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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Ce petit livre est un hommage d'un grand auteur, Jean Echenoz, à son superbe éditeur Jérôme Lindon.

Avant de parler du livre en tant que tel, il convient de rappeler et, par là-même, rendre hommage aux Editions de Minuit. En effet, cette maison d'édition est créée en 1941 par Jean Bruller et Pierre de Lescure pendant l'Occupation Allemande. Cette dernière se charge alors de publier les oeuvres de la Résistance contournant ainsi la censure et la propagande de Vichy.

Jérôme Lindon, quant à lui, rentre aux Editions de Minuit en 1946 comme chef de fabrication. Puis, lorsque Vercors quitte la société, il en prend la tête. Cet éditeur français est connu notamment pour avoir donné sa chance aux auteurs du Nouveau Roman comme Samuel Beckett, Alain Robbe-Grillet etc…

Mais, c'est Jean Echenoz qui se charge de nous dévoiler d'autres facettes de Jérôme Lindon… C'est au travers de ce petit livre que Jean Echenoz relate ses débuts difficiles en tant qu'auteur et les risques du métier d'éditeur. L'auteur semble subir les recommandations de son éditeur, la publication, les ventes, les prix littéraires.

C'est dans un monde éditorial qui semble être régi par la rapidité, le clientélisme, l'argent et autres qu'apparait Jérôme Lindon. C'est au moment où, Echenoz, désespéré par la collection des lettres de refus de publication de son manuscrit, qu'il décide de l'envoyer aux Editions de Minuit, et rencontre Lindon. Il rencontre ce personnage, avec une certaine appréhension, qui critique ses titres, l'usage de ses virgules, sa façon de se vêtir…

Pourtant, Lindon représente l'éditeur parfait : celui qui lit lui-même les manuscrits même ceux des nouveaux auteurs ; qui parie sur certains d'entre eux qu'il juge bon ; qui les conseille, parfois même en étant brusque ; qui les suit dans leur projet…

Il a deux visages comme aime le répéter Echenoz : celui quand un livre lui plait ; et celui quand un livre ne lui plait pas bien qu'il soit d'un auteur reconnu. Même, parfois, c'est avec un certain dégoût des facettes de ce métier que Lindon parle lorsqu'il déclare « je le publie juste pour que d'autres éditeurs ne le publient pas ».

Lindon n'était pas un thérapeute, il ne s'occupait pas des problèmes existentiels de ses auteurs ; il leur déconseillait même tout autre activité qui ne relevait pas de l'écriture.

Echenoz présente avec une sincérité pure la facette de cet éditeur qui lui a fait confiance, a parié sur lui et l'a révélé.
Lien : http://littecritiques.blogsp..
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Jean Echenoz dresse un magnifique portrait, un bel hommage à son éditeur, l'emblématique Jérôme Lindon. Il raconte, avec un merveilleux style, leur rencontre, les premiers manuscrits, leur relation auteur-éditeur. Passionnant !
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Sur la couverture il faudrait peut-être mieux lire « Jean EchenozJérôme Lindon » tant il n'est pas question ici de biographie du deuxième par le premier mais plutôt le premier qui égrène ses souvenirs en commun avec le deuxième, leurs échanges, leurs rapports.

La rencontre entre l'auteur encore inconnu et l'intransigeant patron des Éditions de Minuit survient en 1979, lorsque ECHENOZ propose le manuscrit d'un roman (qu'il ne nomme pas, mais ce sera « le méridien de Greenwich »), son premier. ECHENOZ nous décrit LINDON comme un passionné, un assoiffé de littérature, mais aussi d'un perfectionnisme qui le rend un brin tyrannique. Souriant, mais sans excès, forte tête dans les affaires, avare en compliments, un peu moins en vacheries. « Une seule fois que je me risque de lui faire part d'un problème d'apparence insoluble que je rencontre dans un roman, il se ferme aussitôt et même, au lieu de me dire évasivement que ça va s'arranger, que je trouverai une solution, histoire d'évacuer l'affaire, il me laisse entendre qu'en effet je n'ai aucune chance de m'en sortir, façon de me faire comprendre que je n'ai pas à lui casser les pieds avec mes petits soucis. Je me garderai désormais de tels appels au secours, sachant maintenant que, dans ce cas de figure, pour éviter des discussions aussi fastidieuses qu'inutiles, LINDON vous plonge la tête sous l'eau ».

ECHENOZ écrit dans un style journalistique un récit de vie partagée, les anecdotes bonnes ou mauvaises, les attentes de son éditeur, les prix littéraires. Il forge sa carrière sans pouvoir compter sur les conseils de LINDON : « … (il) déconseille plus qu'il ne conseille. Á défaut de suivre ses conseils, je suis donc généralement ses déconseils, et je n'ai pas à m'en plaindre ». LINDON est craint par certains auteurs : « Il est quand même incroyable, ce type : non seulement il se permet de vous donner des ordres mais, par-dessus le marché, il se permet d'imaginer qu'on ne les exécute pas ».

Rencontres embarrassées avec BECKETT (qui l'impressionne trop pour tenter une amorce), dialogues avec ROBBE-GRILLET, plusieurs têtes d'affiches de la maison d'édition défilent. Là aussi le sens des affaires de LINDON est mis en avant.

Et pourtant, ECHENOZ, c'est évident, est admiratif de LINDON, de son talent pour dénicher de bons manuscrits, de sa volonté de faire de Minuit une maison à part, avec une âme, une empreinte, un vrai style littéraire. Il écrit cet hommage, ce témoignage dans l'urgence, en 2001, alors que LINDON est décédé seulement deux mois plus tôt. Une volonté de retracer des souvenirs avant qu'ils ne s'effacent, avant que la mémoire ne s'enfuie. Une très agréable immersion dans les cuisines et l'arrière-cour des Éditions de Minuit, sortie donc en 2001… aux Éditions de Minuit ! Si vous désirez aller plus loin sur le parcours et le caractère parfois volcanique de Jérôme LINDON, je vous conseille vivement une série d'émissions consacrée au bonhomme sur France Culture à l'occasion de la récente exposition sur Minuit à Paris. Paradoxalement, LINDON y paraît bien plus humain que sous la plume pourtant pleine de tendresse de l'excellent ECHENOZ.

https://deslivresrances.blogspot.fr/
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Ce livre est vraiment agréable à lire.

Le fait que ce soit un auteur qui décrit son éditeur est vraiment sympa!

On a ainsi un bon aperçu de cet homme que fut Jérome Lindon, ancien directeur des Editions de Minuit

(mais non le premier! qui fut Vercors rappelons-le!)
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