Marguerite Duras nous entraîne dans un tourbillon de beauté et de sensualité avec ce récit d'éveil aux sens et à
l'amour. L'écriture y est concise, mais envoûtante; la narration quant à elle, se veut éclatée, insaisissable.
Plusieurs voix se font entendre, d'une part celle de notre jeune protagoniste de 15ans, qui raconte sa vie à Saigon dans l'Indochine coloniale, entre une mère qui n'en est pas vraiment une, un grand frère tyrannique et inquiétant, et un petit frère effacé mais complice. Elle raconte la fuite nécessaire de ce milieu, ce besoin de se préserver et la libération par la jouissance que lui procure "le Chinois de Cholen", de 17 ans son aîné.
On entend également la voix d'une narratrice omnisciente, qui n'est autre que la jeune fille mais de nombreuses années après, qui nous apporte un éclairage sur ses actes de jeunesse, se plaît à commenter avec le recul de l'expérience, ses propres sentiments et pensées, encore obscurs auparavant.
Enfin, c'est aussi la voix de
Marguerite Duras que l'on entend, dans ce récit largement autobiographique, où elle ne fait qu'un avec les deux précédentes narratrices, mais s'en distingue toutefois en prenant une certaine distance par rapport à ce qui est dit.
En résumé, "
L'amant" est un texte marquant, saisissant par son dénuement poétique, mais c'est aussi un texte qui n'est pas facile d'accès et qui demande que l'on se donne complètement à lui pour en saisir tout l'intérêt.