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sur 5469 notes
Comme souvent avec la littérature russe classique, le début de ce roman est très déroutant. Déjà, il faut s'y retrouver avec leurs multiples noms, prénoms, surnoms et j'en passe, ensuite l'alternance entre action et introspection est inhabituelle, enfin les situations sont parfois loufoques, ubuesques, voire incompréhensibles.
Bref, les 100 premières pages ne m'ont pas convaincue…
Mais j'ai persévéré ! Et bien m'en a pris, car c'est vraiment une oeuvre à découvrir. Tout repose sur la notion de culpabilité. Raskolnikov a bel et bien tué, presque sans raison, du moins sans résultat probant sur sa vie, si ce n'est de la hanter jusqu'à la folie. Ajoutons à cela sa soeur qui doit se marier (mariage qu'il désapprouve), sa situation financière catastrophique (il a fini ses études et ne fait rien), ses amis pas toujours très fréquentables, son mental fragile, et c'est tout l'âme russe qui est condensée dans cette histoire.
Finalement, j'ai tourné les pages avec intérêt, voire passion par moments ! Remarquable à tous points de vue, ce roman est tout sauf manichéen, il est aussi torturé que l'âme humaine, très fort et dérangeant.
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Après plus d'un mois de lecture, interrompu par quelques courts romans, je vous présente ENFIN ce livre. C'est un projet qui me tenait à coeur depuis très longtemps mais j'ai toujours été effrayée par cet oeuvre de Dostoïevski.
C'est un ouvrage très dense mais très profond. L'auteur est un génie car il arrive à exploiter chacun de ces personnages jusqu'au bout. La psychologie de chacun est finement étudiée, ciselée pour donner un rendu tellement réaliste, si bien qu'on a parfois du mal à distinguer la fiction de la réalité. Lorsque je lisais le livre j'avais l'impression de plonger dans un autre univers et d'être parmi Raskolnikov, Porphyre, Razoumikhine, Sonia, les Marmeladov etc. Contrairement à Tolstoï qui mène son intrigue dans les milieux aristocratiques, Dostoïevski lui s'attache aux gens du peuple, aux laissés pour compte par la société : des étudiants pauvres, des ivrognes, des fonctionnaires ou des prostituées. Nous sommes loin des fastes de la noblesse pour nous plonger dans un quartier sordide de Saint-Pétersbourg.
Deux grands thèmes sont abordés par l'auteur. le premier est la psychologie du meurtre et de la culpabilité: ici, Raskolnikov tue pour voler mais aussi parce qu'il est poussé par une considération philosophique. A-t-on le droit de tuer quelqu'un, surtout si cette personne est un « pou », une nuisance qui n'apporte que du malheur ? En effet, ce meurtre serait un soulagement pour l'ensemble de la société et contribuerait ensuite à améliorer les choses. Il aborde ce thème original par l'intermédiaire de Raskolnikov : ce dernier commet le meurtre mais des sentiments qu'il n'attendait pas viennent ensuite le tarauder et le faire douter. La réponse à cette question (droit au meurtre ?) reste ambiguë dans le livre. L'auteur ne tranche pas explicitement mais j'ai compris que non, il n'y a pas de légitimité au meurtre même pour des hommes extraordinaires et pour « le plus grand bien de tous ».
Le second thème reste en retrait mais il est indirectement omniprésent. Car ce qui fait le malheur de tous ces protagonistes est l'argent, fléau de la société moderne. Raskolnikov tue par nécessité, Sonia se prostitue pour subvenir aux besoins de sa famille, Marmeladov est entraîné dans la spirale de l'alcoolisme à cause du manque d'argent, Svidrigailov profite de la fortune de sa défunte épouse pour tenter d'épouser une jeune fille de seize ans…
Le style d'écriture est tout simplement sublime. Il est limpide, riche, plein de poésie et de profondeur, de dialogues entrecoupées par des descriptions claires tout en restant concises. Parfois, il y a quelques longueurs dans les dialogues : certaines m'ont paru un peu floues, un peu incompréhensibles mais magnifiquement écrits quand même. L'auteur joue avec les mots comme un pianiste avec les notes, il crée une mélodie, un style unique et inégalable.
C'est un vrai chef d'oeuvre, un livre intemporel ! A lire : je dirais OOOOUIIII pour les amoureux de la littérature russe.
Lien : http://leslecturesdehanta.co..
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Raskolnikov est un étudiant en droit, obligé de renoncer à ses études par manque d'argent. Ne supportant pas sa pauvreté, il se coupe progressivement du monde et broie du noir seul dans sa chambre. Il élabore une théorie qui divise le monde en deux, le «troupeau» et les grands hommes, à qui tous les crimes doivent être pardonnés s'ils s'avèrent nécessaires à l'accomplissement de leur destin.

Raskolnikov s'estime digne de la seconde catégorie. Cette idée l'obsède et il finit par mettre au point un assassinat pour se prouver qu'il est tout à fait capable de tuer quand cela s'avère nécessaire. Son choix se porte sur son usurière, qu'il tue à coups de hache. Il est surpris par la soeur de la victime, qu'il doit tuer de la même manière, bien qu'il avait justement le projet de la libérer de l'emprise de l'usurière.

Le passage des idées abstraites à la réalité est douloureux pour le jeune homme. Il est tourmenté par le remord, par l'idée qu'il n'est décidément pas un grand homme, et par la paranoïa : en effet, le juge chargé de l'affaire le soupçonne du meurtre et joue avec ses nerfs. La santé mentale de Raskolnikov se dégrade peu à peu.

Ce roman m'a vraiment fasciné. Dostoïevski décrit avec précision la psychologie de ses personnages, et nous fait ressentir les tensions insoutenables qui agitent le héros. Outre les thèmes de la culpabilité et de la rédemption, traités de manière magistrale, le roman nous plonge dans les quartiers pauvres de la société russe. Crime et Châtiment est un chef-d'oeuvre à découvrir absolument !
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"-Frère, Frère, que dis-tu ? Mais tu as versé le sang ! (…)
-Et bien, quoi ! Tout le monde le verse, (…) il a toujours coulé à flots sur la terre ; les gens qui le répandent comme du champagne montent ensuite au Capitole et sont proclamés bienfaiteurs de l'humanité. (p716)"

Saint Pétersbourg – Milieu du 19ème siècle : Rodia Raskolnikov (je vous donne la forme courte des noms des personnages) est un jeune homme de 23 ans qui vient d'arrêter ses études par manque d'argent. Il se ressent comme un être supérieur et décide de perpétrer un crime parfait sur la personne d'une vieille et horrible femme prêteuse sur gage à laquelle il fait souvent appel, crime comme une sorte de punition ou justice mortelle vis-à-vis de ceux qui, comme elle, abusent de la pauvreté des autres. Mais il n'y aura pas une victime mais deux car la soeur de celle-ci s'est retrouvée au mauvais endroit au mauvais moment.

"Qu'on la tue, et qu'on fasse ensuite servir sa fortune au bien de l'humanité, crois-tu que le crime, si crime il y a, ne sera pas largement compensé par des milliers de bonnes actions ? Pour une seule vie – des milliers de vies arrachées à leur perte : pour une personne supprimée, cent personnes rendues à l'existence, – mais voyons, c'est une question d'arithmétique ! Et que pèse dans les balances sociales la vie d'une vieille femme cacochyme, bête et méchante ? Pas plus que la vie d'un pour ou d'une blatte : je dirai meme moins, car cette vieille est une créature malfaisante, un fléau pour ses semblables. (p93)"

Mais une fois le crime accompli et après s'être débarrassé de l'argent et objets de valeur qu'il a trouvés chez l'usurière (l'argent, malgré sa condition, n'étant pas le but final) sa conscience le torture. A-t-il eu raison d'agir ainsi, va-t-il être découvert, doit-il se dénoncer ? La culpabilité le ronge moralement et physiquement et il cherche même à être découvert pour abréger ses souffrances allant jusqu'à envisager d'avouer son crime. Rodia apparaît comme un être fier et orgueilleux, vivant aux crochets de sa mère (veuve) qui n'hésite pas à se sacrifier pour son fils acceptant même un mariage pour sa fille, Doumia, mariage devant arranger les finances de toute la famille qui va se retrouver à Saint Pétersbourg où vont se tisser les cas de conscience pour certains, pour d'autres s choix à faire mais aussi l'enquête sur les meurtres, crises de folie, prostitution, misère, histoires d'amour et d'amitié et là je vous fais une version courte car il s'agit d'un roman complexe non seulement dans la multitudes personnages (et de leurs noms à rallonge) mais également dans les thèmes abordés et les rebondissements.

Rodia est-il sensé, intelligent ou fou ? Tout au long du roman le héros lui-même s'interroge (mais il ne doute souvent guère de sa supériorité et c'est plus les autres qui doutent de sa santé mentale et le font douter) mais nous sommes également plongés dans un roman social avec la grande misère du peuple russe où les hommes s'enivrent pour oublier la pauvreté et où les femmes sont parfois amener à se marier ou se prostituer pour survivre, n'ayant que leurs corps à monnayer ou meurent de phtisie.

A de nombreuses reprises j'ai retrouvé les thèmes traités par Victor Hugo dans Les Misérables (qui m'attend toujours) comme la pauvreté de Fantine réduite à la prostitution dans le personnage de Sonia, le policier Javert qui poursuit Jean Valjean et que l'on retrouve ici sous les traits du juge d'instruction Petrovitch, convaincu de la culpabilité de Raskolnikov et le poussant sadiquement dans ses retranchements afin de le faire avouer son crime.

Raskolnikov a malgré tout un ami fidèle en la personne de Razoumikhine qui se tiendra à ses côtés, le soutiendra et le maintiendra en vie durant ses délires et finira par tomber amoureux de la soeur de celui-ci. Il y a toute une galerie de personnages, du plus perfide, intéressé voire harceleur, jusqu'aux femmes, qui sont le plus souvent des saintes comme la mère et la soeur du héros, se sacrifiant pour lui ou Sonia, la prostituée se sacrifiant pour sa belle-mère et sa progéniture mais leurs présences ne sont qu' »accessoires » car moins fouillées ou approfondies par rapport aux personnages masculins qui tiennent le devant de la scène.

Il y a le temps du crime puis celui du châtiment : se punir soi-même, être puni par la justice des hommes ou celle de Dieu auquel Raskolnikov ne croit d'ailleurs pas ou finalement le châtiment n'intervient-il pas dès le crime commis avec la torture cérébrale qui s'impose au personnage. Lui seul connait son méfait et finalement ne maîtrise pas sa conscience qui sera sa principale ennemie et son bras vengeur.

Quelle oeuvre, quel roman je dirai presque quel délire ! car il s'agit bien d'un roman où la psychologie est le socle du récit. Raskolnikov est un être torturé et tortueux : il se questionne à tout moment, il feint la maladie ou la subit (on ne sait trop par moments ce qu'il en est réellement), il hésite, il flanche puis se reprend, il se croit fort mais apparaît comme lâche, il se croit fou ou supérieur à la l'humanité et d'ailleurs pourquoi se sentirait-il coupable alors que de grands personnages, tel Napoléon, sont responsables de tueries en toute impunité ? Mais il aborde également d'autres thèmes comme la politique (socialisme), la justice et la culpabilité, les conditions misérables de l'époque, l'auteur s'attachant souvent dans la description des lieux de vie, des hardes des personnages et de la famine en oubliant jamais la trame romanesque (surtout dans la dernière partie). Il plante le décor, il décrit ses personnages physiquement, moralement en nous plongeant dans leur inconscient, ne nous laissant aucun moment de répit.

Je ne vous cache pas que les nombreuses divagations de Raskolnikov et surtout leurs répétitions m'ont paru parfois longues et répétitives mais au final elles montrent parfaitement l'état mental du personnage, frôlant ou entrant dans une folie meurtrière, culpabilisant ou se justifiant, argumentant, prenant la décision d'avouer son crime puis se rétractant etc… Il y a un souffle romanesque indéniable se mêlant à des questionnements qui m'on paru à de nombreuses reprises encore d'actualité ou prémonitoires :

"C'était l'occasion ou jamais de mettre en avant la théorie moderne de l'aliénation temporaire, théorie à l'aide de laquelle on cherche si souvent aujourd'hui à expliquer les actes de certains malfaiteurs. (p740)"

C'est une lecture exigeante mais je suis heureuse d'avoir tenu bon, d'avoir suivi les méandres et circonvolutions du cerveau du héros et ne suis pas encore capable de savoir s'il est supérieurement intelligent ou fou ou finalement un peu des deux. J'ai trouvé la dernière partie axée sur la décision prise par Rodia, son châtiment et la manière dont il le vit plutôt écourtée et nettement moins approfondie que le reste. L'âme humaine est bien complexe et ce roman en est la démonstration magistrale…..

Il y a parfois des coïncidences dans nos lectures. J'ai lu, il y a quelques jours Crime de Meyer Levin et tout au long de ma lecture je n'ai pu m'empêcher de penser que Meyer Levin avait dû s'inspirer de Crime et châtiment pour son roman…..

Paru en 1866 le roman rencontra dès sa sortie le succès.

J'ai beaucoup aimé et si je n'avais pas trouvé parfois des longueurs il aurait été un coup de coeur.
Lien : http://mumudanslebocage.word..
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J'avais lu pour la première fois cette oeuvre à 16 ans. J'en avais gardé le souvenir de quelque chose de grand.

Ma seconde lecture, ces jours-ci, m'a d'abord surprise. Les trois cent premières pages m'ont semblé délayées, phraseuses, pleines de personnages brouillons, voire inutiles, de bavardages décousus, de lieux-communs.

Comment est-ce possible ?

Mais, soudain, vers la fin de la première partie s'amorce une rapide montée en puissance : les personnages prennent une densité remarquable, les filets tendus se resserrent ; les dialogues se font plus précis, plus concentrés ; le questionnement social, philosophique, religieux, s'étoffe, s'élève. Tout se tient : les faits, les gestes, les raisonnements, les caractères, les idées, en une rare virtuosité qui donne le vertige. Tous les couloirs mènent à un autre couloir, toutes les chambres à une autre chambre, tous les tiroirs à un tiroir secret.

C'est de plus en plus beau, ça coupe le souffle.

Les dernières pages dépassent tout, ou du moins beaucoup de choses : on peux en nourrir longtemps sa réflexion.

Toute une vie ?

Crime et Châtiment : le livre de la rédemption.
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Le bonheur de lire un chef d'oeuvre de près de 1000 pages. Et il n'y a aucune ironie quand je dis ça.

Fin du 19 eme siècle, Saint Petersbourg, Rodion Raskolnikov est un ancien étudiant tombé dans la pauvreté, qui doit vendre ses biens à une vieille usurière pour survivre.

Son esprit torturé et sa conception du crime le convainquent de tuer cette vieille femme, qui « pratique des taux de juifs, est mauvaise et dévore son prochain, tourmente et exploite sa propre soeur cadette ».

Après le(s) crime(s), Raskolnikov est atteint d'une violente fièvre et divague. Il devient paranoïaque. Il faudra atteindre la dernière partie pour que la quatrième de couverture s'avère véridique : la torture mentale est trop forte, son corps et son esprit sont à bout, il ne peut plus vivre avec ce qu'il a fait, Rodion se dénonce et purge son châtiment au bagne en Sibérie.

Mais son vrai châtiment n'est pas le bagne. Il ne sera jamais un grand homme avec ce qu'il a fait. Peut-il encore racheter sa rédemption et son humanité ?

Un roman magnifique que j'ai dévoré. J'ai eu la chance de le lire pendant mes vacances d'été et ai pu lui consacrer le temps nécessaire. Il m'a ainsi paru facile d'accès malgré la multitude de personnages et l'utilisation constante de diminutifs. Mais Ce roman, c'est aussi un marathon dont on sort épuisée mais fière. Mais épuisée. Mais fière !
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Sacré bouquin! Une histoire qui vous retourne dans tous les sens, vous fait réfléchir et ne cesse de vous mettre en position de juger le héros et ses actes sans vraiment savoir si vous le soutenez ou si vous le trouvez haïssable. La toile de fond est réellement marquante. Chaque personnage apporte de la profondeur au thème. Quel grand roman.
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Pendant quelques années, Crime et châtiment a fait partie de ces livres que je souhaitais lire mais que je n'osais pas ouvrir, non pas parce qu'il s'agit là d'une « grosse brique », mais parce que je pensais être encore trop jeune pour le découvrir, avec le risque de ne plus vouloir le relire plus tard (ce qui m'est arrivé avec d'autres oeuvres lues trop tôt et dans lesquelles je n'ai toujours pas envie de replonger). C'est finalement un des plus gros coup de coeur de cette année 2014 et que je n'oublierai pas de sitôt ! Si ce livre vous fait peur, n'hésitez plus. Plongez-vous dedans, car il est d'une beauté extraordinaire. L'écriture de Dostoïevski est une pure merveille qui fait atteindre le sublime à des scènes comme celle du crime qui est absolument extraordinaire. A partir de ce moment, j'avais à la fois constamment envie de continuer de lire et de découvrir la suite, et pourtant j'avais peur de ce que j'allais justement découvrir. On s'identifie à ce Raskolnikov, ce criminel qui finit par devenir paranoïaque et fou, et on a envie qu'il échappe à la justice. On lui pardonne en partie son crime, car sa route finit par croiser celle de personnages coupables eux aussi et antipathiques. Raskolnikov est aussi un personnage très creusé psychologiquement et le miroir des opinions de Dostoïevski sur l'existence, la morale et la souffrance. Autour de lui gravitent d'autres personnages eux aussi plus incroyables les uns que les autres, bien que parfois un tantinet caricaturaux. C'est notamment le cas de Dounia, la soeur de Raskolnikov, un peu trop pure à mon goût et dont on retrouve ce type de personnage dans de nombreux romans du XIXème (c'est aussi peut-être ce qui fait leur charme?). Néanmoins, Crime et châtiment me « rabiboche » avec la littérature russe que j'avais évité après une première tentative avec Anna Karenine et me donne envie de découvrir le reste de l'oeuvre de Dostoïevski. Son livre est véritablement un chef d'oeuvre que je ne peux que vous inciter à découvrir et qui fait partie de ces oeuvres à lire au moins une fois dans sa vie.
Lien : http://papierencre.wordpress..
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Comme beaucoup de lecteurs, je m'identifie à Rodion Romanovitch Raskolnikov : je suis souvent animée par le désespoir, fréquemment sujette aux évanouissements, parfois animée par des illusions de grandeur et, surtout, perpétuellement à court d'argent. Heureusement pour moi, la comparaison s'arrête ici, pile là où les problèmes de Raskolnikov (à savoir, un double assassinat à la hache) commencent.

Difficile de trouver de nouvelles choses à dire au sujet de Crimes et Châtiments. le roman est tragique, mais aussi amusant parfois, notamment grâce à ses dialogues incroyablement vivants ; la ville et la vie sont sinistres, et occasionnellement frappées par la grâce ; les personnages sont mal-intentionnés, pour la plupart, quand d'autres font preuve d'une imperturbable douceur, d'un dévouement sans équivoque.

Religion, culpabilité, rédemption, existentialisme : si le roman s'attaque aux grandes thématiques métaphysiques, il emprunte aussi parfois la structure inattendue du roman policier, et ne s'embarrasse jamais d'un style trop ampoulé qui rendrait la réflexion peut-être un peu trop complexe pour les lecteurs les moins rôdés. A ce titre, tout lecteur peut trouver son compte dans cet ouvrage exceptionnel.
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Entrer dans la folie sociale de la préfiguration de ce que serait la suite de l'histoire;
entrer dans la folie d'un étudiant,
tuer avec lui une vieille usurière,
passer du péteux soupirant d'une soeur pleine de charme
à un juge d'instruction qui s'appelle Porphyre
justifier son droit d'homme supérieur à décider de la vie (et surtout de la mort) des autres,
faire son chemin de croix,
trouver la rédemption
en passant par une Sonia aux moeurs dissolues,
et par le pénitencier
servir de trame à un avocat pour un plaidoyer contre la peine de mort - ce n'est pas le même livre…

C'est tout simple d'écrire Crime et châtiment



La liturgie de Saint Jean Chrysostome
De Tchaïkovski, de Rachmaninov ou traditionnelle
Elles sont toutes belles en accord avec les hésitations et les remords de Raskolnikov accompagneront les réflexions de Fédor

Bien sûr un seul endroit possible pour le lire, la prison…
Nous ne le recommandons pas nécessairement, mais c'est le seul endroit pour comprendre ce que signifient ces mots: il n'a jamais parlé avec eux de dieu ou de religion, et pourtant ils veulent le tuer comme impie.
Un thé que l'on tient au chaud dans un samovar de fortune, réchauffé avec un toto bricolé dans la cellule maintiendra notre esprit éveillé.

Lien : http://holophernes.over-blog..
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