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3,29

sur 2689 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Sous l'effet d'un véritable achat d'impulsion, ce livre de rentrée littéraire est arrivé chez moi. Il faut dire que je garde un très bon souvenir de ma lecture du tome 1 de Vernon Subutex en 2017. Je n'avais pourtant pas continué la série à l'époque, ce qui reste d'ailleurs un mystère. Mais l'autrice m'avait déjà beaucoup plu dans King Kong théorie et j'ai aimé à chaque fois lire ses interviews… Alors ? A la lecture, Cher connard s'est avéré beaucoup moins virulent que le titre ne le laissait à penser, première constatation. En réalité, pour ceux qui l'ont lu, ce roman est un peu une version trash de Quand souffle le vent du Nord de Daniel Glattaeur, un roman épistolaire, mais par mails, entre deux personnes qui n'auraient jamais du s'écrire. Rebecca est actrice, cinquantenaire, assez égoïste et accroc aux drogues. Oscar est un peu plus jeune, écrivain, souvent sous l'emprise de l'alcool, et il est depuis quelques jours sur les réseaux la cible d'une jeune femme, Zoé, qui l'accuse publiquement de harcèlement. le scandale est énorme, et Oscar a eu l'idée de contacter, dans ce contexte, l'ancienne meilleure amie de sa soeur qu'est Rebecca. S'ensuit un dialogue inattendu entre ces êtres que tout oppose, sur le papier. Et le lecteur est entraîné dans un discours où il apparaît très vite que rien n'est simple, ni si manichéen que l'on voudrait bien le croire. Au delà de la culpabilité et du pardon, chacun faisant comme il peut avec ses angoisses, ses névroses, ses failles, sa manière de s'engager… J'ai beaucoup aimé que ce livre soit plus subtil et complexe que je ne m'y attendais. Par exemple, j'ai aimé le rapport que Rebecca entretient dans ses lettres avec son âge, ses questionnements. Vieillir bien, c'est sans doute accepter que la vie soit un changement permanent, et Rebecca s'en rend compte, peu à peu. J'ai beaucoup aimé, plus largement, que les personnages de Virginie Despentes soient des êtres imparfaits, insolents, désobéissants, humains. J'ai beaucoup aimé tous les passages qui racontaient une jeunesse contemporaine de la mienne. J'ai beaucoup aimé que le féminisme y tienne une belle place, mais qu'elle montre aussi sa fragilité, à la manière d'une maigre Antigone. Et j'ai aimé que l'amitié triomphe, et que ce soit l'espoir qui teinte la fin de cette lecture.


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Un livre qui te met des grosses claques dans la gueule et qui te remet les idées bien en place. Surtout celles toutes faites, ces mauvais préjugés qui s'installent insidieusement en vieillissant. Ces oeillères qui ne te laissent pour seul point de vue qu'un tarin qui a perdu de son flair. Ces vieux trucs qui te pourrissent de l'intérieur. Qui te font te sentir supérieur face à quelqu'un qui ne travaille pas, qui est gros, qui ne lit pas... Et putain, ça fait du bien ! Parce que chez tout individu, même les pires, il reste toujours un peu d'humanité. Garder ça a l'esprit, c'est s'entraider et avancer plutôt que de juger et de fermer les portes.

"De façon générale
Et très globalement
En définitive
Mais qu'est ce qu'on attend
Pour se faire
...Des bisoux, des bisoux, des bisoux..."

Un livre plein d'espoir et d'amour, merde!
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Never judge a book by its cover. Et maintenant, il va falloir faire fi des critiques. le titre outrancier - Baise-moi ne les avait pas préparés, sans doute - semble avoir suffi à certains, l'autrice féministe à succès sans doute aussi, pour décider que le livre entier était intolérable aux bons becs de la littérature. C'est dommage, car c'est, selon moi, tout le contraire. Certes, les trois personnages dont on a les messages (courriels et billets de blog font le nouveau roman épistolaire) sont haut-en-couleur, un écrivain alcoolique et toxicomane issu d'un milieu pauvre et qui, au cours de ses extases chimiques, se croit tout-puissant, amoureux transi mais piteux à jeun, qui relève de #metoo, selon sa victime ; une actrice d'âge mûr et iconoclaste, qui fut d'une beauté spectaculaire (j'imagine facilement Béatrice Dalle dans le rôle, le jour où il sera porté à l'écran) ; une victime vindicative du premier à qui il ne reste plus que les tribunes d'internet pour chercher à tâtons sa justice. Les deux premiers, en échangeant, en contrepoint, aboutissent comme le veut le genre musical, à des convergences inattendues, nuancent et rectifient leurs position. Ils évoluent en humains et non en créatures artificielles et cela sonne vrai. Élément du décor, la toxicomanie analysée, psychanalysée parfois, prend de l'importance et devient instrument de narration ; sa sincérité, les mise-à-nu qu'elle opère et qui m'a beaucoup appris, à moi qui croyais tout en savoir, en toute immodestie...

Mais au lieu d'asséner ses propres certitudes sur ces sujets, l'autrice traduit les diverses épiphanies de ses personnages, comment ils touchent leur addiction et tâchent de l'apprivoiser, en chemin vers l'illusoire maîtrise absolue du temps, de son corps, de ses blessures. Bref, elle s'efface derrière son, ses sujets, là où les critiques croient la boxer directement.

J'ai beaucoup aimé ce roman et j'en veux beaucoup au tam-tam méprisant de m'en avoir fait craindre la lecture. Virginie Despentes est un véritable écrivain
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Virginie Despentes aborde avec courage et un immense talent l'idée centrale qu'il faut se nier, pour devenir autre que soi pour s'affirmer vraiment, se perdre en autre chose pour se retrouver. Une triade identitaire ou l'aliénation est le moteur du dépassement de cette pionnière littéraire dans le genre. Chaque moment des histoires, les protagonistes dépassent un stade de l'esprit. Mais, tour à tour chacun de ces trois moments englobe un mouvement logique de négation et finit par se dépasser dans la destruction pour s'affirmer elle-même en décrivant les rapports humains qui font de l'autre un objet qui obéit, esclave certes! mais qui finit par devenir maître à sa façon.
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Magistral, fantastique, génial, jouissif à souhait. Une écriture qui vous happe comme un dragon vous prendrait à la gorge. On s'enfonce délicieusement dans le top de l'intelligence. Au fur et à mesure des pages on se sent délesté des certitudes qui étouffent nos âmes. Aucune pitié pour la plus infime hypocrisie envers soi-même. Aucune concession à la demi-mesure. Les mots de Virginie Despentes sont une tempête bienfaisante qui détruit et construit notre pensée. Et sa brillantissime diatribe contre Céline (que j'exècre envers et contre tous ses adorateurs) m'a fait un bien fou. Quel livre, quelle plume, quelle intelligence, quelle sublime sensibilité et, bien sûr, quel humour dès qu'on aborde la quadrature du cercle qu'est l'être humain.
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Oscar insulte Rebecca sur les réseaux sociaux. Oscar, c'est un type un peu perdu, frappé par un scandale #meetoo et qui se retrouve à la dérive.
Rebecca est une femme bien affirmée, incisive et libre qui n'a pas sa langue dans sa poche. Alors évidemment, elle rétorque durement alors qu'Oscar tente de s'excuser de son attitude. S'installe alors entre eux un échange de messages dans lequel, pendant qu'elle lui ferme porte sur porte, il s'étend sur sa vie et toutes ses faiblesses.

Je découvre enfin Virginie Despentes et sa plume qui cogne fort! J'ai beaucoup aimé à la fois le côté incisif et celui très pointu de son style qui ne connaît pas les détours.

Au travers des personnages, elle parle de l'homosexualité, du succès social, des réseaux, du harcèlement, du patriarcat, des dépendances, des féminicides entre autres.
Elle dépeint de manière fracassante une société avide de drames, d'images et les limites inexistantes d'une société qui est prête à détruire des vies pour se sentir exister et entendue.

Au travers d'Oscar et Rebecca, deux extrêmes, elle aborde la destruction de soi, la rédemption et 40 ans d'évolution d'une société qui se perd.

C'est un roman percutant, très riche en sociologie et psychologie qui ne manquera pas de vous marquer et de vous faire réfléchir!
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C'est le 3e ouvrage que je lis de Virginie Despentes, c'est elle qui m'avait réconciliée avec la lecture il y a quelques années avec la gouaille de son King Kong Théorie. Je trouve qu'elle est devenue "l'écrivaine sulfureuse à lire" depuis la notoriété de Vernon Subutex que j'avais moins aimé. C'est pourquoi, j'ai lu son roman épistolaire Cher Connard dès sa sortie pour éviter d'être gavée par le battage médiatique. Et j'ai bien fait.
Il s'agit ici d'échanges épistolaires entre Oscar, écrivain à succès quadra, alcoolique et drogué qui pensait jusqu'ici être drôle et léger en société grâce à ses excès et Rebecca, actrice quinqua droguée mondaine avec la gouaille parisienne bien placée. Oscar reconnaît un jour rebecca, qu'il a côtoyé enfant lorsque rebecca était amie avec sa soeur Corinne, à la terrasse d'un café, il ironise alors sur la vieillesse de rebecca via insta. S'en suit un échange pour le moins musclé au départ. le connard c'est oscar, le "metooïsé" par son ancienne attachée de presse qu'il a harcelé sans vergogne. Zoé, l'attachée de presse féministe, instagrammeuse, la victime. Sauf que ce n'est jamais si simple dans la vie et particulièrement pour Virginie Despentes.
Oscar,Rebecca, Zoé et Corinne vont subir ou alimenter la vague metoo, le covid, le confinement. Ils vont opérer chacun à leur tour des remises en question et des changements profonds dans leur vie. Et si finalement on était tous un peu connard, un peu victime ?
Je trouve que ce roman est moins "en colère" que ses autres ouvrages, il est question ici de réconciliation et d'apaisement.
Virginie Despentes est clivante mais on ne peut pas lui ôter sa fine analyse de l'époque contemporaine.
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Alors oui un des personnages majeurs de ce roman a un langage de charretier comme dirait ma mère. Oui c'est encore une histoire de drogue, d'alcool,oui c'est encore l'histoire de féministes,de mâles ,de guerres de pouvoir, hommes/ femmes,jeunes/ vieilles ,le pouvoir des blancs le pouvoir des hommes le pouvoir des hétéros,le pouvoir des chiens de meute sur les réseaux sociaux, et peut être commencez vous à en avoir ras le bol de vous coltiner la déliquescence sociétale en vrai tous les jours de votre vraie vie et rebelote dans les romans que vous ouvrez .
Mais un roman qui vous parle , yeux dans les yeux,de notre possibilité d'évoluer positivement au fil des ans,en s'aimant un peu plus soi même, en tentant de comprendre qui est vraiment l'autre,en l'accueillant tel qu'il est avec mansuétude,un roman qui parle de la force rédemptrice de l'écoute,un roman qui parle de chaleur humaine,et qui dit qu'on n'est pas obligés d'être des super héros,juste soi même et qu'on a le droit d'être parfois malheureux,imparfaits, parfois fragiles,d'avoir des failles,des doutes,des torts, ça ça fait du bien. Merci Virginie Despentes de nous donner le droit à cette simplicité pour désarmer nos solitudes. Merci pour votre vision punchy de la vie,votre dynamisme.
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Waouh ! J'étais vraiment scotchée en lisant certains retours sur le livre de Despentes…. Je ne comprends même pas les associations d'idées de certains. Eh… C'est juste un livre, il peut vous titiller c'est sûr, mais revenons deux secondes à la raison. Quelle frustration peut bien être à l'origine d'un tel déferlement ? Je me le demande…

Je me dis que c'est une preuve - s'il en fallait encore - que l'autrice punk rock dérange… On n'est pas sorti de l'auberge !
J'ai attendu que la rentrée littéraire soit un peu passée pour commencer la lecture de Cher Connard.

Bien m'en a pris, cela m'a permis de prendre un peu de recul sur les divergences d'opinions (j'allais écrire "littéraires" mais j'ai l'impression que ça va plus loin que ça…).

Personnellement j'ai beaucoup aimé son livre, je l'ai lu sur tablette et je m'aperçois à la fin de la lecture que j'ai ajouté des tonnes de signets… j'aurais tout aussi bien pu le faire pour tout le livre tellement il me parlait !

Tout me semblait important, même la musique (toujours la musique avec Despentes…).

Aux duels de mots sur les réseaux ou par messages se transposent les duels de pensées (féminisme ≠ masculinisme), aux addictions (drogue, alcool) ≠ la rehab…
Ce roman épistolaire est dense et se conjugue en temps de crise sanitaire (et de confinement ≠ déconfinement), Virginie Despentes y dépeint les travers de notre société de manière très réaliste…
C'est grinçant ? C'est tant mieux !
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J'ai beaucoup aimé cette lecture, quoi qu'on puisse en dire.
Deux êtres abîmés par leurs notoriétés respectives, leurs quotidiens, leurs travers.. qui philosophent et tentent de remonter leurs abîmes, dans un échange épistolaire intense.
Quelques longueurs mais je ne suis jamais déçue par la plume franche et coupante de Virginie Despentes.
Chapeau bas pour ce traitement de sujets actuels parfois très touchy !
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