Frère d’âme

Un livre qui parle de la première guerre mondiale me refroidit à priori et pourtant ce récit est un petit poème dans un univers humide et froid.

La 1ere partie de ce livre raconte l histoire de 2 amis, tirailleurs sénégalais, pendant la grande guerre, dans les tranchées . L'un d eux est touché et agonise dans les bras de son « plus que frère » et alfa, le survivant, plein de culpabilité, sème la terreur et perd la raison. Dans la 1ere partie, le style très particulier, parfois les débuts de phrases se répètent comme une comptine. Dans la 2eme partie, Alfa nous ramène à avant la guerre, en Afrique . le style est assez poétique .
Étrange livre, Goncourt des lycéens. Il se lit facilement mais j'ai été assez décontenancée par le style assez répétitif et finalement assez envoûtant de certains moments, événement. J'ai préféré la 2eme partie mais j'ai été globalement déçu par ce Goncourt des Lycéens

C'est un livre très court dont je vous parle aujourd'hui. L'écoute dure 3h40 (175 pages pour la version papier). Frère d'âme est un roman fort, un concentré d'émotions. On y suit la descente aux enfers de Alfa, paysan africain qui s'est retrouvé avec son ami Mademba sur le front en Europe, déraciné, perdu. Il pense vivre l'enfer, mais quand il se retrouve seul, c'est la dégringolade. Il perd pied car plus qu'un frère d'arme, c'est un frère d'âme qu'il a perdu…
David Diop nous dépeint ici l'horreur de la grande guerre, par les yeux d'un homme projeté au milieu des combats loin de chez lui, dans un climat hostile, dans un pays qu'il ne connaît pas. Il nous raconte la solitude, la folie d'un homme, reflétant la folie des hommes dans cette grande guerre, cette violence qui n'a plus de limites.
C'est Alfa qui nous conte ses aventures, sa vie, son enfance, et les événements qui ont conduit à sa folie. Et c'est ici le comédien français d'origine sénégalaise Babacar M'baye Fall qui prête sa voix au tirailleur sénégalais. Plus que prêter sa voix, il incarne Alfa, sa vie, ses douleurs, ses cassures. Il nous projette dans les méandres du cerveau de cet homme qui essaie d'expliquer l'inexplicable. Comment peut-on devenir une machine à distribuer la mort ?
Ce court roman est un coup de poing inattendu. Alfa est ce qu'on appelle communément un monstre, et pourtant, à l'écouter parler, je n'ai pas réussi à être horrifiée par lui. Ses actes sont terribles, mais ce qu'il a vécu aussi. Les choix narratifs de David Diop humanisent cet homme dont on devrait au bas mot avoir peur. L'interprétation de Babacar M'baye Fall est aussi pour beaucoup dans ce résultat. J'aime quand je découvre un livre audio où le narrateur colle si bien à l'histoire qu'on dirait que le livre a été écrit pour lui.
Frère d'âme traite d'un sujet souvent passé sous silence : comment les tirailleurs sénégalais ont été projetés dans les tranchées de la grande guerre, dans un froid et une humidité qu'ils ne connaissaient pas, envoyés au front comme de la chair à canon. J'aime quand un livre me fait découvrir des pans de l'histoire qui me sont quasi-étrangers, par le prisme du roman, et me projettent dans les méandres de l'esprit humain. J'aime découvrir des personnages forts, marquants, même, et peut être encore plus, quand ils sont monstrueux. J'aime découvrir les fêlures de l'être humain, ce qui amène à perdre pied. Découvrir qu'au départ ce sont souvent des gens sans histoires, dont la vie bascule de manière inattendue.
Frère d'âme m'a bousculée, par les descriptions d'Alfa des horreurs de la guerre. Il m'a fait découvrir la vie d'un homme perdu, dans tous les sens du terme. Perdu loin de chez lui et des siens, perdu dans sa tête. Cette courte lecture a été intense, et marquante.
J'ai reçu la version CD audio de ce livre dans le cadre de ma participation au jury du Prix Audiolib 2019. Merci à eux pour la confiance.
Lien : https://leslecturesdesophieb..

Lu pratiquement d'une traite,la banalite de la guerre sauvage contraste avec la grandeur de l'amitié presque fraternité....Enorme

David Diop nous entraîne dans l'enfer des tranchées à travers l'histoire de deux tirailleurs Sénégalais, frères d'âmes. le plus chétifs et le plus courageux, Mademba Diop est abattu et agonise sous les yeux d'Alfa Ndiaye. Ce dernier, fou de rage et de chagrin va devenir un dêmm, "sorcier sans cicatrices" collectionnant les mains coupés et séchées de ses ennemis.
Le héros se souvient de l'histoire "du sorcier lion" de son enfance...
Il y a dans ce roman un retour aux sources premières, aux légendes et à l'histoire d'un peuple nomade et pasteur -les peuls d'Afrique de l'Ouest-, racines profondes des âmes échappant à "la terre de personne" à travers le lien fraternel qui les unit. HR

Nos guerres civiles europeennes n'ont pas jete du malheur qu'ici, entre nous, en Europe. Nous avons cru utile en amenant des contingents de soldats africains, ici des tirailleurs senegalais, exporter le malheur là-bas. David Diop raconte avec un style simple, depouille ces histoires de guerre, de mort, d'amour et d'amities. Simplement. Delicatement. Sans juger ni condamner. Un tres beau livre, douloureux d'abord, dans les champs de bataille mais si beau et si poignant quand l'histoire repart au Senegal avant de revenir dans les hopitaux de la grande guerre.

Une magnifique histoire que nous raconte David Diop avec beaucoup d'émotions et bouleversements. A mon sens, ce livre aurait mérité le prix Goncourt tellement il m'a enchanté.

J'ai eu beaucoup de mal a m'immerger dans ce roman. L'écriture a été un frein, trop haché, trop répétitif, trop lourd... J'en ai perdu le fil narratif, et surtout, perdu l'attrait de cette lecture. Toutefois, j'admire le travail de construction du roman, nous entraînant doucement vers la folie, ou la lumière... Très adroit. Il y a donc à mon sens un paradoxe entre la finesse de construction et la lourdeur stylistique.
Peut être un roman à livre vite, en une fois surtout, et ne pas faire l'erreur de le lire progressivement comme moi.

Je n'ai pas du tout accroché. Manque de crédibilité de l'histoire et surtout le style d'écriture. Il y a beaucoup de répétitions de phrases reformulées, de répétitions de groupes nominaux, de l'expression "Par la vérité de Dieu" des dizaines et des dizaines de fois. L'idée est certainement de donner une certaine naïveté au narrateur mais cela m'a rendu la lecture extrêmement pénible.

Ce roman est comme une litanie hypnotisante, entêtante, étourdissante qui nous plonge dans les pensées de Alfa, tirailleur sénégalais de la Grande Guerre, à la suite de la mort de son "plus que frère" Mademba.
Un long monologue à la lisière de la folie, poétique et incisif.
Très beau