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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Je viens de relire ce petit chef-d'oeuvre et je ne résiste pas au plaisir de faire un billet plus complet.

Ce roman a été écrit fin 1747. En janvier 1748, Les Bijoux indiscrets sont imprimés en deux volumes. Cependant, le 29 janvier, un libraire, Bonin, les dénonce à la police. Il envoie une seconde dénonciation le 12 février. Tout ceci n'arrange pas Diderot qui avait vu ses Pensées philosophiques condamnées à être brûlées en 1746. Il sera par ailleurs arrêté et enfermé à Vincennes en 1749 après avoir publié, suite aux Bijoux indiscrets, des Mémoires sur divers sujets de mathématiques, avec une dédicace à Mme de P***, et, de façon anonyme, une Lettre sur les aveugles, à l'usage de ceux qui voient.

Les Bijoux indiscrets appartient à la littérature dite libertine. Ceci explique que le roman se passe dans un pays exotique, ce qui était de mise à l'époque. Mais il s'agit ici d'un pays fantaisiste, comme celui que fera apparaître, en 1759, Voltaire avec Candide. le roman commence à la façon d'un Rabelais avec la naissance de Mangocul, le futur sultan, au Congo (on pourra noter les références à l'Afrique, à l'Asie, à l'Inde, d'où ce pays imaginaire). L'histoire est finalement assez simple : le sultan désire passer du bon temps en ayant connaissance des aventures qu'ont et qu'ont pu avoir les femmes de sa cour. le génie Cucufa lui offre alors une bague. En tournant le chaton vers la femme qu'il désire faire parler, son bijou (entendons par là sa partie intime) racontera tout. Bien entendu, Mangocul ne va pas se gêner pour s'en servir et mettre ces dames dans des situations bien embarrassantes. Les seules, finalement, qui ne seront pas embarrassées seront les religieuses. Et ceci n'est pas dû à leur chasteté ! Loin de là ! Car ce que racontent leurs bijoux ferait rougir n'importe qui. le sultan prend cela à la fois comme un jeu (il ira jusqu'à vouloir faire parler le bijou d'une jument) et comme un pari avec sa favorite (ce qui rappelle Les Liaisons dangereuses (1782) de Choderlos de Laclos)

Ce qui est intéressant, à mon sens, dans ce roman, c'est que nous ne sommes pas du tout dans de la pure pornographie. Tout est en retenue (enfin, tout est relatif quand même). le style n'est pas non plus ampoulé. Il s'agit d'un conte qui se lit aussi bien que le Candide de Voltaire et que je rapproche car on peut y trouver le même style d'humour, satirique. Je ne sais pas d'ailleurs si Voltaire a été influencé. Il s'agissait disons d'une norme de l'époque. Diderot entendait brosser le portrait de ses contemporains, leurs travers et le ridicule de certaines situations.

On a souvent tendance, lorsqu'on parle de cet auteur, à penser de suite à Jacques le Fataliste et son maître. Cependant, Diderot a écrit d'autres oeuvres telles que celle-ci ou encore La Religieuse, qui sortent un peu des sentiers battus, ce qui en fait toute leur force.


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Un chef-d'oeuvre ! Lorsqu'on pense à Diderot, il nous vient de suite à l'esprit Jacques le Fataliste ou le Neveu de Rameau, deux textes dans lesquels on peut déjà apercevoir toute la truculence du sieur Diderot. Mais avec Les Bijoux indiscrets, ce dernier se surpasse. L'histoire en est la suivante: une bague fait dire tout haut à celle qui la porte ce qu'elle pense tout bas. Jusque là, rien de bien spécial, sauf que "le bas" correspond à son anatomie féminine. Un grand moment !
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Une récente série sur France Culture m'a donné l'envie d'un retour à Diderot . Et j'ai commencé par ce conte à la manière des Mille et une nuit , qui raconte une bien étrange « prise de parole ». En écrivant cela je m'expose aux foudres des censures comme ce pauvre Denis l'aurait été s'il avait publié de nos jours ce texte à l'argument sulfureux . Quel plaisir de lecture ! Dans cette langue si élégante ( relisez en parallèle une scène de sexe racontée par Houellebecque et vous comprendrez où nous sommes tombés ! ) l'auteur aborde une réflexion sur l'amour et le désir , sur les hommes , sur les femmes , émaillée d'épigrammes sur l'actualité et la société de son époque . Ce n'est pas une oeuvre majeure mais ,même mineure , elle garde une qualité enviable.
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Les bijoux indiscrets/Denis Diderot
Des bijoux indiscrets pour un érotisme discret.
On connaît Diderot philosophe et savant au savoir encyclopédique. Son éclectique curiosité l'a conduit aussi jusqu'aux rives de la littérature libertine. Son désir d'étonner, de surprendre et même de choquer est à l'origine de ce roman exotique et fantaisiste comme c'était la mode à ‘époque, dont il disait qu'il avait pour but « délassement et dissipation ». Mais pas seulement. En effet l'étude de moeurs et coutumes des contrées où se déroule l'action amène notre auteur à mener une réflexion philosophique tout en se livrant à une satire de son temps. Ne disait-on pas qu'il s'agissait « d'un roman frivole où s'agitaient des questions graves. » Cet écrit fut la première oeuvre romanesque de Diderot.
Il faut savoir que la période allant de 1742 à 1750 a vu fleurir un très grand nombre de romans coquins.
Diderot fit publier en 1748 sans nom d'auteur ni d'éditeur. Mais le secret fut vite démasqué. Imaginez alors la polémique qui fait sourire aujourd'hui !
Mangogul, (sous entendez Louis XV) le sultan, personnage considérable, dispose d'une bague magique pour inciter le bijou à la confidence, sauf si un caveçon a été mis en place par un conjoint soupçonneux parti guerroyer.
Les bijoux auxquels il est fait allusion sont l'arme absolue qu'utilisent les femmes qui font la chattemite à des fins diverses et inavouées : aussi bien pour des délices amatoires que pour effacer une dette au jeu de cavagnole et n'importe quel maroufle, faquin ou premier robin venu peut être appâté et accoisé par cet irrésistible leurre.
Mais gare au caquet des bijoux, ces harangueurs qui sommeillent sous les vertugades, que le madré Mangogul sait faire parler !
L'humour est omniprésent dans toutes ces lignes de cette allégorie tout en retenue mais tout à fait scabreuse :
Sophie à Zélide « deux femmes dévotes de profession, conduisant leurs intrigues avec toute la discrétion possible » :
« J'ai tout tenté pour concilier la réputation et les plaisirs. Mais puisqu'il est dit qu'il faut renoncer à la réputation, conservons au moins les plaisirs. »
Mangogul en grande conversation avec sa favorite Mirzoza, se livre à une série de définitions savoureuses :
« La femme sage serait celle dont le bijou est muet où n'en est pas écouté.
La prude, celle qui fait semblant de ne pas écouter son bijou.
La galante, celle à qui le bijou demande beaucoup et qui lui accorde trop.
La voluptueuse, celle qui écoute son bijou avec complaisance.
La courtisane, celle à qui son bijou demande à tout moment, et qui ne lui refuse rien.
La coquette, celle dont le bijou est muet, ou n'en est point écouté, mais qui fait espérer à tous les hommes qui l'approchent, que son bijou parlera quelque jour et qu'elle pourra ne pas faire la sourde oreille. »
Les situations cocasses se succèdent et le sultan propose à son ami Sélim de savoir si Fulvia sont amante lui est fidèle : après avoir écouté le caquet du bijou de Fulvia, Sélim s'écrie dans un style théâtral :
« Ingrate, perfide, si je vous aimais encore, je me vengerais ; mais indigne de ma tendresse, vous l'êtes aussi de mon courroux ! »
Et à la favorite qui le veut consoler, il répond :
« Les femmes sont indéfinissables, et toutes me seraient odieuses si vous n'étiez comprise dans un sexe dont vous avez tous les charmes. Fasse Brama que vous n'en preniez jamais les travers ! »
le style sublime de Diderot rend magiques tous ces instants tragico-comiques.
Parfois le ton devient plus sérieux et critique envers la société : « …On jouait gros au jeu ; on s'endettait, on ne payait point, et l'on dépensait tant qu'on avait de l'argent et du crédit. On publia contre le luxe de très belles ordonnances qui ne furent point exécutées. On prit des villes, on conquit des provinces, on commença des palais et l'on épuisa l'empire d'hommes et d'argent. Les peuples chantaient victoire et se mourraient de faim. Les grands avaient des châteaux superbes et des jardins délicieux, et leurs terres étaient en friche… »
Un petit chef d'oeuvre d'humour libertin mais pas seulement.

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Les Bijoux indiscrets est un classique de la littérature libertine, un vrai bijou licencieux qui, au XVIIIe fit scandale.
Le héros reçoit d'un "génie" une bague ayant le don de faire parler le ?bijou? des femmes, mot pudique pour désigner en réalité leur sexe..
Sur ce point de départ se déroule comme un ruban soyeux ce roman léger, croustillant, osé, mais pas aussi misogyne qu'il peut sembler à première vue.
Ces Bijoux indiscrets furent la première oeuvre d'un jeune écrivain promis à un très grand avenir : Diderot.
Lien : https://www.amazon.fr/LArtil..
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Ce conte orientalisant libertin a fait l'objet de mon mémoire de Master 2 en recherche littéraire, il y a quelques années.
C'est l'histoire d'un sultan qui s'ennuie terriblement. Il décide donc de faire appel à son petit génie, qui lui offre un anneau magique.
Cette bague a un pouvoir tout à fait particulier : celui de faire parler le sexe des femmes, à leur insu...
Le sultan ne s'ennuie alors plus du tout, déliant avec jubilation les "langues" des vagins, qui se mettent à révéler publiquement leurs envies, fantasmes, les liaisons secrètes et adultères de leurs maîtresses ainsi que leurs pratiques les plus inavouables.
Cependant, après avoir bien joué avec son anneau magique, l'ultime tentation vient à l'esprit du sultan, celle d'interroger le sexe de sa propre femme...
Derrière ses allures légères et sous couvert d'une forme très en vogue à l'époque de l'écriture, ce conte nous plonge dans des interrogations profondes, notamment sur le lien entre sexualité et amour.
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Pas dans cette édition mais dans celle du Monde.
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