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John Constantine Hellblazer tome 7 sur 8

Steve Dillon (Illustrateur)
EAN : 9781401243036
320 pages
Vertigo (07/01/2014)
5/5   1 notes
Résumé :
John Constatine celebrates his fortieth birthday alongside his friends and loved ones, including Swamp Thing and Zatanna, and the love of his life, Kit. However, things never burn bright too long for John Constantine, and he soons finds himself at his lowest point ever. Drunk and homeless, John must pull himself together if he is going to survive against the King of the Vampires, who comes looking for his blood.
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce tome fait suite à Bloodlines (épisodes 47 à 61). Il contient les épisodes 62 à 71, "Hellblazer special" 1 et "Vertigo jam" 1.

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- Fear and loathing -
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Épisode 62 - Kit Ryan et John Constantine se rendent dans la banlieue de Liverpool pour rendre visite à Cheryl Masters (la soeur de John), Tony Masters (le mari de Cheryl) et Gemma (leur fille). Cette dernière commence à manifester de l'intérêt pour les sciences occultes, au grand dam de sa mère. Épisode 63 - C'est l'anniversaire de John Constantine qui fête ses 40 ans. Sa fête d'anniversaire rassemble ses amis les proches et les plus surnaturels. Épisode 64 à 67 - Dans un club n'acceptant que les membres de la haute société, l'archange Gabriel est pensif. Il finit par se lever et sortir dans la rue comme le commun des mortels, bousculant Julie une jeune femme avec qui il fait connaissance. Cette attitude inquiète au plus haut point l'in des serveurs qui en réfère à Charlie Patterson, un criminel à la tête de quelques hommes de main. Patterson comprend que l'attitude étrange de Gabriel est due à l'intervention de Constantine (dans le tome précédent) et il décide de l'intimider en s'en prenant à Kit Ryan.

Après les démons grand guignol et théâtraux de l'histoire précédente, c'est un vrai plaisir de retrouver John Constantine dans un environnement plus réaliste pour un drame plus terre à terre. Garth Ennis commence par montrer Constantine dans un cadre familial. Il transcrit bien les tensions nées des non-dits et du passé commun entre les individus, en particulier le ressentiment latent de Cheryl vis-à-vis de son frère, avivé par le fait qu'elle sait qu'il est le seul à pouvoir tirer sa fille de son mauvais pas. Il s'avère aussi nuancé et délicat dans la mise en scène de l'évolution de la relation entre Kit Ryan et John Constantine tout au long de ces 6 épisodes. Il s'agit bien de 2 adultes appréciant leur compagnie réciproque, mais devant composer avec leur histoire personnelle passée (surtout Kit avec les activités spéciales de John et leurs conséquences).

Le deuxième épisode est tout aussi réussi, Ennis parvenant à maîtriser la composante surnaturelle pour la mettre au service du personnage principal, sans la transformer en prétexte artificiel pour nourrir l'intrigue. Aussi improbable que celui puisse paraître, Ennis arrive à intégrer avec naturel des personnages aussi "exotiques" que Zatanna (une magicienne qui prononce ses sorts à l'envers), Swamp Thing (une créature des marais), et même le Phantom Stranger qui fait une apparition aussi brève que sarcastique). Constantine s'arsouille dans la bonne humeur, mais sans faire semblant, sous le regard bienveillant du Seigneur de la Danse (Lord of the Dance) qui a organisé la petite sauterie dans l'appartement de Kit Ryan.

Après ces 2 épisodes détachés de l'intrigue principale (mais faisant partie intégrante de la vie de John Constantine), Garth Ennis revient à la guerre plus ou moins larvée opposant les Cieux aux Enfers, avec l'interférence de plusieurs factions humaines. Autant le Premier des Déchus (First au the Fallen, dans les épisodes 59 à 91) était vraiment très théâtral et un peu ridicule, autant l'archange Gabriel ressort comme un personnage plausible, pertinent et remarquable. Ennis joue plutôt sur la retenue, et il évite de le tourner en ridicule pour le plaisir d'humilier une figure éminente de la mythologie chrétienne. Par voie de conséquence, Gabriel devient un personnage à plusieurs facettes, à la fois terrible et fragile, à la fois expérimenté et naïf. John Constantine se retrouve ligoté sur une chaise à la merci de Charlie Patterson et de ses gros bras, ce qui permet à nouveau à Garth Ennis de prouver toute l'étendue de ses talents de manipulateur, dans une scène mémorable. Ennis promène son lecteur dans une intrigue retorse pleine de surprises, où les enjeux se révèlent petit à petit, avec un John Constantine au meilleur de sa forme (et de sa poisse). Ennis réussit également à renouer avec la dimension sociale qui était présente dans les épisodes écrits par Jamie Delano, à sa manière sans imiter Delano, faisant apparaître une lutte des classes très prosaïques entre le noble archange et la classe populaire et très pragmatique incarnée par Charlie Patterson. Dans ce registre, la réponse de Constantine à Gabriel (qui souhaite savoir pourquoi quand des gens comme Constantine voient quelque chose de pur, bon et beau, ils veulent absolument le salir) est d'une cruauté sans pareille, tout à fait punk dans sa nature.

Les scénarios de Garth Ennis sont plus aérés que ceux de Jamie Delano, mais ils comportent également une plus grande part de scènes de dialogue dans des environnements du quotidien. Steve Dillon se révèle un metteur en scène assez habile, capable de concevoir un découpage rendant ces scènes vivantes, et dépassant la simple alternance de champ / contrechamp. Les différents intérieurs (maison des Masters, appartement de Kit Ryan, entrepôt désaffecté) disposent de juste assez de détails pour être consistants et substantiels. Malgré tout Dillon n'est pas un chef décorateur très minutieux, c'est comme s'il avait disposé de juste assez de budget pour glisser un ou deux accessoires par endroit pour éviter une impression trop générique. Il donne aux personnages des morphologies normales, sans les stigmates des exagérations propres aux superhéros. Il réussit à conférer juste ce qu'il faut de distance à Gabriel pour qu'il plane une légère aura d'étrangeté, sans le nimber d'un halo angélique. Il s'avère très habile pour dessiner les moments horrifiques, représentation à la fois prosaïque et brutale (qu'il s'agisse d'un couteau planté dans le bas-ventre d'un costaud, d'un visage lacéré au cutter, ou de Constantine une tronçonneuse à la main). Enfin les émotions de chaque personnage sont facilement lisibles sur leur visage. La contrepartie de ses qualités est qu'il est moins à l'aise dès qu'il s'agit de représenter des superhéros un peu plus conventionnels (son interprétation de Swamp Thing laissant à désirer).

Avec ces 6 épisodes, Garth Ennis montre qu'il s'améliore et qu'il manipule avec plus de doigté les composantes des histoires de John Constantine, sachant faire preuve de retenue pour la mise en scène des anges et démons, et de sensibilité pour les réactions des personnages. Steve Dillon propose des images très prosaïques, s'adaptant bien avec le scénario plus terre à terre, avec une mise en scène élaborée pour les séquences de dialogue plus ou moins longue, et des visuels d'une brutalité honnête pour les passages chocs.

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- Tainted love -
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Épisodes 68 & 69 - John Constantine a décidé de se laisser aller ; il est maintenant un clodo dans les rues de Londres, dormant dans la rue et buvant n'importe quoi d'alcoolisé. Il finit par accepter la compagnie de Davy, un autre clodo. C'est dans cet état que le Roi des Vampires va le retrouver, alors que Darius et Mary attendent son retour.

Vertigo Jam "Tainted love" (10 pages) - Afin qu'un autre clodo lui laisse taquiner sa bouteille, Constantine lui raconte une histoire avec de la magie et une femme bafouée.

Épisode 70 - Kit Ryan est retournée auprès de sa famille à Belfast. C'est l'occasion de passer une bonne soirée entre potes dans un pub, à descendre des bières, avec sa soeur Claire Ryan, son frère Peter Ryan, Sean et les autres.

Épisode 71 - Toujours aussi dépressif et à la rue Constantine s'allonge dans l'herbe à côté d'un cadavre de la seconde guerre mondiale : Jamie Killmartin (1922-1940), pilote de la RAF.

Special - Dans la rue, Constantine reconnaît un type qui l'avait agressé sexuellement une vingtaine d'années auparavant. Il le suit dans une église.

Garth Ennis a succédé à Jamie Delano (le scénariste originel de la série) au numéro 41. Il n'avait pas la tâche facile car Delano avait fait des aventures de John Constantine une oeuvre très personnelle au travers de laquelle il parlait de l'Angleterre et de l'impact des réformes menées par Margaret Thatcher. Il utilisait l'horreur (des psychoses à la manifestation de démons) comme métaphore des composantes aliénantes de la société. Dès son arrivée, Ennis a l'intelligence de ne pas essayer d'écrire la série à la manière de Delano, mais il avait parfois des difficultés à trouver une interprétation personnelle pour les éléments les plus folkloriques (les démons divers).

Dès le début de ce tome, le lecteur sent que ce hiatus a disparu, et qu'Ennis a réussi à trouver l'adéquation avec les composantes de la série et sa sensibilité (adéquation déjà perceptible dans les épisodes immédiatement antérieurs avec l'archange Gabriel). D'un côté le lecteur retrouve la voix intérieure de Constantine appliquée à des réalités sociales concrètes et pertinentes. de l'autre côte, c'est bien Garth Ennis qui évoque des aspects de la société sur lesquels il s'est forgé un avis personnel. Ainsi l'état de SDF de Constantine n'est pas misérabiliste ou moralisateur. Ennis ne développe pas non plus un voyage spirituel s'appuyant sur le dénuement matériel de Constantine (axe narratif qui aurait été fort probable pour Delano). Il montre comment l'un des récents échecs de Constantine l'amène à ne plus faire d'effort, à être dépressif. Il ne s'agit pas non plus d'un portrait psychologique de la dépression. L'horreur ordinaire de la condition humaine est également bien présente, entre la déchéance de Constantine (prêt à se saouler à l'alcool à brûler) et celle de Davy faisant des passes sordides pour disposer d'un peu d'argent. Cette horreur sociale côtoie le surnaturel avec la présence du Roi des Vampires qu'Ennis positionne dans une perspective dominant / dominé avec une touche de lutte des classes, en cohérence parfaite avec l'état de Constantine.

Cet état de grâce narratif se poursuit dans les épisodes suivants. Il serait facile de pointer du doigt qu'Ennis profite de sa liberté éditoriale pour inclure une séquence se déroulant le premier juillet 1916 sur le champ de bataille de la Somme (avec William Constantine, un ascendant de John), et une autre en 1940 dans le cockpit d'un avion de la RAF, intégrant ainsi son centre d'intérêt pour les guerres du vingtième siècle. Mais le tour de force le plus ahurissant est constitué par l'épisode 70 qui se déroule entièrement à Belfast, sans John Constantine. Les personnages s'expriment avec les expressions du coin (le sens de 2 ou 3 phrases m'a échappé), évoquant une fois ou deux les conséquences très concrètes des "Troubles" pour une ou deux de leurs connaissances, parlant de ce qu'ont fait les uns ou les autres durant ces années, etc. Garth Ennis transforme un épisode d'un comics américain en un papotage entre amis autour d'une bière (plusieurs en fait), faisant apparaître les tensions latentes, les non-dits, les situations affectives non résolues, les histoires personnelles. À l'opposé d'un épisode de sitcom industriel fabriqué au kilomètre, Ennis invite le lecteur à partager l'intimité chaleureuse, complexe et fragile de ce groupe d'individus. Sans un soupçon d'action, sans une once de soufre méphistophélique, il expose une tranche de vie dans tout ce qu'elle peut avoir de compliquée et d'attachante.

Ennis ne perd pas la recette pour l'épisode 71 et le numéro spécial, même si le surnaturel et John Constantine sont de retour, avec une histoire des plus malsaines pour le numéro spécial.

Arrivé à ce stade de la série, il commence à être difficile d'appréhender les dessins de Steve Dillon avec du recul, puisqu'il met en images les scénarios de Garth Ennis depuis l'épisode 57. Au crédit de Dillon il faut porter une grande lisibilité de ses planches et un sens visuel du grotesque qui fait mouche. Dans cette deuxième catégorie, il y a ce petit gros nu et ligoté, prêt à être consommé par le Roi des Vampires, le sang jaillissant d'une carotide, un individu avec une lame de rasoir fichée dans la joue, etc. Dillon réussit également à installer le lecteur aux côtés de Kit Ryan dans le pub, en faisant ressortir la familiarité étrange des individus autour de la tablée, leur attitude en société, entre politesse de circonstance et caractère apparent (à ce titre, Sean est très réussi dans l'assurance que lui donne son confort financier). Il sait tout aussi bien faire ressortir le côté monstrueux de l'agresseur sexuel que son côté pathétique. le Roi des Vampires ressemble à James Dean (de manière intentionnelle, il en fait même la remarque à Constantine), avec une forme de pureté qui le place clairement à part de l'humanité besogneuse (là encore en cohérence complète avec l'approche développée dans le scénario). Sans être ostentatoire, les images apportent des éléments d'information supplémentaires par rapport à la narration écrite (dialogues et cellules de texte), ce qui relève d'un bon niveau de coordination entre scénariste et dessinateur.

Avec les épisodes de ce tome, Garth Ennis et Steve Dillon ont trouvé leurs marques pour cette série, et plongent le lecteur dans une horreur aussi personnelle que palpable.
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