L'art, disons-nous, est l'expression de l'état social; il est toujours en harmonie avec lui. En effet, pendant la décadence du monde païen, l'art païen tombe en décrépitude, et lorsque le christianisme succède au paganisme, l'art se modifie; l'art des Grecs, dégénéré et abâtardi comme la société, se rajeunit sous l'haleine bienfaisante de l'Évangile; et comme le règne du Christ était le règne de l'esprit, le triomphe de l'idée et de l'esprit sur la chair et la matière, l'art change la forme surbaissée et matérielle, et s'élance vers le ciel.
Les philosophes modernes divisent l'histoire de l'humanité en époques organiques et critiques. Au vieux monde païen, au vieil empire
romain, souillé de tant d'immoralités et de cruautés, dégradé par la lèpre de l'esclavage, succède au Ve siècle , dans l'Europe occidentale, une nouvelle société, le monde chrétien, avec ses doctrines d'égalité, de fraternité , de charité, avec ses théories de vertu et de douceur. A une époque critique, de dissolution, succède une époque organique, de recomposition.
« Tous les faits de l'activité humaine sont classés, prévus, ordonnés par une théorie générale où le but de l'action sociale est nettement défini. » Et toutes les sociétés féodales qui composent l'Europe reconnaissent un seul chef, le pape , qui domine du haut de la chaire de saint Pierre l'immense famille chrétienne , et qui de là dirigeant les actions de tous , se sert de sa puissance pour maintenir la précieuse unité qu'il vient de fonder, mais qui doit être brisée plus tard.