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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
J'ai toujours beaucoup aimé l'humour de Raymond Devos, fait de jeux de mots, de situations qui tournent à l'absurde, d'autodérision et de poésie
Lisant, plus de quinze ans après sa mort, l'intégrale de ses textes (période 1956-1991), c'est ce dernier caractère qui me saute au coeur. Raymond Devos n'était pas un humoriste mais un poète qui se moquait des gens trop sérieux !
J'ai retrouvé avec un énorme plaisir les sketchs que j'avais découverts dans les années 1970-1990, à la radio ou lors des quelques spectacles où j'avais pu l'écouter et le voir (car à ses qualités de poète, il fallait ajouter, sur scène, des qualités de mime et de comédien).
Je ne peux pas résister à la tentation de vous livrer quelques extraits de sketchs que j'ai particulièrement appréciés, et que j'ai toujours gardé en mémoire :

"- Où est la mer ?
- La mer... elle est démontée !
- Vous la remontez quand ?
- Question de temps."
(La mer démontée)

"Moi je suis au-dessus de ça !
Si je méprise celui qui est en dessous,
ce n'est pas parce qu'il est en dessous,
c'est parce qu'il convoite l'appartement
qui est au-dessus, le mien !"
(Sens dessus dessous)

Que du bonheur !


Lien : http://michelgiraud.fr/2022/..
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Inégalé. le roi. le maître absolu. Un artiste, un vrai. Capable de jouer de n'importe quel instrument, jongler avec balles et massues comme avec les mots, pourvu qu'il soit tirés de cette belle langue, la nôtre, qu'il a su dompter quand il le fallait, apprivoiser le plus souvent.

Bannies obscénités, moqueries, mesquineries, le spectateur tout âge, toute race, toute confession, toute classe sociale confondus écoute ébahi, admire, applaudit.

Matière à rire, ou l'intégrale des sketchs de Devos : un livre, que dis-je un bréviaire, que l'on peut prendre par les deux bouts, dans lequel on peut picorer au hasard, mais surtout garder à portée de main pour se donner une impulsion quand le spleen nous gagne. Et surtout admirer le parler rehaussé au rang de spectacle.

Devos, le génie de la langue, l'orfèvre de la formule, le trublion de la grammaire, le magicien du vocabulaire. L'humour en habit de soirée. Avec un nez rouge, car il ne faut surtout pas se prendre au sérieux, on risque de retomber dans la vraie vie. Et c'est là que ça se gâte.

Chapeau l'artiste !
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J'ai un gros nez rouge
Deux traits sur les yeux
Un chapeau qui bouge
Un air malicieux... 🎶🎶🎶

Cette petite chanson pourrait bien être le portrait de cet immense artiste qu'est Raymond Devos.

Il jongle avec les mots : "tu ois mon chien qui aboie le soir au fond des bois ?"
Il fait le mime : "Lorsque j'ai entrepris de faire du mime, j'ai commencé par mimer la marche sur place. Très vite, j'ai compris que cela ne me menait pas loin, pour ne pas dire nulle part !"
Parfois, il marche sur la corde raide : "Il y a des choses qui n'ont pas de sens ! Tenez ! Moi qui vous parle, j'ai le pied gauche qui est jaloux du pied droit, alors quand j'avance le pied droit le pied gauche qui ne veut pas rester derrière... passe devant...lLe pied droit en fait autant... et moi... comme un imbécile... je marche !..."

Jongleur de mots, musicien, roi de la dérision, mime, il est aussi poête :
"Je hais les haies
qui sont des murs.
Je hais les haies
et les mûriers
qui font la haie
devant les murs.
Je hais les haies
qui sont des houx.
Je hais les haies
qu'elles soient de mûres
qu'elles soient de houx !
Je hais les murs
qu'ils soient en dur
qu'ils soient en mou !
Je hais les haies
qui nous emmurent.
Je hais les murs
qui sont en nous !"

La force de Devos, c'est de nous faire embarquer avec lui dans tous les sens d'un mot, de le triturer, de le retourner. On est au manège du grand huit des mots. Quelle force ! Quelle belle tête Devos ! Bon j'avais envie, j'ai bien le droit, non ! C'était juste un essai. Trois fois rien quoi ! Mais "Trois fois rien, c'est déjà quelque chose".
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Il n'y a pas de critique à faire pour Raymond Devos. Ses textes sont toujours à portée de main .
On y revient sans cesse .Comme tous les grands auteurs.Eternel magicien de l'absurde.
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Le regretté Devos, jongleur des mots, j'ai adoré toutes ses histoires. Un grand Monsieur.
Matière à rire ne peut se lire qu'épisodiquement, mais quel régal !
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Il y a plusieurs sortes d'artistes: ceux qui ont le talent inné parce que des fées bienveillantes se sont penchées sur leurs berceaux. Ils démarrent leur carrière sur les chapeaux de roues jusqu'à ce que le destin mette un point final à une montée vertigineuse.
Par contre, il y a d'autres artistes chez qui le talent était à peine visible: ils n'avaient d'abord ni le physique de l'emploi, ils ne venaient pas d'un milieu artistique, ils n'étaient pas des enfants de la balle comme on dit et surtout ils n'ont pas subi une formation pour.
Mais un jour, au hasard de leurs tribulations, dans leur recherche des moyens de gagner leur vie honnêtement, ils ont été aiguillés malgré eux vers les métiers de la scène. Métier dont ils ont fait à la longue leur profession.
L'apprentissage a été rude et le succès n'est pas venu tout de suite, mais à force de labeur, de sueur, d'angoisse et d'incertitudes, le triomphe est arrivé un peu tard, certes, mais il fut tel que toutes les souffrances subies furent oubliées, gommées.
L'artiste, enfin reconnu par le public d'abord et par les médias après peut souffler et engranger les fruits de son travail.
Dans le music-hall français, on peut compter quelques carrières comme cela : Brassens, Brel, Ferré, Nougaro, Aznavour et bien sûr Raymond Devos après une carrière de «comique», d'humoriste ou de clown, unique.
Comme son ami Brassens qu'il fréquentait beaucoup et avec qui il avait tant d'atomes crochus, leurs goûts culinaires et vestimentaires communs, la même modestie dont ils faisaient preuve tous les deux, l'extrême discrétion sur leur vie privée, il avait un amour fou pour les mots.
Ce penchant immodéré pour la poésie (telle qu'on la définit habituellement par non seulement l'univers créé, mais aussi par le choix judicieux des sonorités, des rythmes et des rimes) l'avait poussé, comme beaucoup de poètes qui réfléchissaient sur le sens à donner à une vie, vers l'absurde. L'exploitation de ce filon fut prodigieux : la réalité matérielle jurant toujours avec les principes et les conventions, il devenait facile, trop facile d'en débusquer les paradoxes à tel point que le commun des mortels passait devant sans faire gaffe...
Cependant, comme beaucoup d'humoristes de talent, Raymond Devos ne faisait pas des jeux de mots gratuits.
Il les extrayait des situations de vécu quotidien (comme par exemple l'anecdote du contribuable): il analysait, disséquait, découpait les mots, retrouvait leurs racines étymologiques, mettait en avant leur sens premier, l'opposait au sens commun, mélangeait tout cela, l'agitait et vous le resservait frais. Il savait exploiter à merveille les modes du moment: le fameux sketch de soeur Emmanuelle illustre à merveille le désarroi du pauvre téléspectateur face à l'offre gigantesque des bouquets numériques.
Son physique d'ours, ses traits propres aux personnages rabelaisiens, sa truculence, ses gestes faussement gauches le font apprécier sur les scènes parisiennes où il a poussé le luxe jusqu'à intégrer des sketches musicaux dans son one man show.
Il est allé même jusqu'à jouer du bandonéon, l'instrument des chanteurs des rues avec lequel il excellait à jouer des mélodies de Brassens, son ami de toujours. Ses formules devenues célèbres pouvaient se résumer dans celle-ci: «Le rire est le meilleur cadeau qu'on peut faire à autrui.»
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Mesdames messieurs, je vais vous parler de Raymond Devos. Autant vous dire que je vais vous parler sérieusement de choses drôles, ou drôlement de choses sérieuses, si vous préférez ; vous auriez préféré sans doute que je vous parle sérieusement de choses sérieuses, ce n'est pas drôle, ou drôlement de choses drôles, allons, ce n'est pas sérieux. Non mais, soyons sérieux, vous êtes drôle, vous, pensez-vous qu'à soixante-dix ans je vais commencer une carrière d'humoriste, comme Raymond Devos ?
Raymond Devos est en effet un humoriste, l'un des meilleurs. Mais il n'est pas que ça. Si le mot artiste a été inventé un jour, c'est pour lui : que fait un artiste ? il joue. Il joue avec son public, qu'il soit musicien, comédien ou autre chose, il établie une connexion avec le spectateur, et cherche à le surprendre, et parfois peut-être à être surpris par lui. Quand il est musicien, il joue d'un instrument, ou de plusieurs. Raymond Devos joue d'une infinité d'instruments, du piano au banjo en passant par la guitare et l'accordéon, certains dont il joue simplement « à l'oreille ». Il joue de son corps, avec une agilité surprenante pour sa corpulence, et il met en pratique sa longue expérience de mime, de clown et de jongleur. Enfin, et c'est la cerise sur le gâteau, il joue avec les mots.
L'humour de Raymond Devos réside dans la qualité de ses textes, et ses textes sont articulés autour d'une constante : les mots, le langage. C'est à partir des mots, de leurs interactions, de leur homonymie, des rapprochements insolites qu'ils peuvent avoir entre eux, que l'artiste construit une histoire forcément décalée, dans une logique qui confine à l'absurde, créant ainsi un monde poétique qui mêle réalité et irréalité, qui fait mouche en déclenchant le rire, parfois l'émotion, parfois même la réflexion … Un spectacle de Raymond Devos est forcément hors du temps : vous n'y trouverez que rarement des allusions à l'actualité, il ne cherche pas comme son collègue Fernand Raynaud (le La Bruyère des temps modernes) à stigmatiser, pour les combattre, les petits défauts de l'âme humaine (même s'il s'en approche parfois), il n'y a aucune attaque, aucune méchanceté gratuite dans ses textes, aucune salacité ni grivoiserie (tout ce qui fait l'ADN de l'humour d'aujourd'hui) … Par contre, il n'y a pas de meilleur serviteur de la langue française : le mot juste (c'est un peu la base du sketch) la grammaire impeccable, la diction remarquable… des textes qu'on pourrait étudier dans les écoles.
Certains ont même détecté derrière la fantaisie, la fausse impression d'un absurde qui envahirait nos vies, un rapprochement avec des courants contemporains portés par Ionesco et Beckett entre autres. Bien que Raymond Devos soit d'une immense culture et qu'il se réfère parfois à certains philosophes, je ne crois pas qu'il soit dans son intention de faire passer un message, quel qu'il soit. Souvenons-nous : Devos est un artiste, c'est sa vocation et sa vie.


Souvent imité, jamais égalé, il est depuis longtemps au panthéon de l'humour français. Il est belge ? et alors ! Personne n'est parfait, et d'ailleurs, croyez-vous qu'il aurait fait cette carrière phénoménale s'il l'avait faite en flamand ? Non bien sûr. Et je vais même vous raconter son tout premier gag (involontaire) Ses parents, français tous les deux, sont venus s'installer à Mouscron, en Belgique, mais à 9 km de Roubaix. A sa naissance, il a bien été déclaré à la mairie de Mouscron, mais le papa a oublié de le signaler au Consulat de France, de sorte que Raymond Devos a eu d'office la nationalité belge. Les demandes de régularisations ultérieures ont toutes été couronnées… d'insuccès ! Voilà pourquoi Raymond Devos est Belge et non Français, et voilà aussi la raison de sa grande connaissance et de son grand amour de notre langue.

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Tu ne le vois pas, mais en même temps que je choisis de faire la critique de ce livre, je m'esclaffe.
J'essaie de trouver le mot juste pour te dire que Devos, c'est délicieux comme un Château Margaux de 1998 (délice de la déglutition divine) mais j'en ris trop.
J'ai la faiblesse de croire (et pas seulement parce qu'ici je me promène en novice, la candeur étant un de mes traits de caractère) que si tu traînes sur Babelio, c'est que tu aimes le mot. Et qu'est artiste celui qui le transcende. Devos est de ceux là.
J'adore.
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En somme, j'ai adoré. Mais comme tous les textes sont extrêmement courts, tous les lire l'un à la suite de l'autre peut devenir astreignant.
Je vous conseille donc, comme moi, de le lire sur une longue période. Un ou deux textes une fois de temps en temps, et cela conservera toute sa fraîcheur.
Pour ceux qui sont intéressés de connaître plus Raymond Devos, mais qui n'ont pas l'intention de tout lire son oeuvre, voici une liste de mes 26 textes préférés sur les 165:

Le pied de vigne ou l'imagination de la matière (p.11)
La porte (p.24)
Où courent-ils ? (p.36)
Prêter l'oreille (p.79)
Oüi-dire (p.81)
Le petit poussin (p.83)
Alimenter la conversation (p.86)
Le savoir choir (p.140)
Je zappe (p.173)
Sens dessus dessous (p.221)
Le possédé du percepteur (p.225)
Le pot de grès (p.233)
Faites l'amour, ne faites pas la guerre (p.246)
Ma femme (p.262)
Parler pour ne rien dire (p.272)
Les parcmètres (p.289)
A tort ou a raison (p.307)
Le bout du bout (p.328)
Migraine infernale (p.346)
Sex-shop (p.359)
Je hais les haies (p.363)
Ça n'a pas de sens (p.420)
L'horoscope (p.425)
Sévère mais juste (p.452)
L'affaire du pont (les dessous et les dessus) (p.504)
Le procès du tribunal (p.536)
Lien : http://lecturesdisabelle.blo..
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Du grand Raymond Devos, avec "Je me suis fait tout seul", "A tort ou à raison", "Je suis un imbécile", "Je hais les haies", "le mouton à cinq pattes"... Il y a matière à rire pour mourir de rire (je l'ai préféré à "Les sketches inédits").
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