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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Mai 68: la contestation paralyse le pays. Les nantis ont la frousse...

Autour du jeune Modiano, fêté et primé pour son succès de librairie (La place de l'étoile), la fine fleur parisienne (et plutôt décatie) de la littérature se presse pour un déjeuner annuel dans les salons feutrés de l'hôtel Meurice.

Mais les temps sont difficiles, beaucoup de convives ont décliné l'invitation, le palace est en état d'insurrection, occupé par le personnel qui néanmoins travaille (non sans avoir mis le directeur au piquet dans son bureau), les apprivoisements sont chaotiques et l'ocelot de Salvador Dali s'est perdu dans les couloirs...

J'ai dégusté cette fantaisie littéraire, j'en ai goûté l'ironie et l'acidité. Les fans de Patrick Modiano s'amuseront de le retrouver jeune homme au succès débutant, indécrottablement taiseux et timide. L'envers du décor d'un grand hôtel parisien est savoureux, mettant en perspective luxe et révolution prolétaire.

Et le meilleur de cette pantalonnade est de voir la mise en pratique de l'égalité sociale et de l'autogestion, jusque dans les décisions urgentes à prendre dans les moments de tension.
C'est là que le bât blesse et qu'un bon nombre se satisfait alors d'avoir un patron pour gérer les crises.

Bien jolie lecture
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Merci au site Net Galley et aux éditions Grasset de m'avoir permis de découvrir ce roman en avant première :)
J'en suis d'autant plus ravie que j'ai eu un vrai coup de coeur pour ce roman, une petite pépite de la rentrée littéraire :)
Nous sommes en mai 1968, plus précisément le 22 mai, la France est en grève, paralysée par tous les corps de métier.
Mais à l'hôtel Meurice se tient le prix littéraire Roger Nimier qui doit couronner un jeune auteur : Patrick Modiano.
Seulement c'est aussi le jour où les employés ont décidés que l'hôtel serait autogéré par le personnel.
S'en suit une journée étrange, pour notre plus grand plaisir à nous lecteurs :)
J'ai aimé tous les personnages, nous avons là une galerie haute en couleur, de l'employé à la milliardaire. J'ignorais que Salvador Sali avait un ocelot, que j'ai découvert ici et qui va avoir son rôle à jouer dans cette folle journée ;) Je ne connaissais pas non plus la milliardaire Florence Gould dont le portrait est excellent.
C'est bien écrit, mordant, drôle et vraiment je me suis régalée.
Je ne me suis pas ennuyée une seconde, et j'ai pris plaisir à dévorer le déjeuner des barricades.
C'est un immense plaisir que je mets cinq étoiles, et que je vous invite à le lire à votre tour :)
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Du début à la fin, joliment tournée, ce roman historique de Pauline Dreyfus m'a enchantée. Les événements de mai 1968 à Paris vus de l'intérieur et pas n'importe lequel, celui de l'hôtel réputé le Meurice. Les bouleversements sociaux de ce printemps s'insinuent aussi dans cette atmosphère feutrée et richissime; clients et personnel devront cohabiter pour le meilleur et pour le pire en attendant que la vague anarchiste passe. L'auteure nous livre un bijou finement ciselé, à l'écriture recherchée et dont l'intérêt ne faiblit jamais jusqu'à la fin, un clin d'oeil à un roman de Patrick Modiano, dont la présence constitue un pivot dans le roman.
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Époustouflant !

A plusieurs reprises, j'ai commencé de rédiger mon appréciation et, finalement, j'y renonce !
J'ai tout aimé dans ce récit, le style d'écriture, l'originalité de l'histoire, le vocabulaire choisi, tous les personnages, attachants, singuliers... et, cerise sur le gâteau, Françoise Hardy deux fois citée !

A quand le film ?
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A l'hôtel Meurice, palace parisien, se prépare le déjeuner du prix Roger Nimier, attribué à Patrick Modiano. Ce prix est remis par Florence Gould, qui loge à cet hôtel. Déjeuner royal et invités célèbres en perspective ... oui, mais nous sommes au printemps 1968, et même le personnel du palace a décidé de se mettre en autogestion !
Un petit bijou de roman, une galerie de portraits intimistes qui va de la milliardaire au petit personnel ...
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Mai 68. La révolte estudiantine fait rage. Plus d'essence, plus de courant. Et voilà que l'émeute atteint l'atmosphère feutrée du Meurice. le directeur est destitué. Roland, le maître d'hôtel et Lucien, le concierge, veulent chacun l'emporter sur l'autre. Mais il ne faut pas que les événements perturbent le déjeuner littéraire mensuel de Florence Gould au cours duquel un jeune auteur inconnu doit recevoir le prestigieux Prix Nimier.
Un livre qui parle de littérature, bien entendu, il est fait pour moi. C'est la raison qui m'a poussée vers ce roman de Pauline Dreyfus. Ni pour mai 68, ni pour l'hôtel Meurice, ce palace dans lequel je n'aurai jamais l'occasion de mettre les pieds et que, avant ma lecture, j'aurais été bien incapable de localiser.
J'ai été charmée par la plume alerte et l'humour de l'auteure. Elle sait tout aussi bien croquer une caricature féroce des « grands de ce monde », tels Florence Gould qui, ne sachant comment dépenser ses millions, trouve chic d'organiser tous les mois au Meurice où, excusez du peu, elle loge à l'année, un déjeuner littéraire. Non qu'elle apprécie particulièrement la littérature. Elle n'aime pas lire, donc, elle ne sait ni qui sont les auteurs invités, ni de quoi traite leur oeuvre. Elle aime ses habitudes, donc le menu est toujours identique, malheureusement pour les invités. Et, comme elle s'ennuie, elle se noie dans l'alcool. En ce joli mois de mai, son ami, Paul Getty, effrayé par les émeutes qui font trembler la capitale, vient se réfugier près d'elle. Las ! Ne voilà-t-il pas que le personnel du Meurice lui-même décide de rejoindre le mouvement. Non en grimpant sur les barricades ou en se mettant en grève, il ne faut pas exagérer. Pas question de ternir la réputation de « leur » hôtel. Mais pourquoi ne pas tenter l'autogestion ? On ne va pas séquestrer le directeur, tout de même . Cela n'est pas digne de leur standing. On se contentera de le mettre à l'écart. Sauf si on a besoin de lui pour régler un problème. C'est-à-dire tout le temps !
Tel un nabab de l'ancien monde, le directeur se fait suivre partout comme d'un toutou par son stagiaire, chargé de trimballer la radio grâce à laquelle le patron déchu peut suivre l'évolution des événements. On l'entend donc crier sans cesse « Hubert, transistor ! » comme les nobles de l'ancien régime devaient sonner leur valet. Mais personne n'éprouve la moindre pitié pour ce pistonné, petit-fils du propriétaire.
En revanche, tout le monde éprouve une grande tendresse pour Aristide Aubuisson, ce modeste notaire de province qui n'aurait jamais pu goûter au luxe d'un établissement de standing, si le verdict n'était tombé, tel un couperet : cancer en phase terminale. Pourquoi se priver, dès lors ? Il décide de s'octroyer, pour ses derniers jours, un peu de cette grande vie à laquelle il n'a pas eu droit. Pas de chance pour lui, tout est fermé et le voilà confiné dans sa chambre. le personnel est aux petits soins pour lui et, puisque presque tous les amis de Mme Gould se sont décommandés, Roland s'arrange pour faire inviter Aristide, histoire de lui offrir quand même une ultime distraction. Contrairement à ces snobs qui n'ont aucune idée de l'auteur qui va se voir récompensé, Aristide, lui, se débrouille pour dénicher le roman du lauréat et le lire au plus vite, histoire de pouvoir en discuter avec l'homme de lettres, car « on ne part pas à la rencontre d'un artiste sans avoir auparavant fréquenté son oeuvre. »
Pauline Dreyfus ménage savamment le suspense. Elle ne livre pas tout de suite le nom du gagnant. « D'après les échos recueillis auprès de ceux qui l'ont rencontré, [c']est un drôle de phénomène. Et même, à dire les choses franchement, un original. Bernard Pivot, le journaliste du "Figaro littéraire", qui a été le premier à l'interviewer, raconte partout que le jeune romancier a eu besoin de dix bonnes minutes pour achever sa première phrase. » Bien évidemment, j'ai tout de suite reconnu là Patrick Modiano que j'aime beaucoup, même si je ne savais pas qu'il avait été couronné de ce prix. J'ai aussi appris qu'il avait écrit des chansons dont "Étonnez-moi, Benoît" pour Françoise Hardy.
Pauline Dreyfus met dans la bouche de Paul Morand des paroles prophétiques : « nous n'aurons pas tous les ans un Modiano à nous mettre sous la dent. Je doute que le cru 1969 soit d'un tel niveau. » Et en effet, le nouveau récipiendaire est tombé dans les oubliettes de l'histoire littéraire !
Pauline Dreyfus met en scène un Modiano lunaire, égaré dans ce monde étrange et hostile, évoquant des anecdotes de la seconde guerre mondiale comme s'il les avait personnellement vécues. A la fin du déjeuner, le timide jeune homme s'enfuit en serrant sur son coeur ce chèque prometteur, lui qui a si souvent dû manger de la vache enragée. Au grand dam du pauvre Aristide qui n'a pas eu le temps d'échanger deux mots avec lui. Mais nul doute que Modiano, le premier choc passé, ne se sente honteux de n'avoir pas accordé du temps à son seul vrai lecteur et ne revienne converser avec lui. Car Aristide se propose de lui narrer un épisode dont il a lui-même été acteur pendant la guerre, et que nous savons être le sujet du deuxième opus de l'écrivain.
A mon avis, Pauline Dreyfus s'est bien documentée et a su tirer un ingénieux parti de ses recherches, même si, parfois, elle commet quelques erreurs. Par exemple lorsque Salvador Dali raconte « la soirée d'anniversaire de mariage de Picasso et d'Olga en 1935, ici même, quand les invités s'appelaient Cocteau, Apollinaire et Diaghilev », événement qui a bien eu lieu, mais en 1918 et non en 35, date à laquelle Apollinaire n'était plus de ce monde !
Ce roman m'a énormément plu, m'apportant divertissement et découvertes. Que demander de plus ?
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Quand on pense à Mai 68, on voit des étudiants enragés, des inscriptions dégoulinantes sur les murs, des vols de pavés, des affrontements avec les CRS. Mais que s'est-il passé dans l'intimité des immeubles parisiens, dans les institutions traditionnelles, dans les milieux conservateurs ? Que s'est-il passé dans les palaces parisiens ? Pauline Dreyfus nous livre une version cocasse des événements, où le personnel du Meurice a pris le contrôle de l'hôtel, laissant le pauvre directeur à la merci de son transistor et des nouvelles alarmantes venues de l'extérieur. Au Meurice, la révolution est feutrée, le service continue, on est bien loin des usines où les salariés jouent aux cartes au lieu de travailler. D'un commun accord, le personnel vote même une motion pour maintenir le déjeuner organisé par Florence Gould, Meuriciade exceptionnelle où elle remet un chèque de 5 000 francs à un heureux romancier méconnu. En 1968, le Prix Roger-Nimier a bel et bien lieu malgré les troubles, en l'honneur d'un auteur qui verra bien d'autres prix, et en présence d'illustres personnages, parmi lesquels Salvador Dalí et son épouse.
Sacrée histoire que ce déjeuner des barricades ! Chaque personnage est plus loufoque, humain, amusant et sincère que le suivant, chaque rebondissement plus attendu, surprenant, hilarant et burlesque que le prochain. C'est décidément une journée bien incroyable pour le personnel et les clients du Meurice. de scènes de carnage en rendez-vous secrets dans les caves, d'entrevues amoureuses contrariées en risques de décès impromptus, nos personnages ne s'ennuient pas et nous non plus !
Au beau milieu d'une rentrée littéraire où la Seconde Guerre Mondiale triomphe, ce récit distrayant est une parenthèse bienvenue. Chaque page nous entraîne dans le luxe, la volupté et l'amusement, c'est un véritable délice. L'ancien monde affronte le nouveau, les hommes et les femmes de l'ombre prennent le pouvoir sur les milliardaires toujours sur le devant de la scène, certains se cachent et se barricadent tandis que d'autres s'extasient de cette révolution de la jeunesse. Les traits d'humour cachent des réflexions pour le moins instructives, bien pensées et pertinentes, auxquelles le contexte donne tout leur sens.
Une très belle découverte pour moi que cette auteure à la plume aiguisée, qui manie aussi bien l'ironie que la philosophie, et qui sait donner à son récit un cadre aussi vivant. Un livre à ne pas manquer, surtout pour les amateurs de littérature !
Lien : https://theunamedbookshelf.c..
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Pauline Dreyfus a écrit un délicieux roman se déroulant pendant les évènements de mai 1968, à l'hôtel Meurice, célèbre palace parisien.

Le personnel en grève "prend le pouvoir" et se demande si l'hôtel doit accueillir, comme chaque année, le dîner organisé par la milliardaire Florence Gould pour la remise du prix Nimier.

Florence Gould étant très généreuse, le dîner aura lieu.

Mais malgré la bonne volonté du personnel, c'est le foutoir pour organiser le dîner...Impossible de trouver des belons en plein mois e ai 1968 !!!

Nous croisons Salvador Dali, Paul Morand.

Après moult péripéties, une vingtaine de convives peuvent être réunis. le prix Nimier est attribué au jeune Patrick Modiano, pour son roman "La Place de l'Etoile"

Pauline Dreyfus a un style vif, acide et joyeux.

Un vrai délice.
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Tenue de gala exigée !
En plein mai 1968 l'Hotel Meurice organise pour une millionnaire américaine, comme chaque année, un repas en l'honneur du lauréat du prix Nimier de l'année.
Mais rien ne va plus, le lauréat met des heures à finir une phrase (si, si c'est bien la personne à qui vous pensez), les employés sont en grève et l'on ne sait pas où tout cela va mener.
le court roman de Pauline Dreyfus m'est apparu particulièrement brillant. Son thème est est passionnant (pour schématiser, la révolution vue du côté de plus nantis), mais le livre est encore bien plus riche que cela car Pauline Dreyfus, en spécialiste et admiratrice de Paul Morand (auquel elle a consacré il y a peu une biographie) écrit de manière particulièrement remarquable. En lisant ce livre je ne cessais de souligner des phrases, quand dans d'autres ouvrages il faut se faire violence pour en trouver une.
Un roman remarquablement brillant, d'une ironie et en même temps d'une profondeur constante.
A noter une fin particulièrement étonnante et virtuose, modianesque en diable.
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Mai 68 sujet rebattu, mais la romancière nous en donne une vision inédite et très originale. Style très agréable à lire, avec des commentaires en quelque sorte « voix off » (sur la journée des fous, par exemple). Beaucoup d'humour. La mise en place des protagonistes est bien réussie : on croise beaucoup de personnages, et on s'attache à chacun d'entre eux, même si son rôle reste mineur
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