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3,3

sur 2691 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
J'étais heureuse de retrouver la plume de Virginie Despentes, après avoir beaucoup aimé King Kong Théorie et Bye Bye Blondie.

Cher Connard est un roman épistolaire dans lesquels on suit les échanges de trois personnages :
- Rebecca, une actrice cinquantenaire au fort capital de séduction.
- Oscar, un écrivain accusé de harcèlement par son ancienne attachée de presse.
- Zoé, l'ancienne attachée de presse d'Oscar qui tient un blog féministe.

Ce roman m'a frappé par la pluralité des thèmes abordés : les divisions du féminisme, #MeToo, le harcèlement en ligne, les addictions, patriarcat et capitalisme, le traitement des femmes âgées dans l'industrie du cinéma, les transfuges de classe.

Le roman traite de nombreux sujets, peut-être trop pour être abordés en détails, mais avec beaucoup de justesse (et de hargne), ce qui m'a plu.

J'ai trouvé cet ouvrage extrêmement libérateur, de par les sujets abordés et le ton vindicatif de Despentes.

Ce roman m'a toutefois pas mal déstabilisé. Si le début est fort, trash, je ne m'attendais pas à ce qu'il prenne une autre tournure. Malgré leurs différences d'opinions et d'idéologies, les personnages se lient d'une improbable amitié, et le ton s'assagit.

Cher Connard mêle donc colère et rage, avec consolation et acceptation. Despentes nous présente des personnages complexes, et ça m'a déstabilisé d'être amenée à ressentir de l'empathie pour les personnage d'Oscar.

C'est une lecture qui ne m'a pas laissé indifférente, je vous la conseille !
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Contrairement à ce que le titre laisse présager, ce roman épistolaire est complexe et lumineux. Il raconte la naissance d'une amitié, la puissance du groupe pour vaincre la drogue, le pouvoir destructeur des réseaux sociaux, et le long chemin pour comprendre un autre point de vue.
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Quelle claque ! Quelle pépite ! Quelle audace !
Et, surtout, quelle joie de retrouver la plume de Virginie Despentes et les sujets qui lui sont chers, même si abordés d'un point de vue différent, dans un style différent.

Ici, Oscar - jeune écrivain de talent - et Rebecca - actrice, de talent, elle aussi, mais sur le déclin - s'écrivent des lettres, des e-mails. Tous les opposent, mais un scandale médiatique les amène à échanger et ils se racontent leurs vies dans un contexte social particulier et inédit. Tout y passe : leur passé, leurs addictions, leurs idées, leurs envies, leurs relations, etc.

Mais ce qui fait la force de ce roman, c'est qu'il n'est pas seulement féministe, qu'il n'aborde pas seulement le féministe, mais aussi plusieurs thématiques comme le vieillissement, les addictions, les relations familiales et celles que l'on a par rapport aux médias sociaux. Situé dans le contexte de la crise du Covid-19, l'auteure analyse vite et bien tout ce que cela a changé dans nos quotidiens. Tout ce qui est dit est analysé avec férocité et un esprit vif, percutant, impactant de justesse, portant celui ou celle qui le souhaite à la réflexion et à l'ouverture d'esprit.

Un roman brillant sur notre société ! A lire de toute urgence !
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Un chef d'oeuvre. le monde est contenu dans cet échange épistolaire : la sexualité, l'âge, la vieillesse, le travail, l'éducation, la drogue, le rapport au monde et aux réseaux sociaux…

Le style de Virginie Despentes est dingue, avec des phrases et paragraphes écrits au vitriol. Des envolées lyriques et philosophiques.

L'histoire est passionnante, avec ces personnages cassés qui essaient de se reconstruire ensemble. Ils sont tous plus touchants, attachants dans leur imperfection les uns que les autres et réalistes.

En somme une oeuvre qui fait réfléchir, que tout le monde doit lire et qui n'a besoin de personne pour la commenter : elle se suffi à elle-même.
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Un regard puissant (et parfois gênant) sur la société d'aujourd'hui.

J'attendais avec impatience la sortie de ce nouveau Virginie Despentes et je ne suis pas déçue. Bien sûr, j'ai été plus lente à lire cet échange épistolaire qu'à lire son roman/essai King Kong théorie... Et pourtant. Tant de phrases chocs, de paragraphes surlignés, de citations partagées.

Dans ce livre, Virginie Despentes nous offre un regard profondément vrai sur nous mêmes. Il ne s'agit pas uniquement de défendre les droits des uns (et a fortiori des "unes") ici mais bien de nous faire réfléchir sur ce qui se passe dans toutes les têtes. Celles des féministes, qu'elles le soient par conviction ou par nécessité, celles des connards aussi, des gros cons foutus pour l'avenir ou des petits lourdauds quotidiens. C'est fort, c'est remuant, c'est gênant parfois mais ça fait réfléchir et aide au débat. le vrai, celui qui fait bouger les choses. pas les pseudos débats d'aujourd'hui où ce qui est recherché comme objectif est juste que tout le monde crie ou se foute sur la tronche.

En bref, Cher Connard est une agréable lecture qui revient sur nos années #MeToo et #Covid pour mieux nous embarquer dans notre réalité quotidienne et replacer le combat.
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Oscar est un écrivain un peu en panne d'inspiration, beaucoup enclin à l'alcool, et depuis peu, un macho lambda qui déverse sa hargne sur les réseaux sociaux, notamment envers Rebecca. Rebecca est une actrice sur le déclin comme l'exige son âge dans le milieu du cinéma. Féministe depuis toujours, elle vit seule et décide de se soigner contre les addictions narcotiques. Se voyant insultée numériquement, elle réplique par un "Cher connard" adressé par courrier à cet Oscar qu'elle a autrefois connu, étant alors l'amie de la soeur de ce dernier. Rebecca a connu Oscar et ensemble ils échangent. Cette activité épistolaire ainsi que leurs tentatives de désintoxication les sauvent peu à peu de leurs désespoirs et leurs faiblesses. Et la belle amitié naît sur les cendres de leur rage et leur consolation...

La pandémie de Covid et son premier confinement comme prétexte pour que des personnes échangent de manière épistolaire, à l'ancienne, en prenant le temps. du courrier comme prétexte aux confessions, mais aussi aux pensées de Virginie Despentes qui n'épargne pas au passage le patriarcat, la guerre, la parentalité délicate, le monde du cinéma et de l'édition. La désintoxication aussi, se libérer, arrêter d'aimer ce qui est plus fort que soi.

Extrait :

"On supporte très bien l'idée que les femmes soient tuées par les hommes, au seul motif qu'elles sont des femmes. Sauf si elles sont des petites filles ou des vieilles dames. Ce qui veut dire qu'on supporte très bien l'idée qu'une femme soit victime d'un homme tant qu'elle est en âge d'avoir une sexualité active. Même si elle est mariée, même si elle est maman, même si elle est bonne soeur - à partir du moment où elle est pubère et jusqu'à ses soixante-quinze ans - elle est une victime acceptable. Et je crois que c'est parce qu'elle est éventuellement sexuelle. La société comprend l'assassin. Elle le condamne, évidemment. Mais avant tout, elle le comprend. C'est plus fort que lui. Que ce soit sa femme ou une inconnue."

Entre Rebecca et Oscar, il y a aussi Zoé Fontana, une activiste féministe sur la toile qui se débat avec les attaques violentes des masculinistes blancs. Cette Zoé pourrait bien mettre à mal la carrière d'Oscar puisqu'elle ne veut plus cacher ce qu'il lui a fait subir, son harcèlement non assumé alors qu'elle travaillait pour lui.

Roman épistolaire à trois voix, très bien écrit, qui se savoure, avec des personnages auxquels on s'attache vite. Magnifique lecture, touchante, interrogante, vivifiante.
Lien : http://chezlorraine.blogspot..
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Un vrai bonheur de retrouver Virginie Despentes, surtout après Vernon Subutex, dont la fin m'avait déçue.

Un livre qui se lit vite, très bien rythmé et sans aucun temps mort.
A certains moments j'avais même l'impression d'entendre Eminem !

Un livre reflet d'une partie de notre société, mais sans en faire trop et ni vulgarité.

Un livre qui fait réfléchir.
Sur le harcèlement, notamment en ligne - on est quand même mal barré avec ces réseaux sociaux.
Mais pas que...

Un livre qui donne quand même de l'espoir !
Et ça fait du bien.
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Roman épistolaire à la manière du grand siècle. Réflexion sur l'époque et les grands débats qui l'agitent : de #Meetoo# à nos vies numériques sans oublier les addictions en tous genres, comme autant de chaînes dans des existences qu'on imaginait pourtant libres et rebelles.
Il y a tout cela et bien plus encore dans « Cher connard ».
J'épargnerai les longues analyses, tant le livre a bénéficié d'une large réception médiatique, majoritairement élogieuse. Aussi dire que j'ai été conquise, tant par le fond que par la forme. Quelque que soit son point de vue personnel sur les sujets évoqués, force est de constater que les propos de Virginie Despentes sont brillants, percutants, souvent piquants mais parfaitement assumés.
Et puis, après l'éclat du bruit et du fracas d'une première lecture, on entend une petite musique persistante qui dit l'amitié et la résilience, comme une dose d'humanité pour adoucir les blessures de vies cabossées. A lire et à relire précieusement.
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Cher connard, livre essentiel à mettre en toutes les mains pour mieux se comprendre entre sexe, intersexe, génération, mieux comprendre les addictions.
Vif, mordant, drôle, sensible, cet essai sous forme de roman épistolaire radiographie notre époque de manière époustouflante.
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Avec « Cher connard », Virginie Despentes renoue avec la tradition du roman épistolaire. Une différence avec ce genre narratif, qui connut son âge d'or au XVIIIe siècle, est que l'action se déroule de nos jours, à l'heure des réseaux sociaux et de leurs immenses possibilités de nuisances.
Tout commence par un message d'Oscar Jayack sur Instagram. Dans ce post, l'écrivain évoque Rebecca Latté, une actrice proche de la cinquantaine, qu'il compare à un crapaud et dont il stigmatise le nouveau statut d'égérie pour les jeunes féministes.
L'auteur, sorte de héros houellebecquien en panne d'inspiration, a en effet des raisons d'être en colère. Il vient de se faire « metooïser » par Zoé Katana, son ex-assistante dans l'édition, qu'il aurait sexuellement harcelée et dont il aurait ruiné la vie. Celle-ci tient un blog pour sortir du silence et clamer au monde qu'elle est une victime.
La réponse au message ne se fait pas attendre et le ton est assassin. « Cher connard » lui répond une Rebecca vindicative et consciente que, dans le milieu du cinéma, elle est proche de la date de péremption.
De violents, les échanges vont peu à peu s'apaiser. Il est vrai que ces deux-là ont beaucoup en commun. Ils sont des transfuges de classe venus des mêmes quartiers populaires de Nancy, ville natale de Virginie Despentes. Et ils ont les mêmes addictions à l'alcool et à la drogue. Mais c'est la prise de conscience par Oscar de ce qu'il a fait à Zoé qui va faire évoluer ses relations avec Rebecca vers une amitié improbable.
Dans un style cash, souvent cru, l'autrice de « Vernon Subutex » fait de nouveau mouche. Avec son regard acéré, elle décortique avec justesse et une bonne dose d'exagération, que seul l'humour autorise, les enjeux de société qui lui tiennent à coeur : l'homosexualité féminine, le féminisme « à l'ancienne » versus le « néo-féminisme », la défonce qui nous donne l'impression d'être géniaux alors qu'elle nous détruit par le lien de dépendance qu'elle induit, l'industrialisation de la culture...
La rudesse de ses propos n'empêche pas l'empathie pour ses personnages, en particulier et paradoxalement pour Oscar, dont le mal-être remonte à l'enfant solitaire qu'il fut, ignoré de ses parents et méprisé par ses camarades d'école.
Malgré la fureur des débuts du roman, Virginie Despentes cherche à adoucir les relations entre les hommes et les femmes qui, au-delà de leurs identités respectives et de l'évidence d'un fonctionnement encore largement patriarcal de notre société, peuvent s'entendre.
Car l'homme, blanc en particulier, n'est pas qu'un affreux prédateur né pour exploiter le sexe dit faible. Il peut être capable de résilience et de demander pardon.

EXTRAITS
L'héroïne par rapport au crack, c'était comme la littérature par rapport à Twitter.
Internet, avant tout, c'est de la bile.
Sans l'envie du pauvre, le bonheur du riche n'est pas incomplet.
C'est ça la honte, c'est répondre aimablement à quelqu'un qui mérite une claque dans sa gueule.
Même les moches ne veulent pas être grosses.
Je pense à Zoé. […] Nous sommes deux punching-balls, offerts à des publics différents.

Lien : http://papivore.net/litterat..
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