La guerre, c'est la mort en supplément...
Mais Moustache n'aimait guère les effusions.
- C'est bon, c'est bon, répondit-il. Mais tu as abusé du chèvrefeuille. Et puis fais attention à l'aristoloche. C'est un grimpant qui fournit bien, mais sa feuille est sombre. La prochaine fois, force un peu sur le volubilis; ça mettra une note de gaieté.
Et il disparut à jamais dans ce monde invisible dont même les gens qui écrivent des histoires ne savent rien.
L'échelle continuait à grandir. On la photographia pour les journaux en couleurs, qui écrivirent à son propos: L'échelle de fleurs de Mirepoil est la huitième merveille du monde.
Si l'on avait demandé aux lecteurs quelles étaient les sept premières, ils auraient été bien embarrassés dans leur réponse. Posez donc la question à vos parents, pour voir!
Les hommes sont bien sots de chercher à se nuire les uns aux autres, comme ils le font tout le temps.
La mort est le seul mal que les fleurs n'empêchent pas de passer.
Même si l'on est très fatigué, la curiosité, ça réveille.
- Mort? s'écria Tistou. Mais il n'y a pas eu de guerre?
- Il n'y a pas besoin de guerre pour mourir, répondit le poney. La guerre, c'est de la mort en supplément... Moustache est mort parce qu'il était très vieux. Toute vie se termine de cette manière-là.
- Ce pauvre Moustache est au ciel; il est plus heureux que nous à présent, dit Amélie.
- S'il est heureux, pourquoi dire qu'il est pauvre, et s'il est pauvre comment peut-il être heureux? se demanda Tistou.