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sur 722 notes
Petit livre de 123 pages sur le pianiste Maurice Ravel, écrit par Jean Echenoz dont je lis le premier bouquin.

Ici, Echenoz n'a pas l'intention de faire une biographie de Ravel, mais plutôt un roman-fiction des 10 dernières années de sa vie. Il n'a pas l'intention non plus de raconter toutes ces années. Ce sont plutôt des morceaux choisis. Et on se laisse guider.

Un style biographique assumé par l'auteur qui sélectionne les événements et en décrit (ou imagine ?) chaque détail : des sentiments aux vêtements, en passant par les autres personnes présentes...
On nous raconte sa traversée en bateau, sa tournée en Amérique, l'histoire du Boléro, du Concerto pour la main gauche... puis le rythme s'accélère ! On assiste très rapidement à son accident, la dégradation de son état (oublis, difficultés à signer une oeuvre surréaliste, difficultés d'écriture...) puis à sa mort.

Echenoz raconte les 10 dernières années de la vie de Ravel à son rythme (tantôt lent, tantôt rapide) à l'aide de son imagination. Il est donc difficile dans cette fiction-biographique de déceler le vrai du faux. Mais peu importe !
L'ouvrage est petit et on sent que l'auteur a choisi chaque mot avec minutie. On ne lui en veut pas alors d'avoir passé rapidement certains pans de vie de Ravel, on se laisse guider par la mélodie des mots. Afficionados du musicien en quête de biographie, s'abstenir.

"Ravel" fait partie d'une trilogie biographique avec les oeuvres "Courir" (sur le coureur Zapotek) et "Des Éclairs" (sur Nicolas Tesla).
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C'est pour moi, un pur plaisir de retrouver l'écriture de Jean Echenoz. Et dans la série de ses portraits, celui-ci est mon préféré.

On découvre un Ravel esthète et solitaire souffrant d'une maladie que son époque n'a pas encore nommée et qui va le fragiliser durant les dix dernières années de sa vie.

Le récit de sa traversée sur Le France et de son voyage en Amérique a le charme du luxe d'antan, passant des stucs du France aux bois précieux des trains spéciaux qui parcourent les États-Unis.

Et puis, la plume d'Echenoz nous pose avec malice aux côté de cet homme qui reste assez mystérieux.

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Ce petit livre de Jean Echenoz est troublant. Il raconte en quelques pages les dix dernières années de la vie de Maurice Ravel. Une bien triste histoire, qui décrit la fin d'un monsieur qui n'était pas si vieux que cela.

C'est aussi une histoire frustrante : l'auteur a choisi de démarrer son récit un peu avant le moment où la santé de Ravel commence à se dégrader, et raconte les choses comme si la personnalité de grand compositeur était parfaitement connue du lecteur. Celui-ci n'a finalement que peu d'éléments pour comprendre cet homme, et les choses se compliquent encore davantage au fil des pages, à mesure que les troubles du langage et de l'écriture du malheureux Ravel l'handicapent de plus en plus. Mais peut-être qu'on n'en sait pas plus que cela sur l'homme, car le livre semble bien documenté.

le plus frappant dans cet ouvrage, c'est l'impression que Ravel était finalement bien seul, au milieu de la gloire et des hommages qu'il recevait chaque jour. Certes, ses amis ont pris soin de lui jusqu'au dernier moment, mais l'auteur suggère clairement qu'il y avait finalement une grande distance entre eux et lui. La dernière phrase du livre nous apprend que Ravel "ne laisse ni testament , ni aucune image filmée et pas le moindre enregistrement de sa voix".

Reste la musique. Evidemment, les grandes oeuvres de cette époque, le « Boléro », ainsi que les magnifiques « concerto pour la main gauche » et le « concerto en sol » sont évoqués, mais sans plus. Tant pis pour nous, nous ne saurons jamais ce que Ravel en pensait, si tant est qu'il se soit clairement exprimé sur ses oeuvres. En ce qui concerne ses oeuvres pour piano, elles sont souvent assez difficiles à jouer, mais très poétiques et raffinées, comme les « jeux d'eau ».

En écoutant la fameuse sonate pour violon et piano, notamment dans son dernier mouvement, Perpetuum mobile, le « Boléro », « la valse » ou même la "pavane" je me demande toujours si Ravel ne s'amusait pas un peu aux dépens de ses auditeurs. Mais on peut rire de tout, et il faut reconnaître qu'il s'est moqué de nous avec sérieux, et une grande maitrise de l'orchestration.
Lien : http://impromptu.fr/blogjfc/..
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Ce roman s'ouvre sur un départ.
Ravel, au sommet de sa gloire, part pour une tournée triomphale aux Etats-Unis, lancement d'un roman dans lequel Echenoz relate les divers épisodes des dix dernières années de la vie du compositeur. Son écriture, sertie d'évocations de cette époque de modernité en marche, adhère parfaitement à la personnalité de Ravel, et à son destin tragique (un homme dont la musique remplit la vie, mais qu'il devient peu à peu incapable de retranscrire), présent en germe dès le début du roman par le biais de ce corps qui, déjà, fait des siennes et se refuse à dormir. L'émotion, toute en retenue, n'en est que plus intense ; on en sort plus proche que jamais de ce compositeur énigmatique, mais également de ce conteur inégalable, qui s'impose une fois de plus comme une des plus grandes voix de notre époque.
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En évoquant les dix dernières années de la vie de Maurice Ravel, de 1927 à 1937, Jean Echenoz choisit de mettre en scène un artiste sur le déclin. Il y a certes le Boléro, dont l'immense succès à partir de 1928 repose en partie, selon le compositeur, sur un malentendu. Mais bientôt se font sentir les premiers signes de la maladie, qui contraignent Ravel à s'éloigner de la musique. de renoncements en échecs, Ravel n'est bientôt plus capable que de regarder en arrière. Avec sa concision et son sens habituel des formules lapidaires, Echenoz lui fait simplement dire que "quelque chose ne colle plus".

Le portrait de cet homme qui voit son art lui échapper n'est cependant pas dénué de l'humour insolite propre à Echenoz ni de son sens du décrochage. Primesautier bien que crépusculaire, entêtant - à la mesure du célèbre Boléro -, Ravel, première pierre d'une "trilogie biographique" poursuivie avec Courir puis Des Éclairs, consacrés à Emil Zátopek et Nikola Tesla, garde toute sa légèreté même lorsqu'il évoque les angoisses du créateur face au passage du temps.
Lien : https://balises.bpi.fr/litte..
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Partis pris fort singulier : les dernières années de la vie du compositeur Maurice Ravel. Un roman au tempo infernal et à la cadence répétitive ; quelques notes, une ritournelle scande l'éternel retour du même. Une vie lasse où l'ennui est omniprésent, la création fulgurante et imprévue, le travail constant. Nulle excitation dans une existence au millimètre. Ravel personnage double, dandy esseulé, embarque pour une tournée triomphale aux États-Unis. La suite déroule. le boléro, oeuvre de circonstance, anecdotique. Et ces maudits interprètes face auxquels Ravel s'échine : Toscanini qui joue trop vite, Wittegenstein qui rajoute des fioritures, et Ravel lui-même, pianiste médiocre. Comment être à la hauteur de sa propre création ? Peut-on seulement la comprendre ses oeuvres ?
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Je ne suis pas une fanatique des biographies, l'oeuvre m'intéresse en général en elle-même. J'apprécie donc Ravel, sa Pavane, ses Valses, ses Concertos, et sa Shéhérazade par Régine Crespin (ah, le merveilleux "Asie"), sans bien connaître la vie de son auteur. Toutefois, puisque c'est noté "Roman" sur la couverture du dernier Echenoz...


Bien m'en a pris car ce n'est bien sûr pas une biographie. Je pense qu'il n'y a pas d'erreur sur les grands événements relatés dans le livre, la grande tournée aux Etats-Unis, les péripéties du Concerto pour la main gauche, la maison de Montfort l'Amaury,... Mais pour le reste... c'est du Echenoz !


L'écriture précise et épurée de l'auteur va comme au gant au dandy Ravel qui promène sa mélancolie, sa solitude et ... sa mauvaise humeur dans le Paris d'alors. le texte est toujours ironique et c'est un régal pour le lecteur qui n'en saute pas une ligne.

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Un ton à la fois distancié et malicieux, cette apparente simplicité riche en réalité d'un art incroyable du détail, cet anecdotique élevé au rang de l'essentiel d'un être. J'ai également retrouvé avec Ravel le plaisir de me laisser guider par un rythme inhabituel : d'abord lent puis qui s'accélère au point de survoler plusieurs années d'un coup (comme si le personnage lui-même les avait à peine vécues) pour redevenir lent à la fin. Souvent, on sent une sorte d'urgence qui conduit à un rythme effréné, comme si le temps allait bientôt manquer et le lecteur en est à la fois frustré (pourquoi raconter la vie d'un grand compositeur si c'est pour expédier sa tournée triomphale aux Etats-Unis ?) et perplexe (que faut-il alors retenir de ces pages-là ?). Bref, pour moi, Ravel est tout autant une biographie romancée qu'un jeu littéraire et c'est ce que j'ai aimé.

Lien : http://alireetacroquer.blogs..
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Je n'ai pas beaucoup aimé, j'ai trouvé ce livre un peu froid et distant, ce n'est pas ce que j'ai l'habitude de ressentir en écoutant du Ravel. Mais apparemment, tout cela est voulu, puisque c'est ainsi qu'était le personnage : froid, distant. Heureusement qu'il y a sa musique.
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De la sortie de son bain en 1927 jusqu'à sa mort en 1937, on suit l'apogée et le déclin du compositeur Maurice Ravel.
J'ai choisi ce livre sans trop en attendre. J'aime beaucoup Maurice Ravel, mais j'ai des mauvais souvenirs de livres d'Echenoz...J'ai assez aimé le portrait en sensibilité du compositeur, d'autant que plusieurs traits ne me sont pas étrangers. Je me suis en revanche demandée tout du long si l'attention portée aux vêtements et aux matériaux ne prenait pas un peu trop d'importance dans le récit... Je n'ai pas trop non plus compris le choix de l'auteur de traiter de ces 10 dernières années...une nouvelle sur 1 ans à partir de son bain m'aurait suffit. En somme, je n'ai pas été convaincue plus que cela mais ai apprécié d'en apprendre un peu plus sur le personnage.
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