Palsambleu mortecouille, mais ce blog ne connaît plus l'appel de l'aventure ! Un peu de romantisme, ventre-saint-gris ! Non, encore une fois, pas le romantisme cucul-la-praline à la
Guillaume Musso, le vrai romantisme du XIXe siècle, celui de Hugo,
Balzac, dont la prof de français vous parlait pendant que vous admiriez sa svelte poitrine ! Et direction la Renaissance ; qu'il me tarde d'enfoncer des portes, de corriger les gueux et trousser des servantes !
Les trois mousquetaires est l'un des plus célèbres romans de la littérature française, directed by
Alexandre Dumas himself s'il vous plaît, l'un des rares auteurs ayant forgé un succès unanime en mêlant la littérature populaire avec celle des élites. Il reprend sur 800 pages ce que je trouve de plus génial avec le roman historique : mélanger des faits réels avec d'autres fictifs au point qu'on ne sache plus démêler le vrai du faux. Et du coup, nous faire nous dire : pourquoi pas ?
Le truc, c'est que quand on se risque à de telles farfeluteries dignes des pires écrivains de romans de gare (ou pire : d'Imaginaire !), bien vite on risque ou bien de manquer de cohérence, ou bien de veiller tellement au détail près que la fiction se noie dans les données réelles. Mais l'auteur parvient à naviguer surprenemment bien entre l'Histoire réelle et celle fictive, ainsi que différentes tonalités qui insufflent au tout une âme encore plus forte : comique, tragique, dramatique, lyrique… C'est donc l'histoire de d'Artagnan (ayant réellement existé), jeune prodige de l'escrime qui décide de quitter sa Gascogne natale pour aller officier à la cour de France dans le corps des mousquetaires où il rencontre Athos, Porthos et Aramis (ayant plus ou moins existé). Seulement le pouvoir est divisé entre le roi
Louis XIII, la reine Anne d'Autriche, et le cardinal Richelieu, qui tentent chacun de se tirer la couverture. Pour l'instant, roi et reine sont unis, mais Richelieu veut se débarrasser de l'un d'eux, et pour cela il a une arme parfaite : Milady, la femme fatale incarnée…
Disons-le, ce roman est un miracle sur certains points : par moments, les évènements se font rocambolesques, à d'autres ils sont nettement plus sérieux, mais tout ça sans que l'on n'ait jamais l'impression de lire un texte disparate. Dumas y parvient grâce à l'humour et un changement progressif de ton plutôt qu'une rupture brutale. Ça devient même une force par moments, car le roman évite ainsi la monotonie…
Parce que bon, 800 pages, quoi qu'il arrive, ça comporte toujours des hauts et des bas. le long passage vers la fin où Milady met en oeuvre son génie diabolique est fascinant à lire, mais extrêmement long. de même, certaines bagarres au début donnent un air de répétition. Les enjeux politiques s'effacent pendant des dizaines voire des centaines de pages au profit des enjeux du coeur, et par moments on ne sait plus trop si on est dans la même aventure ou si c'est une nouvelle qui commence. On se souvient surtout du roman, j'ai l'impression, pour l'épisode des ferrets de la reine ; il ne constitue pourtant même pas la moitié du bouquin.
Quitte à énumérer des défauts, citons aussi un certain manichéisme : les valets se comportent comme des gosses, les gentilshommes conservent une allure noble même dans les histoires de coucherie, et c'est sans compter les marques de condescendance propres aux XVIIe et XIXe siècles. Bon, c'était l'époque, les mots avaient peut-être pas la même signification, donc passe pour la plupart des termes un peu racistes ou classistes. Par contre, dès que vous êtes une femme et que vous voulez être un peu plus qu'un pot de fleurs, alors là attention, toutes les dix lignes on vous rappelle que vous êtes une panthère, une tigresse, une lionne, un démon, et c'est tout juste si on échappe à l'hystérique.
Enfin, l'élément de résolution a de quoi décevoir : plutôt qu'un combat final, on assiste à… un procès. Bon, spoiler alert, c'est aussi le cas pour la fin de ma novella qui sort pour le Nouvel An sur mon blog, mais d'une part mon histoire est moins centrée sur l'action, et d'une autre comme j'ai déjà eu l'occasion de le dire, même dans la mienne ça m'a pas vraiment convaincu. Alors si ça va à peu près dans une histoire (relativement) calme, en revanche dans un livre de capes et d'épées, c'est limite impensable.
Je sentais donc venir la fin en pétard mouillé, mais c'est alors que Dumas reprend du poil de la bête et nous pond vingt magnifiques dernières pages. Entre l'iconisation de ses héros dont les valeurs prennent un tournant solennel, le retour d'éléments oubliés qui resurgissent au sein du récit, la subtilité de la plume tant dans les dialogues que dans le récit, il nous rappelle ce qu'on était venus chercher dans le livre : pas seulement de l'action, mais aussi du charisme, de la ruse et surtout le sublime du romantisme.
En un mot comme en cent, si "
Les trois mousquetaires" ne constitue pas une claque magistrale, il reste un monument de la littérature historique pour sa finesse d'esprit et de nombreuses scènes épiques. le tout possède un charme ancien difficilement trouvable ailleurs, entre Les Pieds Nickelés et le roman de chevalerie, brassant tant d'influences et de tonalités qu'on ne décroche jamais vraiment. Après, je dis ça, c'est pour votre culture…
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