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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Axiomatique de Greg Egan, recueil de 18 nouvelles que j'avais déjà lu il y a, quoi, 12 ans ? J'en avais un excellent souvenir, mais un peu vague, bien que certaines des nouvelles ci-dessous soient parvenues à se graver durablement dans ma mémoire. Depuis, j'ai lu plusieurs de ses romans, et si certains sont décevants, les meilleurs sont brillants. Je n'ai pas l'impression d'avoir épuisé Greg Egan, c'est un des rares auteurs que j'ai activement envie de lire plus. Axiomatique maintient un niveau remarquable, et même les nouvelles les plus faibles ont une bonne raison d'exister.

L'assassin infini (4,5/5)

Un thème classique de Greg Egan, déjà exploré dans son roman Isolation : les univers parallèles. Ici, certains mutants ont la capacité de créer un vortex, un point dans l'espace où se rencontrent les univers parallèles. le narrateur est chargé de naviguer dans cet environnement hostile pour éliminer la menace à la source. C'est avant tout un concept, une idée très visuelle, qui fonctionne : plus on avance dans le vortex, plus la réalité se délite, et l'identité risque de se déliter avec elle. En ce sens, ça m'a rappelé le classique français L'oeil du purgatoire de Spitz.

Lumière des évènements (4,5/5)

Je ne crois pas au libre arbitre, mais, inévitablement, je vis dans l'illusion du libre arbitre. Cette illusion me semble être une partie essentielle de la condition humaine, dans le sens où la conscience de soi ne peut pas être couplée à une parfaite conscience du déterminisme absolu. Pour utiliser un terme plus fort encore : la conscience est soi est incompatible avec une parfaite conscience du déterminisme absolu, et donc avec une parfaite conscience de la réalité, car l'idée du soi, l'impression d'être un individu, est inséparable de la perception d'un futur flou. Toute l'évolution de la psychologie du vivant est justement orientée vers la maximisation des chances de reproduction des gènes de l'individu dans ce futur flou. L'individu est la girouette qui à chaque instant l'oriente dans un futur flou ; si cette girouette devient une ligne figée, il n'y a plus d'individu.

Que deviendrait l'individu, et sa conscience de soi, dans un monde où il peut directement percevoir le déterminisme absolu ?

Dans la nouvelle, suite à une pirouette physique un peu obscure, le présent est en contact avec le futur, ou plus exactement le futur peut parler au présent. Il est découvert que 1) il est physiquement impossible pour tout humain de changer le futur, ce qui expose l'individu à la réalisation du déterminisme absolu, mais 2), les messages que le futur envoie au présent sont en bonne partie des mensonges purs et simples, ce qui maintient l'illusion du libre arbitre. Greg Egan n'aborde pas ces questions avec l'angle qui m'aurait parlé le plus (les ravages psychologiques causés par le point 1), mais très bon néanmoins, hautement stimulant.

Eugène (4,5/5)

Vous vous souvenez de cette vieille nouvelle d'Asimov, ou le souhait le plus profond de la première IA est de mourir ? Ici, c'est la même histoire, mais avec des humains hyper intelligents. « Je ne vois aucune utilité à l'existence quand je peux faire tant en son absence. » Notons la peinture hautement réussie d'un couple tout à fait banal qui se retrouve à flirter avec l'exceptionnel.

La Caresse (4/5)

Un milliardaire esthète utilise son pouvoir et sa fortune pour reproduire dans le réel des oeuvres fameuses, quitte à écraser et détruire froidement la vie d'autrui. C'est sombre dans la peinture de cette impunité, et en plus de l'horreur humaine, ce sont les idées accumulées qui donnent au récit son intérêt : les flics drogués pour réduire leur émotionnalité, l'algorithme qui trie les témoignages téléphoniques par probabilité, la chimère au coeur de la trame...

Soeurs de sang (2/5)

Cette fois, l'idée (des tests médicamenteux en triple aveugle qui donnent des placebos à des patients sans leur consentement et à très grande échelle) n'est pas suffisante pour compenser la trame très plate qui a été construite autour.

Axiomatique (5/5)

Celle-là m'avait beaucoup marqué il y a toutes ces années, lors de ma première lecture. Il y est encore question de libre arbitre, et d'implants qu'on peut acheter librement pour choisir ses propres opinions et croyances. Des nanomachines qui font quelques connexions dans le cerveau, et voilà, on croit telle ou telle chose. Greg Egan est revenu à cette idée dans Isolation, et c'est un thème récurrent chez Iain Banks comme ailleurs, mais cette démonstration est particulièrement dense et efficace. La personnalité comme simple état de la matière qui a la capacité de se changer elle-même. Reste à examiner ce qui pousse à se procurer un implant.

Le Coffre-fort (4,5/5)

La perspective de quelqu'un qui, depuis toujours, se réveille chaque jour dans un corps différent, le corps de gens qui réels, qui ont leur propre vie, et, eux, leur propre corps. le narrateur essaie de comprendre sa condition, et va trouver le fin mot. le seul problème narratif, c'est que le lecteur comprend instantanément la révélation que le narrateur met un peu de temps à accepter, mais c'est un détail : excellent et touchant.

Le Point de vue du plafond (4/5)

Il m'est déjà arrivé l'expérience extracorporelle précise qui arrive au narrateur : se voir d'au-dessus. Par contre, notre narrateur se retrouve obligé de vivre avec à long terme. On sent poindre le problème classique de Greg Egan : arriver à transformer l'idée en narration. Ici, il s'en sort, mais de justesse.

L'Enlèvement (4,5/5)

Une thématique habituelle pour Greg Egan : la conscience simulée, et les questions existentielles qui vont avec. Cette fois, c'est une histoire de chantage : et si la personne enlevée contre rançon n'est pas une "vraie" personne, mais une simulation créée pour l'occasion, une simulation qui ressent tout ce que l'authentique ressentirait ? Quels sont les devoirs éthiques envers cette personne simulée ?

En Apprenant à être moi (5/5)

On reste sur le même thème : depuis le plus jeune age, les humains se voient implantés un "cristal" qui apprend à copier et reproduire le fonctionnement du cerveau de l'individu et sa mémoire, jusqu'à ce que, avant que le cerveau charnel ne commence à décliner, celui-ci soit gentiment excisé afin de laisser le cristal prendre le relai. L'exercice de pensée est radical et ne laisse pas indifférent, d'autant plus que Greg Egan développe l'horreur psychologique d'une rupture entre la conscience charnelle et celle du cristal. Excellent. Il n'y a pas beaucoup d'auteurs qui jonglent aussi brillamment avec la nature de la conscience et parviennent ainsi à impacter le lecteur de façon durable.

Les Douves (3,5/5)

Encore une nouvelle qui est une idée transformée en narration d'une façon un peu forcée : les 0,0001 % seraient-ils secrètement en train de faire sécession du reste de la population en modifiant leur biologie de façon à rendre leur reproduction sexuelle impossible avec le commun, les transformant de facto en une espèce à part ? Malgré l'aspect artificiel de la narration, Greg Egan parvient à rester passionnant.

La Marche (4/5)

Celle-là est une variation sur exactement le même thème qu'Axiomatique, dans un contexte marrant : un tueur à gages fait avancer sa victime vers sa mort dans les bois tout en essayant de la convaincre de sa position philosophique marginale qui justifie l'innocence de son métier. Mais sa foi en cette position n'existe que grâce à un implant qu'il a choisi de s'implanter, et quelle meilleure façon de convaincre autrui que de convaincre de prendre l'implant ? Il ne s'agit donc pas de convaincre d'une idée, mais de convaincre de choisir une idée comme on choisit un plat au resto.

Le P'tit-mignon (4/5)

Envie d'avoir une progéniture, mais les chats ou les chiens ne sont pas un succédané suffisant ? le p'tit-mignon est une option : un nourrisson bien basé sur vos gènes, et qui peut se développer aussi bien dans un utérus classique que dans le ventre d'un homme avec un peu d'aide, mais artificialisé pour ne développer aucune intelligence et mourir bien gentiment. le parcours de cet homme qui décide d'en avoir un est déjà suffisamment glauque pour que le twist semble superflu : le choix d'avoir un p'tit-mignon, et le fait de l'aimer, est déjà une horreur qui se passe de twist.

Vers les ténèbres (5/5)

Nouvelle superbement illustrée par Manchu en couverture, elle rappelle fortement la première de ce recueil, L'assassin infini. Exactement de la même façon, on y suit la perspective de quelqu'un qui doit plonger jusqu'au coeur d'une zone où les lois de la physique sont radicalement et dangereusement changées. Les détails qui viennent étayer et rendre palpable ce désordre physique sont particulièrement nombreux et pertinents, aussi bien à l'échelle expérientielle de l'individu qui s'y plonge que, d'une façon plus large, à l'échelle de l'humanité qui tente de s'organiser pour faire face à cette menace récurrente. On sent là assez de matière pour construire un roman.

Un amour approprié (3,5/5)

Nouvelle visuellement marquante : une femme accueille dans son utérus le cerveau de son compagnon gravement blessé, pendant deux ans, en attendant qu'on lui fabrique un nouveau corps. Après tout, c'est la technique de conservation la moins chère et la compagnie d'assurance ne paiera pas autre chose. Il n'y a pas grand-chose de plus que cette situation, mais elle est explorée en détail.

La Morale et le Virologue (3,5/5)

Celle-là, je m'en souvenais : un cul béni fanatique façonne un virus fort mortel qui ne s'attaquerait que aux « adultères et sodomites ». On comprend rapidement son projet et la nouvelle traine un peu, mais ça reste marrant. Enfin, sombrement marrant.

Plus près de toi (3/5)

Une continuation de En Apprenant à être moi. Profitant de leur immortalité, les humains expérimentent d'autres corps, et autres expériences permises par le cristal, mais ça ne suffit pas au protagoniste, qui est obsédé par l'idée de savoir ce que c'est que d'être quelqu'un d'autre. Avec sa compagne, il va se livrer à une expérience de fusion de l'esprit. Il aurait pu se douter des conséquences.

Orbites instables dans la sphère des illusions (5/5)

Une vision hautement frappante pour conclure le recueil : les religions comme des bassins d'attraction qui attirent de force les humains comme un trou noir piège la lumière. Un beau jour, les mèmes que sont les religions et autres croyances sont devenus contagieux, et après quelques jours de chaos, certains ont atteint une masse critique à laquelle il est impossible d'échapper. Et pourquoi vouloir y échapper ? C'est enfin l'occasion de vivre dans la certitude. Sauf pour une minorité de marginaux qui existent dans la frontière perpétuellement mouvante des sphères d'attraction, effleurés par les idéologies mais parvenant à éviter la zone de non-retour. A moins que... le doute est-il sa propre idéologie qui piège autant que les autres ? « Peut-être que nous avons été capturés par ce que tu appelles liberté. » de la part de Greg Egan, il ne s'agit évidemment pas d'un relativisme culturel qui dirait qu'au fond, tout se vaut (idée atroce), mais d'une évocation saisissante de l'idée de mème et de l'illusion du libre arbitre.

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Tout ce que j'attends de la lecture de nouvelles de sf : à la fois surprenant, divertissant, prospectif, reflexif, Greg Egan a un talent remarquable. Je decouvre cet auteur en 2024, et je suis epatee de l'actualite de ses imaginations encore aujourdhui
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Greg Egan, auteur australien né en 1961, est aujourd'hui considéré comme le « pape de la hard-SF ». Et s'il est vrai que ses romans et nouvelles ont un soubassement mathématique et scientifique solide, nul besoin d'être titulaire d'un master en physique quantique pour les apprécier pleinement. Car ce qui intéresse Greg Egan, ce ne sont pas les toutes dernières avancées théoriques et techniques en elles-mêmes, ce sont leurs implications vertigineuses pour l'individu en termes d'identité, de déterminisme et de libre-arbitre.

Je dirais que plus que de « hard-SF », il s'agit, du moins dans son recueil de nouvelles le plus emblématique, Axiomatique, d'une science-fiction intériorisée : l'essentiel ne réside ni dans l'action, ni dans d'hypothétiques voyages dans le temps ou de lointaines guerres des étoiles, mais dans les interrogations de personnages plongés dans des situations inextricables, placés face à des dilemmes cornéliens. Chaque nouvelle peut être perçue comme une expérience de pensée comme on en rencontre en philosophie morale. Or, les expériences de pensée ont ceci de très efficace qu'elles nous associent, non plus seulement en théorie, mais en pratique, à des situations dans lesquelles entrent en conflit deux systèmes de valeur équivalents et antagonistes. Greg Egan va plus loin. Non seulement il nous place à chaque nouvelle histoire dans un contexte inédit et déstabilisant créant une situation à la fois excitante et inconfortable, mais en plus il s'arrange pour que ses personnages n'y répondent jamais de la façon attendue, c'est-à-dire selon les règles habituelles de la morale ou de la psychologie, créant ainsi vertige et malaise chez son lecteur.

Sur les dix-huit nouvelles que comporte ce recueil, à l'exception peut-être d'une ou deux histoires que j'ai trouvées moins vertigineuses, j'ai eu à chaque fois le sentiment de frôler l'abîme. du reste, je n'ai jamais pu lire plus de deux nouvelles chaque soir, car j'avais besoin du reste de la soirée et de toute la journée du lendemain pour digérer ce que j'avais lu. J'ai eu également le sentiment que l'auteur s'était systématiquement emparé des questions qui me taraudent le plus au monde, questionnements existentiels qu'il s'est amusé à mettre en situation avec une rigueur implacable, me menant par le bout du nez sur des chemins tortueux aboutissant à de nouveaux questionnements encore plus vertigineux (si c'était possible) que ceux du départ.

Qui suis-je et dans quelle mesure suis-je libre?, se demande inlassablement Greg Egan. Autrement dit, quelle part de moi-même résulte de ce que l'on appelle une conscience libre? Cette part de moi-même existe-t-elle seulement?
Dans l'Assassin infini, la nouvelle qui ouvre le recueil, le narrateur, confronté à une infinité de versions de lui-même dans une infinité d'espace-temps, se rassure comme il peut :

« Et pour ce qui est de m'inquiéter de mes alter ego qui désertent, qui échouent ou qui meurent, il existe une solution simple : je les renie. C'est moi qui définis mon identité comme je le désire. Je suis peut-être forcé d'accepter ma multiplicité mais c'est moi qui en trace les limites. « Je » suis ceux qui survivent et réussissent. Les autres sont quelqu'un d'autre. »

Dans la nouvelle suivante, Lumière des événements, le futur est déjà connu, grossièrement résumé en une centaine de mots par jour pour chacun d'entre nous. Vous connaissez dans ses grandes lignes la vie que vous allez vivre, vous connaissez avant de l'avoir rencontrée la femme avec laquelle vous allez passer le restant de vos jours, vous savez dans quel restaurant vous allez l'inviter, vous savez où et quand vous allez faire l'amour pour la première fois, etc…
Tout cela semble sonner le glas du libre-arbitre, pensez-vous. Ce à quoi Greg Egan répond : qu'entend-on au juste par libre-arbitre, cette chose magique que l'on nomme libre-arbitre a-t-elle jamais existé ?

« Le futur a toujours été déterminé. Qu'est-ce qui pouvait avoir une influence sur les actions humaines, si ce n'était l'héritage et l'expérience passée – unique et complexe – de chacun ? Qui nous sommes décide de ce que nous faisons. »

Que ce « qui nous sommes » soit autant déterminé par le futur que par le passé ne change rien à l'affaire. Fondamentalement rien.
Du reste, qui sommes-nous? Qu'un super-ordinateur ayant appris à imiter notre cerveau remplace celui-ci afin de nous rendre immortels (L'Enlèvement, En apprenant à être moi), cela change-t-il irrémédiablement notre identité? Sachant que la vie n'est qu'imitation, que notre corps ne contient plus un seul des atomes avec lesquels nous sommes nés?
« Comparée à tous les changements par lesquels j'étais passé jusque-là, la destruction de mon cerveau organique ne serait peut-être qu'un minuscule accident de parcours.
Ou peut-être pas. Peut-être serait-ce la même chose que de mourir. »

Finalement, que nous reste-t-il quand l'existence même du libre-arbitre est sujette à caution ? À quoi se raccrocher quand tout se dérobe ? Au mensonge et à l'illusion, répond Greg Egan, pathétique planche de salut pour les êtres humains désorientés que nous sommes.
Ainsi dans la nouvelle Eugène, alors qu'un couple ne pouvant pas avoir d'enfant par les voies naturelles se voit offrir la possibilité de se faire fabriquer un « génie », le futur père s'interroge :

« Comment pouvait-il avouer que, personnellement, il ne voulait pas connaître l'ampleur exacte du déterminisme génétique dans le destin d'un individu ? Comment pouvait-il déclarer qu'il préférait s'en tenir à des mythes confortables – au diable les euphémismes, qu'il préférait croire à des mensonges éhontés – plutôt que de devoir admettre cette morne vérité qui faisait qu'un être humain pouvait être fabriqué sur commande, comme un hamburger ? »

Que le libre-arbitre soit une vaste fumisterie et que nous soyons entièrement déterminés n'implique pas, c'est là tout le paradoxe, que nos actes soient hautement prévisibles, loin s'en faut. L'être humain n'est pas (encore) une machine, ou un automate. Pour le meilleur et pour le pire. Dans la nouvelle « Axiomatique », un homme, obsédé par le meutre de sa femme lors d'un braquage, retrouve l'assassin et le questionne sans relâche : « Dis-moi pourquoi tu as tué ma femme. »
Mais le meurtrier n'a aucune raison valable à lui donner. Comme l'homme insiste, s'accrochant désespérément à l'idée que sa femme n'a pas été tuée sans raison, le meurtrier s'énerve :
« Qu'est-ce que tu veux que je dise ? Je me suis énervé, OK ? Ça tournait au vinaigre, j'ai disjoncté et elle était là, OK ? »
Et l'homme enfin comprend, ses yeux se dessillent dans un éclair de lucidité :
« Il m'était déjà arrivé, dans le cadre de mon travail, de briser une tasse de café ou deux parce que la situation était tendue. Une fois, à ma grande honte, j'avais même donné un coup de pied à notre chienne après m'être disputé avec Amy. Pourquoi ? J'ai disjoncté et elle était là. »

Je remercie vivement les Editions le Bélial' grâce auxquelles l'oeuvre de Greg Egan est aujourd'hui accessible au lecteur français dans sa quasi totalité. Je remercie amoureusement Laurent pour m'avoir incitée à lire ce livre. Je remercie affectueusement Paul (@El_Camaleon_Barbudo) pour m'avoir accompagnée dans cette lecture passionnante.

« J'avais maintenant compris que personne ne possédait les réponses que je désespérais d'obtenir. Et il était très peu probable que j'arrive un jour à les trouver par moi-même. le choix était très simple : soit je perdais mon temps à m'interroger sur les mystères de la conscience, soit, comme tout le monde, je cessais de m'en inquiéter et je m'occupais de ma vie, tout simplement. »

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Axiomatique est le premier volume d'une intégrale raisonnée des nouvelles de Greg Egan, réédité cette année aux éditions du Bélial. Les deux autres volumes sont « Radieux » et « Océanique ». Greg Egan est un écrivain de science-fiction australien emblématique, fascinant, l'un des plus importants de la science-fiction contemporaine, certains allant jusqu'à le considérer comme le pape de la « hard SF », cette science-fiction qui s'appuie sur les connaissances scientifiques des sciences « dures ». Certaines nouvelles de Greg Egan jouent avec les notions les plus complexes des mathématiques ou de la physique, comme la théorie des graphes ou la mécanique quantique (et même les deux en même temps), mais l'humain et son devenir sont toujours au centre de ses récits : même si l'on renonce à comprendre toutes les subtilités scientifiques, ses nouvelles donnent à réfléchir sur le devenir de l'humanité.

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La grande majorité des nouvelles d'Axiomatique peuvent être considérées comme de la science-fiction d'anticipation. Dans un avenir plus ou moins proche, des progrès technologiques ou scientifiques ont modifié en profondeur nos sociétés ce qui n'est pas sans poser des questions d'éthique ou métaphysiques. A titre de comparaison, chaque nouvelle est un peu comme un excellent épisode de la série Black Mirror.

De la copie de conscience à l'implant neural en passant par le déterminisme génétique, c'est la notion d'identité qui est au coeur des problématiques auxquelles les personnages ainsi que les lecteurs sont confrontés. Qu'est-ce qui fait de nous un être humain ? Notre conscience ? Nos choix ? Notre cerveau ? Notre corps ? Notre capacité à communiquer ? Qu'est ce qui détermine ce que nous sommes ? Nos gênes ? Notre éducation ?…

On pourrait s'attendre à ce que toutes ces questions soient mises en scène de manière purement scientifique et froide, mais il n'en est rien. Au contraire ces interrogations sont très incarnées, les personnages ô combien humains ne peuvent que nous faire nous identifier à eux. L'auteur australien nous pousse à partager leurs incertitudes, leurs tâtonnements et c'est là que réside selon moi toute la puissance de cet ouvrage. En très peu de pages Greg Egan arrive à créer des univers et des personnages qui nous passionnent et nous aspirent dans leurs tourments. de chacune des nouvelles nous ressortons sonnés, groggy, et il est délicat d'en enchainer la lecture car il faut un temps pour les digérer. Il y a là de quoi faire durer le plaisir. (chronique complète sur le blog)
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Axiomatique est un très bon recueil dont les textes posent beaucoup de questions et poussent donc le lecteur à se questionner tout autant. Egan questionne aussi notre société capitaliste et la critique occasionnellement de manière très appropriée et maline. L'énigmatique auteur australien montre un talent fabuleux pour le format cours en abordant frontalement et intelligemment des sujets forts. Il sait toucher, mettre mal à l'aise ou en colère, donner parfois un aperçu de worldbuilding plus qu'intrigant et aussi distribuer par moment une chouette dose de Sens of Wonder. Des textes comme «Le Coffre-fort », « Vers les ténèbres » ou encore « Un amour approprié » justifient à eux seuls l'achat de ce recueil. Merci le Bélial' d'avoir réédité ce livre.
Lien : https://blogconstellations.h..
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Je ne suis pas lecteur de science-fiction ; pas du tout.
Mais là, je dois avouer être tombé sous le charme de Greg Egan. Toutes ses nouvelles sont soutenues par une très grande connaissance des dernières recherches scientifiques, dans des domaines aussi variés que la biologies, l'astrophysique ou les sciences digitales.
Ce sont des dystopies magnifiquement contées et renseignées.
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Oh non, encore un bouquin de SF. Mais pourquoi m'inflige-je cette obligation, cette loi morale, ce besoin de vérifier que mes attentes sont bien plus souvent déçues que satisfaites ? Pour le plaisir de les voir parfois, effectivement, comblées ? Un roman de Silverberg et quelques phrases hypnotisantes de l'oeuvre de P. K. Dick peuvent-elles suffire à me justifier ? J'ai de la peine à le croire. Qu'attends-je de la SF ? Non pas une histoire, non pas de complexes mondes imaginaires, parallèles, diffractés, réfractés ou contractés, non pas de ces histoires d'éternelles guerres qui profiteraient de l'inventivité d'un nouvel appareillage dédié à l'anéantissement d'autrui pour se renouveler dans leur art de la jouissance de mort. Non : les actions m'ennuient quand ce ne sont pas les miennes. J'attends de la SF l'étonnement de personnages qui, quelle soit la figure probable d'un monde, ne cessent de ne pas le comprendre.


Les nouvelles de Greg Egan dans Axiomatique remplissent ces conditions. La SF traditionnelle a trop tendance à oublier que l'homme, tout projeté qu'il soit dans un environnement grouillant de béquilles technologiques ou étendu aux confins de l'univers, restera toujours marqué et blessé par le péché originel : divisé et souffrant de l'éloignement de l'autre, et désirant surmonter ces tares originelles. le rapport des personnages de ces nouvelles aux étranges conditions de vie qui sont les leurs sont marqués par ce caractère tragique de la condition humaine. Les mystères du temps, de la conscience et de l'altérité sont appréhendés à travers des histoires sans effets spéciaux. Les principales angoisses de l'homme y sont évoquées : qu'est-ce qu'être l'autre ? qu'est-ce qui en moi me fait être moi ? ce qui en moi me fait être moi est-il vraiment moi ? comment atteindre l'autre complètement ? Les solutions que notre humanité essaie de proposer pour calmer son angoisse métaphysique sont développées jusqu'à leurs retranchements, dévoilant aux aveugles la perversité de l'idéologie transhumaniste et eugéniste.
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Je craignais de lire Axiomatique car Greg Egan m'effrayait par son aura et sa réputation. Toutefois, on ne rappellera jamais assez que hard-sf ne signifie pas compliqué ou accessible uniquement à quelqu'un disposant d'un doctorat dans un domaine scientifique comme la physique, la biologie ou que sais-je. La plupart des textes de ce recueil sont accessibles et invitent à des réflexions intéressantes sur ses domaines aussi variés que l'identité, la maternité, la génétique, le dérèglement climatique… J'ai pris beaucoup de plaisir à lire et à réfléchir sur Axiomatique. Je vous en recommande donc chaudement la lecture, que vous soyez ou non des spécialistes en sciences ! Foncez.
Lien : https://ombrebones.wordpress..
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Axiomatique est un recueil épatant de qualité et finalement passionnant à lire malgré des concepts plus ou moins ardus. Les nouvelles n'oublient jamais l'aspect humain derrière les développements scientifiques et proposent de multiples réflexions autour de la question de l'identité et des limites d'un être humain, tant concernant son corps que sa conscience. C'était finalement plus accessible que je ne le pensais!

Critique complète sur yuyine.be!
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