Un grand mur de briques surmonté d'une grille fait face à nous. Il abrite un parc, ou un jardin, en tout cas la flore y semble luxuriante et colorée.
L'envie vous prend de déplier le livre et de voir jusqu'où va ce mur. Il se déploie dans la continuité sur la quatrième de couverture. Un gros ballon rouge se trouve sur le trottoir au pied du mur. Deux mains poilues, très poilues, s'agrippent à la grille. Et oui, il y a aussi une trompe d'éléphant qui cherche à faire le mur, pour rattraper ce ballon.
Vous savez qu'une proposition vous est faite : renvoyer le ballon, ou le porter dans le parc et franchir le mur. On s'adresse à toi ou à TÔA ? Où est-il ? Qui est-il ? Envie aussi de savoir qui est ce MOÄ ? Suivons
Stéphane Ebner et
Nicolas Mayné, et nous aurons peut-être la réponse.
Sans rien dévoiler, je peux vous dire que le plaisir de lecture a été au rendez-vous.
>>> Merci aux éditions Esperluète pour leur participation à Masse Critique et merci à Babelio pour l'organisation.
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Le singe (un peu de recherche m'apprend que c'est en fait un loris) ne peut plus jouer car son ballon est coincé dans un arbre. Il cherche dans le parc quelqu'un qui pourrait l'aider. Il croise des animaux, un trio de garçons plumes d'indiens sur la tête, un groupe de primates aux tenues colorées faisant de la gym tonique et bougeant leur « baudi » etc. Beaucoup de ces animaux semblent portés un masque, un costume. Les auteurs s'amusent : le tigre a une tête de garçon, et inversement les membres du trio deviennent des ours. Techniquement d'ailleurs la tête des garçons semble dessinée à part et recollée sur le corps.
Jouer est une source de rencontres. Mais ces rencontres ne sont pas toutes réussies : on n'arrive pas toujours à jouer ensemble car cela peut se terminer par une frayeur, une course poursuite, une incompréhension ou bien, au contraire par une tasse de jus de salsifis partagée (mais cela aurait pu être du thé n'est-ce pas petite sotte ! ) ou une camaraderie naissante avec un éléphant, qui se dit volant - mais pas avec ses oreilles ! - mais finalement énormément trompeur… Qu'importe, lui et le loris se sont trouvés dans ce jardin aux couleurs extraordinaires qui explosent dans les pages du livre.
Les rencontres, mais aussi le jeu, dans l'image et les mots, la nature - aux magnifiques couleurs - sont au coeur de cet album surprenant et imaginatif. La mise en page est extrêmement libre, et le texte n'est pas en reste : onomatopées, mot étranger, rimes, clin d'oeil culturel. Un texte qui remue dans la page, parfois en bulle, parfois dans l'image. Si le dessin se déploie souvent sur une double page, parfois le décor disparaît, et sur fond blanc les personnages dansent, se rencontrent, se parlent.
« Qu'est-ce qu'on s'ennuie » dit l'un des garçons du trio d'indiens. On pourrait lui répondre : ouvre cet album, et tu verras, tu ne sauras pas où donner de la tête !