Très attendu après "
Le discours" que j'avais trouvé excellent, "
Broadway" transpire plutôt la déception. le troisième roman de
Fabrice Caro présente Axel, un quadragénaire de 46 ans, que l'arrivée prématurée d'un courrier postal pour le dépistage du cancer colorectal va déboussoler. La vie d'Axel ressemble à la vie d'un Français moyen : il est marié et père de deux adolescents, il vit dans un pavillon de banlieue, exerce un emploi routinier et est travaillé par la quarantaine. Hypocondriaque et désabusé, il a l'impression de subir une vie qu'il n'a pas choisie. Il ne comprend pas son rôle de père, fantasme des aventures amoureuses, ne supporte pas son voisin et renâcle à partir en vacances à Biarritz avec des amis pour faire du paddle. Pour échapper à ses obligations matérielles, il s'imagine Argentin vivant à Buenos Aires et supportant le club de football de Boca Juniors. Ça partait plutôt bien avec un parallèle tout en nuance de bleu entre une lettre d'amour et celle du dépistage du cancer colorectal. Mais, très vite, je n'ai pas retrouvé dans le monologue intérieur d'Axel la jubilation de celui d'Adrien dans "
Le discours". Ce n'est pas mal écrit, c'est drôle par moment, Axel est un paumé attachant dont les péripéties nous semblent étrangement familières. le récit de sa vie désenchantée, de sa mélancolie et de l'absurdité de ses relations sociales m'a intéressé. Mais j'ai eu l'impression de lire plus une suite de sketchs qu'un roman. Il n'y a ni unité de lieu, ni unité de temps, ni idée directrice convaincante contrairement au "discours" qui rendait le flux de conscience d'Adrien si vivant. Les fils rouges de "
Broadway" (dépistage du cancer, paddle en vacances, dessin pornographique du fils et relation fantasmée avec sa professeur, chagrin d'amour de la fille...) sont trop nombreux, manquent de consistance et finissent par lasser (quoique le paddle, j'ai bien aimé). Sans manquer d'ironie, je dirais que "
Broadway" manque de souffle. C'est dommage mais je continuerai de soutenir
Fabrice Caro et de lui témoigner ma confiance.
Merci aux éditions Gallimard et à Masse Critique pour l'envoi de cet ouvrage.