la nuit parisienne se heurte toujours à des difficultés structurelles, dues notamment à un manque de volonté et à un certain conformisme ambiant qui tente de résister à l’évolution des modes de vie – considérant peu ou prou que « la nuit est faite avant tout pour dormir » et donc pour ceux qui dorment –, et incroyablement indifférent au potentiel économique de création d’emplois dans une ville pourtant fortement frappée par le chômage.
Si la nuit inspire toujours les poètes en quête de liberté, elle fait également peur et inquiète le pouvoir qui cherche depuis toujours à la contrôler. Rappelons que la première liberté supprimée en cas de crise est justement celle de circuler librement la nuit.
Entre le temps international des marchands et le temps local des résidents, entre la ville en continu de l’économie et la ville circadienne du social, entre les lieux des flux et les lieux des stocks, des tensions existent, des conflits éclatent, des frontières s’érigent. La ville qui travaille, la ville qui dort et la ville qui s’amuse ne font pas toujours bon ménage.
si, la nuit, la ville n’est pas la même que le jour, si l’espace-temps n’est pas vécu de la même façon, si le temps en quelque sorte y est plus distendu, c’est qu’il existe des savoirs, des institutions, des logiques différents dont il faut permettre l’apprentissage. Le droit à la ville de nuit serait un droit à vivre dans un temps distendu…
De nos jours, 276 grandes villes ont recours aux couvre-feux dans certains quartiers. Les élus prennent cette mesure symbolique pour montrer à la population majoritaire que ses peurs sont prises en compte. La police ne partage pas ce point de vue et répugne souvent à jouer les baby-sitters.