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4,09

sur 2215 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Je connais peu Annie Ernaux pour l'instant. Ici, le style est à la fois froid et distancié, amusé et tendre, intime et personnel. En balayant toutes les années de l'après guerre au travers de son vécu, mais sans jamais se mettre en avant comme protagoniste d'une histoire, Ernaux réussit à nous livrer un regard proche et lointain à la fois. C'est comme faire de la plongée sous-marine : on observe la faune et la flore, on est présents et absents.

Un grand chef d'oeuvre qui laisse une trace certaine.
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Journal d'une femme découvrant la liberté racontant sa vie et les évolutions de la société
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Livre lu à l'école, analysé, décortiqué encore et encore, mais quel plaisir... Une lecture relativement facile que je conseille à toute génération, un retour en arrière passionnant et qui fait réfléchir. Annie Ernaux nous fait voyager dans le temps, traverser la seconde guerre mondiale pour arriver jusqu'au début des années 2000 ; c'est dans la mémoire collective de toute une génération que nous sommes plongés.
Ce n'est pas d'autobiographie qu'il faut parler, mais d'auto-socio-biographie, un genre littéraire qui vaut la peine d'être découvert.
Livre à lire, conseiller, offrir. Bref, un vrai plaisir.
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Je ne sais pas trop s'il m'est possible de donner mon avis sur ma lecture de "Les années" tant je suis fan de l'écriture d'Annie Ernaux ! Je manque donc forcément d'objectivité. Mais en même temps est-on jamais objectif face à une lecture ? Surtout une lecture comme celle-ci qui tresse les fils du temps en y accrochant des images, photos jaunies ou réminiscences ; des gens, la famille, les inconnus, les "célèbres" ; des conversations ; des instants ; toute une vie.

Il s'agit d'un roman autobiographique sans que cela soit un roman ni une autobiographie. Il s'agit du passage des années entre l'immédiat après-guerre et aujourd'hui. Des années qui sont à la fois inscrites dans la mémoire collective et dans celle, personnelle, de l'auteur. Ce jeu entre proximité intime et distance impersonnelle instaure une profondeur de champ cinématographique dans laquelle chaque lecteur peut projeter ses propres souvenirs.
Le temps trouve toute sa mesure dans cette démarche qui met la mémoire au coeur de la réflexion, et d'une manière plus profonde encore, qui pose finalement la question de l'être.

L'écriture d'Annie Ernaux nous révèle nos propres secrets, notre propre condition, dans un murmure qui constate plus qu'il n'analyse. Et c'est de tout cela que surgit l'émotion, la puissance, le rayonnement du roman.
Comment puis-je parler objectivement d'un roman d'Annie Ernaux ? Je ne le peux pas car son roman, celui-là comme les autres, fait partie de ce qui m'est essentiel, vital, de ce souffle qui me fait avancer de manière moins tâtonnante. Et de ce qui me fait aimer toujours davantage les mots, les livres, les gens et la vie. Tout simplement.
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Magnifique exercice de biographie individuelle et collective, des années 40 à nos jours. Ernaux parvient à concilier événements, sociologie, politique et biographie à la troisième personne. Évidemment marqué par l'inquiétude du néant, la vanité d'essayer de retenir les choses et les êtres par leur remémoration, ce récit est tenu tout du long par la progression inexorable du temps.
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Mistral gagnant !
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"La forme de son livre ne peut donc surgir que d'une immersion dans les images de sa mémoire pour détailler les signes spécifiques de l'époque, l'année, plus ou moins certaine, dans laquelle elles se situent - les raccorder de proche en proche à d'autres, s'efforcer de réentendre les paroles des gens, les commentaires sur les évènements et les objets, prélevés dans la masse des discours flottants, cette rumeur qui apporte sans relâche les formulations incessantes de ce que nous sommes et devons être, penser, croire, craindre, espérer. Ce que ce monde a imprimé en elle et ses contemporains, elle s'en servira pour reconstituer un temps commun, celui qui a glissé d'il y a si longtemps à aujourd'hui - pour, en retrouvant la mémoire de la mémoire collective dans une mémoire individuelle, rendre la dimension vécue de l'Histoire." (pp250-251)
Cette explication de la forme de son livre par l'autrice dans l'ouvrage même résume bien l'affaire. A partir de photos personnelles (décrites), Annie Ernaux nous raconte ses années, nos années (elles correspondent plutôt à celle de la génération de mes parents) mais dans un prisme collectif, générationnel. C'est vraiment très intéressant, superbement bien écrit, mais sans affect. J'ai adoré le début, puis elle m'a un peu perdue tant le procédé m'a fatiguée, pour me rattraper magistralement avec les 20-30 dernières pages. J'ai revisité la vie des Français depuis les années 40, revu des personnages, voyagé dans mes propres souvenirs.
C'est un tour de force littéraire que cette autobiographie collective, mais limité pour moi justement par ce manque de personnalité, de personnages, de l'expérience de la personne de l'autrice, parfois trop effacée à mon goût. A vous de voir!
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Roman largement autobiographique pourtant écrit à la troisième personne, sans doute pour donner à l'ensemble un regard extérieur au personnage qu'elle était alors. Annie Ernaux raconte son histoire à travers les évènements qui ont fait les Trente Glorieuses et jusqu'à ceux du début du 21è siècle. Un bon roman qui joint mémoire individuelle et mémoire collective.
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J'ai découvert Annie Ernaux à l'université grâce à ce livre et ce fut tout de suite une révélation! Sa manière de parler d'elle tout en se mêlant à la société de son temps. Ce que j'ai surtout apprécié, c'est sa manière d'intégrer des photographies d'elle pour montrer son évolution progressive ...
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Sauver quelque chose du temps où l’on ne sera plus jamais.

C’est un récit qui n’est pas à la première personne, mais qui parle d’une femme, Annie Ernaux, située dans un contexte historique, social, politique - universel.
C’est d’abord la forme qui est remarquable. L’auteure ne dit jamais « je » (sauf à la fin) mais parle de « elle », « on », « nous » en un récit collectif d’une époque de profonde métamorphose. "Ce qui compte pour elle, c’est au contraire de saisir cette durée qui constitue son passage sur terre à une époque donnée, ce temps qui l’a traversée, ce monde qu’elle a enregistré rien qu’en vivant."

À l’origine, un tableau, une image qui dit tout le livre : on y voit une femme, à la poitrine nue et, derrière elle, une enfilade de portes entrebâillées. Le titre était Anniversaire et le tableau est de Dorothea Tanning. Tout est dit déjà et Annie Ernaux va pousser ses portes entrouvertes les unes après les autres.

Les Années se sont de multiples thèmes abordés à travers le temps qui passe, un temps qui relie celui de l’immédiate après-guerre à la veille de l’élection présidentielle de Nicolas Sarkozy. Entre les deux, 12 images (qu’on ne verra pas) mais qui seront les marqueurs d’une époque – de Annie Ernaux bébé, à Annie Ernaux en « femme mûre » en passant par la jeune fille studieuse, l’étudiante, l’épouse, la mère de famille, la professeure, l’amante et – bien que ne parlant pas de ses propres livres – la figure de « l’écrivain ». C’est peut-être cela, la clef de ce livre, on y parle de tout de façon distanciée par ce « on » indéfini, et en même temps il y est profondément question d’écriture et de la vie en écriture.

De la fin du système des Trente Glorieuses et début d’une époque de profonde récession à un Mai 68 qu’« on » vit un peu par procuration parce qu’on ne saisit pas forcément l’importance historique pendant les événements, toute la grande Histoire défile au travers de la petite : c’est une porte qu’ « on » ouvre sur une libéralisation et qui se referme rapidement, un Mai 81 plus tard qui évoque Mai 68 mais qui n’évite pas la déception, l’omniprésence de la société de marché et de son corollaire la société de consommation qui déforme tout… ce livre est riche en réflexions sur les 60 dernières années.
Mais le sentiment dominant chez Annie Ernaux est un sentiment de ravage et de dégât devant les nouvelles habitudes : Internet et l’éblouissante transformation du monde en discours, la société de consommation qui a donné à la liberté le visage d’un centre commercial, d’hypermarchés croulant sous l’abondance, les médias qui prennent en charge le processus de mémoire et d’oubli…La suite n’est pas écrite, parce que le livre s’arrête juste avant la clôture de la tragédie que Annie Ernaux enseignait à ses élèves mais cette époque ne peut que déboucher sur l’élection de Nicolas Sarkozy, incarnant tous les travers de la société qu’elle a vu changer en quelques décennies.

Annie Ernaux, une auteure centrée sur la mémoire, pose donc la question finale, la question de toute une vie, à tel point qu’on peut se demander si ce sera là son dernier livre, la question de ce qui survit lorsque « on » a disparu. Difficile effectivement de mettre un point final à un ouvrage aussi dense. Y mettre un terme n’est-il pas une façon de fermer la porte à une vie d’écrivain ?
En tout cas Annie Ernaux a choisi de clore son récit sur un dernier « repas de famille », un rite qui berce toutes les années, depuis la toute petite enfance où l’on évoque ceux qui ont disparu pendant la Guerre, jusqu’à sa vie de grand-mère qui réunit quand même tout le monde à Noël en sacrifiant au rite commercial qu’elle déteste désormais. Mais peut-être les rites sont-ils plus forts que tout, assurant le passage d’une génération à l’autre, permettant à des enfants et bientôt à des petits-enfants de poursuivre le récit entrepris.

Que se passera-t-il une fois qu’elle sera morte ? Où iront toutes ces images qu’elle garde en elle avant que sa mémoire défaille ? Ce livre des Années permet de sans doute sauver ce qui peut encore l’être. Des petits riens qui témoignent d’une époque de profonde transformation. Et qui permettent – peut-être – de" Sauver quelque chose du temps où l’on ne sera plus jamais."

Lien : https://www.biblioblog.fr/po..
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