Avec «
Chéri-Chéri »
Philippe Djian est totalement passé à coté de son sujet. Et c'est peu dire que dire cela. le sujet était pourtant bon. Exploité il aurait pu même être excellent. C'est bien là ou le bat blesse. L'auteur se contente d'une esquisse là ou il aurait fallu une aquarelle. Cela Gallimard l'a bien saisi. L'éditeur a soigné la jaquette faisant montre d'un contenant aguicheur pour un contenu négligé. «
Chéri-Chéri » c'est la partielle histoire d'un écrivain aux succès mitigés qui la nuit chante et se travesti. Il aime cette vie nocturne. Il prend plaisir à ces déguisements féminins, à ces paillettes, aux strass, aux chants et aux regards coquins de ces hommes d'un soir. C'est aussi l'occasion de faire bouillir la marmite lorsque les livres ne se vendent pas. Mais il y a mieux, puisque l'homme est intégralement hétérosexuel. Il est marié. Elle est belle et c'est tout. L'auteur nous la décrit sans cervelle. Une sorte de femme d'ornement. Et puis il y a le père, le père de la femme, un mafieux violent et psychopathe, attaché à l'argent comme on l'est à sa vie. Il prête à de pauvres idiots soumis au vertige du jeu. Il prête mais ne donne pas. Alors, il y a Robert l'encaisseur que le beau père envoi aux mauvais payeurs. le débiteur indélicat encaisse les gnons puis Robert encaisse l'argent. C'est sa philosophie au bon Robert. Beau papa n'aime pas Denis. Il ne peut supporter qu'un homme s'habille en tapette. Car c'est évident, un homme qui se travesti n'est pas un homme. Et si ce n'est pas un homme s'est forcément une…Bref, Paul a toute les qualités requises pour être un excellent homophobe. Denis loue son appartement à Paul. Un logement grand standing, père n'aurait pas accepté moins pour sa fille. Oui mais Denis ne suit pas, financièrement s'entend. Il y a des loyers impayés. Qu'à cela ne tienne Denis est embauché non volontaire pour aider Robert aux encaissements. C'est cela ou Robert, qui l'aime bien
lui Denis, sera obligé de
lui jeter un sort. Enfin voila, en dire plus serait dévoiler le maigre surplus qu'il vous reste à découvrir. Une maman sexy et entreprenante, des filles pas vraiment filles qui aiment aussi les garçons. Rien que du banal.
Philippe Djian met en train tout ce beau monde. Les personnages s'imbriquent les uns aux autres, la machine est en marche et pfuit c'est la panne. Plus rien, plus d'intrigue, plus d'histoire, un mur. Comme si les mots s'essoufflaient à courir derrière une inspiration lointaine. Un horizon inatteignable. Face à ce vide
Philippe Djian use alors d'un artifice éculé : il tue ses personnages. C'est une manière d'en finir certes, mais peu satisfaisante pour le lecteur. Il reste sur sa faim. A 20 euros le menu la digestion est lourde.