De tous les débarquements de la Seconde guerre mondiale, j'ai le sentiment que celui de Provence est celui qui offre le moins d'intérêt aux historiens. Peut-être faut-il chercher la raison dans le fait que l'implication anglo-saxonne dans la préparation et la réalisation a été moindre. Peut-être parce que ce débarquement fut considéré comme une action secondaire, bien que nécessaire, notamment pour éviter le renforcement des troupes allemandes sur le front normand qui venait de s'ouvrir.
Pourtant, pour les Français, cela permit d'accélérer la libération de notre pays mais également de permettre à nos armées de retrouver l'estime des alliés, comportement déjà salué lors de la campagne d'Italie, comme à Monte Cassino. Car, entre les Français libres de de Gaulle, général orgueilleux qui veut en imposer aux Alliés, et les troupes françaises d'Afrique qui portent la honte de la défaite de 40 et de son commandement par Vichy jusqu'en 1942, l'image de la France n'est pas bonne.
Les Anglo-saxons doivent ouvrir ce front méridional. Pour cela, il faut des troupes et ils n'en n'ont pas. Elles sont en Italie et prévues pour la Normandie. Elles sont en Asie et dans le Pacifique. Alors, on va habiller, au sens propre, les troupes françaises disponibles en Afrique de nord depuis le débarquement au Maroc et en Algérie en 1942. Ils vont nous donner de l'armement moderne, nous entraîner au Maghreb et nous aguerrir sur le front italien. Nous sommes des supplétifs.
Et puis, nous les aidons à préparer le débarquement, nommé Anvil et qui deviendra Dragoon. Les troupes françaises commandées par le général de Lattre ont débarqué et se sont comportés si admirablement, prenant de vitesse le planning prévu que certains y ont peut-être vu de la facilité de circonstance. Oui et non. Oui, la majorité des troupes allemandes n'étaient pas les meilleures et la défense côtière était loin d'être au niveau de celles du Mur de l'Atlantique. Non, pour Toulon et Marseille, deux ports ô combien stratégiques, la libération a été ardue.
Le débarquement en Provence a redoré le blason français permettant ainsi d'entrer ensuite en Allemagne en « vainqueur » comme le voulait
De Gaulle et de s'imposer en tant que tels dans l'après-guerre.
Ce fait d'armes est donc important et il mérite qu'on s'y intéresse, ce que fait Pierre Dufour de manière admirable. Je vous recommande cet essai historique.