AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,23

sur 1762 notes
5
98 avis
4
56 avis
3
16 avis
2
5 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
J'avais prévu de lire un roman d'Annie Ernaux cette année, dans le cadre du Challenge Solidaire auquel je participe. Je n'avais pas prévu de lire celui-ci, ayant un autre de l'auteure dans ma PAL. le hasard a voulu que je tombe dessus, en passant des vacances avec des amis au mois d'août. La fille d'un ami, âgée de 18 ans, était en train de le lire. Je lui ai demandé de me le prêter afin que nous puissions échanger dessus, je voulais aussi avoir l'avis d'une adolescente sur ce sujet grave.

En effet, Annie Ernaux relate dans ce court récit (je l'ai lu en une petite heure) l'avortement qu'elle a subi en 1964, année où l'avortement était interdit, et passible d'une peine de prison, où même la contraception n'était pas légalisée.

Les années 60, je ne les ai pas connues, mais ce n'est pas le Moyen-âge non plus, c'était hier. Et cela me paraît dingue.
Dingue que pléthore de jeunes filles, de femmes, plus ou moins jeunes, plus ou moins vieilles, aient dû braver l'interdit pour décider de la bonne disposition de leur corps.
Dingue qu'elles aient dû parfois recourir à des méthodes plus ou moins dangereuses, risquant leur vie à cause de lois faites par les hommes pour les hommes.
Dingue, finalement, que ce sujet soit toujours autant d'actualité, le droit à l'avortement étant toujours discuté un peu partout dans le monde.

Sincèrement, j'ai apprécié ce livre que j'ai lu pratiquement en apnée. La prose est très facile à suivre, même si Annie Ernaux ne nous épargne pas certains détails parfois bien difficiles à lire. Mais en même temps, ce qu'elle a vécu était particulièrement difficile à vivre.
Je déplore juste, à un certain moment, une sorte de "règlement de comptes" (même si mérité) avec un ancien camarade à elle. Elle ne le cite pas, pour diverses raisons et notamment par égard pour l'épouse de ce dernier, mais je doute que ladite épouse ne le reconnaisse pas et ne finisse pas par appendre certaines choses déplaisantes;

En bref, un roman qui reste d'actualité et qui devrait être lu par tous, quel que soit son âge.
Commenter  J’apprécie          132
« D'avoir vécu une chose, quelle qu'elle soit, donne le droit imprescriptible de l'écrire. Il n'y a pas de vérité inférieure. »

Ce récit écrit à l'aube du 21e siècle relate un événement autobiographique survenu plus de trente ans auparavant, bien avant la loi du 17 janvier 1975 préparée par Simone Veil et encadrant la dépénalisation de l'avortement en France. L'autrice retranscrit ici son expérience d'un avortement clandestin, un cauchemar dont elle ne nous épargne aucun détail, depuis les premières nausées jusqu'au foetus expulsé comme un étron dans une chambre étudiante. Puisque la loi interdit l'interruption de grossesse, la jeune fille alors étudiante en lettres se tournera vers une « faiseuse d'anges », maniant spéculum et sonde pour déloger les importuns au tarif de quatre-cents francs anciens. Ce qui est particulièrement intéressant dans ce récit, c'est le parcours intérieur de celle qui brave la loi pour disposer de son corps comme elle l'entend, depuis la prise de conscience distanciée jusqu'à cette « scène sans nom, la vie et la mort en même temps. Une scène de sacrifice. » Les réactions des personnages gravitant autour d'elle, relations personnelles ou membres du corps médical, vont de la curiosité malsaine au jugement abject. le spectre de la morale individuelle écartelée entre compassion embarrassée et lapidation symbolique.

Si le style de l'autrice est souvent assez quelconque, surgissent parfois des phrases et des pensées qui résonnent remarquablement. Cet édifiant témoignage se révèle d'une grande valeur sociologique, notamment avec les bouleversements actuels rencontrés dans certaines grandes démocraties autour de la question de l'avortement ou du droit des femmes en général.

« Je sais aujourd'hui qu'il me fallait cette épreuve et ce sacrifice pour désirer avoir des enfants. Pour accepter cette violence de la reproduction dans mon corps et devenir à mon tour lieu de passage des générations. J'ai fini de mettre en mots ce qui m'apparaît comme une expérience humaine totale, de la vie et de la mort, du temps, de la morale et de l'interdit, de la loi, une expérience vécue d'un bout à l'autre au travers du corps. »
Commenter  J’apprécie          120

'' je sais aujourd'hui qu'il me fallait cette épreuve et ce sacrifice pour désirer avoir des enfants. Pour accepter cette violence de la reproduction dans mon corps et devenir à mon tour lieu de passage des générations.''

Ce passage là m'a chamboulée.
Quelle justesse dans ces propos.
Et si toutes les femmes avaient cette chance, cette possibilité de choisir. Qu'en deviendrait notre société ?
Annie Ernaux nous conte en phrases courtes le calvaire vécu en 1963, tout le mal-être, la peur et le vide ressenti. L'oppression que procure ce ventre gravide, lourd.
Les démarches désespérées pour sortir de cette spirale nauséeuse.
Quand ni la contraception ni l'IVG n'étaient autorisées en France. La loi Veil ne voit le jour qu'en 1975.
Pour les occidentaux ce texte peut paraître suranné de nos jours mais pour d'autres sociétés comme la mienne les femmes n'ont pas ce choix, la clandestinité est de mise, même en cas de viol ou d'inceste, L'IVG n'étant autorisée que pour des raisons médicales mettant en jeu le pronostic vitale de la maman.

Un texte certe court mais concis et très touchant.
Peu de mots pour expliquer les maux.
Une justesse de propos incroyable
lisez le
Commenter  J’apprécie          110
Dans L'événement Annie Ernaux relate l'expérience d'un avortement au milieu des années soixante. C'est un récit intime qui décrit, analyse, dissèque les sensations et les sentiments successifs d'une jeune femme de 23 ans confrontée à l'interdit de la loi, à la lâcheté des médecins et à l'indifférence générale des hommes. C'est un texte sur la honte, la culpabilité de celle à qui une société frileuse et bigote fait endosser une faute d'autant plus impardonnable qu'on ne permet pas de la réparer. C'est aussi un texte sur l'éveil d'une personnalité. Il y aura un avant et un après l'événement, une marche vers la conscience de soi. Dans ce court texte écrit en 1999 tout ce qui fait la force de l'oeuvre d'Annie Ernaux est déjà présent; cette impressionnante faculté d'écriture de sa propre histoire dénuée de tout narcissisme, cette volonté de témoigner d'une époque à travers ce qu'on a de plus personnel, cette révolte sourde contre toutes les violences subies par les femmes.
Commenter  J’apprécie          110
Du fond de ses tripes, l'auteure exhume l'événement. Un avortement pratiqué en 1963, clandestinement donc.
D'emblée, je suis saisie par la détresse morale et la solitude absolue de cette jeune étudiante.
3 mois durant, sa vie est aliénée, elle ne s'appartient plus, tout la ramène à cette pierre au creux du ventre.
Ce roman est un violent coup de poing. Un texte cru, nu, courageux. Je l'ai lu sans plaisir, il fait mal, un mal nécessaire.
Nombre d'entre nous, les femmes, avons affronté cette épreuve qui, même aujourd'hui, n'a rien d'une simple formalité.
Un avortement est un choix et un acte difficile, angoissant, culpabilisant et intrusif.
Quand j'entends vociférer les militants anti avortement, j'ai les poils qui se dressent sur les bras.
Commenter  J’apprécie          104
Récit, témoignage (même si Annie Ernaux réfuterait probablement ce terme) précis (comme en général chez elle), réaliste (très) et unique (tel qu'elle se souvient l'avoir vécu), d'un "événement" intime (mais qui ne concerne jamais qu'elles) que de nombreuses femmes ont vécu.
C'est glaçant, d'autant plus que les conditions à l'époque (en France) étaient réunies pour que cela le soit : indifférence du principal responsable, interdiction et condamnation légale, donc refus des médecins (non pas du fait du serment d'Hippocrate mais pour éviter tout risques de sanction ou/et de leur morale personnelle ) violence de l'hôpital public.. Quasi personne n'accepte d'aider la jeune femme dans sa demande et plusieurs font l'inverse.. jusqu'à même un interne qui la traite avec mépris.. parce qu'il croit qu'elle est une ouvrière ou une caissière de Monoprix et non étudiante comme lui ! J'ai crû halluciner.
Comme souvent chez Ernaux (mais je n'ai pas tout lu), c'est cash (comme dans les Armoires Vides), donc très dérangeant, et intelligemment analysé (ressenti tel à l'époque de ce qui est raconté) avec une paire de lunettes sociologique (les gens ré(a)gissent selon la classe sociale dont ils font partie, selon leur statut social etc..)
Commenter  J’apprécie          80
Nous sommes en compagnie d'Annie, la vingtaine, en proie à des sentiments confus, suite à sa grossesse non désirée.
C'est un roman autobiographique, ce qui fait de ce roman, une histoire sincère où les mots viennent touts seuls.
On ressent la fragilité, la confusion, la peur, et surtout la sincérité de ce récit, un peu sous forme de journal intime.
Dans les années 60, l'avortement n'était pas encore autorisé, laissant des jeunes femmes contraintes à risquer leur vie, et même parfois se mutiler pour extraire ce qu'elles ne veulent pas, pointées du doigt, mises plus bas que terre, jugées injustement.
Je n'aurai jamais pu personnellement procéder à un avortement, mais ce roman est bouleversant, et on se dit que, heureusement, les choses ont changé depuis, laissant le choix à chacune d'être libre de son corps, afin de ne pas subir un tel « événement » dans ces conditions.

CHALLENGE SOLIDAIRE 2023
Commenter  J’apprécie          80

L'événement.
Annie ERNAUX

L'évènement

est un fragment de vie autobiographique d'Annie Ernaux jeune, étudiante et enceinte dans les années 1960.
Décidée à ne pas poursuivre cette grossesse non désirée elle va consulter des médecins absolument pas enclins à « l'aider » puisqu'à cette époque l'avortement (c'est ça l'évènement) est loin d'être reconnu/accepté /assumé.
Elle cherchera des contacts et du soutien auprès de camarades ayant elles aussi eu recours aux faiseuses d'anges au risque d'y laisser sa vie.
Et elle vivra là l'évènement le plus brutal, le plus traumatisant et le plus courageux de sa vie.
A lire absolument.
Un récit terriblement dérangeant sur cette épreuve vécue comme une honte et dont il faut tout taire sous peine de représailles.
C'est la première fois que je lis un texte d'une telle force, d'une telle froideur sur l'avortement et j'en reconnais bien la réalité pour l'avoir vue au cours de mon exercice professionnel.
La loi est passée Dieu merci !
Mais elle reste sujette à controverse encore trop souvent.
Mon corps, mon choix
Commenter  J’apprécie          80
Fin 1963, Annie Ernaux avait vingt-trois ans. Face à une grossesse non désirée, elle a immédiatement décidé d'y mettre fin. Seulement, à l'époque, l'avortement était interdit et sévèrement puni par la loi française. Peu de médecins prenaient le risque de mettre leur carrière en péril. Alors bon nombre de femmes démunies et désespérées n'avait d'autre choix que de se tourner vers des « faiseuses d'anges » (plus ou moins compétentes …)

Annie Ernaux nous raconte – avec une vive émotion – son « parcours du combattant » qui a finalement duré trois mois. Trois mois d'angoisse, de peur intense, de vulnérabilité totale. Et quelques jours de souffrance, fin janvier 1964 … le choc dû à la découverte du profond mépris également, d'une certaine catégorie du personnel médical ( et de leur pitoyable lâcheté …) : une étudiante enceinte qui tentait une interruption de grossesse était moins déconsidérée qu'une ouvrière ! …

Un livre fort, voire violent, qui nous prouve à quel point les femmes sont finalement bien seules, face aux expériences les plus critiques, les plus traumatisantes (quand bien même il s'agit à présent d'un acte licite, effectué dans de bonnes conditions …) Et combien il est indispensable aujourd'hui de préserver ce droit (durement acquis) à disposer de son corps en décidant – ou pas – de donner la vie …
Commenter  J’apprécie          82
L'auteure revient sur son avortement au début des années 60 quand ce dernier était encore illégal.
Avec réalisme et une écriture ciselée, Annie Ernaux partage les épreuves traversées pour pouvoir se débarasser de cet enfant qu'elle ne souhaite pas avoir. le récit est édifiant et glaçant.
Les scènes sont d'une grande violence (notamment celle de l'avortement) mais disent l'horreur de la situation de ces milliers de femmes, privées de leur droit de disposer de leur corps.
Une oeuvre intemporelle et engagée à mettre entre toutes les mains !
Commenter  J’apprécie          80




Lecteurs (3589) Voir plus



Quiz Voir plus

L'événement (Annie Ernaux)

Dans quelle ville la narratrice est-elle étudiante en 1963 ?

Annecy
Besançon
Mulhouse
Orléans
Rouen

14 questions
56 lecteurs ont répondu
Thème : L'événement de Annie ErnauxCréer un quiz sur ce livre

{* *}