Merci à Babelio ainsi qu'aux éditions Gallimard pour l'envoi de ce livre dans le cadre de la MC non-fiction.
Je tente depuis quelque temps de modifier ma façon de consommer, dans le sens du "moins mais mieux", c'est la raison pour laquelle j'avais coché ce livre dans ma sélection. Les motifs de ma démarche sont pour une part guidés par une prise de conscience que beaucoup d'entre nous partagent : nous ne pouvons plus vivre "à crédit" sur les ressources de la planète en consommant de façon aussi peu raisonnable qu'égoïste (après nous..le déluge ?). Avons-nous réellement besoin de posséder autant de biens, de changer d'ordinateur ou de téléphone dès qu'un modèle plus performant arrive sur le marché, faut-il acheter neuf tout ce que nous utilisons alors qu'il y a d'autres moyens d'en profiter tels que l'emprunt, le partage, la location, l'achat en occasion, etc ?
Une autre motivation est d'ordre plus personnel : fille de parents accumulateurs compulsifs, j'ai du déjà à trois reprises vider des appartements ou maisons où ils laissaient derrière eux des monceaux d'objets ou de paperasses à trier, jeter, recycler, donner ou autre. Quelles qu'en soient les raisons (décès pour mon père, déménagements dans des lieux plus exigus pour ma mère), nous nous sommes retrouvés avec mes frère et soeurs complètement débordés par l'ampleur de la tâche, cela nous a pris à chaque fois des semaines pour arriver au bout. Je me suis promis de ne pas infliger pareille corvée à mes filles lorsque je disparaîtrait, ou même tout simplement si je devais déménager encore une fois avant. Reste à convaincre mon cher et tendre, ce qui n'est pas gagné !
Tout ce préambule pour dire que je cherchais dans ce livre des solutions pour mieux mettre en oeuvre mes grandes idées. J'ai eu la confirmation que j'étais sur la bonne voie sur certains aspects, sur le plan alimentaire notamment en consommant moins de viande, (par contre j'ai appris qu'il n'était pas très vertueux de manger du quinoa ou du soja, leurs conditions de production impliquant la destruction d'habitats naturels de la faune locale), que j'utilisais de bonnes solutions alternatives pour éviter certains achats (dont les livres !). Mais que comme le colibri de la légende, je risquais l'épuisement à vouloir trop en faire, et à chercher à tout prix à réduire mon impact environnemental. Surtout que bien souvent, la femme porte encore seule le poids de ces ajustements de comportement au sein des foyers, selon l'auteur, et d'ailleurs selon moi aussi !
Le livre s'articule autour de 4 grands axes, après un bilan de la situation actuelle en introduction.
-1 : la société de consommation en crise. On nous présente l'évolution au cours des 50 dernières années, jusqu'à la crise sanitaire actuelle, l'essor des grandes surfaces qui mettent à la portée de presque tous une multitude de biens de consommation, la frénésie d'équipement des ménages depuis les années 60-70 jusqu'en 2008, et le coup d'arrêt provoqué par la crise économique cette année-là. le vieillissement de la population, l'augmentation des "dépenses contraintes" (factures, transports, loyers...) et la baisse du pouvoir d'achat ont contribué aussi à ralentir les acquisitions. D'où l'émergence d'une pratique très contestable, l'obsolescence programmée, qui vise à nous obliger à renouveler certains biens plus rapidement parce qu'ils s'usent vite, ou que les éléments permettant de les utiliser ne sont plus commercialisés.
-2 : les trajectoires de la consommation responsable, en 7 étapes.
Où l'on détaille l'impact de notre consommation sur l'environnement, et la façon dont nous sommes devenus conscients de cet impact (du moins la plupart des lecteurs de ce livre !). Nous sommes de plus en plus nombreux à souhaiter mettre en application des pratiques plus vertueuses, telles que le tri, l'achat local, le vrac, le recyclage, les économies d'énergie entre autres.
Ces "bonnes pratiques" ont augmenté assez sensiblement depuis le début de la crise sanitaire, parfois par obligation, mais les auteurs semblent espérer qu'elles perdureront. On remarque également les effets pervers de cette crise, notamment le retour à plus d'emballage pour certains produits, par crainte de contamination. Dommage, on était bien parti pour la suppression des plastiques, là c'est un peu retour en arrière. Heureusement, pour compenser nous mangeons plus bio et local, nous achetons plus d'occasion et nous circulons moins (avons-nous le choix ?). du coup nous réduisons nos déchets quand même, ouf ! Les plus courageux (ses) vont plus loin en fabriquant eux-mêmes leurs produits de nettoyage ou leurs cosmétiques. On fait aussi l'éloge de la lenteur et de la sobriété.
Certains poussent la démarche jusqu'à pratiquer le minimalisme, c'est à dire se débarrasser de tout ce qui n'est pas indispensable, vivre dans une tiny-house (mini-maison), ne posséder qu'une trentaine de vêtements (dont combien de slips ?) Bon, là moi je dis stop ! Mais on peut aller encore plus loin, et devenir complètement autonome en produisant soi-même tout ce dont on a besoin. Et vivre au fond d'une caverne en chassant le mammouth, pardon je m'égare...
- 3 : les illusions perdues
Justement, c'est là qu'on retombe sur terre, et qu'on s'aperçoit qu'il y a des limites à la décroissance, qu'il faut raison garder et ne pas se mettre une charge mentale écologique insurmontable sur le dos, comme l'éprouvent certaines femmes qui ont l'impression de ne jamais parvenir à en faire suffisamment pour répondre à leurs exigences. On dénonce aussi la pression exercée par les bons élèves bobos-écolos qui ont les moyens sur les classes populaires dont les achats alimentaires ou vestimentaires ne se portent pas sur les articles "vertueux", faute de budget.
En Suède, cette pression va très loin : celui qui voyage en avion subit le "Flygskam", soit la honte de prendre un moyen de transport polluant, et celui qui consomme trop a droit au "kopskam". Je ne prendrai pas ma retraite là-bas !
Ces comportements excessifs peuvent mener droit au burn-out par culpabilité, alors que dans le même temps, que font les grandes entreprises qui contribuent quand même un peu plus que le consommateur lambda aux problèmes de notre bonne vieille Terre ?
- 4 : perspectives : quelles consommations pour demain ?
Où l'on fait le bilan des pratiques individuelles et de leur impact jusqu'à aujourd'hui, mais où l'on s'interroge aussi sur les politiques publiques en matière de préservation des ressources et de l'environnement. Les choses commencent à bouger quand même, en espérant que ces frémissements ne soient pas trop tardifs. Pendant longtemps on a encouragé la consommation pour faire tourner l'économie, il faut maintenant prendre un virage et pousser les entreprises à produire de façon plus responsable et plus écologique. Les emplois ne doivent plus être générés uniquement par la croissance, mais aussi par ce qu'on appelle "l'économie circulaire", c'est à dire qu'un produit doit être accompagné de sa conception à son retrait et si possible son recyclage. Une loi anti-gaspillage est entrée en vigueur au 1er janvier 2021 pour pousser les industriels à modifier leurs pratiques, et limiter les gaspillages. L'étiquetage des produits ainsi que la publicité sont également amenés à évoluer. de nombreux ménages se disent prêts à consommer des produits plus durables et à réduire certains achats. Une autre tendance qui monte : faire des économies en achetant moins, et arrêter de travailler plus vite. Mais il reste bien des obstacles et des progrès à faire pour espérer rattraper un peu les dégâts que la société de consommation a provoqué.
Ce livre ne compte que 120 pages mais elles sont particulièrement denses et destinées à un public déjà bien sensibilisé aux problématiques liées à la consommation. Je l'ai lu par petites étapes, pour éviter l'indigestion (sobrement, quoi !). Les concepts développés sont très intéressants, mais touffus, et de nombreux renvois en bas de page rendent la lecture un peu ardue. Pas de culpabilisation ni de jugement, ce que j'ai apprécié, je déteste les bouquins moralisateurs qui vous enjoignent de devenir végétariens et de fabriquer votre papier toilette pour être un bon éco-citoyen.
Je ne regrette pas mon choix, mais j'attendais je crois plus un guide pratique qu'un état des lieux complet sur le sujet.
Commenter  J’apprécie         4524
J'ai beaucoup apprécié ce livre qui permet de mieux comprendre les évolutions de la société de consommation à la fois de manière globale et de manière plus incarnée, en partant des pratiques réelles.
La première partie revient sur l'histoire de la société de consommation et ses critiques actuelles : l'auteur considère que nous sommes face à une crise inédite de la société de consommation, à la fois économique, sociale et environnementale. Elle rappelle que seuls un tiers des Français font confiance aux grandes entreprises!! Puis elle étudie l'hypothèse qu'on puisse atteindre un pic de consommation, autrement dit qu'on consomme de moins en moins de ressources matérielles à l'échelle de la société. Elle liste les différentes raisons qui pourraient y conduire : le veillissement de la population (je ne savais pas!), les contraintes financières, la saturation en équipements, mais aussi la volonté de consommer mieux. Puis l'auteur identifier 7 étapes pour aller vers une consommation plus durable, allant jusqu'à l'autonomie totale! Elle s'interroge enfin sur la place que la consommation pourrait avoir dans nos sociétés demain. J'ai beaucoup apprécié cet ouvrage qui s'appuie sur de nombreuses sources et que j'ai trouvé très stimulant!
Commenter  J’apprécie         10
Néanmoins, l'obsolescence programmée ne peut pas être imputée aux seuls fabricants et revendeurs d'équipements : si elle fonctionne et perdure, c'est bien parce que les consommateurs eux-mêmes acceptent sa logique. Aisi, près de 9 téléphones sur 10 qui sont remplacés en France fonctionnent encore. L'obsolescence programmée génère d'ailleurs un autre fléau écologique pourtant méconnu car peu visible : les "mines urbaines". A force de stocker des équipements qu'ils n'utilisent pas ou peu, les ménages immobilisent en effet des matériaux pourtant précieux, compte tenu du coût environnemental de leur extraction. Selon l'ADEME*, chaque foyer français possède en moyenne 99 appareils électriques et électroniques. Et 80% d'entre eux sont utilisés moins de trois fois par an.
* ADEME : Agence de l'Environnement et de la Maîtrise de l'Energie
"Les mines urbaines". A force de stocker des équipements qu'ils n'utilisent pas ou peu, les ménages immobilisent en effet des matériaux pourtant précieux, compte tenu du coût environnementale de leur extraction.
ParOLeS Libres #2 Cécile DÉSAUNAY : Habiter demain en HLM