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" 5 mains coupées" donne la parole à ceux qui ont été amputés de leur main lors des manifestations des gilets jaunes. Ces 5 personnes ne se connaissent pas, n'habitent pas la même ville n'ont n pas le même métier ni le même âge ni la même vie, ils sont juste là dans une des manifestations pour plus de justice, plus de pouvoir d'achat, pour défendre sans violence leurs idées.
Gabriel Sébastien Antoine, Ayhan, Frédéric vont tous avoir la main droite amputée car ils se sont trouvés au mauvais endroit au mauvais moment.
Ce n'est pas un plaidoyer contre la police, on ne trouve pas, dans leur parole, de haine envers la police, juste des sentiments d'injustice, d'incompréhension de sidérations et de colère et pourtant c'est bien leur vie qui est complètement bouleversée à tout jamais parce que la police a usé abusivement de son pouvoir, parce qu'elle a l'autorisation d'utiliser des grenades bourrées de TNT véritable arme de guerre .
Sophie Divry donne la parole à 5 de ces victimes. Elle se sent le devoir de dire, de montrer , de dénoncer cette violence. Elle va alors retrouver quelques-unes des victimes et leur faire raconter pour qu'enfin on les écoute puisqu'ils ne l'ont pas été dans la rue. Je terminerai ce billet par une des réflexions de Sophie Divry qui ne peut que nous interpeller si ce n'est déjà fait ...
" Nos gouvernants se sont indignés des tags peinturlurés sur l'Arc de Triomphe le samedi 1er décembre 2018 parce que l'Arc de Triomphe, c'est un symbole de la République. Mais comment osent-ils nous parler de République ? Alors qu'ils ferment des gares et des maternités ? Alors qu'ils attaquent notre système de retraites et qu'ils ont laissé ce clochardiser l'hôpital ? Mais surtout, en quoi la main d'un jeune chaudronnier de 21 ans,une main habile, une main passionnée, n'est-elle pas, davantage même qu'un vieux monument parisien, un symbole de notre République ?"
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Sophie Divry a recueilli le témoignage de cinq manifestants qui ont perdu leur main lors des premières manifestations gilets jaunes.
Je me souviens avoir suivi cela à la télévision et avoir été horrifiée.
Les assauts de la police étaient violents et disproportionnés.
Je ne savais pas alors qu'il y aurait tant de blessés, tant de mains arrachées, dans d'éborgnés.
Des armes de guerre étaient utilisées contre les citoyens.
Du jamais vu.
Ces violences inexpliquées n'ont pas été sanctionnées.
Restent des victimes à vie qui n'auront que leur vie foutue et ni réparations ni excuses.
Comment ne pas être empli de compassion et de révolte en lisant ces témoignages.
Ils sont mêlés les uns aux autres, comme l'était cette foule aux justes revendications.
Ça donne encore plus d'ampleur à leur réalité.
Merci et bravo à Sophie Dibry de leur donner la parole et de faire qu'on ne les oublie pas, et tout mon soutien à eux.
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"5 droitiers, 5 mains droites arrachées, 5 grenades au TNT, 1 livre fait des récits de 5 gilets jaunes mutilés. Ouvrier, artisan, apprenti, étudiant, amarreur à quai, 5 vies désossées à l'arme de guerre. 22, 27, 30, 36, 53 ans, ceux qui manifestaient pour ne plus être rien sont maintenant handicapés. Voix individuelles regroupées en un choeur, parole restituée, collectif aussi implacable que les 5 doigts d'un poing fermé."
Pierre-Romain Valère dans Double Marge
Lien : https://doublemarge.com/cate..
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"La France a vécu non seulement un mouvement historique, mais une répression de masse. Officiellement : 2500 blessés, 12 000 arrestations. 314 personnes atteintes à la tête par un flash-ball, dont 24 personnes ayant perdu un oeil, Mme Redouane tuée des suites d'une grenade lacrymogène tirée vers sa fenêtre, et, donc, cinq mains coupées."
Tel est, aux yeux de Sophie Divry, journaliste et écrivaine, le bilan "humain" qui résulte de ce qu'on a appelé les "Actes... 1,2,3...15... 25... ) du mouvement des Gilets Jaunes.
Ce faisant, elle a choisi d'écrire un livre témoignage sur cinq de ces Gilets Jaunes qui, en voulant ou pas s'en saisir, ont perdu une de leurs mains après l'explosion d'une grenade (GLI-F4) offensive, lancée par les forces de l'ordre... à des fins... ???
Ces cinq manifestants sont Antoine, étudiant animateur, Bordelais de 27 ans, Frédéric, lamaneur , Girondin de 36 ans, Sébastien, tourneur-fraiseur, Parisien de 30 ans, Gabriel, compagnon chaudronnier, Manceau de 21 ans, Ayhan, ouvrier-syndicaliste en usine, de Saint-Pierre-des-Corps âgé de 53 ans.
Sophie Divry va recueillir et retranscrire fidèlement chacun de leurs cinq témoignages.
Ces témoignages sont structurés sur "un schéma" identique.
Leur identité sociale, économique, professionnelle, familiale, leurs goûts, leurs rêves, la ou les raisons de leur participation à l'un des "Actes" des Gilets Jaunes, les circonstances de "l'accident", la prise en charge de l'urgence, l'hospitalisation, l'intervention ou les interventions chirurgicales, la mutilation, la rééducation, la prothèse, le regard des autres, la réinsertion, la plainte et la décision de justice... les séquelles psychologiques et la survenue ou l'attente du choc post-traumatique.
Il est évident que je ne vois ces hommes que comme des hommes et des hommes victimes... lourdement victimes... de qui ou de quoi ... il ne m'appartient pas de le dire.
Je les plains, je déplore ce qui leur est arrivé et je comprends l'immensité indicible de leur(s) souffrance(s).
Je me propose de présenter un livre... c'est tout.
Ce livre est le réquisitoire partial d'une journaliste qui a d'emblée pris parti pour ce mouvement.
Tout, sans exception est à charge contre Macron, Castaner, Lallement et autres...
Certes, ces responsables ont des responsabilités.
Mais quid d'un mouvement, dès le début, récupéré par l'extrême-droite, les complotistes et les antitout ?
Pour Sophie Divry et ses cinq mutilés... ils allaient quasiment à un pique-nique... c'était bon enfant..."J'étais habillé en noir... c'est ma manière de m'habiller c'est tout, je ne suis pas un black bloc..." .
Pour nous, c'était plus une sortie familiale... quelques projectiles volaient de par derrière, mais rien de bien méchant..."
"Avec des amis, on avait acheté deux douzaines d'oeufs pour lancer sur les policiers, parce qu'on ne se sentait pas de lancer des pavés ! On les a lancés, ces oeufs, c'était rigolo. C'était quelque chose d'un peu potache."
"J'ai un peu tapé sur des panneaux métalliques, mais juste pour faire du bruit".
Donc, rien que des "gentils, venus faire une excursion à Paris ou dans une ville de province... et ignorant que dès les premiers jours, il y a eu des violences et des morts... Gilets Jaunes et non-Gilets Jaunes.
Dès les deux premiers actes, il y a eu des émeutes, des pillages, des actes de vandalisme... bref, une extrême violence.
Dès le début, médias et manifestants ont fait mention des LBD, des granades etc
Et Sophie Divry nous affirme que ces cinq hommes ignoraient tout de la mise à feu et à sang de la France depuis le 18 novembre par 350 000 Gilets Jaunes ( au plus fort du mouvement )... !
Je n'aurai pas la cruauté de rappeler ici qui étaient les figures de proue,, les leaders dudit mouvement, mais cette révolution "à l'envers" conduite par des pieds nickelés extrêmistes, putschistes, complotistes aux QI de bulots, ne pouvait qu'entraîner des braves gens, mus au départ par des revendications légitimes, vers des impasses désastreuses.
Ça aussi, j'aurais aimé le retrouver dans le bouquin de Sophie Divry... qui ne présente qu'une vision, je le répète, à charge contre les autorités... allant jusqu'à dire de manière pathétique qu'une main "habile et passionnée" vaut davantage que le saccage de ce vieux monument qu'est l'Arc de Triomphe.
Et de terminer son réquisitoire ainsi :
"Que va devenir ce pays où on coupe des mains à des ouvriers et à des étudiants ?"
En ce qui me concerne, le parti pris de la journaliste-écrivaine est contre-productif.
Certes, les forces de l'ordre face à un mouvement inédit, réfutant tous les codes, toutes les règles liés au droit à manifester : autorisation, itinéraire, encadrement... préférant l'effet de surprise, jouant la mobilité, la dispersion, le cache-cache, le chat et la souris, se livrant à la guérilla urbaine dans la plus grande pagaille, le plus grand chaos...ces forces de l'ordre ont apporté de mauvaises réponses.
La question est... en l'état que pouvaient-elles faire ?
Laisser le chaos prospérer... pour dériver vers quoi ? Une guerre civile ? Un putsch ?
Les Gilets Jaunes en se lançant dans une aventure à laquelle ni eux ni le pays n'étaient préparés ont ouvert une boîte de Pandore... de laquelle est sorti le pire pour ces cinq mutilés et leurs compagnons éborgnés.
Mais ça, Sophie Divry ne veut pas en entendre parler.
L'Histoire, ou peut-être avant elle, la justice déterminera les responsabilités de chacun.
En attendant, je suis persuadé... je l'ai été depuis le début du mois de novembre 2018... que ce mouvement qui n'a pas voulu se structuter, a payé cher les fruits de son "astructuration".
Pour terminer sur une note un peu plus littéraire, cest cinq témoinages sont proposés sous une forme chorale. Les cinq voix racontent ensemble, indistinctement, créant un effet amplificateur, un effet groupe ou foule, déstabilisant le lecteur qui se sent pris au milieu d'une bousculade.
J'aime et m'efforce de penser contre moi-même, raison pour laquelle j'ai tenu à lire cet ouvrage.
Le choix d'en faire autant ou pas, appartient à chacun d'entre vous...
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J'ai commencé ce livre sans bien comprendre au début. Et puis je me suis rendue compte que les cinq témoignages de ces gilets jaunes étaient mélangés. Des phrases qui s'entremêlent. On a du mal à comprendre qui parle. Cela va très vite, à la lecture. Je m'y suis un peu perdue au début, mais ensuite j'ai apprécié ces voix qui disent la manif ( dans des lieux différents) , les mains arrachées, la douleur, la peur, les larmes et cinq vies gâchées. Sans raison, juste une violence voulue et assumée par l'état.
Ces voix sont pondérées, posées, sincères, douloureuses, colères aussi. On ressort de ces 100 pages un peu groggy, totalement écoeuré et sidéré par ces histoires.
Les gilets jaunes ce ne sont pas ce que beaucoup ont voulu faire croire. il y avait des hommes et des femmes qui ont vraiment espéré une vie meilleure, qui ont adhéré à un mouvement pour améliorer leur vie, la nôtre.
Ces voix comme un choeur unique qui racontent et mis en page avec talent par Sophie Divry ont une force bouleversante.
Je n'oublierai pas les mots de Sébastien, Gabriel, Antoine, Frédéric, Ayhan. On ne peut que ressentir de la colère ( et de la peur) pour cet état violent qui utilise des grenades et des LBD sur une foule.
Un court roman, comme un uppercut. Violent et poignant.
A lire absolument.
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Sophie Divry, romancière de talent, réussit toujours dans tous ses écrit ( La condition pavillonnaire notamment) à insuffler une certaine poésie dans son univers qui pourrait sembler un peu banal en premier lieu.

Dans sa nouvelle parution, elle laisse de coté la fiction en relatant le compte rendu d'entretiens réalisés entre septembre 2019 et février 2020 avec les cinq manifestants mutilés de la main lors du mouvement des Gilets jaunes. Elle laisse la parole à cinq destins ordinaires de travailleurs ayant du mal à joindre les deux bouts et dont la volonté de se faire entendre a joué contre eux, car ont vu leurs corps amputer d'une main, la droite celle qui servait à travailler.

Toujours fidèle à ses principes de mettre de la fiction et de la poésie dans le réel le plus tragique, Sophie Divry à fait de ces 5 destins une sorte de choeur, un peu comme on en avait dans les tragédies antiques; un choeur qui parle à l'unisson en une seule et même voix, pour démontrer sans doute que ces 5 mains absentes représentent un seul et même corps, social tout du moins.

Ce choeur de travailleurs emputés et imputés n'élude en effet rien des séquelles- .médicales, professionnelles, judiciaires, psychologiques, financières- de cette amputation dans un texte parfois dur et éprouvant.

Impossible dès lors de ne pas penser au film documentaire "un pays qui se tient sage " et à la discussion qu'on a récemment eu avec son réalisateur David Dufresne qui s'indigner du fait qu'on semblait prendre plus de cas pour un arc de triomphe dégradé qu'une main arrachée alors même " qu'un arc de Triomphe peut être nettoyé rapidement, un Fouquets, reconstruit plutôt vite aussi alors qu'une main arrachée, ça ne reviendra jamais. "

D'une façon certes différente dans son traitement et son approche, Cinq mains coupées de Sophie Divry raconte peu ou prou le même discours et dans un contexte où la violence légitime se pose de façon prégnante, ce discours, plus proche de l'humain est forcément salutaire.


Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Une fois qu'on a goûté l'écriture de Sophie Divry, il est difficile de l'oublier. Une auteure libre et fantaisiste, engagée, qui se réinvente roman après roman. Avec Cinq mains coupées, le projet est encore tout autre, c'est un livre-témoignage qui propose un texte composé de la parole de cinq manifestants ayant perdu leur main lors des manifestations des gilets jaunes. À partir d'extraits d'entretiens, elle reconstitue une narration collective de l'histoire de ces cinq hommes, avant, pendant et après leur « mutilation ».

"Je m'appelle Gabriel, j'ai 22 ans. Je m'appelle Sébastien, j'ai 30 ans. Je m'appelle Antoine, j'ai 27 ans. Je m'appelle Frédéric, j'ai 36 ans. Je m'appelle Ayhan, j'ai 53 ans. C'était le samedi 24 novembre. C'était le 1er décembre. C'était le 8 décembre. C'était à Bordeaux. C'était à Tours. C'était place Pey-Berland. C'était place Jean-Jaurès. C'était sur le boulevard Roosevelt dans le XVIe arrondissement. Ça s'est passé le 9 février devant l'Assemblée nationale, à Paris."

Ces cinq hommes ont en commun d'avoir perdu leur main droite, d'avoir vu leurs vies définitivement bouleversées. Tous racontent la violence, la sidération, la reconstruction après le traumatisme physique mais aussi psychique qu'ils ont subi. Ils parlent d'eux-mêmes et de leurs vies, mais évoquent aussi leurs proches, leurs familles ou leurs collègues, victimes collatérales d'un drame irréparable.
Derrière les mots apparaît en filigrane une fracture, au sein de la population déjà, mais également entre cette dernière et les forces de l'ordre. Et cette question, entêtante, pour la lectrice que je suis, et peut-être pour d'autres, pourquoi ? Pourquoi ce mouvement a t-il généré tant de violences ? Pourquoi l'utilisation de telles armes ? Pour information, le journaliste David Dufresne a dénombré, au 13 avril 2019, 1 décès et 613 personnes blessées par les forces de l'ordre, dont 238 blessées à la tête, 23 éborgnées et 5 ayant eu une main arrachée...

Un livre court mais intense, troublant et émouvant. Engagé. Militant.
Par son « offre d'un espace de parole », Sophie Divry donne la place qui leur revient à ces citoyens mutilés qui lui ont, parfois au prix d'un effort immense, donné la version de leurs histoires. La moindre des choses que je pouvais faire, c'était de les lire et de les écouter, en total respect.
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Le cadre rouge de la célèbre collection du Seuil a pâli jusqu'au fluo des Gilets jaunes, le nom de l'auteure, dans la même teinte, s'estompe, jusqu'à presque disparaître, au centre de la couverture, où trône dans sa brutalité le titre, Cinq mains coupées, bien lisible juste au-dessous. Et Sophie Divry, qui dans une postface présente son projet et ses sources, pourrait justifier elle-même cet effacement, puisque, dit-elle, « dans ce livre, pas une phrase n'est de moi ». La puissance esthétique de ce texte, sa dimension littéraire, résulte pourtant de l'art avec lequel elle a lié les unes aux autres ces paroles empruntées, jouant d'effets de rythmes, de répétitions, d'échos ou d'accumulations, pour tresser serrées les fragments des différentes confessions, insérer dans le souffle d'une voix commune les mots des cinq mutilés, mêler leurs expressions individuelles dans un seul choeur. A l'origine, la curiosité d'une spectatrice de faits-divers, se demandant pourquoi et comment ces personnes, parties pour défiler dans une des manifestations des différents « actes » des Gilets jaunes, ont pu se retrouver quelques heures plus tard la main arrachée, engendre le désir d'enquêter, d'aller à la rencontre de ces victimes pour recueillir leurs récits. Sophie Divry découvre dans ses entretiens les conditions de vie difficiles, les sources de colère de ses interlocuteurs, leurs parcours et leurs passions, l'absence d'horizon à laquelle ils se heurtent, l'idée récurrente qu'ils ne peuvent plus « s'en sortir », et, en conséquence, le besoin d'aller dire ce manque d'argent, de considération et d'avenir sur les ronds-points ou les avenues. Chacun raconte la manifestation, la confrontation avec la police, les gaz lacrymogènes, la grenade ramassée, la main arrachée, le sang, le choc et la sidération… Chacun, surtout, raconte aussi « l'après », l'hôpital, le regard des autres, le membre absent, la vie bouleversée, et les voix se croisent, se bousculent les unes les autres, qui ajoutant sa touche d'horreur, qui le rire jaune et l'autodérision. On se souvient de la Condition pavillonnaire, où l'enquête sociologique prenait toute sa puissance grâce au travail d'écriture romanesque, on se rappelle l'étonnante poursuite des raisons de « croire » à travers un voyage dans une pléiade d'églises dans Journal d'un recommencement, on garde la plus joyeuse des mémoires du jouissif Quand le diable sortit de la salle de bains, et on admire cette capacité de l'auteure à renouveler chaque fois la forme du récit, nous offrant des textes d'une profonde sensibilité. Mais on n' « aime » pas, ce coup-ci, ce bouquet de mains sanglantes, ce texte collectif dérangeant et violent, ce collage de Sophie Divry, composé des douleurs des cinq blessés, non, on ne l' « aime » pas, on le prend comme une claque dans la gueule, on en chiale. La littérature, là, toute dans l'art de rassembler, comme l'expression d'un corps collectif, les cris des individus abimés, atteint sa plus haute efficacité politique. Et, oui, on partagera longtemps après la lecture de ce récit, avec Sophie Divry et grâce à elle, cette question qui la et nous hante : « que va-t-il devenir,ce pays où on coupe des mains à des ouvriers et des étudiants ? »
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À partir d'entretiens avec cinq Gilets jaunes mutilés, Sophie Divry a réalisé un récit choral de leur histoire, collective autant qu'individuelle : tous ont eu la main droite arrachée par une grenade chargée de TNT, lancée par un représentant de l'État contre la manifestation qu'ils formaient, un samedi, à Bordeaux, Tours ou Paris.
(...)
Parole brute et brutale. Articulée, assemblée et livrée pour donner à entendre une colère souvent rendue inaudible, pour donner à voir des histoires d'invisibles, des tranches de vies, sacrifiées, mutilées. Sans commentaire, ni analyse. Un livre… coup de poing !

Article complet sur le blog :
Lien : https://bibliothequefahrenhe..
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Dans "Cinq mains coupées", Sophie Divry part à la rencontre de cinq manifestants qui ont eu une main mutilée durant les manifestations des Gilets jaunes. Des mutilations qui font suite à l'utilisation de grenades lacrymogènes bourrées de TNT par les forces de l'ordre. La GLI-F4 (remplacée depuis début 2020).

Pour cette démarche, l'autrice s'est déplacée et a enregistré cinq entretiens. Après relectures, ce livre témoignages a pu voir le jour. Un livre qui touche et qui raconte sans pathos, en donnant la parole aux premiers concernés. Les victimes de ces violences policières. On parle d'étudiants, d'ouvriers. Des gens venus manifester avec les gilets jaunes, parfois pour le climat. Et qui vont voir le cours de leurs vies basculer face à une répression violente, soudaine, sans imaginer une seule seconde en faire les frais à ce point. Sans imaginer une seconde que ces choses-là peuvent arriver en manif. Sans imaginer que la police lance ses grenades sans sommation.

Ces témoignages sont forts et on distingue d'abord la sidération puis la colère et la douleur de reconstruire une vie chez les cinq manifestants. Les difficultés se multiplient avec les soins à organiser qui s'ajoutent à la précarité déjà présente. L'entourage est touché. Comment peut-on en arriver là ? Comment peut-on comme le dit très bien l'autrice perdre une main lorsque l'on manifeste à la base pour une revalorisation du SMIC ? Pour éviter la casse du service public ? le livre de Sophie Divry donne à voir le réel avec beaucoup de justesse. Un livre important.

extrait : "Mais je suis lucide. Si ces cinq hommes m'ont parlé, ils ne m'ont pas tout dit. Il faut donc entendre derrière les expressions comme « c'est difficile » ou « c'est compliqué » sans doute bien plus que des difficultés, bien plus que de la complexité. Mais ils le disent avec leurs mots et je voulais que ce soit eux qui racontent. J'ai seulement fait de ce quintet de souffrance un choeur avec des solos."

Lien : https://lesmafieuses.wordpre..
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