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sur 1296 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Alexandre Yersin est un médecin français né en 1863. Il a découvert le bacille de la peste en 1894, ce qui ne l'empêche pas d'être un scientifique un peu oublié : on entend beaucoup moins parler de lui que de Pasteur.
J'ai donc trouvé que c'était un choix judicieux de la part de l'auteur de l'évoquer d'autant plus que Yersin était un homme hors du commun. En effet Patrick Deville consacre tout son roman aux trois dernières années de la vie du chercheur, durant lesquelles il s'est exilé en Asie, afin d'aider les populations locales à se soigner.

Le romancier met l'accent sur la personnalité de Yersin, car c'est sur ce point qu'il se démarque des autres chercheurs. On découvre dans ce livre un homme différent des autres et vraiment passionné par la médecine, au point d'y sacrifier une partie de sa vie et c'est principalement cet aspect qui m'a plu.

En revanche, j'ai regretté que Patrick Deville n'évoque pas les travaux ayant permis à Yersin de découvrir le bacille de la peste, ce qui m'aurait passionné, même si je peux effectuer des recherches sur internet.

Toutefois, je pense que Peut et Choléra est un roman très intéressant et qui se démarque des autres. Je le conseille à tous les lecteurs, qu'ils soient intéressés par les sciences ou non.
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Yersinia pestis, le bacille de la peste, je n'avais pas imaginé derrière ce nom qui fait froid dans le dos un homme, Alexandre Yersin dont Patrick Deville a choisi d'évoquer la vie dans une fiction biographique, une histoire qui s'inscrit dans L Histoire et qui est prétexte à évoquer le siècle scélérat et les désillusions qui l' accompagnent.

Est-ce parce qu'il est né d'un père entomologiste qui mourra avant sa naissance et dont il porte le prénom, Alexandre, qu'il se tournera vers la science, comme pour donner une seconde vie à ce père trop tôt disparu? Peut-être aussi une manière de fuir son enfance au milieu de jeunes filles , "ces guenons" auxquelles sa mère enseignent dans la pension qu'elle tient pour vivre, bonnes manières, peinture et musique," toutes ces foutaises", ces arts d'agréments qui lui feront longtemps rejeter l'art d'une manière générale.

Pendant que la France l'Allemagne et l'Angleterre se taillent à coup de sabre un empire colonial, Yersin poursuit ses études, d'abord à Berlin puis à Paris où il deviendra médecin et rejoindra la bande à Pasteur. Mais il n'est pas homme à rester devant ses éprouvettes. "Ce n'est pas une vie que de ne pas bouger." Le sérieux jeune homme façonné par le protestantisme familial, où toute distraction est suspecte, où la vie n'est que le rachat du péché de vivre, rêve d'être Livingston. Il rêve de découvrir " une île paresseuse où la nature donne des arbres singuliers et des fruits savoureux". Ce génial touche à tout sera successivement marin, explorateur, cartographe, ethnologue puis quand il en aura fini de voyager, il jettera l'ancre dans la baie de Nha Trang, près de Saigon où il se construira son paradis, devant "la mer qui console de nos labeurs".
Comme nous tous Yersin cherche le bonheur sauf que lui, il le trouve. Il aurait pu, s'il était resté en Europe, avoir une carrière illustre mais Yersin déteste les honneurs et les salons où il faut parader et raconter de croustillantes anecdotes pour divertir le beau monde. Il aurait pu espérer tout comme Pasteur, une crypte pharaonique pour accueillir sa dépouille mais il n'a que faire du marbre et des ors. Et puis ce qu'il déteste par dessus tout, c'est la "sale politique", surtout lorsqu'elle se mêle de science, l'utilisant à des fins stratégiques, instrumentalisant les chercheurs au profit du prestige et de la propagande des nations. Dans son arche asiatique, il s'est coupé du monde. Il utilise le progrès et ses connaissances comme ils devraient l'être, pour que les hommes vivent mieux. "Comme nous tous Yersin cherche à faire de sa vie une belle et harmonieuse composition. Sauf que lui, il y parvient."

Si Patrick Deville, de sa sobre écriture qui sait se faire poétique, a choisi de faire d'Alexandre Yersin le personnage central de son roman, c'est bien sûr pour raconter sa vie mais en la situant dans le contexte historique et géographique de l'époque. Il en fait un témoin de cette première moitié du vingtième siècle. Les allusions littéraires sont multiples, Rimbaud, Baudelaire, Cendrars, Loti, Lord Jim de Conrad, Phileas Fogg de Jules Verne, tous attirés par le vent du large. de page en page, on croise des personnalités de l'époque, Jaurès, Lyautey, Calmette, Doumer, Sadi-Carnot, Aristide Briand.

Mais surtout la vie de Yersin me semble accompagner cette douloureuse désillusion sur les bienfaits que pouvaient apporter à l'humanité le progrès et la science. Si la médecine et ses vaccins allaient permettre à l'homme de ne plus avoir choisir entre peste et choléra, d'autres fléaux viendraient l'accabler. Le vingtième siècle, celui des barbaries infinies, verrait naître une autre forme de peste, la peste brune et son cortège d'atrocités. Un siècle scélérat, un siècle charlatan.

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Un livre marquant.
La plume de Patrick Deville rend superbement hommage à Yersin, injustement oublié de beaucoup d'entre nous.
A la fois biographie et roman d'aventures, sa lecture est passionnante.
Je conseille vivement.
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Lorsqu'on évoque la peste, son nom rappelle le terrible fléau moyenâgeux, qui décima entre 30 et 50% de la population européenne.

Mais ce que l'on ignore davantage, c'est qu'il a fallu attendre le XXème siècle pour que ce soit un mal définitivement éradiqué au moyen d'un vaccin.

Cette découverte, nous la devons à Alexandre Yersin. Son nom ne vous dit rien ? Pourtant l'homme n'était pas commun. Elève prodigue de Pasteur (il découvre à 23 ans la toxine diphtérique), il s'embarque comme médecin des Messageries Maritimes en Indochine Française. Nous sommes en 1890. Alors que des Instituts Pasteur s'ouvrent un peu partout dans le monde, Yersin refuse de céder au chant des sirènes et préfère à une vie de médecin reconnu celle d'explorateur et d'aventurier. Fidèle à l'Indochine, il y sera ouvreur de voies, blessé et laissé pour mort lors d'un combat avec des indigènes, éleveurs de bovins, cultivateurs d'hévéa et d'arbre de quinine…

Mais lorsqu'une épidémie de peste se déclare en Chine, il accepte de relever le défi. Travail, obstination, chance : il isole le bacille responsable, malgré le peu de moyens qui lui sont offerts. Il ramène donc la terrible maladie, le fléau du moyen-âge, comme un animal domestique dans son petit contenant.

À Paris, on est bien embarrassé avec ce fléau en tube….on le nourrit, il se multiplie et reste sous contrôle…mais pour le vaccin, c'est Yersin que l'on rappelle de sa lointaine contrée asiatique. Et, se pliant de bonne grâce au jeu, le scientifique revient et parvient à créer le premier vaccin anti-pesteux.

Pour aller jusqu'au bout du procédé, Yersin suit quelques épidémies et lance une production « artisanale » de son vaccin. Ce succès lui vaudra la reconnaissance de ses pairs, et plus tard une médaille de la légion d'honneur (bel exploit à une époque où, comme le souligne l'auteur, on ne la décernait pas aux footballeurs !).

Après Equatoria, qui retraçait la vie de Brazza et de ses contemporains, Patrick Deville se passionne une nouvelle fois pour ces vies d'aventuriers hors normes.

Yersin s'avère surprenant et passionnant à plus d'un titre. Il sera sans doute difficile de sonder son mystère même si on le connaît un peu plus personnellement au travers des lettres qu'il adresse à sa mère et à sa soeur. Homme de lubies, et homme de grand coeur, il laisse à Nha Thrang, en Indochine, un souvenir fort : sa grande maison, léguée à ses domestiques, et un Institut. Il sera passé au travers de la célébrité comme au travers de la guerre, des guerres ; son ultime départ de France alors que le nazisme monte sera le fil rouge du récit. Aurait-on mieux retenu son nom s'il avait été donné à un pneu ou à un quelconque autre outil du quotidien ? S'il avait soigné des européens à Paris plutôt que des anonymes en terre lointaine ?

C'est un sacré parcours que Patrick Deville narre avec simplicité et originalité.

À noter que le prix Femina lui a été décerné, et qu'il était en lice pour le Goncourt.
Lien : http://madamedub.com/WordPre..
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A découvrir en livre audio, lu par l'auteur lui-même.
J'ai cru au début que la diction un peu lente de Patrick Deville allait m'ennuyer, mais au contraire, elle sert parfaitement le récit de la vie d'Alexandre Hiersin, ce scientifique de génie, touche-à-tout trop méconnu, et l'humour subtil qui caractérise la narration.
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Il y a d'abord l'écriture qui m'a déconcertée puis à laquelle je me suis habituée avant de la trouver très belle. Puis le sujet: Alexandre Yersin. Un homme à cheval sur les 19e et 20e siècles.

🌻Scientifique appartenant à la bande de Pasteur, c'est lui qui découvre le bacille de la peste et son vaccin auxquels la science donne son nom: Yersinia persis. Peu enclin à passer sa vie dans un laboratoire, Yersin veut plus que la science. Il veut le grand air - il devient médecin dans la marine - mais aussi l'aventure qui le pousse à partir en expédition en Asie. Il veut surtout maîtriser tous les sujets de connaissance qui l'intéressent. Pas l'art, ni la littérature, ni la politique auxquels il ne comprend pas grand-chose. Mais l'agriculture, l'horticulture, la pousse des arbres-il deviendra riche grâce à la culture du caoutchouc et de la quinine. Comme la météorologie, la science des marées et tant d'autres chose.

🌻C'est un homme fascinant, un grand solitaire qui sera surtout connu en Indochine où il passera 40 ans. Sa vie est aussi passionnante que le roman qu'en a fait Patrick Deville, Peste & Choléra. Et le ton, très enlevé, donne toujours envie de poursuivre sa lecture. Un très bonne surprise sur un sujet qui a priori ne m'intéressait pas trop.
Lien : https://www.instagram.com/bc..
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« Peste & Cholera » de Patrick Deville raconte avec brio la vie d'Alexandre Yersin, un disciple de Louis Pasteur qui découvrit en 1894 le bacille de la peste. Même si c'est à Hong Kong que Yersin isole le bacille qui portera son nom en latin (Yersinia pestis), c'est en Indochine française qu'il passera le plus clair de son temps, y installant des succursales de l'Institut Pasteur, s'établissant dans la baie de Nha Trang, ouvrant les routes terrestres vers le Cambodge, lançant de multiples exploitations agricoles, notamment d'hévéa, et fondant la ville de Dalat. Un personnage fascinant à une époque où les scientifiques les plus pointus étaient aussi des explorateurs qui n'avaient pas froid aux yeux.
Lien : http://www.lecturesdevoyage...
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Le livre est une biographie d'Alexandre Yersin. Ce citoyen suisse est arrivé à Paris en 1885. Il travaille dans l'équipe de chercheurs réunie autour de Pasteur, mais il ne veut pas rester sédentaire et il part en Indochine. Alors qu'une épidémie de peste frappe la Chine, il se rend à Hong Kong en 1894, où il découvre le bacille responsable de la maladie, puis teste pour la première fois un sérum contre la peste: c'est ainsi que Yersin est devenu célèbre. Mais il a d'autres cordes à son arc ! Il s'installe pour de bon dans un lieu qu'il affectionne particulièrement au Viêtnam. Il se lance dans l'élevage et dans la culture. Mais il est aussi un responsable important de l'Institut Pasteur. Plus âgé, il en devient même directeur, ce qui l'oblige à un voyage annuel à Paris. Yersin est mort en 1943 au cours de l'occupation japonaise.

Le livre est très agréable à lire, car la vie de A. Yersin est passionnante. Quoiqu'il adopte un ton léger (et presque railleur), l'auteur éprouve manifestement de la sympathie pour son personnage. Le lecteur est fasciné par ce touche-à-tout de génie, infiniment curieux, lancé dans une perpétuelle fuite en avant, à la fois dilettante et "bosseur", visionnaire et en même temps réaliste, jamais obsédé par sa carrière, indifférent à la gloire et à la multitude, secret et toujours resté célibataire. L'auteur écrit:: « Yersin est un homme seul. Il sait que rien de grand jamais ne s'est fait dans la multitude. Il déteste le groupe, dans lequel l'intelligence est inversement proportionnelle au nombre des membres qui la compose ».

Le romancier suit grosso modo l'ordre chronologique, mais avec des allers-retours répétés vers le dernier voyage du héros, celui qui lui permet de revenir finir ses jours en Indochine. Par ailleurs, des parallèles sont faits entre la vie aventureuse de Yersin en Asie et celle de Rimbaud en Afrique.
J'ai trouvé particulièrement intéressante la manière dont P. Deville expédie, dans son roman, le haut fait qui a rendu célèbre son personnage. Son oeuvre de médecin bactériologiste, en 1894-1896, est mentionné en quelques pages seulement; bien sûr, c'est volontaire: Yersin a réalisé ça "en passant", parmi d'autres activités. Au contraire, l'auteur s'attarde sur d'autres aspects de sa vie: par exemple son exploration de l'Indochine, ses recherches parfois atypiques, sa désinvolture vis-à-vis des institutions, sa vieillesse à la fois industrieuse et paisible.
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L'histoire passionnante et très inspirante du médecin et explorateur Alexandre Yersin m'a fait voyager entre la fin du 19eme et le début du 20eme siècle de l'Europe à l'Asie. Yersin est connu du monde médical pour sa découverte du bacille de la peste mais il est doté d'une curiosité intellectuelle insatiable qui le pousse à se plonger dans l'exploration, l'élevage, la botanique, l'agriculture, la physique, l'astronomie et les marées. Après un temps d'adaptation au style de l'auteur, j'ai vraiment trouvé la construction du livre magnifique - en parallèle de la vie de Yersin, on revit (à toute allure) les événements politiques et les grandes découvertes de l'époque. A lire assurément!
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Roman ou roman historique ? J ai beaucoup appris sur cette bande à Pasteur dont Yersin le personnage principal de ce roman.La "baleine blanche " aussi est une bonne idée pour l'avion . Yersin amateur de tout , se jetant avec ferveur dans un maximun de recherches pointilleuses ... Les grandes découvertes et le combat contre les infections peste, cholera etc.. Ce genre de chercheur n ayant jamais cherché la renommée ont fait de leur vie un GRAND MOMENT de l HISTOIRE SCIENTIFIQUE
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