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EAN : 978B00VYOYXLS
WW Norton & Co (02/04/2002)
5/5   2 notes
Résumé :
Traduction en anglais moderne, par le grand poète irlandais Seamus Heaney, du poème vieil-anglais de Beowulf, suivie d'essais critiques nombreux qui permettent de situer ce grand poème épique dans son contexte, le X°s anglais. On y retrouvera un essai de Tolkien, qui était le spécialiste du vieil anglais à Oxford.
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Le titre choisi par Babelio pour cette fiche met en avant le nom de Daniel Donoghue, éditeur du volume, alors que son principal intérêt est la traduction poétique proposée par le poète nord-irlandais Seamus Heaney, qui se sert de sa propre tradition orale et met son talent à reconstruire un vers à la mode anglo-saxonne ancienne : allitéré, rythmé subtilement par des répétitions de consonnes, des jeux d'accents toniques et de voyelles longues et brèves, qui font leur effet magique, même sur l'ignorant de toute prosodie anglaise. En revanche, à l'inverse de l'édition française de poche des Lettres Gothiques, le texte original en vieil-anglais ne figure pas ici. On trouvera une suite d'articles réunis sous le titre de "Contexts", qui permettent de situer ce poème du X°s dans la vie littéraire (intense) des contrées du nord de l'Europe (des versions de la Bible aux historiens du XII°s, en passant par l'histoire islandaise "Grettir le Fort et la Femme-troll"). Enfin, la troisième partie, "Criticism" contient non seulement une étude fine de l'oeuvre de Heaney, où cette traduction prend toute sa place, mais aussi le célèbre essai de Tolkien, professeur d'anglo-saxon à Oxford, issu d'une conférence donnée en 1936 : "Beowulf : The Monsters and the Critics". Tolkien commente Beowulf et bien sûr, s'auto-commente, comme le signale Vincent Ferré. Beowulf imprègne "Le Seigneur des Anneaux", et "Le Seigneur des Anneaux" actualise Beowulf et nous le rend présent. Pour une fois, une traduction poétique semble faire aussi bien, aussi fort, que l'original. Beowulf est d'une extrême actualité.
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Thomas D. Hill, Langage et thème chrétiens dans Beowulf.
Il faut mettre d'abord au clair le problème idéologique auquel sont confrontés le poète de Beowulf et tout Anglo-Saxon lettré de l'époque. Comme la plupart des peuples archaïques, les Anglo-Saxons étaient profondément conservateurs et vénéraient ce qui était ancien. Les preuves de cette tendance sont massives et omniprésentes. Les bonnes épées, dans Beowulf, sont inévitablement "vieilles" - dans l'idéal une épée est "l'oeuvre de Weland", le forgeron archétypal, le plus ancien et donc le meilleur. La conception anglo-saxonne et la définition légale de l'aristocratie et de la royauté, bien que parfois obscures, montrent qu'ils vénéraient les familles anciennes et que la lignée royale idéale devait remonter très loin dans le passé ... La littérature est délibérément archaïque et archaïsante...

Les chrétiens anglo-saxons, en revanche, devaient faire face à un problème ... : le simple fait irréfutable que le christianisme, et le leur en particulier, n'était pas ancien. (...) L'état anglo-saxon - le royaume lui-même (ou plutôt les divers royaumes) - avaient été fondés par des païens. Les rois gouvernaient en vertu de leur parenté revendiquée avec (le dieu) Woden... Les généalogies aristocratiques ... remontaient à un lointain passé. Et à l'époque de Bède (un milieu parfaitement imaginable pour la composition de Beowulf) aucun Anglo-Saxon ne pouvait revendiquer plus que trois ou quatre ancêtres chrétiens. (...)

J'imagine qu'un jeune guerrier anglo-saxon éduqué dans la légende héroïque germanique, dont les prétentions généalogiques remontaient loin dans le passé païen, dont la loi était la loi ancienne de son peuple depuis des temps immémoriaux, dont la patrie avait été conquise par des guerriers païens, qui portait sur lui d'anciens ornements païens, qui se défendait avec une épée ancienne prétendument fabriquée par Weland et certainement faite par des forgerons païens, dont le paysage était dominé par de magnifiques tertres funéraires où les grands hommes et femmes de sa race avaient été enterrés dans des splendeurs païennes, - cette personne avait donc de bonnes raisons de respecter l'héritage païen de son peuple, quelles que soient par ailleurs sa piété personnelle, sa vénération de l'église et des prêtres, des moines et des nonnes qui la servaient. Ce jeune (ou vieil) homme noble vivait un conflit culturel profond depuis que les autorités ecclésiastiques ... avaient refusé au paganisme la moindre légitimité religieuse et culturelle.

pp. 198-200
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II.

Lors il alla visiter, après que la nuit fut venue,
la haute maison, [pour voir] comment les Danois aux Anneaux[14]
après une absorption de bière l’avaient occupée.
Lors il trouva là-dedans une compagnie de nobles
assoupie après le banquet ; ils ne connaissaient pas le chagrin,
120misère[15] des hommes. L’être destructeur,
farouche et avide, fut bientôt prêt,
féroce et furieux, et sur le lieu de repos il prit
trente vassaux ; de là il s’en alla de nouveau,
content du pillage, pour rentrer au logis,
visiter son habitation avec cette orgie de carnage.
Lors à l’aube avec le point du jour
la force au combat de Grendel fut révélée aux hommes ;
lors après ce repas une lamentation fut élevée,
une grande clameur nationale. Le fameux souverain,
130le très excellent noble, était assis sans joie,
il endurait grande anxiété, il souffrait du chagrin des vassaux,
après qu’ils eurent observé la trace de l’odieux adversaire,
du maudit esprit ; cette anxiété était trop forte,
odieuse et prolongée. Il n’y eut pas un laps de temps plus long,
mais après une seule nuit [Grendel] perpétra de nouveau
plus de méchants meurtres et ne prit nul souci au sujet
de [sa] querelle et de [ses] actes criminels ; il y était trop décidé.

Lors il fut aisé à trouver, celui qui se
[chercha] ailleurs un lieu de repos plus éloigné,
140un lit dans les pièces [du palais], lorsque lui fut indiquée,
[et] dite en vérité par claire preuve,
la haine du vassal gardien de la grand’salle ; il se tint après cela
loin et plus en sûreté, celui qui échappa à l’ennemi.
Ainsi [le monstre] domina et lutta contre le droit,
seul contre tous, jusqu’à ce que se dressa vide
la meilleure des maisons. Le temps fut long ;
l’espace de douze hivers l’ami[16] des Scyldings
supporta l’insulte, toute sorte de maux,
de vastes chagrins ; car après cela ce devint
150connu sans secret aux enfants des mortels,
tristement par des chants, que Grendel luttait
de temps en temps contre Hrothgar, [lui] montrait inimitiés haineuses,
actes criminels et querelle pendant bien des semestres,
conflit continuel ; il ne voulait point par pitié
pour quelqu’un des hommes de la puissance des Danois
éloigner le mal mortel, accepter compensation pécuniaire,
et là aucun des conseillers n’osait s’attendre à
une brillante délivrance hors des paumes du destructeur.
L’être monstrueux terrible poursuivait,
160ténébreuse ombre de mort, vétérans et jeunes gens,
[les] enserrait et prenait au piège, il tenait nuit après nuit
les marais brumeux ; les hommes ne savent
où se glissent en leurs courses les sorciers infernaux.
Tant d’actes criminels, l’ennemi de la race humaine,
le terrible solitaire, les perpétra souvent,
de plus dures humiliations ; il habitait Héorot,
la salle ornée de trésors, par les nuits noires ;
il ne pouvait approcher du siège des dons[17],
objet précieux devant la Divinité, et ne connaissait pas l’amour divin[18].
170C’était une grande peine pour l’ami des Scyldings,
un brisement de cœur[19]. Maint puissant s’assit souvent
au conseil, ils délibérèrent sur le secours,
sur ce qui serait le mieux pour des [gens] au cœur fort
à exécuter contre ces terreurs soudaines.
De temps à autre ils promettaient aux sanctuaires d’idoles
des sacrifices guerriers, ils priaient à haute voix[20]
que le destructeur d’esprit leur vint en aide

contre la misère nationale. Telle était leur coutume,
l’espoir des païens ; ils se rappelaient l’enfer
180en leur esprit, ils ne savaient pas la Divinité,
le Juge des actes, ils ne connaissaient pas le Seigneur Dieu,
vraiment ils ne savaient pas adorer[21] le Protecteur des cieux,
le Gouverneur de gloire. Malheur est à qui doit
par dépit sauvage précipiter [son] âme
au sein du feu, ne pas s’attendre à consolation,
ni aucunement changer ; il est bien à qui peut
après le jour de la mort aller trouver le Seigneur
et au sein du Père rechercher la paix.
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III.

Ainsi donc le rejeton de Healfdene méditait
190des soucis du moment incessants ; le héros circonspect ne pouvait
détourner le mal ; cette anxiété était trop véhémente,
odieuse et prolongée, qui était survenue à la nation,
affreuse ruine méchamment cruelle, le pire des maux de la nuit.
Cela, un vassal d’Hygelac l’ouït dire au logis,
[héros] excellent parmi les Géates, [à savoir] les actes de Grendel ;
il était le plus vigoureux de la race humaine par la puissance
en ce jour de cette vie,
noble et considérable. Il commanda qu’on lui préparât
[son] excellent [vaisseau] voyageant sur les vagues ; il déclara qu’il voulait,
200lui, roi guerrier, aller trouver par-delà le chemin des cygnes
le fameux souverain, lorsqu’il avait besoin d’hommes.
Cette expédition, les gens circonspects la
blâmèrent peu en lui, quoiqu’il leur fût cher ;
ils encouragèrent le vaillant d’esprit, observèrent les présages.
L’excellent Géate avait choisi dans la nation
des champions, les plus audacieux de ceux
qu’il put trouver ; lui le quinzième[22]
se rendit au bois marin [navire] ; un pilote indiqua,
homme habile sur mer, les points de repère terrestres.
210Un laps de temps s’écoula ; la barque était sur les vagues,
le bateau sous la colline. Les guerriers équipés
montèrent sur la proue ; les courants roulèrent
l’eau du détroit contre le sable ; les gens portèrent
au sein du navire de brillantes armures décorées,
un splendide attirail de combat ; les hommes poussèrent au large
les soldats, dans leur voyage spontané, le bois assemblé[23].

Lors elle alla sur l’eau agitée, sous l’impulsion du vent,
la barque au cou écumeux très semblable à un oiseau,
jusqu’à ce que vers le même moment du second jour
220le [navire] à proue recourbée se fût avancé
au point que les passagers virent la terre ferme,
[virent] luire la falaise marine, les collines escarpées,
les larges promontoires ; lors le détroit était passé
au bout de la plaine liquide. De là rapidement
la gent des Weders monta sur la plaine ;
ils attachèrent le bois de mer[24] ; les cottes d'armes retentirent,
les vêtements de combat ; ils remercièrent Dieu
de ce que les routes des vagues leur furent aisées.
Lors du rempart le veilleur des Scyldings,
230lui qui devait garder la falaise côtière[25],
vit porter par-dessus les passavants des écus brillants,
un attirail militaire préparé ; la curiosité le tenailla
en [ses] pensées [pour savoir] ce qu’étaient ces hommes.
Lors il alla chevaucher sur [sa] monture vers le rivage,
le vassal de Hrothgar, il brandissait fortement
un puissant bois [de javelot] dans [sa] droite, en parole parlementaires il demanda :
« Qui êtes-vous avec cet attirail d’armures,
protégés par des cottes de mailles, qui ainsi êtes venus
par delà les voies du large amener une embarcation élevée
240[à proue couverte d’anneaux[26]] ici par-delà les eaux ?
J’ai été garde-côte, j’ai exercé la garde du littoral,
pour que sur la terre ferme des Danois aucun adversaire odieux
ne pût [nous] nuire avec une armée sur vaisseaux.
Jamais ici porteurs d’écus en tilleul n’ont essayé
de venir plus ouvertement ; et vous ne connaissiez pas
du tout le mot de passe des combattants,
la convention de [nos] parents. Je ne vis jamais sur terre
comte plus considérable que ne l’est l’un de vous,
homme en attirail guerrier ; ce n’est pas un simple partisan
250orné d’armes, à moins que son visage ne le démente,
[son] aspect unique. Maintenant je dois
connaître votre origine, avant que plus loin d’ici,
faux espions, vous ne vous portiez plus avant
sur la terre ferme des Danois. Maintenant, étrangers lointains,
voyageurs de l’onde, écoutez mon
simple avis ; la hâte est le mieux
pour faire connaître d’où vous êtes venus ».
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(Tolkien) "Beowulf : les monstres et les critiques".
Beowulf n'est donc pas le héros d'un lai héroïque, justement. Il ne souffre pas de loyautés contradictoires ou d'amour capricieux. Il est un homme, et ceci est une tragédie suffisante, pour lui et pour beaucoup d'autres. Ce n'est pas par un hasard agaçant que le ton du poème soit si élevé et le thème si humble. C'est le sérieux mortel du thème qui engendre la dignité du ton : "Lif is laene : eal scaeceth leoht and lif somod" (la vie est transitoire : toute lumière, et la vie avec elle, s'en vont en même temps). Cette pensée sous-jacente est si mortelle et inéluctable, que ceux qui, dans le cercle de lumière, dans le château assiégé, s'occupent à travailler, à parler, sans regarder les remparts, ou n'y prêtent pas attention, ou bien reculent. La mort vient au festin, et ils disent "Il bafouille, il n'a aucun sens de la proportion".

p. 115
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I.

Lors dans les bourgs Beowulf [de la race] des Scyldings
fut, cher roi de la nation, pour un long temps
renommé parmi les preux ([son] père était parti ailleurs[7],
le prince, loin de [sa] résidence), jusqu’à ce qu’ensuite s’éveilla[8] pour lui
le grand Healfdene ; il dirigea, tant qu’il vécut,

vieux et formidable en la mêlée, les gracieux Scyldings.
A celui-ci quatre enfants comptés successivement
60s’éveillèrent[9] au monde, conducteurs de troupes,
Heorogar, et Hrothgar et Halga le brave ;
j’ai entendu qu’Elan fut la femme [d’Ongentheow],
la compagne chérie du Scylfing guerrier.
Lors à Hrothgar fut donné le succès militaire,
l’honneur à la guerre, en sorte que ses parents amis
l’écoutaient[10] volontiers, jusqu’à ce que la jeunesse vaillante s’accrût,
une grande compagnie apparentée. Il lui vint à l’esprit
qu’il voudrait ordonner à ses hommes
de construire un palais, une grand’salle d’hydromel, [plus grande]
70que jamais les enfants du siècle n’en ouïrent [parler],
et distribuer là-dedans aux jeunes
et aux vieux tout ce que Dieu lui avait remis,
sauf la propriété du peuple et les existences d'hommes.
Lors j’ai ouï dire de tous côtés que l’ouvrage fut commandé
à mainte tribu dans cet enclos du milieu [la terre]
pour orner la chambre du peuple. Il arriva, après un laps de temps,
rapidement parmi les mortels, que tout cela fut prêt pour lui,
la plus ample des salles de palais ; il créa pour elle le nom de Héorot[11],
lui qui avait un pouvoir [s’étendant] au loin par sa parole.
80Il promit et ne mentit pas, il distribua des bagues,
un trésor au banquet. La salle s’éleva
haute et à pignons en corne écartés ; elle attendit les tourbillons hostiles
de la flamme ennemie. Ce ne fut pas longtemps ensuite
que la haine aux épées tranchantes entre beau-père et gendre
dut s’éveiller après une attaque meurtrière.
Lors le puissant esprit[12] endura avec peine
pendant un temps, lui qui demeurait dans les ténèbres,
que chaque jour il entendit la joie
bruyante dans la grand’salle ; il y avait le son de la harpe,
90le clair chant du ménestrel. Il disait, lui qui savait
narrer de loin l’origine des humains,
il déclarait que le Tout-Puissant façonna la terre,
la plaine au bel éclat, que l’eau enveloppe ;
avec une joie victorieuse Il mit les rayons du soleil
et de la lune comme lumière pour les habitants du pays,
et orna les espaces de la campagne
de branches et de feuilles ; Il créa aussi la vie

pour chacune des races qui se meuvent animées.
Ainsi les vaillants vécurent là en joie
100avec bonheur, jusqu’à ce qu’un certain
antagoniste d’enfer commença à faire des actes criminels.
Le farouche étranger était nommé Grendel,
fameux hanteur de la marche, qui tenait les marais,
le bourbier et la forteresse naturelle ; [cette] résidence de la race monstrueuse,
une créature infortunée l’habita quelque temps,
depuis que le Créateur les avait bannis.
Sur la race de Caïn l’éternel Seigneur vengea
l’assassinat, parce qu’il frappa et tua Abel.
Il ne se réjouit pas de cette querelle, mais Elle le chassa,
110la Divinité, pour ce crime, loin de la race des hommes.
De là s’éveillèrent[13] toutes les mauvaises progénitures,
les monstres terrestres et les elfes et les monstres marins,
ainsi que les géants, qui luttèrent contre Dieu
pendant un long temps ; Il leur en alloua récompense.
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