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EAN : 9782234084230
350 pages
Stock (04/01/2023)
3.03/5   50 notes
Résumé :
Nous sommes à Bizerte, en Tunisie, janvier 1921, sous le protectorat français.

La vie serait presque douce pour le jeune docker du port de Bizerte, Tarik Aït Mokhtari, nageur longiligne et musculeux, s’il ne s’était heurté un matin, dans sa ligne de nage, à un obstacle infranchissable : il ne le sait pas encore, mais il s’agit d’un croiseur de bataille, survivant de la flotte impériale russe qui fuit l’irréversible et sanglante poussée des « rouges »... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (20) Voir plus Ajouter une critique
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La mer était vide, et soudain ils sont là, surgis du néant comme une escadre fantôme : des centaines de navires de toute taille, dépenaillés et brinquebalants, venus s'entasser sur le lac de Bizerte, cette lagune au sud de la ville éponyme transformée en rade militaire par le protectorat français de Tunisie. Vestiges de la flotte de l'Armée blanche, ces bâtiments ont à leur bord cent cinquante mille réfugiés, civils et militaires, évacués de Crimée trois mois auparavant alors que les unités de l'Armée rouge s'apprêtaient à envahir cette seule région russe non encore tombée sous leur contrôle.


La France ayant accepté de leur venir en aide, ils affluent en ce début de 1921, pour un internement dans le port de Bizerte dont on ignore encore qu'il durera presque quatre ans. Quatre ans d'une lente décomposition pour ces bateaux bientôt irrécupérables. Quatre ans d'une longue attente pour les exilés restés à bord tout ce temps, maintenus en vie par l'aide d'urgence française et par le troc mis en place avec la population locale. Alors seulement, le gouvernement français ayant reconnu l'URSS, ce qu'il restera de l'escadre sera rendu aux Soviétiques, et les émigrés russes autorisés à poursuivre leur exode vers la métropole.


S'emparant de ces événements méconnus, Didier Decoin a composé une poignée de personnages mirifiques, pour un roman aussi magique que tragique. A bord du plus grand cuirassier de ce camp de réfugiés flottant, la jeune Ukrainienne Yelena, toujours miraculeusement vêtue de blanc malgré la crasse et la noirceur ambiantes, survit en se prenant pour une héroïne de la cerisaie de Tchékhov, comparable dans son esprit à son ancien domaine de Zagoskine. Docker sur le port et nageur émérite, Tarik est fasciné par la silhouette immaculée et la voix de miel de cette fille entr'aperçue de loin. Se rencontreront-ils et parviendront-ils à se prêter main-forte dans ce télescopage improbable de leurs mondes diamétralement opposés ? Il leur faudra compter avec la folie des hommes, tapie à fond de cale comme l'un de ces aliens survivant aux voyages spatiaux...


L'exactitude historique sous-tend ici une fiction flamboyante, un feu d'artifices sensoriel où se retrouve l'une des marques de fabrique de l'auteur : chaque page est un concentré de couleurs, de saveurs et d'odeurs dont on ressort ébloui et enchanté, conquis par l'élégante précision de la plume et par la puissance d'évocation de ce conteur-magicien. Un roman que l'on se plaît à imaginer adapté à l'écran.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Comme chaque jour, le jeune Tarik nage dans la lagune de Bizerte. Lorsqu'il se trouve face à une muraille de fer il réalise qu'il s'agit d'un navire sur lequel s'entasse des centaines de personnes.
Nous sommes en janvier 1921, la Tunisie est sous protectorat français. La flotte impériale de Russie a fui les Bolcheviques et vient se réfugier dans cette anse de Bizerte, avec des milliers de Russes blancs à son bord dont la sublime Yelena.
Dans l'espoir de revoir la jeune fille, Tarik rejoint les marins de la baleinière chargés de distribuer aux émigrés les denrées de première nécessité.
Dans ce roman foisonnant, Didier Decoin nous invite à partager le destin de ces deux être qui avaient bien peu de chances de se rencontrer.
Orphelin de père, Tarik fait vivre sa mère et sa soeur grâce à son salaire de misère, tandis que Yelena a tout quitté comme des milliers de rescapés de la Russie impériale, civils de tous âges et conditions, et quelques survivants de l'Armée blanche, qui s'étaient embarqués à Sébastopol pour fuir les massacres des bolcheviks.
Didier Decoin s'y entend pour tisser les destins, dresser les portraits des protagonistes, croiser leurs regards et nous raconter les péripéties de leur vie. Chaque personnage est brossé avec beaucoup d'application et une grande sensibilité.
J'ai aimé suivre leur histoire grâce à la plume toujours aussi précise et élégante de l'auteur.
Merci à NetGalley et aux Editions Stock.
#LenageurdeBizerte #NetGalleyFrance
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Roman attrapé au vol sur une étagère de ma médiathèque. du genre "petit bouquin qui se lit pour s'évader du quotidien ".

Les premiers chapitres ont l'attrait d'un certain exotisme et d'une situation peu banale : d'un côté, la vie d'un jeune docker tunisien qui aimerait sortir de sa condition. de l'autre, la fuite de deux aristocrates devant l'avancée des Bolcheviques qui mettent en déroute les troupes des contre-revolutionnaires.

Pour ceux qui ont palpité en suivant la course éperdue de Michel Strogoff ou qui ont tremblé pour Iouri et Lara dans la tourmente révolutionnaire, ce roman sera une déception. Rien du souffle épique qui vous fait tourner les pages fébrilement, rien de ces tourments amoureux qui font bondir le coeur.

Le voyage des deux femmes est une suite de déboires très prosaïques, elles sont ballottées par les événements et par le roulis du bateau avec une certaine apathie. Tandis que le lecteur est ballotté d'un bord à l'autre de la méditerranée où il retrouve le docker qui va finir par croiser le destin de la jeune exilée dont le bateau a fini par accoster à Bizerte.

Et le style ? me direz-vous. Là non plus, rien d'éblouissant . Decoin se veut didactique en nous apprenant mille détails sur la culture berbère ou sur les massacres perpétrés par les Rouges en 1920. Mais que de digressions ennuyeuses! J'avoue que j'ai fini par sauter des paragraphes !

Dans les passages où le héros dialogue avec la belle exilée, on s'étonne de l'étendue de sa culture et de son niveau de langage, digne d'un académicien.
Alors qu'à l'époque, peu d'enfants étaient scolarisés, souvent analphabètes.
Ces discours ne sont vraiment pas crédibles. Cela enlève beaucoup de réalisme psychologique à la situation.

Pour conclure, on a affaire à un roman un peu bâclé, même si par ailleurs le contexte historique est bien documenté. Pour le romantisme et les rebondissements de l'intrigue, on repassera.

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Alors que Yelena et sa tante fuient les exactions de l'armée bolchevique en Ukraine, le docker berbère Tarik se souvient du fauteuil de barbier d'un vieux paquebot qu'il avait laborieusement ramené à sa mère et qu'alors ça lui avait rappelé le chant de sa mère au crépuscule...

Aussi bien écrites qu'elles sont nombreuses et telles de petites nouvelles, les digressions donnent un côté touchant, un peu sénile, et ont parfois mis à mal ma patience;-)

Au fil du livre s'accroit la cohérence et j'ai apprécié le monde décalé (le cosaque Bissenko à la fois exécutant sanguinaire et magnanime érudit), si bien raconté par un Didier Decoin super documenté et toujours aussi fasciné par les fluides corporels féminins!
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Bizerte il y a un siècle. En 1921, Tarik, docker sur le port ,aimant sa mère à la folie, grand sportif, se retrouve en nageant dans la lagune tout contre un grand navire de guerre. Reprenant ses esprits il se décale et aperçoit sur un pont supérieur une jeune fille en robe blanche. Coup de foudre, fantasme, on verra... Cette jeune fille, Yelena aristocrate ukrainienne fuit avec sa tante les massacres des bolcheviques. Yelena vit dans l'univers de Tchekov et se verrait bien une héroïne de « La Cerisaie ».
Dans ce même bateau on trouve un cosaque et un capitaine de l'Armée rouge.
C'est avec cette trame que D.Decoin qui a bien observé la marche folle du monde, en fait de même avec son roman, épique souvent, avec des aller-retour parfois (peu importe), on ne s'y perd pas.
J'ai beaucoup apprécié le souffle romanesque et sensoriel un peu à la manière de Pasternak , allié à une écriture impeccable digne du président du prix Goncourt.
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critiques presse (4)
LePoint
11 juillet 2023
Ce beau roman d'amour résonne comme une supplication pour l'accueil de l'autre en temps de guerre : intemporel, hélas, et bouleversant.
Lire la critique sur le site : LePoint
LeSoir
14 avril 2023
Avec « Le Nageur de Bizerte », Didier Decoin nous mène dans un voyage sensuel et tragique.
Lire la critique sur le site : LeSoir
LeMonde
13 février 2023
Bizerte, janvier 1921. Tarik, un jeune docker qui nage à l’entrée du port tunisien, se heurte à une muraille d’acier : un cuirassé. Le vieux navire de guerre est plein à craquer de Russes blancs qui fuient la poussée des bolcheviques.
Lire la critique sur le site : LeMonde
LeFigaro
19 janvier 2023
En 1921, des dizaines de navires dans lesquels s’entassent des milliers de Russes fuyant les bolcheviks se réfugient dans la lagune de Bizerte, en Tunisie. Un roman flamboyant.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Yelena se tut pour reprendre son souffle et lécher ses lèvres devenues sèches : il lui arrivait rarement de parler ainsi tout d’une traite, elle avait un trop grand respect des mots pour les lâcher dans la nature comme la bergère libère ses moutons à l’orée d’un pacage dont l’herbe tendre a aussi la hauteur qu’il faut pour dissimuler le piège d’un loup couché, ramassé sur lui-même, les muscles tendus : dans toute conversation, songeait-elle, il y a un loup embusqué, prêt à fondre sur le mot en trop, le mot qui fait mal, la phrase maladroite…
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Mais la jeune femme ne manifestait aucune curiosité pour les autres facettes de l’œuvre de Tchékhov : sans qu’elle pût s’expliquer pourquoi, La Cerisaie suffisait à la combler. Plus elle voyait représentée cette fausse comédie qui était en réalité une vraie tragédie, plus elle rejoignait l’opinion de Tolstoï selon qui l’on pouvait lire, relire et rerelire Tchékhov de manière toujours différente, ce qui revenait à dire qu’une seule de ses œuvres – et donc La Cerisaie – contenait assez de raisons de désespérer en même temps que de s’émerveiller pour une vie tout entière.
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D’abord un peu terne, une clarté rabougrie s’étirait à l’horizon, lisse comme le premier trait de calame à partir duquel va se développer et s’ourler toute une calligraphie généreuse et splendide.
Puis, pulsée par la mer dont elle venait de naître, la lumière s’éleva, se dilata un peu plus à chaque palpitation, s’étala sur le ciel, le remplit, puis du ciel elle ruissela, s’épanchant sur la terre, envahissante et blanche comme du lait renversé, inépuisable, comblant tout ce qui n’était pas elle.
C’était l’aube.
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Elle se sentait parfois ajourée comme une dentelle. Se prenait pour une dentelle. Craignant par-dessus tout que la vie ne la déchirât.
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Mais les livres sont des objets très subtils, capables de longtemps garder l'odeur de la pièce où ils dormaient alignés, l'odeur du tabac qu'on a fumé près d'eux, de cet alcool hors d'âge qu'on a par maladresse renversé sur eux, celle de la maison sous la pluie, des petites fleurs sans nom et des feuilles d'automne qu'on a glissées entre leurs pages, le parfum évanescent d'une encre qui a formé des mots déjà pâlis.
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Videos de Didier Decoin (41) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Didier Decoin
Auteur de près d'une cinquantaine de livres et d'une quarantaine de scénarios pour le cinéma et la télévision, membre de l'Académie de Marine, président des Écrivains de Marine, Didier Decoin nourrit aussi une véritable passion pour la navigation. En invitant Isabelle Autissier, Isabelle Carré et un invité surprise à sa carte blanche, le président de l'édition 2022 Du Livre sur la Place réunit toutes ses passions.
Isabelle Autissier, "Le Naufrage de Venise" (Stock) Isabelle Carré, "Le jeu des si" (Grasset) Didier Decoin, "Le Sang des Valois, tome 1 - L'Homme du fleuve" (Glénat)
Une rencontre animée par Françoise Rossinot, le 9 septembre 2022 à l'Opéra national de Lorraine.
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