Impossible de ne pas faire la comparaison avec "
Freedom" de
Jonathan Franzen, tant à travers ces deux livres, leur auteur respectif s'attache à faire la radiographie de la société américaine du début de ce siècle à travers le prisme de la famille.
J'aime beaucoup le talent des auteurs américains à raconter des histoires, dans une langue fluide et simple, mais qui recèle beaucoup d'ironie et qui accroche, dès les premières lignes. On pénètre un univers très visuel, quasi cinématographique, fait de descriptions minutieuses mais jamais ennuyeuses des attitudes des personnages.
Le livre s'ouvre sur le mariage des héros, Adam et Cynthia, âgés alors de 22 ans, et parcoure 25 ans de leur vie. L'ascencion sociale, l'ambition sont les maîtres-mots de ce couple qui part de rien et qui réussira de manière aussi fulgurante que naturelle, comme s'ils y avaient toujours cru et qu'il ne pouvait en être autrement.
C'est d'ailleurs ce qui frappe, dans cette vie de couple, la confiance et la foi inébranlables qu'éprouvent Adam et Cynthia l'un pour l'autre. C'est pour l'autre, par l'autre et grâce à l'autre qu'ils se réalisent. Sans l'un, l'autre n'est rien, ils en sont parfaitement conscients et le cultivent jalousement.
L'argent, amassé tant et plus, n'est pas un objectif en soi mais une manière d'y arriver: avoir de l'argent, c'est acquérir la sécurité. Pourtant, c'est aussi source de dérives, et cet aspect excessif est parfaitement incarné par le personnage de la fille d'Adam et Cynthia, April, qui semble tout droit sortie d'un épisode de "Gosspi Girl". Elle est la seule à avoir ce rapport décomplexé et déculpabilisé à l'argent qui lui fait dire, à son frère, Jonas, que ne pas ne pas profiter des privilèges que la vie leur offre "n'est pas noble, c'est juste de la pose".
Dans cet aveuglement à tout ce qui ne fait pas partie de leur monde, reste un socle indestructible: la famille, en son noyau dur, ultime repaire dans lequel la protection s'offre de manière inconditionnelle.
Il faut le déguster, ce livre, et apprécier tout le cocasse de certaines situations, comme lorsque Cynthia, alors jeune mère de famille un peu déboussolée et prise d'un profond ennui dans sa vie familiale, explique les règles du poker à ses enfants de 6 et 8 ans et les fait jouer avec de l'argent... Absolument jouissif!