de réfugiés flottant, la jeune Ukrainienne Yelena, toujours miraculeusement vêtue de blanc malgré la crasse et la noirceur ambiantes, survit en se prenant pour une héroïne de la cerisaie de Tchékhov, comparable dans son esprit à son ancien domaine de Zagoskine. Docker sur le port et nageur émérite, Tarik est fasciné par la silhouette immaculée et la voix de miel de cette fille entr'aperçue de loin. Se rencontreront-ils et parviendront-ils à se prêter main-forte dans ce télescopage improbable de leurs mondes diamétralement opposés ? Il leur faudra compter avec la folie des hommes, tapie à fond de cale comme l'un de ces aliens survivant aux voyages spatiaux...


L'exactitude historique sous-tend ici une fiction flamboyante, un feu d'artifices sensoriel où se retrouve l'une des marques de fabrique de l'auteur : chaque page est un concentré de couleurs, de saveurs et d'odeurs dont on ressort ébloui et enchanté, conquis par l'élégante précision de la plume et par la puissance d'évocation de ce conteur-magicien. Un roman que l'on se plaît à imaginer adapté à l'écran.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Comme chaque jour, le jeune Tarik nage dans la lagune de Bizerte. Lorsqu'il se trouve face à une muraille de fer il réalise qu'il s'agit d'un navire sur lequel s'entasse des centaines de personnes.
Nous sommes en janvier 1921, la Tunisie est sous protectorat français. La flotte impériale de Russie a fui les Bolcheviques et vient se réfugier dans cette anse de Bizerte, avec des milliers de Russes blancs à son bord dont la sublime Yelena.
Dans l'espoir de revoir la jeune fille, Tarik rejoint les marins de la baleinière chargés de distribuer aux émigrés les denrées de première nécessité.
Dans ce roman foisonnant, Didier Decoin nous invite à partager le destin de ces deux être qui avaient bien peu de chances de se rencontrer.
Orphelin de père, Tarik fait vivre sa mère et sa soeur grâce à son salaire de misère, tandis que Yelena a tout quitté comme des milliers de rescapés de la Russie impériale, civils de tous âges et conditions, et quelques survivants de l'Armée blanche, qui s'étaient embarqués à Sébastopol pour fuir les massacres des bolcheviks.
Didier Decoin s'y entend pour tisser les destins, dresser les portraits des protagonistes, croiser leurs regards et nous raconter les péripéties de leur vie. Chaque personnage est brossé avec beaucoup d'application et une grande sensibilité.
J'ai aimé suivre leur histoire grâce à la plume toujours aussi précise et élégante de l'auteur.
Merci à NetGalley et aux Editions Stock.
#LenageurdeBizerte #NetGalleyFrance
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Alors que Yelena et sa tante fuient les exactions de l'armée bolchevique en Ukraine, le docker berbère Tarik se souvient du fauteuil de barbier d'un vieux paquebot qu'il avait laborieusement ramené à sa mère et qu'alors ça lui avait rappelé le chant de sa mère au crépuscule...

Aussi bien écrites qu'elles sont nombreuses et telles de petites nouvelles, les digressions donnent un côté touchant, un peu sénile, et ont parfois mis à mal ma patience;-)

Au fil du livre s'accroit la cohérence et j'ai apprécié le monde décalé (le cosaque Bissenko à la fois exécutant sanguinaire et magnanime érudit), si bien raconté par un Didier Decoin super documenté et toujours aussi fasciné par les fluides corporels féminins!
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Roman attrapé au vol sur une étagère de ma médiathèque. du genre "petit bouquin qui se lit pour s'évader du quotidien ".

Les premiers chapitres ont l'attrait d'un certain exotisme et d'une situation peu banale : d'un côté, la vie d'un jeune docker tunisien qui aimerait sortir de sa condition. de l'autre, la fuite de deux aristocrates devant l'avancée des Bolcheviques qui mettent en déroute les troupes des contre-revolutionnaires.

Pour ceux qui ont palpité en suivant la course éperdue de Michel Strogoff ou qui ont tremblé pour Iouri et Lara dans la tourmente révolutionnaire, ce roman sera une déception. Rien du souffle épique qui vous fait tourner les pages fébrilement, rien de ces tourments amoureux qui font bondir le coeur.

Le voyage des deux femmes est une suite de déboires très prosaïques, elles sont ballottées par les événements et par le roulis du bateau avec une certaine apathie. Tandis que le lecteur est ballotté d'un bord à l'autre de la méditerranée où il retrouve le docker qui va finir par croiser le destin de la jeune exilée dont le bateau a fini par accoster à Bizerte.

Et le style ? me direz-vous. Là non plus, rien d'éblouissant . Decoin se veut didactique en nous apprenant mille détails sur la culture berbère ou sur les massacres perpétrés par les Rouges en 1920. Mais que de digressions ennuyeuses! J'avoue que j'ai fini par sauter des paragraphes !

Dans les passages où le héros dialogue avec la belle exilée, on s'étonne de l'étendue de sa culture et de son niveau de langage, digne d'un académicien.
Alors qu'à l'époque, peu d'enfants étaient scolarisés, souvent analphabètes.
Ces discours ne sont vraiment pas crédibles. Cela enlève beaucoup de réalisme psychologique à la situation.

Pour conclure, on a affaire à un roman un peu bâclé, même si par ailleurs le contexte historique est bien documenté. Pour le romantisme et les rebondissements de l'intrigue, on repassera.

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Bizerte il y a un siècle. En 1921, Tarik, docker sur le port ,aimant sa mère à la folie, grand sportif, se retrouve en nageant dans la lagune tout contre un grand navire de guerre. Reprenant ses esprits il se décale et aperçoit sur un pont supérieur une jeune fille en robe blanche. Coup de foudre, fantasme, on verra... Cette jeune fille, Yelena aristocrate ukrainienne fuit avec sa tante les massacres des bolcheviques. Yelena vit dans l'univers de Tchekov et se verrait bien une héroïne de « La Cerisaie ».
Dans ce même bateau on trouve un cosaque et un capitaine de l'Armée rouge.
C'est avec cette trame que D.Decoin qui a bien observé la marche folle du monde, en fait de même avec son roman, épique souvent, avec des aller-retour parfois (peu importe), on ne s'y perd pas.
J'ai beaucoup apprécié le souffle romanesque et sensoriel un peu à la manière de Pasternak , allié à une écriture impeccable digne du président du prix Goncourt.
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Direction la Tunisie et les années 20 (de 1900 !). Qu'est-ce qui fait qu'un jeune tunisien, nageur et docker, rencontre une jeune ukrainienne aristocrate sur un navire échoué au large de Bizerte ? Ce roman historique a pour sujet les exilés de la révolution bolchevique qui fuirent leur pays pour se retrouver emprisonnés sur leur navire le temps des négociations diplomatiques, lorsque la Tunisie était encore sous protectorat français. Si on apprend quelques informations sur cette période (et Tchekhov), l'histoire qui sert de support n'est pas vraiment attachante. du coup, pas franchement une histoire d'amour, pas vraiment un livre d'histoire.
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J'ai beaucoup aimé ce Nageur de Bizerte qui met en scène la rencontre en 1921 d'un jeune docker tunisien et d'une jeune exilée russe. le roman remonte aux origines de l'un et de l'autre, avec beaucoup de sensibilité et une très belle langue. Il explore une page peu connue de la révolution russe et de l'exil des blancs.
Le texte, notamment dans les dernières pages, prend un caractère onirique qui sera peut-être contesté par d'autres lecteurs, à la recherche d'un ouvrage plus réel. Pour ma part, j'ai apprécié ce rêve fugace intégré dans l'histoire bien réelle du siècle, cette beauté fugace, parfois grotesque, qui se heurte à la barbarie des événements.
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Une jeune fille et sa tante fuient la Crimee. Elles fuient la guerre en laissant tout derrière elles. Et l'errance des réfugiées commence...
Récit terriblement actuel sauf que... le récit que nous propose l'auteur se situe en 1921.

Yelena et sa tante ont fui la guerre civile qui déchire l'Empire Russe entre armée rouge bolchevique et armées blanches. Elles font partie de ces aristocrates mal vus.
Après un long et indécis périple, elles échouent dans le port de Bizerte, alors que la Tunisie est française.
Tarik, docker et nageur en eaux libres aperçoit cette jeune femme au détour d'un entraînement et n'aura de cesse de la chercher et la découvrir davantage.

Ce récit alterne entre la fuite des deux femmes russes ou ukrainiennes selon le point de vue adopté et la rencontre de Tarik et Yelena.
J'ai beaucoup aimé toute la partie historique sur la guerre civile russe, les traditions qui s'entrechoquent à Bizerte. C'est un récit où la culture trouve une riche place.

Je n'ai pas réussi à apprécier le personnage de Yelena. Elle est pourtant fragile et étonnante mais elle n'a pas touché mon petit coeur de lectrice... J'ai trouvé que des longueurs étaient associées aux passages dans lesquels elle est très présente (sûrement parce que je n' accrochais pas).
Tarik, à contrario, déborde de sentiments, de questionnements et de courage.

C'est un roman historique intéressant qui m'a permis de découvrir une page de l'histoire russe et française partagée.
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1921, Bizerte, sous protectorat français, est le seul port de la Mediterranée à accueillir les bateaux de russes blancs qui ont fui devant l'avancée des Bolchéviques .

Deux personnages que seul le hasard permet de se rencontrer : Tarik, un jeune et modeste docker, nageur en plein entraînement dans le bassin du port, aperçoit sur le pont d'un des cuirassiers rouillés et immobilisés qui encombrent le bassin, Yelana, une jeune aristocrate russe toute vêtue de blanc dont la voix le séduit : une apparition qui bouscule sa vie et qui constitue le point de départ du roman dont je vous laisse le soin de découvrir la suite.

Ce ne sont pas tant les étapes de l'intrigue amoureuse à laquelle on s'attend qui forment le coeur de l'oeuvre, mais bien plutôt le passé de chacun des personnages. Pour Yelana, sa jeunesse privilégiée de Russe blanche dans un riche domaine et les péripéties de sa longue fuite en compagnie de sa tante pour échapper à la terreur de ses poursuivants, puis de la vie inconfortable qu'elles mènent confinées dans ce bateau pourri dont elles n'ont pas le droit de sortir .
Pour Tarik, c'est son état d' humble employé portuaire en charge d'une mère veuve et d'une soeur courtisée par un photographe américain, dont le prochain mariage dans la tradition berbère entraîne des frais considérables.

Un magnifique ouvrage romanesque à cadre historique , fortement documenté, construit sur une narration alternée entre deux pôles géographiques : la Russie en 1919 et le port de Bizerte en 1921.

Didier Decoin prend son temps pour installer son lecteur dans ces deux atmosphères opposées, pour en faire ressentir les couleurs, les odeurs, les bruits. Il y déploie l'écriture classique, élégante et souple qu'on lui connaît déjà. Sa phrase, le plus souvent longue, au tempo musical, s'élance progressivement , sans heurs , plane élégamment sur plusieurs lignes avant de retomber, comme dans une tranquillité majestueuse.
Du grand art !








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Bizarre...vous avez dit bizarre, comme c'est étrange !!!
Un roman dys...tout ; deux histoires parallèles mais qui ( Euclide, ne regarde pas !) vont se croiser, deux vies, deux mondes inconciliables vont se rencontrer par les hasards de l'histoire . Elle, Yelana, blonde et jeune aristocrate russe fuyant l'avancée des horribles "bolcheviks ", lui, Tarik, docker du port de Bizerte, rencontre improbable ,amours impensables, la Belle et le clochard peut-être ?
Un cosaque coupeur de têtes, un photographe américain, des amiraux déboussolés, un chamelon évadé...
Affolé, le raton laveur s'est jeté dans la lagune !
Bref, c'est bien écrit - pour un président du jury Goncourt cela semble normal - c'est décousu ,les liens entre les différentes parties manquent de telle sorte que l'on a souvent l'impression d'avoir sauté un chapitre! jusqu'à ce que Musset qualifierait de "dénouement mal cuit ".
Bon, si l' on n' à plus rien à lire...
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