Ce petit livre de
Jean Echenoz est troublant. Il raconte en quelques pages les dix dernières années de la vie de Maurice
Ravel. Une bien triste histoire, qui décrit la fin d'un monsieur qui n'était pas si vieux que cela.
C'est aussi une histoire frustrante : l'auteur a choisi de démarrer son récit un peu avant le moment où la santé de
Ravel commence à se dégrader, et raconte les choses comme si la personnalité de grand compositeur était parfaitement connue du lecteur. Celui-ci n'a finalement que peu d'éléments pour comprendre cet homme, et les choses se compliquent encore davantage au fil des pages, à mesure que les troubles du langage et de l'écriture du malheureux
Ravel l'handicapent de plus en plus. Mais peut-être qu'on n'en sait pas plus que cela sur l'homme, car le livre semble bien documenté.
le plus frappant dans cet ouvrage, c'est l'impression que
Ravel était finalement bien seul, au milieu de la gloire et des hommages qu'il recevait chaque jour. Certes, ses amis ont pris soin de lui jusqu'au dernier moment, mais l'auteur suggère clairement qu'il y avait finalement une grande distance entre eux et lui. La dernière phrase du livre nous apprend que
Ravel "ne laisse ni testament , ni aucune image filmée et pas le moindre enregistrement de sa voix".
Reste la musique. Evidemment, les grandes oeuvres de cette époque, le « Boléro », ainsi que les magnifiques « concerto pour la main gauche » et le « concerto en sol » sont évoqués, mais sans plus. Tant pis pour nous, nous ne saurons jamais ce que
Ravel en pensait, si tant est qu'il se soit clairement exprimé sur ses oeuvres. En ce qui concerne ses oeuvres pour piano, elles sont souvent assez difficiles à jouer, mais très poétiques et raffinées, comme les « jeux d'eau ».
En écoutant la fameuse sonate pour violon et piano, notamment dans son dernier mouvement, Perpetuum mobile, le « Boléro », « la valse » ou même la "pavane" je me demande toujours si
Ravel ne s'amusait pas un peu aux dépens de ses auditeurs. Mais on peut rire de tout, et il faut reconnaître qu'il s'est moqué de nous avec sérieux, et une grande maitrise de l'orchestration.
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