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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Avec « Silence », prime mon questionnement religieux. A une époque où les Tokugawa ferment l'archipel aux étrangers, hormis un minuscule comptoir néerlandais près de Nagasaki, une mission jésuite parvient jusqu'au Japon pour évangéliser, avec tous les risques que cette présence chrétienne comporte sur ce territoire. Avec ce livre, puis après avec le film de Scorsese, je me questionne toujours sur la pertinence de cet acharnement à imposer la vision chrétienne dans un pays qui possède déjà ses propres codes religieux avec le shinto et le bouddhisme. La Foi, me dira-t-on permet toutes les audaces. Jusqu'à la souffrance et la mort. Je comprends ce qui meut nos pères jésuites. Mais je m'étonne toujours du peu de cas que l'on fait de la pensée d'autrui. Obligés d'apostasier, du moins en apparence, nos héros vont peu à peu prendre conscience que leur acharnement est voué à l'échec. Entraînant leurs convertis dans leur chute.
Shusaku Endo était chrétien. Ce dilemme le touchait donc personnellement. A travers cette fiction, il cherchait certainement à clarifier sa pensée, à réfléchir sur sa foi.
Dans ce livre, deux visions du monde s'affrontent ! Qui a dit que toutes les religions recherchent la même réponse ? Ce livre pose les bonnes questions et aide à la réflexion religieuse.
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Plongée dense et noire dans les affres de la foi, la chrétienne, qui s'enlise dans les marécages d'un Japon insaisissable et hostile…
L'histoire qui nous est racontée là est hypnotisante, pas étonnant que Scorcese ait porté en lui pendant des années l'envie de la mettre en images : un contexte méconnu, de l'action, et surtout une belle profondeur entraînent le lecteur presque malgré lui dans les méandres de ce riche roman.

Parti, malgré les persécutions dont sont victimes les chrétiens, à la recherche de Ferreira, un missionnaire qui aurait abjuré sa foi, le jeune prêtre Rodrigues se retrouve à son tour confronté dans la douleur aux limites de sa croyance ; face à l'insondable silence de Dieu devant la souffrance des chrétiens japonais torturés, il est contraint de remettre en question sa vision de la « vérité », jusqu'au sens de la charité chrétienne qu'il place au-dessus de tout.

Outre l'intérêt historique et la qualité du message universel que porte ce texte, c'est en forte empathie, fervente ou athée peu importe, que l'on suit à ses côtés le chemin de croix éprouvant de cet homme habité de grandeur mais en proie au doute, jusqu'à la révélation finale d'une terrifiante beauté.
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Silence, le film de Martin Scorsese, est un film sombre et oppressant. Pour beaucoup de spectateurs, sans nul doute un chemin de Croix. Pour d'autres, une profonde interrogation sur le martyre, la souffrance et la rédemption. Pour approfondir ma compréhension du film, j'ai lu le roman sur lequel Scorsese a travaillé de longues années avant de se lancer dans la réalisation. Il faut d'abord souligner que l'écrivain Shûsaku Endô est catholique. Dans son livre, il raconte l'itinéraire spirituel d'un jésuite portugais débarquant au Japon en 1638 au moment des persécutions contre les chrétiens pour poursuivre l'évangélisation et enquêter sur la disparition de Christophe Ferreira, missionnaire soupçonné d'avoir renié sa foi. Il ne s'agit pas dans ce livre de débattre des mérites du christianisme face au bouddhisme. D'ailleurs, peu de choses sont dites sur ces deux religions. le roman nous fait partager les pensées, les doutes et les angoisses d'un missionnaire impatient d'annoncer l'évangile à un peuple étranger et de vivre sa foi, jusqu'au martyre s'il le faut, comme son maître Jésus-Christ. Mais rien ne se passe comme prévu. Placé face au choix douloureux de laisser souffrir sous la torture des chrétiens ou d'apostasier, il prend la décision de renier le Christ publiquement pour sauver ses frères. « le prêtre place son pied sur l'efumi. L'aube éclate. Au loin, le coq chante. » L'efumi est la tablette de bronze sur laquelle est gravée l'image de Christ et que les chrétiens devaient piétiner en signe d'apostasie. le prêtre jésuite finit sa vie dans la solitude, méprisé par les japonais, sans les consolations de la religion. le film se termine sur le gros plan d'une petite croix que quelqu'un a placée en secret dans son cercueil. Apostasie ou don de soi ?
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J'ai dévoré ce roman sur deux jours tellement il m'a passionné. Il raconte le parcours d'un jeune missionnaire catholique portugais qui tente d'entrer au Japon à une époque où les catholiques sont persécutés et subissent des tortures particulièrement atroces. Il cherche à connaitre la vérité sur un ancien missionnaire qui aurait renié sa foi et dont on ne sait pas s'il est encore en vie et ce qu'il est devenu. On assiste donc à une aventure impressionnante dans des décors somptueux mais souvent crépusculaires de brumes, de pluies, de lacs et de mers nocturnes dans un Japon archaïque qui rappelle celui d'Akira Yoshimura. le soleil apparaît par instants mais il est écrasant et implacable. Cette progression devient peu à peu presque hallucinatoire (j'ai parfois pensé à Aguirre d'Herzog) et se révèle une sorte de parabole biblique, un parcours christique où la foi du missionnaire est mise à mal face à la misère du peuple et aux tourments qu'on leur inflige. le silence étant celui de Dieu évidemment. C'est d'une très grande force quasi visionnaire que le film de Scorsese, pourtant plutôt réussi, n'atteint pas.
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Ce livre m'a profondément marquée. Bien sûr, c'est une oeuvre chrétienne et pourtant la religion est si diverse que presque tous les grands romans peuvent être définis de cette manière. Endo a sa propre vision du Christ, de notre but dans la vie et cette philosophie est exposée très clairement et sans compromis dans "Silence" qui représente l'histoire d'un prédicateur portugais qui voyage au Japon au XVIIème siècle pour apporter la lumière de la religion aux païens japonais, tandis que les autorités écrasent les chrétiens. le récit est dynamique, mais terne : l'auteur montre toute l'oppression et la pauvreté des malheureux paysans japonais, qui n'ont rien à espérer dans la vie. le bonheur ne sourit pas du tout à ces gens.

Le livre parle de l'inévitabilité de la souffrance et de la nécessité de l'humilité. Pour moi pourtant ce point de vue est trop pessimiste. Probablement, André Gide est plus proche de mon point de vue en la matière, qui croyait que le refus conscient du bonheur est un crime. La question du bonheur est très complexe. Chacun le comprend à sa manière. "Silence" révèle devant nous le véritable abîme du désespoir. C'est un livre qui fait sérieusement réfléchir à ce genre de choses.
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Roman historique qui relate la répression des chrétiens au Japon du XVIIème siècle.
Au delà de la découverte de cet épisode tragique, Endo,converti au catholicisme, pose des questions existentielles sur des thèmes toujours actuels la tolérance, la différence, la résistance, le courage dans la défense de ses convictions, la trahison. le rythme est lent, mais le récit est humain, c'est ce qui en fait la beauté et la profondeur.
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Plus rien à lire !

J'étais dans l'attente de ma commande de livres chez un vendeur d'occasion bien connu et il me fallait un livre à lire pour ce week-end, vous connaissez tous cette situation.
Direction donc le supermarché rayon librairie et voici qu'entre un navet et deux poireaux, je tombe sur ce livre. Ah oui, je crois que j'ai déjà vu la bande annonce du film... bon, je le prend.

La suite, la suite ? et bien vous la connaissez. Ce moment rare ou l'on tombe sur un ouvrage un peu par hasard, dont on a jamais entendu parler ou presque et que l'on à du mal à lâcher.

Silence est un roman historique qui nous plonge dans le japon du 17°siècle en pleine persécution des chrétiens. 2 missionnaires Portugais partent à la recherche d'un troisième, un certains Ferreira, qui aurait abjuré la fois catholique, se dont les deux autres missionnaires ne peuvent se résoudre à croire...

Derrière la trame historique se cache à la fois un livre d'aventure avec : action rebondissement, personnages récurent et aussi une reflection philosophique entre d'un côté l'universalisme catholique et de l'autre une vision plus ethnique de la spiritualité qui nie le caractère universel de la fois catholique.
Dans cette vision ethnique, l'extreme Oriental même s'il se réclamerais Chrétiens, serais en faite hermétique à la religion des Européens, sa spiritualité ne serais qu'un ersatz de celle pratiquée par les Européens.

Dans ce livre Endo, catholique lui même, ne met en avant ni la religion catholique qu'il met fasse à ses contradictions et ses faiblesses. Ni le peuple Japonnais, décris soit comme fourbe et inventif dans la cruauté, soit comme simple d'esprit et un peu naïf.

Il me reste à regarder le film de Scorsese qui ne peut être que bon (et oui, France Inter n'a pas aimé !)
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Le livre évoque un épisode tragique datant du XVIIème siècle, qui a été presque oublié. Après avoir connu un réel succès au Japon (notamment dans le Sud du pays), les missionnaires catholiques et leurs ouailles ont été cruellement persécutés par ordre du shogūn. Dans ce roman, on suit le destin de Sébastien Rodrigues et de son compagnon, qui débarquent clandestinement au Japon en 1638 (donc longtemps après l'interdiction du catholicisme). Non seulement les deux Portugais ne peuvent pas prêcher, mais leur principal souci est d'éviter leur arrestation. C'est pourtant ce qui arrive. Rodrigues n'est pas exécuté. En effet, les dirigeants japonais préfèreraient qu'il abjure, car son martyre ne pourrait que contribuer au prestige du catholicisme. Il s'ensuit une controverse sur l'universalité de la religion chrétienne, que je trouve intéressante.

Shūsaku Endō (1923-1996) lui-même faisait partie de la petite minorité catholique, au Japon. Dans son roman, il pose des questions générales qui le concernent personnellement. Par exemple: une religion peut-elle être transplantée dans toute culture ? Ou aussi: quelles conditions objectives favorisent le succès d'une nouvelle religion ? Ou encore: pourquoi "Deus" reste-t-il obstinément silencieux devant les souffrances de ses fidèles ? et le martyre est-il la seule issue moralement acceptable pour une personne persécutée ? Il y a de la subtilité dans le présent livre; ce n'est pas sans raison qu'on a comparé Shūsaku Endō à l'auteur de "La puissance et la gloire". En particulier, Rodrigues ne prétend pas à la sainteté et à la certitude. Lui et le renégat Kichijiro peuvent presque être comparés respectivement à l'apôtre Pierre (reniant Jésus) et à Judas (supposé repentant): la frontière entre le bien et le mal n'est pas aussi nette qu'on le voudrait.

En résumé, cette oeuvre assez étonnante est surtout destinée aux lecteurs qui s'intéressent à des questions éthiques et religieuses, mais aussi à un sujet historique comme celui-ci. Je l'ai beaucoup apprécié, même si j'aurais préféré un peu plus de concision.
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Le récit de missionnaires qui partent pour un Japon fermé et hostile à toutes tentatives de conversion. Un synopsis simple et qui correspond en grande partie à son traitement : c'est ici une oeuvre épurée et où l'on trouvera par endroits quelques traits plus insistants, souvent spirituels, et qui font de cette oeuvre un grand récit chrétien et dans le même temps une histoire du doute. Car Silence c'est surtout l'expérience d'un dialogue sans réponse avec Dieu, qui semble toujours distant, indifférent et définitivement absent face aux événements effroyables qui parcourent le récit. N'étant pas croyant cette lecture devient objet de fascination : la mystique et la croyance sont des objets particulièrement curieux et Shusaku Endo écrit merveilleusement bien sur ces sujets.
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On ne va pas se mentir ce livre est un chef- d'oeuvre. Je l'ai lu après avoir vu le film de Martin Scorsese. le film m'avait profondément remuée.

Hasard… quelques semaines après cette séance de cinéma, j'ai rencontré un prêtre catholique français qui exerçait son sacerdoce au Japon depuis 20 ans. Je lui ai tout de suite demandé s'il avait vu le film Silence. Il m'a répondu que non, il n'avait pas vu le film de Scorsese mais lu le livre de Shusaku Endo… stupeur, je découvrais que le film était une adaptation… je lui demandais : mon Père, est-ce difficile d'être catholique dans le Japon d'aujourd'hui ? Il me répondit que les catholiques n'étaient aujourd'hui qu'une poignée, et qu'évidemment, il n'était pas facile de vivre sa foi chrétienne dans un pays aussi nationaliste et aussi matérialiste que le Japon… Les chrétiens japonais se font discrets… d'autant plus que l'histoire des chrétiens du Japon a été marquée par des persécutions effroyables qui ont duré plus de deux siècles et demi… et pourtant le christianisme n'a pas disparu.. les familles chrétiennes ont continué à transmettre leur foi à leurs enfants, à les baptiser, à prier malgré les arrestations, malgré l'absence de bible et l'absence de prêtres…
Et chose complètement étrange tandis qu'au 17 ème siècle, les prêtres étaient soumis au supplice de la fosse, ébouillantés ou crucifiés, ou pour les plus chanceux expulsés du Japon, ( Shusaku Endo revient suffisamment sur toutes « les nuances » du martyr dans son roman ) … aujourd'hui les prêtres ou pasteurs sont très recherchés… pour marier les couples. ( en effet 60% des japonais se marient à l'église alors que les chrétiens pratiquants représentent moins d'un pour cent de la population ) et tout cela parce que le mariage à l'occidental est en vogue… et que la cérémonie chrétienne est tellement plus classe que la cérémonie Shinto.Et donc les japonais emploient des faux-prêtres pour répondre à la demande… Gros gros soupir…

Bref après cette rencontre avec mon prêtre japanophile, je me suis promis de lire Shusaku Endo… Pour mémoire, Shusaku Endo, est un auteur japonais né en 1923, converti au catholicisme à 11 ans , passionné de littérature française. ( Il a étudié la littérature à Lyon de 1950 à 1953 ). Toute sa vie durant Endo s'est senti rejeté. Rejeté au Japon à cause de sa foi catholique, rejeté en France parce qu'il était japonais, et rerejeté parce que très malade de la tuberculose.

Rappelons également qu'après la seconde guerre mondiale Shusaku Endo, alors adolescent assiste à l'arrestation d' Alfred Mercier… un prêtre catholique qu'il admirait beaucoup et qui sera torturé par la police japonaise. Endo se pose alors la question du silence de Dieu ? Pourquoi Dieu reste-il silencieux face au mal ?
Quelques années plus tard, Il écrira Silence.

Un roman à la fois philosophique et spirituel …à lire pourquoi pas ? durant la Semaine Sainte tant le livre regorge de références à la passion du Christ.
Mais attention ! Si vous êtes croyant, préparez-vous à voir vos conceptions ébranlées… Endo propose une réflexion troublante sur le sens du martyr chrétien… et sur le sens de l'apostasie, ( Certains on parlé d'apologie de l'apostasie mais je crois que c'est beaucoup plus subtil que cela ). Endo nous interpelle aussi sur la représentation que nous avons de Dieu. À travers les Icônes piétinées de l'efumi, les portraits de martyrs tous plus différents les uns que les autres, et la figure récurrente du Christ crucifié… l'auteur nous donne à voir un Dieu qui souffre avec les hommes plus qu'il ne supprime la souffrance.

Quant au film, j'ai été frappé de constater qu'il est très fidèle au livre, oui scrupuleusement fidèle à l'histoire, et sincèrement fidèle à la l'esthétique littéraire de Shusaku Endo. J'ai vu une correspondance entre la beauté sauvage des plans du réalisateur et celle des phrases de l'écrivain. Scorsese n'a pas volé son oscar de la meilleure photographie, Endo méritait ses prix littéraires.
Et bien sûr, le visage de Liam Neeson,d' Andrew Garfield et d'Adam Driver, les acteurs inoubliables du film m'ont accompagné durant toute ma lecture.
Pour conclure, je voudrais reprendre les mots d'Inoue le persécuteur démoniaque du roman « le Japon est un marécage où rien ne pousse, les racines du christianisme sont vouées à mourir ici ».Cette idée en vérité a été énoncée par Maruyama Masao, un des plus célèbres politologues japonais du XXe siècle. Je dirais juste que l'oeuvre de Shusaku Endo contredit cette théorie plus magnifiquement que n'importe quel argument. Shusaku Endo est la preuve vivante et puissante que le christianisme n'est pas voué à mourir au Japon, et que l'arbre bien au contraire porte du fruit.

Car à le lire, j'ai eu l'impression qu'il avait touché quelque chose de l'essence du christianisme qui échappe à bien des auteurs catholiques plus connus. Il y a dans ce roman une grâce particulière que je ne retrouve ni chez Peguy, ni chez Bernanos… encore moins chez Claudel…

Lisez Endo.
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