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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Un livre qui fait réfléchir. On ne tourne pas les pages rapidement, chaque page apportant matière à réflexion.
J'ai particulièrement apprécié l'interrogatoire du missionnaire venu apporter "la bonne parole" par le commissaire de Nagasaki qui veut l'apostasie des prêtres catholiques. Les points de vue s'affrontent, les arguments s'opposent. Qui a tort, qui a raison, qui va l'emporter ?
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Lu dans le cadre de mes études. Ça fait donc un bout de temps. Il me faudrait le relire pour pouvoir donner une note raisonnée.
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Ce n'est rien dévoiler de l'intrigue que de dire que le silence dont il est question dans cet ouvrage, et lui donne son titre, est le silence de Dieu. Un silence si impénétrable, même dans les épreuves les plus douloureuses qu'endure Sa créature, que le doute aura pu germer dans l'esprit du père Rodriguez, missionnaire de la foi catholique parmi les plus fervents. Il était convaincu du bien-fondé de sa mission au point de quitter son Portugal natal et partir pour le Japon prolonger l'oeuvre d'évangélisation engagée par François-Xavier au 16ème siècle.

Après une période prospère pour la propagation de la foi catholique en cette terre lointaine, les autorités locales, en la personne des shoguns successifs, ont décidé de mettre un terme à la contagion. Ils se livrent alors à une répression féroce des tenants du dogme. Ils font oeuvre d'un machiavélisme tout asiatique pour obtenir des prédicateurs investis de leur mission, non pas qu'ils quittent la pays ou meurent courageusement, mais qu'ils abjurent leur foi.

Sans connaître encore l'auteur, cet ouvrage a retenu mon intérêt à la seule lecture de la quatrième de couverture. Un ouvrage contre le prosélytisme de toute nature, en particulier en matière de religion. Cette propension délétère à vouloir convaincre l'autre d'adopter ses croyances, et imposer l'hégémonie sur les consciences d'une doctrine instituée en vérité absolue. L'histoire est pleine de ces entreprises qui de la séduction évoluent, au fur et à mesure que la notoriété leur donne du pouvoir, vers l'incitation puis la contrainte.

"Nous ne débattrons pas du juste où du faux de votre doctrine" fait dire Shûsaku Endô à son contradicteur. Les japonais ont la leur. Elle honorera tout aussi bien Celui qui règne sur tout ce qui naît, croît sur terre et la quitte un jour.

Silence, un ouvrage pour dire aux prédicateurs de tout poil de rester chez eux, dans le même mutisme que celui du grand ordonnateur des choses de ce monde vis-à-vis de Sa créature. J'adhère.
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Rien ne me vient alors qu'il s'agit de traduire ma lecture en mots. Quels sentiments, quels ressentis, quel parcours de lecture ai-je eus ? Qu'est-ce que Shusakû Endô a fait de moi, pendant ces 300 pages de Silence ? Rien ne me vient, si ce n'est ce bourdonnement du silence, et le poids d'un livre qui m'a littéralement embarquée, à bord des jonques du 17e siècle, dans son périple autour de la foi. Je suis trois, puis deux, puis un père jésuite, à la recherche de celui qui, peut-être, qui sait vraiment, aurait abandonné volontairement sa foi en terre japonaise. Pour qui ? Pour quoi ? Comment cela peut-il être possible ?

Pour qui et pour quoi sont effectivement les questions qui donnent voix au silence. Silence est certes une aventure autour de la foi, mais également autour du doute qu'elle peut provoquer quand les tremblements de la vie se font sentir. La torture des uns pour l'apostasie des autres est-elle l'unique voie ?

La magnifique poésie de Shusakû Endô ne suffit pas à briser le silence que provoque le doute qui assaille celui qui vit de croyances. Ici, le silence est questions. Qui est fort et qui est faible face à la foi ? Comment perpétuer les paroles et les actes que Jésus a eus face à Pierre, à Judas, et aux autres ? « Ce que tu as décidé de faire, fais-le vite ». Que voulait dire le Christ et quelles étaient ses intentions en prononçant ses mots ? A-t-il, lui aussi, été en proie à l'incertitude ? [ suite de la chronique sur www.startingbooks.com
Lien : https://www.startingbooks.com
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Le court roman historique de Shûsaku Endô, "Silence", est paru en 1966, et son adaptation au cinéma par Martin Scorsese a ravivé l'intérêt pour ce livre, qui nous est donné ici en traduction française de la traduction anglaise faite sur le japonais. Plusieurs formes narratives sont mises à contribution : la lettre, le journal, puis le récit à la troisième personne, mais la touche personnelle de l'auteur, c'est la sobriété, l'absence de pathos et l'attention au réel dans ses moindres détails. Cette sobriété fait paraître d'autant plus cruelle la vie de ce Japon paysan et opprimé du XVII°s, sous la botte des samouraïs et des seigneurs. Par les yeux des deux missionnaires catholiques envoyés en secret dans le pays, où le christianisme est interdit, le lecteur voit la totale misère des paysans et la dureté impitoyable d'une société où ils entrent par la petite porte. On est très loin des "Nouvelles d'un monde flottant" des maisons de plaisir de Kyoto, ou des valeurs nobles du Bushido.

La persécution anti-chrétienne est décrite avec la même sobriété : les paysans meurent en martyrs, et les missionnaires sont rendus responsables des atrocités que les autorités leur montrent. Ne vaudrait-il pas mieux, par compassion pour ces pauvres gens, leur conseiller de renier la foi et de marcher sur le visage du Christ ? C'est de cette manière, en retournant les valeurs chrétiennes de compassion contre elles-mêmes, que le pouvoir parvient à briser les missionnaires.

Cette façon de briser et les corps et les âmes, m'a paru un sujet romanesque plus intéressant que le thème du silence de Dieu, qui a attiré l'attention des Américains et des cinéastes. Ce thème, dans la culture, est rabâché par les grandes productions culturelles du moment, des grands films aux romans populaires ou aux séries policières. "Comment Dieu, qui est toute bonté, peut-il se taire devant la souffrance injuste des Justes ?" Les Anglo-Saxons y reviennent souvent, car ils connaissent la Bible mieux que nous, "laïcs", et en particulier le livre de Job. On dirait même qu'ils ont assez de foi en Dieu pour être angoissés par Son silence et en souffrir, ce qui implique un grand désir de communiquer avec Lui. Ce sentiment est moins partagé en Europe.

Shûsaku Endô, en 1966, publia "Silence" avant ce vacarme médiatique sur le silence injuste de Dieu. Il est lui-même tombé dans le piège, ou du moins il donne à son personnage des pensées de révolte contre la Providence. Mais son roman est un très beau portrait de prêtre (on signale qu'Endô, en France, a beaucoup lu Bernanos) qui rapporte tous les épisodes de sa passion à celle du Christ. Son héros sait bien, et il le dit, que le Christ en croix a subi lui-même ce terrible silence, ce terrible abandon de Dieu. La passion du héros n'aurait pas été complète sans cette torture-là.

L'auteur ajoute une dimension nouvelle, en la personne du traître, de Judas, incarné par un personnage récurrent du récit. Le Judas des Evangiles disparaît en se suicidant, alors que le traître de "Silence" accompagne sa victime jusqu'à la fin. Du reste, le prêtre lui-même, devenu un Judas, va plus loin que la Passion du Christ, pour ainsi dire. Le christianisme enseigne que le Christ a partagé toute la condition humaine, sauf le péché. Le héros de "Silence" va jusqu'au fond du péché, de la honte, de la trahison et embrasse toute la condition humaine jusqu'à la totale annulation de soi. On trouve ici un écho de la Seconde Lettre aux Corinthiens (V-21) : "Celui qui n'a point connu le péché, Dieu l'a fait péché pour nous". C'est une des grandes originalités du livre.

Mais ce long chemin de croix n'aboutit à aucune résurrection. Le roman est-il véritablement, essentiellement, chrétien ?

Un livre entièrement douloureux, jamais doloriste, dont la lecture n'a rien d'un divertissement.
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La force de ce livre est sans doute de faire réfléchir chaque lecteur de manière différente. Pour moi: un homme face à une conviction qu'il n'a jamais questionnée et qu'il voit à présent ébranlée par les évènements. Un homme seul qui ne doit son malheur qu'à cette même conviction et qui, sous peine de ne plus trouver de sens à rien, ne peut l'abandonner. Un homme déchiré entre son égo et ses croyances, sa foi et son Eglise.
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Eh bien quelle curieuse expérience que de lire un roman après avoir vu le film éponyme ! Et quel film que celui du Scorsese , que je considère comme un pur chef-d'oeuvre .
D'entrée de lecture , toutes les images se superposent au texte , il faut un véritable effort pour mettre tout cela en synchronisation pour pouvoir rentrer dans le texte . Pas évident mais la force tragique de cette partie de l'histoire japonaise reliée à notre implication occidentale me bousculent , et presque en apnée j'ai plongé dans ce roman pour n'en ressortir qu'une fois tournée la dernière page .
D'aucuns le classeront dans le genre roman historique . Certes , puisque il s'attache à travers une histoire , à réveiller les blessures des hommes lors de la christianisation du Japon au XVIIème siècles .
D'autres l'aborderont sous son angle roman d'aventure ; en effet on voyage , Shûsaku Endo nous fait rêver avec ses descriptions d'un ailleurs , à une époque où le voyage sur les courriers à longs courts était synonyme de péripéties et dangers de toutes sortes , et où la confrontation à une autre culture que la sienne étaient tout aussi périlleuse .
Mais plus que cela , au delà de cette forme dynamique , vivante , c'est bien la racine souterraine dans ce qu'elle comporte de questionnements philosophiques et religieux qui surgit puissamment dans cette histoire , et force à s'impliquer dans ce roman , en tant qu'homme , en tant que chrétien ou pas , en tant qu'occidental ou pas et de là à réouvrir les blessures anciennes de l'humanité .
Si l'histoire de ces prêtres partis retrouver l'un des leurs, qui selon la rumeur aurait apostasier ,tout en continuant à porter le message du Christ tient le lecteur en haleine , sa densité dont s'est nourri SCORSESE pour faire son film se situe dans le prolongement des faits : il fait partie de ses ouvrages dont la véritable lecture se situe dans l'après , de ceux dont on dit maladroitement parce que les mots n'ont plus court " on n'en ressort pas indemme".
A travers des descriptions minutieuses et non édulcorées des tortures psychiques et physique , Endo ne ménage pas son lecteur , toute la cruauté des japonais pour lutter contre l'implantation de cette religion occidentale témoigne d'une perversité au delà du soutenable .
En double lecture , , c'est la trahison de Judas , c'est le doute , c'est le devoir de fidélité au message de Dieu apparaissant en contradiction avec le devoir d'amour de son prochain ,c'est la parole biblique et ses mystères dans un questionnement intérieur lancinant , c'est la solitude de l'homme de foi dans le silence de Dieu , c'est la lutte pour trouver une cohérence , un sens à cette absurdité , et c'est bien le christ en croix , que l'on soit chrétien ou pas qui porte cette oeuvre dans sa douleur .
Mais plus prosaiquement , en dehors de cette lame de fond qui m'a submergée pour me laisser dans mes errances existentielles , philosophiques , théologiques , il me faut quand même apporter une franche réserve à la traduction , indubitablement préjudiciable à la qualité de l'ouvrage .
A part ça , voilà encore du grain à moudre sur mon chemin du devenir .
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Un peu difficile pour moi au départ de m'identifier et de trouver ma place dans ce roman. Pour moi, à qui la religion ne signifie rien, me retrouver dans une lecture où la religion chrétienne est si présente, c'est quelque peu déroutant.

Cependant, petit à petit, on s'intéresse aux sentiments des différents protagonistes et on se rend compte que les situations qu'ils vivent ne sont finalement pas tant liées à la religion et aux différentes croyances, mais davantage aux conflits d'idéaux quels qu'ils soient.

Donc on final c'est une lecture qui fait réfléchir, et bien que l'auteur soit chrétien, je n'ai pas eu l'impression qu'il ait cherché à me convaincre ou à me persuader de quoi que ce soit. Et je pense que c'est cela avant tout qui m'a fait apprécier ma lecture, le fait d'être libre de ma pensée et de ma réflexion.
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Le silence règne sur les montagnes. Sur la mer. Sur un pays. Aux cieux. Ce silence oppressant, aussi lourd à porter qu'une croix sur son épaule. le Japon s'est ouvert aux portugais, pour le commerce. Les portugais y apportèrent la paix du Christ ou du moins leur religion. Des prêtres convertirent les paysans au christianisme. La foi devant le Seigneur fut grande et pleine d'espoir. Mais le Japon est-elle une terre d'asile pour cette religion ? Des bruits venus de cette île font état de persécutions sur ces néo-chrétiens. Bravant le danger, l'incertain, le voyage, les années, la mer, la maladie, la piraterie, la mort - quelle expédition ! – deux envoyés de Dieu débarquent sous une lune éclairée - et sa bienveillance clarté ? - sur cette terre si hostile aux ouailles du même Dieu.

Une plage déserte, une croix au sommet de la montagne, une pluie déchirante, mauvaise augure...

Je chemine donc en silence (le silence étant ce qui me caractérise le mieux) cet extraordinaire voyage (autant que celui d'un samouraï du même auteur) avec tous les questionnements qui s'imposent. Sur la foi. Sur Dieu. Sur la barbarie humaine. Sur l'âme. Entre chaque question intérieure, tu me réponds par un silence. Un silence que j'accepte au début comme une mise à l'épreuve de ma foi. Mais le silence devient torture, la torture s'en prend à des paysans, les paysans sont crucifiés, noyés, saignés. le silence demeure. L'homme meurt. le silence oppresse, divise même mon esprit. J'attends que tu me répondes, Dieu, sur ce que tu attends de moi, de nous, simples missionnaires venus répandre ta foi et ta compassion sur la terre, une terre boueuse et devenue bien silencieuse.

La nuit, tandis que la lune monte, je regarde le ciel et ses étoiles qui clignotent comme autant d'âmes venues s'évaporer dans les volutes de la Voie Lactée. La mer se démonte contre les falaises de cette île silencieuse. La pluie se fracasse dans un bruissement continu et hurlant. Ai-je envie de hurler mon cri de douleur et de désespoir à la face de ce monde ? Pourtant je n'entends que le bruit des vagues et le croassement des corbeaux répondants au coassement des grenouilles. Lugubre. Funeste. Les missionnaires espèrent, attendent, prient. Pour leur salut. Pour celui des chrétiens. Pour celui des âmes perdues. Croyant ou pas, j'assiste impuissant à ces séances de torture organisées par le chef suprême. La torture physique devient psychologique. Ne pas les tuer. Ne pas en faire des martyrs. Un missionnaire soumis qui renonce à sa religion aura toujours plus de poids et de force qu'un missionnaire mort. Là est la vraie torture, le faire douter de sa foi, de son Dieu, jusqu'à l'apostasie. Un Dieu qui a choisi de garder le silence, un silence si oppressant qu'il en est devenu incompréhensible pour qui veut garder la foi devant tant de cruauté humaine. Comme un signe d'abandon.

[...]
Lien : http://memoiresdebison.blogs..
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