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sur 725 notes
Page 160, stop ! je n'irai pas plus loin, en tout cas pour l'instant. Pourtant j'apprécie les ouvrages d'Umberto Eco.
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Prodigieux et délectable

Dans un style marqué à la fois par des tournures de phrases et un vocabulaire typique du XIXe siècle, Umberto Eco nous offre de vivre, à travers les yeux de Simon Simonini, faussaire de son état, cette période à la fois fascinante et complexe, véritable charnière dans l'histoire de l'Europe. Autant le dire tout de suite, cet ouvrage ne plaira pas ou peu à ceux qui n'ont pas une connaissance, ne serai-ce que superficielle, de l'histoire de cette période qui aura vu les nombreux changements politiques en France, les intrigues internationales ou l'unification de l'Italie. Cette dernière est d'ailleurs particulièrement bien retranscrite, l'auteur nous permettant de vivre de l'intérieur l'expédition de Garibaldi entre autres épisodes. Dans un va et vient savamment orchestré entre la vie du héros, personnage fictif qui est en réalité la synthèse de plusieurs personnages ayant réellement existé, et à qui il arrive moult péripéties et la Grande Histoire, Umberto Eco parvient à nous maintenir le suspense jusqu'au bout tout en déroulant une véritable fresque historique. Sans doute difficile d'accès pour certains lecteurs tant compte tenu du style adopté que de l'érudition extrême dont le volume fait preuve, le Cimetière de Prague n'en demeure pas moins un oeuvre magistrale et très plaisante.
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Le cimetière de Prague
Umberto Eco
Grasset

Paris, mars 1897. Simon Simonini entreprend d'écrire le journal de sa vie, suivant la suggestion d'un jeune juif, le docteur "Froïde". Il raconte les différents épisodes qui l'ont mêlé aux grands événements du XIXème siècle en Europe.
Après des études de droit, à la mort de son grand-père, il travaille pour le notaire Rebaudengo, un filou qui falsifie et invente toute sorte de documents. Simonini devient maître dans l'art de l'embrouille. Sa réputation de faussaire l'emmène à collaborer avec les services secrets piémontais où il intervient dans différentes affaires politiques passant des intrigues des carbonari, à celles de Cavour, Mazzini ou encore Garibaldi.
En 1861, il s'exile à Paris où il entre en contact avec les services secrets français puis russes. Au cours de ces années, il assiste et participe à des événements historiques (la Commune de Paris ou l'affaire Dreyfus) et à des complots montés de toutes pièces (la création du canular antimaçonnique de Léo Taxil instigué par les jésuites ; l'élaboration d'une conjuration juive mondiale qui débouchera sur Les Protocoles des Sages de Sion, l'oeuvre de sa vie).
Auteur de plusieurs assassinats dont il a caché les corps dans les égouts, il est contraint par les russes, sous peine de dénonciation, de mettre une bombe dans le métro parisien, en construction, afin de donner crédit aux projets terroristes annoncés par les Sages de Sion ; il n'en reviendra pas.

Difficile de résumer le nouveau roman d'Umberto Eco, tant les épisodes sont divers et se succèdent, tels les feuilletons à rebondissements publiés dans la presse du XIXème siècle.
Cette accumulation d'informations est d'ailleurs un des points négatifs du livre. On a parfois l'impression que l'auteur fait l'inventaire extravagant de ses connaissances.
La pluralité du discours narratif n'est pas une réussite ; il y a le Narrateur qui observe et résume parfois l'évolution du récit du faussaire, puis une dualité entre deux autres narrateurs, Simonini et l'abbé Dalla Piccola, qui sont en fait la même personne.
Le roman est basé sur la misanthropie de Simonini ; l'Alceste de Molière est un enfant de choeur à côté. Il vénère une trinité de la haine dont ses sujets de détestation sont les jésuites, les francs-maçons et surtout les juifs. Il développe une série de thèses antisémites, des plus simples aux plus élaborées, basées exclusivement sur le fantasme.
Un des intérêts du livre est l'exhibition des mécanismes de la haine ; « le sentiment de l'identité se fonde sur la haine » ; « l'ennemi est l'ami des peuples » ; « il faut toujours quelqu'un à haïr pour se sentir justifié dans sa propre misère » ; « la haine réchauffe le coeur » (p. 426).
Néanmoins, en ces périodes d'obscurantisme, de repli nationaliste et de goût malsain pour toute sorte de théories des complots, il ne faudrait pas mettre le livre dans les mains de tout le monde.
Tous les personnages du roman, excepté le narrateur et de rares personnages secondaires, ont existé. Cependant, on a souvent l'impression qu'Umberto Eco a du mal à trouver un fil rouge pour broder son tissu narratif, pour trouver une cohérence dans son abracadabrantesque récit, pour que les rencontres entre Simonini et ses autres personnages - aussi divers que le docteur "Froïde", Dumas, Garibaldi, Taxil, etc. - soient cohérentes ; elles n'apportent pas grand chose.
Le roman est long, très long, trop long (555 pages) ; on s'ennuie souvent, car on a du mal à croire aux hasards qui mènent le narrateur des intrigues piémontaises à l'élaboration des Protocoles des Sages de Sion ; autant dire que Simonini est présenté comme un des piliers du XIXème siècle européen, sans lui, L Histoire n' a pas de crédit...
D'un point de vue strictement littéraire, mis à part le jeu narratif entre le vrai et le faux ou la fiction et la réalité, le cimetière de Prague a quelque chose de poussiéreux, de désuet, bien que la narration s'inspire par moments des techniques du feuilleton.
En 2011, nous sommes en droit d'attendre un projet littéraire plus ambitieux, surtout lorsqu'il s'agit d'un auteur tel que Umberto Eco.

http://faranzuequearrieta.free.fr

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Umberto Eco a choisi dans ce livre de conter la naissance des "Protocoles des Sages de Sion" à travers leur inventeur fictif (mais dont il affirme être fondé sur des littérateurs réels), un inadapté faux garibaldien, notaire faussaire, meurtrier occasionnel, vrai schizophrène, vrai-faux espion, antisémite et jésuitique en grand.
Trois voix se partagent la narration, dont aucune n'est omnisciente : elles parlent avec leurs préjugés intellectuels, sociaux, professionnels (le notaire, l'abbé, le narrateur) du 19e siècle parisien.
Dans un délire grand-guignolesque défilent Juifs aux doigts crochus, rabbins fictifs menant sabbat à Prague, espions russes, folles mystiques, littérateurs et recettes des meilleurs restaurants parisiens du Second Empire. Un régal !
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Umberto Eco nous a habitués à nous faire lire des ouvrages recherchés alliant à la vérité historique une mise en scène romanesque qui s'apparente au polar, car il sait nous tenir en haleine.
Ce cimetière de Prague rassemble ces habitudes.
Autour d'une espèce d'autoanalyse par l'écrit, nous découvrons un piémontais nommé Simonin et son double l'abbé Dalla Piccola, qui vont à la fois retracer des grands moments de l'Histoire, de l'unité italienne à la guerre de 1870, de la Commune à l'affaire Dreyfus, mais aussi exprimer des obsessions sur les juifs et les maçons.
D'aucuns ont pu reprocher à Eco de rendre crédible l'antisémitisme et l'antimaçonnisme. Il est vrai que le héros du roman, assume, revendique et exploite ces deux obsessions dans un tournoiement de manipulations du réel, et invention de scénarii rendus crédibles par ses talents de faussaire et qu'il peut y avoir de quoi être troublé quand la quasi-totalité des personnages mis en scène a existé, que leurs propos ont été tenus et que seul l'assemblage de l'auteur donne à voir et lire une création intellectuelle. Pas de doute sur la pensée d'Umberto Eco qui, loin d'être antisémite ou anti-maçons, a toujours dénoncé l'obscurantisme à l'instar du fameux Nom de la Rose, mais une vraie source d'interrogations sur le montage possible des histoires prétendues vraies, la manipulation des masses et les risques qu'elles font peser sur des citoyens toujours plus informés mais pas forcément éclairés au sens critique, à la distanciation, à la vérification, au XIXème siècle, certes, mais qu'en est-il aujourd'hui ?
Un vrai roman historique qui évoque aussi, opportunément, le cent-cinquantième anniversaire de l'unité italienne alors même que depuis quinze jours je passe quotidiennement devant la demeure d'un député garibaldien.
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C'est une critique d'une asiatique.

Cette oeuvre raconte de la procès d'inventer la protocole de Sion, en même temps, comment était écrite elle-même.

L'histoire écoule du dix-neuvième siècle à la veille de la Première Guerre mondiale: le Risorgimento, la Commune de Paris, l'affaire Dreyfus, etc. Eco coude des faits historiques et de nombreux livres et documents réels avec le fil appelé « faux ». Ce fil est constitué de nombreuses personnes aussi réelles à l'exception du personnage principal Simone Simonini. Lui, il a une double personnage, l'un faussaire lui-même et l'autre abbé appelé Dalla Piccola. C'est-à-dire que cet oeuvre même peut être considérée comme un « faux ». Si vous remontez dans le temps et rédigez un document du passé, ce serait la découverte d'un document qui a écrit la « vérité ». C'est un travail qui est à la merci des gens qui en ont profité. En outre Eco en profite lui aussi.

L'auteur dit: Nous lisons les romans policiers comme un simple divertissement et nous oublions facilement ce que nous avons lu. Mais lorsque l'on nous dit ce que nous avons lu comme s'il s'agissait d'un fait historique, nous avons le sentiment qu'il est en quelque sorte familier et nous le considérons comme une preuve de nos propres affirmations.

Comme le montre cette description, la fiction laisse parfois une impression plus forte sur le lecteur que la non-fiction et a le pouvoir de lui faire croire qu'il s'agit d'un vrai fait. Ce roman sur cette horreur est aussi terrifiant.

Dès le début, les journaux intimes du protagoniste qui méprise non seulement les juifs mais presque tous nous laisse prendre aux mêmes sentiments. Cependant,on peut voir l'essence d'Echo dans quelques phrases de l'ironie comique qu'il intercepte parfois. Les racistes font la même chose avec ceux qu'ils catégorisent et méprisent ou un allemand fait ce que Simonini pense que les juifs auront fait.


La connaissance de l'histoire européenne de cette période est absolument nécessaire. Il y a pleins de détails que l'on se demande « Est-ce que l'on en a besoin pour arriver à destination? ». Si vous en manquez comme moi, cherchez tous les mots, tous les événements et tous les gens inconnus avec la carte de l'Europe correspondant à cette période exacte à la main. Cela doit être trop dur à lire pour ceux qui ne ressentent pas de poussé d'adrénaline et qui ne trouvent pas le plaisir en cette démarche. Elle mérite de connaître l'importance que diverses personnes considèrent qu'un événement leur convient et que les faits historiques peuvent être déformés de la manière qu'elles jugent appropriée.

Je suis satisfait d'avoir beaucoup appris les liens des faits historiques, des cultures, des religions et du contexte émotionnel entre les groupes ethniques européens.
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Le roman addictif par excellence, dans lequel Ecco nous fait partager sa culture immense et ses facéties. Il faut se méfier de tout et de tous dans ce livre, y compris de ce qu'on y lit : le narrateur est un menteur pathologique et introduit des erreurs dans son journal intime pour perdre le lecteur. Cela n'est pas sans rappeler La Reprise de Robbe-Grillet.
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Je n'ai pas du tout accroché à la narration qui me paraissait décousue et anarchique. J'ai donc abandonné.
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C'est un livre que je n'ai pas réussi à terminer et je ne suis pas parvenue à me forcer comme ça m'arrive, avec bonheur, quelquefois. J'ai même souvent dû reprendre la lecture de certaines pages tellement les phrases sont longues et les digressions nombreuses.

C'est vrai qu'il n'est pas présent" comme un livre facile à lire: il est structuré comme un journal intime mais ne raconte pas la vie au jour le jour du personnage central. On passe d'une époque à une autre, d'un personnage à l'autre car le personnage central à plusieurs identités, faussaire, agent secret et agent double. On navigue entre ces différentes personnalités et c'est fatiguant à suivre.

Pourtant la 4ème de couverture était alléchante et le début plutôt prometteur. Il présente un portrait plutôt acerbe de l'Europe de la fin du XIX ouvertement antisémite, anti-maçonnique, presque anti tout. le personnage en est lui-même la quintessence : il déteste tout et tout le monde. Rien ne trouve grâce à ses yeux ni les français, ni les allemands, italiens (surtout les piémontais, allez savoir pourquoi!), les juifs, les jésuites, les curés en général, les femmes. Cette misanthropie exacerbée pleine de préjugés qui frise le ridicule m'a fait franchement rire mais j'ai vite déchanté.
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livre alambiqué avec un personnage central anti-héros négatif anti-jésuite et antisémite obsédé par le complot.un pseudo-polar sur la manie du conspirationisme à ne pas mettre dans les mains d' un imbécile ou d' un délirant.Une belle évocation du Risorgimento (mouvement d' unification) italien et de son idéalisme.Il est difficile de comprendre pourquoi le Vatican a vertement critiqué ce livre à sa parution.Ce livre est aussi un hommage ironique aux romans-feuilletons du 19è siècle (Dumas, Sue, Leroux).
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