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Gilles Defacque (Autre)
EAN : 9782376800880
160 pages
Editions Invenit (17/02/2023)
5/5   1 notes
Résumé :
En 2023, le théâtre et pôle national du cirque du Prato aura 50 ans. Voici son histoire.
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QUAND L'ÉPHÉMÈRE QUI DURE RESTE SANS FIN SUR SA FAIM CRÉATRICE

L'éphémère, parfois même l'évanescent théâtre vivant, même habillé en cirque et paradant en clown, dure cinquante ans, c'est qu'il doit y avoir quelque chose de survivant dans cette effervescence, et cela est surprenant, au point de se dIre que cet horizon fuyant que l'on appelle fin de partie n'est en définitive qu'une porte de plus ouverte sur on ne sait quel désir du jeune homme qui a peut-être un nom, pour le petit garçon, qu'il va chaparder à la vie en attendant la fin du monde. Et l'éphémère se survit à lui-même et à jamais dans cette pirouette beckettienne, bien dissimulée sous l'attente d'un dieu quelconque en forme de godasse ou de godillot plutôt brutal avec les petits garçons qui lui servent de messagers et ce bon dieu nécessairement irlandais bloque toute régénérescence ou toute apocalypse, et ne parlons pas d'épiphanie.

Ce Théâtre vivant ne vit que dans le mouvement mouvementé et momentané qui n'a d'avenir que dans le faux-pas qui ne mène qu'au trépas de l'instant (x) dans l'instant (x+1) qui n'est pourtant que l'antichambre d'un retour de la mort de son prédécesseur dans sa propre renaissance mortelle, j'entends renaissance par delà sa propre mort. La mathématique de la vie – pour éviter de parler comme Le Bouddha qui dirait que tout étant dominé et emporté par l'inexorable transformation permanente de l'impermanence « anicca », tout donc triomphe et il ne reste que « dukkha » et « anatta » – cette mathématique de la vie est quand même peut-être plus simple, et en termes plus crus nous dirons que chaque instant s'empresse de donner un coup de pied au cul de celui qui le précède pour qu'il aille crever plus loin, mais comme il a fallu qu'il se retourne et que son antécédent est déjà mort, il crée son propre trépas dans le désir d'empêcher la fuite éternelle du temps. Je devrais en faire une oraison funèbre à La Bossuet énoncée du haut de la chaire péremptoire de la Basilique Saint Denis. Imaginez-y, comme on dit chez les Occitans auvergnats, Louis XIV bien assis sur sa chaise, peut-être percée d'ailleurs, les mains bien occupée à tripoter la marquise sa voisine.

Mais c'est justement ce que je fais. En mon temps actuel (x) je m'en suis retourné à un temps (x-1) pourtant déjà mort depuis 28 ans, et je ne trouve alors que le monde de (x-1) à (x) que j'ai manqué. Revenir c'est trahir le partir ancien et partir c'est trahir le revenir ultérieur. J'ai inventé le mouvement perpétuel ou simplement l'angoisse schizophrénique qui mijote au fond de nos dendrites, certains risquent de pense de nos culottes. C'est qu'entre partir et revenir il n'y a aucun point de départ ni rupture de fin si ce n'est de mourir enfin une bonne fois pour toutes, mais cela me laisse sur ma faim. Mais mourir ou trépasser sur scène ou sous chapiteau c'set ma chance que la mort du personnage laisse une chance de survie à l'acteur ou au clown qui pourra dans un instant, le rideau tombé, traverser la rue et aller s'enfiler un hamburger royal ou bio-végan au MacAck de service pour les morts en sursis. Quand on vous le dit qu'il n'y a que des revenants d'outre-tombe dans ce bas monde de la mémoire. Et l'Alain D'Haeyer se muche quand ils vous pique les flancs d'une aiguille tétanique et quand il sort de sa forêt flamande il est dru comme une dérouillée de bois de frêne, vert bien sûr, car plus écolo que mon bidule, tu meurs.. Et le Poupinou n'est guère qu'un Quinquin grandi trop vite, et son origine de Fasques dans le Pas de Calais fait que Thumesnil se fâche qu'on lui ait pris son étymologie qui pourtant fait terrasse dans les meilleurs endroits, comme Moulins, mais pas celui de l'Allier, quand le Poupinou sort au soleil.

Mais si la Camarde vous prend au collet comme le ferait un vulgaire flic, mais pas dans la rue, plutôt sur scène, vous allez avoir la chance de mourir pour de vrai en personnage, personne sans âge qui n'a eu ni naissance ni mort et n'en aura jamais, imaginez la mort de Tartuffe qui d'ailleurs en rit de Serpenterie, tout près de Coulommiers et son fromage qui ne « coulot nin, ni n'avot la moindre coulure », en d'autres termes il n'est certainement pas coulard aux entournures, ce qui serait un comble pour Tartuffe. « Cachez-moi donc ce mort que je ne veux point sentir », et l'acteur d'y survivre pour de tout aussi vrai en comique troupier ou en incognito qu'on ne reconnaît que quand il a mis son fond de teint. Poupinou a pu mourir cent fois dans sa longue survivance, mais Gilles Defacques n'a jamais encore réussi à mourir vraiment, même une seule fois, car il y faut plus que la déesse Hécate, face cachée de la lunaire Séléné qui font à elles deux triplette avec Diane ou tout autre Déméter, pour faucher notre homme des bois. Il est éternel je vous dis, ou au moins aussi renouvelable que le clair de lune et le soleil de minuit.

Mais ce que je n'oublierai jamais, ce fut l'effroyable affrontement des créateurs avec deux adjoints de Pierre Mauroy Maire de Lille et Premier Ministre quand Hector Viron décida d'interrompre les représentations d'un spectacle de Dominique Sarrazin et du Théâtre de la Découverte, interruption signifiée après la troisième représentation car la commission de sécurité n'est passée qu'après la troisième représentation. Raison invoquée, la sécurité, le praticable n'était pas ignifugé. Radio Quinquin s'en mêla et de « Hector Viron, Virons Hector » au recours de Monsieur le Sénateur communiste, adjoint au Maire de Lille, George Marchais fut saisi et Jacques Milhau fut désigné intercesseur, et le Salo-mais coupable qui voulait la tête de de Jean-Baptiste Hector Viron pour atteinte à la liberté de création et de représentation par incompétence notoire qui lui fit envoyer la commission de sécurité après trois représentations, ce Salo-mais coupable représentait dans l'affaire le Syndicat National des Auteurs et des Compositeurs. Et comme jamais un sans deux, bien qu'on manquât le sans trois, ce fut au tour de Monique Boucher d'envoyer les bulldozers contre le cinéma où le Théâtre du Prato survivait à Wazemmes, pour cause de rénovation du quartier. Action de masse et Radio Quinquin s'en mêlèrent à nouveau. « Lille dans la guerre de cent ans contre Gilles Defacques et Alain d'Haeyer, bulldozer en tête, Jeanne Hachette la bien nommée Monique Boucher convoque l'abattoir. » Cela en fut trop pour le Premier Ministre qui descendit de Paris, négocia une solution pour Dominique Sarrazin avec Gildas Bourdet et le spectacle put repartir à la Salamandre, et on installa le Théâtre du Prato dans une ancienne usine textile à Moulins-Lille, et à l'élection municipale suivante les deux adjoints au maire coupables d'atteinte à la liberté de création et de représentation furent gentiment effacés de la liste et le Sénateur quitta le Sénat. Oh ! combien il m'en souvient de choses de cette année 1983.

Au bout d'une longue vie, pas encore complètement finie mais de trois ans plus longue que celle de Gilles Defacques – nous avons atteint ou presque notre espérance de vie – ce livre est une bouffée d'air frais dans une situation secouée par la folie de certains qui se croient les maîtres du monde et par l'incohérence d'autres qui ont atteint un âge tellement canonique que même Mathusalem commence à se faire jaloux. On arrive à penser qu'il faut acheter un bazooka et un lance flamme et … « Mais vous êtes fou, mon pauvre, vous êtes pire encore que ceux que vous voulez – non sans raison – écarter du pouvoir qu'ils n'ont atteint que par populisme. » Pensez donc, un ancien agent secret contre un ancien comique de télé. Ça c'est du cirque et on en redemanderait un second service si de pauvres gens ne mourraient pas toutes les nuits. Nous sommes gouvernés soit par des « bondieuseries nihilistes » (page191) ou pire encore mais en moindre des bondieuseries de bénitier laïque, ou des bondieuseries pour lesquelles ce mot d'ordre condamne la contraception, l'avortement, et condamne tout le monde à tellement d'enfants que l'abstinence sexuelle devient une morale sociale.. Nous ne devrions respecter qu'une seule règle humaine, « Laissez-les vivre ! », version auvergnate « Laissez-les y vivre ! », version Bordeluche « Je me te le dis laissez-les donc vivre, mon pauvre couillon ! » Je ne donnerai pas de version en picard ou ch'ti. Je crois que Cafougnette par la plume de Jules Mousseron pourrait lui aussi dire quelque chose, mais ce serait entièrement réservé à une soirée bachique au fond d'un estaminet un samedi soir de bamboche à Denain. Carré blanc s'il vous plait. Jacques Bonnafé pourra vous dire. Mais plus Ronny Coutteure..

Dr. Jacques COULARDEAU

Lien : https://jacquescoulardeau.me..
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