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Citations sur Reste (165)

Ici, l’homme plus grand, plus large, plus lourd n’a pas écouté. Il avait entendu, sans aucun doute possible, mais il n’a pas écouté. Ce n’était plus un homme que je sentais contre moi, et en moi, mais une masse de muscles furieux. Un sanglier. C’est là que j’ai commencé à avoir peur. J’ai pensé : « on peut raisonner un homme, pas un sanglier. » J’ai pensé aussi : « si je lui demande d’arrêter, il ne le fera pas, et ça va se transformer en viol», sans réaliser que le viol avait déjà eu lieu. J’ai pensé : « si je lui dis d’arrêter, qu’il ne le fait pas, et que ça devient un viol, je ne sais pas où ça va s’arrêter. Et ma fille dort juste là en bas. Je ne pourrai pas la protéger contre un sanglier. » Tant que la violence est tacite, je garde une illusion de contrôle. Je reste de son côté à lui. Ça me rend complice, mais c’est moins risqué que de devenir son adversaire. Je ne suis pas de taille à combattre. Parce qu’en réalité je le suis. 30 kg de différence, ça n’est rien. Ça n’est pas un sanglier, c’est juste un homme. Et moi je ne suis pas une biche. Mais depuis toujours, on m’a répété que les hommes sont plus forts, dangereux. Les femmes sont les victimes, les hommes les agresseurs. Et moi, je n’ai pas osé vérifier. Ça n’était pas le moment. J’ai adopté la stratégie la plus prudente : le laisser terminer, quitte à saigner un peu. Je me suis rappelé ce qu’on m’avait appris pendant les séances de préparation à l’accouchement : plus je contracte, plus la douleur est intense, plus je risque la déchirure. Respirer. Je me suis vue faire l’étoile de mer. Rester inerte. Respirer.
(Page 107)
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Je ne ris jamais autant que quand je me rappelle la fragilité de la vie, comme s’il était urgent de trouver de la distance, de créer un champ de force.
(Page 87).
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Il y avait tant de choses que j’ignorais sur M. Tant mieux. On ne finit jamais de connaître l’autre. Au début ça m’effrayait, puis j’ai appris à aimer ces parts d’ombres. Je savais l’essentiel.
(Page 47).
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« Plus je vieillis, et plus je trouve qu’on ne peut vivre qu’avec les êtres qui vous libèrent, qui vous aiment d’une affection aussi légère à porter que forte à éprouver. La vie d’aujourd’hui est trop dure, trop amère, trop anémiante, pour qu’on subisse encore de nouvelles servitudes venues de qui on aime. » [Camus à René Char ou l’inverse.]
(Page 25)
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j'ai entendu la voix de mon père: «J'ai un œuf à peler avec toi», il commençait toujours les sermons comme ça quand j'étais ado, «J'ai un œuf à peler avec toi», je pouffais, je nous imaginais, penchés tous les deux sur le même œuf. Un jour j'avais répondu: «On pèle pas un œuf, on l'écale», il avait bafouillé un truc, embarrassé, perdant le peu d'autorité qu'il pensait avoir.
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Je veux qu'il y ait des fleurs, des belles, pas les couronnes des funérariums, des fleurs de prairie, je veux de la terre, du feu, des étoiles, des odeurs vraies, du temps, autant qu'on veut, des mots pour lui, des larmes faites maison, pas un deuil en plastique, à la chaîne, professionnel, rentable.
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Je sais qu'une histoire d'amour s'observe toujours à l'aune des raisons qui l'ont achevée. C'est con. En tout cas je sais que j'ai tendance à pratiquer cette forme de révisionnisme.
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En fait les gars qui frappent leurs copines jusqu'à les tuer créent une sorte de fenêtre d'Overton de la violence. C'est si extrême, si visible, si identifiable qu'on ne voit plus d'autres formes de brutalité.
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Romain avait besoin de rentabiliser les heures que le travail et le sommeil n'occupaient pas. Il fallait les combler, les agencer, en exploiter chaque seconde. Lorsque le week-end arrivait, j'avais cette image en tête, celle des concurrents de Fort Boyard qui se précipitent pour amasser un maximum de pièces d'or avant que la grille ne se referme.
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Un samedi matin, alors que je cherchais une activité pour la journée, elle a sorti sa tignasse emmêlée de son bol de céréales et a déclaré: «J'ai pas très envie de bouger aujourd'hui.».Je crois que c'est le «très» dans sa phrase qui m'a fissuré le cœur. Ce besoin qu'elle a eu d'euphémiser sa demande. Parce qu'elle en connaissait déjà le coût social. Vouloir rester à la maison, c'est mal vu, ça isole, il faut aimer prendre part à la grande farandole de la consommation. Sinon c'est louche, c'est pas cool, c'est pas sympa.
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