J'ai une affection particulière pour l'auteur
Annie Ernaux, qui a produit une oeuvre singulière, qui touche à la fois l'intime et l'universel. Cette particularité, déjà présente dans
La place ou
L'événement, atteint son apogée dans
Les Années, autobiographie sans première personne qui retrace le destin à la fois d'une génération, mais plus largement d'un groupe aux références communes.
A partir de photographies la représentant à différents âges de la vie, l'auteur convoque tous les souvenirs liés à ces périodes. de la jeune fille à la sortie de la guerre à la professeur divorcée en retraite entourée de ses deux grands garçons, en passant par la femme mariée installée en Savoie, on découvre (ou retrouve) la vie de cette femme, déjà aperçue dans ses précédents romans. Mais plus que sa vie, c'est toute une évolution de la société qui est retranscrite ici, et qui plonge le lecteur dans ses propres souvenirs.
Cette autobiographie, en écartant le recours à la première personne, permet à chacun de se mettre à
la place de l'auteur. Si l'introduction dans chaque époque se fait par l'intermédiaire des photographies personnelles, le propos devient rapidement plus large et traduit l'évolution des comportements familiaux, sociaux,… Et tout en en montrant l'évolution, le récit met en exergue ce qui n'a pas ou peu bougé. Ainsi, dans le cas des repas de familles, si les thèmes de discussion évoluent entre ceux auxquels elle a assisté enfant et ceux qu'elles organisent en tant que grand-mère, le rite du repas parait assez immuable et au final très traditionnel.
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