Les aventures d'Alexandre Yersin seront extraordinaires.
Il est infatigable et s'ennuie très vite. Il lui faut sans cesse un nouveau territoire à découvrir, un nouveau jouet à utiliser, une nouvelle chose à fabriquer, un nouveau sujet d'étude.
Cette énergie inépuisable l'amènera à Bombay, à Hong Kong (où il découvre le bacille de la peste), à Hanoi, il explore les montagnes, les fleuves, ou les rues de Paris.
Ce rythme effréné trouve un bel équilibre avec l'écriture si particulière de
Patrick Deville.
Très posé, avec des phrases courtes qui semblent simplement décrire les pérégrinations de Yersin, l'auteur livre un carnet de route original qui ne peut pas laisser indifférent.
La vie de Yersin nous est décrite avec précision, mais sans état d'âme.
Le narrateur suit le chercheur, il l'observe mais ne se fait jamais omniscient.
Le roman n'est pas pour autant insensible et je me suis passionnée pour cet homme, bien que je sois généralement difficile avec les narrateurs observateurs.
Le talent de Deville est justement de nous permettre d'accéder à l'existence de cet homme, sans le laisser paraître.
Maison de Yersin - Nha Trang
Pour cela, il utilise de nombreux personnages annexes.
Il fait appel à
Rimbaud, Stanley et d'autres explorateurs plus ou moins connus pour mettre en relief le sens de l'aventure de Yersin.
J'ai parfois été peu sensible à ces aventuriers qui surviennent dans le récit, mais on s'y fait.
Par contre, ce qui m'a beaucoup plu, ce sont les citations des lettres de Yersin.
Deville a eu accès aux archives de l'institut Pasteur, et a pu lire le courrier reçu et envoyé par Yersin.
Il en a tiré de nombreuses citations qui émaillent son récit et qui donnent l'impression d'entendre Yersin parler au lecteur.
La figure du narrateur est elle aussi originale, même si l'on peut la trouver un peu factice.
Deville choisit de le personnaliser et de lui donner une figure concrète dans le récit.
Il parle de ses voyages et de sa quête d'information en utilisant la dénomination de voyageur du futur et manifeste sa présence avec beaucoup d'humour.
Institut Pasteur - Dalat
Je dois néanmoins ajouter que si ce livre m'attirait avant même de l'avoir ouvert, c'est que j'avais un a priori très positif, dû à un séjour à Dalat pendant lequel j'avais découvert l'institut Pasteur local, et dû également à des recherches sur la peste datant du temps où j'étais guide conférencière.
De ce point de vue, je n'ai vraiment pas été déçue, mais je ne suis pas sure d'être très objective J.
C'est donc un roman que je conseille facilement depuis que je l'ai lu, tout en ajoutant qu'il est préférable de lire quelques lignes en librairie avant de le faire sien, car le style de Deville est quand même très particulier.
Si vous aimez les récits de voyage, les aventuriers, la recherche scientifique, les romans originaux et bien écrits, vous devriez apprécier.
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