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sur 1522 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Lorsque Axel reçoit une enveloppe plastifiée bleue sur laquelle est inscrit Programme national de dépistage du cancer colorectal, son monde, tout à coup, semble s'effondrer. Parce que recevoir cette enveloppe à 50 ans est tout à fait normal, Axel, lui, s'en étonne d'autant qu'il n'a que 46 ans. Serait-ce une erreur de la CPAM ? Une mise en garde ? Un mauvais pressentiment ? Ne s'occuperait-il pas assez de sa prostate ? Comme si cela ne suffisait pas, Axel est convoqué chez le proviseur du collège de son fils, Tristan. Ce dernier a, en effet, dessiné, dans une posture pour le moins suggestive, sa professeure d'anglais et son professeur de SVT. Et puisqu'il s'agit de son fils, Anna somme Axel d'en parler avec leur fils. Anna qui, pour finir de lui plomber le moral, lui annonce qu'un dîner est prévu chez leurs amis, Denis et Béatrice. Des amis qui n'ont plus qu'une idée en tête : aller faire du paddle à Biarritz ensemble...

Axel, une femme, deux enfants, un pavillon en banlieue, un boulot... Axel, un homme moyen que des petits problèmes vont chambouler quelque peu. Entre l'enveloppe bleue, le dîner avec les amis, le dessin de son fils, le chagrin d'amour de sa fille, les voisins stricts, le collègue un peu lourd... Axel se débat comme il peut dans sa vie, avec ses moyens, ramant parfois, se laissant vite submerger par des détails, s'interrogeant souvent, remettant tout en question. À partir de l'enveloppe bleue, Fabcaro tisse tout autour des scènes de la vie quotidienne, toutes aussi absurdes, jouissives ou délirantes. Il s'amuse et se joue cocassement des absurdités de la vie. Aussi comique que tragique, drôle que mélancolique, farfelu qu'intelligent, un roman qui tisse, en de courts chapitres, le canevas d'un presque cinquantenaire déboussolé et dépassé...
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Qu'il est bon de rire en lisant ! Fabcaro qui, côté absurde, est un peu unique en France. Tout démarre quand Alex, 46 ans, reçoit de la CPAM le dépistage du cancer colorectal. Normalement, c'est à 50 ans ? Que se passe-t-il, il n'ose pas ouvrir l'enveloppe. S'ajoute à sa préoccupation une convocation au collège pour un dessin subjectif de son fils, un spectacle d'école ringard de sa fille, un apéro avec son voisin qui passe son temps à ramasser les feuilles mortes. C'est pas possible, il les ramasse toute l'année, il doit s'en faire livrer ? Et en plus, leurs amis prévoient de faire du paddle en vacances ensemble. Comment s'en sortir sans blesser et avec les bons mots ?
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En cette fin d'année un peu anxiogène, j'avais besoin de me détendre un peu les zygomatiques. Quoi de mieux que de me plonger dans Broadway, ce roman jubilatoire écrit par Fabrice Caro !
Axel, le narrateur, est un père de famille comme tant d'autres. Il a tout pour être heureux. Une femme attentionnée Anna, deux adolescents Tristan et Jade qui ont quatorze et dix-huit ans. Il adore lorsqu'on lui demande : quel âge ont vos enfants ? 14-18 ! Drôle non ? Déjà vous voyez, le ton est donné ! Ils ont des amis qui ne veulent que le bonheur du couple. Sans compter leur voisin ! Il n'en finit pas de ramasser les feuilles mortes sur sa pelouse à longueur d'année. Mais où est-ce qu'il les trouve toutes ces feuilles mortes ? Ce n'est pas possible, il doit se les faire livrer ! Ah ! Ces chers voisins... Comme c'est beau, comme c'est sympa les voisins... Nous sommes tous d'ailleurs des voisins...
Tout va à peu près bien jusqu'au jour où le monde commence à se dérégler dans la vie d'Axel. C'est un peu ce qu'on appelle l'effet papillon. Dans le cadre du programme national de dépistage du cancer colorectal, Axel vient de recevoir de son Assurance-maladie une invitation à y participer. Chouette ! Youpi ! Rien d'anormal, à ceci près que ce programme s'adresse aux personnes de cinquante ans et plus et qu'Axel n'en a que quarante-six... Pourquoi ?! Pourquoi ?! Alors, si vous lisez cette chronique à haute voix,- et je n'en doute pas que vous lisiez mes chroniques à haute voix peut-être en famille ou en cercle d'amis, je vous supplie de prononcer à ce moment-là ces mots avec le même trémolo qu'utilisa ce fameux commentateur sportif ému lorsqu'en finale de la Coupe du Monde de 2006 Zidane assena un coup de tête dans la poitrine de Materazzi... Pourquoi ?!
Il n'en faut pas plus pour que le sol commence à se fissurer sous les pieds d'Axel. Pourquoi ?! C'est aussitôt l'affolement, le désarroi, une sorte de peur panique et dans ces cas-là, vous savez, certaines de nos attitudes ne font qu'empirer la situation : on veut s'accrocher à la nappe et tout vient avec, les verres, les assiettes, ce qu'il y a autour, ce qu'il y a dedans, ce qui manquait peut-être aussi...
Le monde d'Axel, c'est un peu Buster Keaton au pays de Kafka.
Ici, brusquement, à travers cette lettre de l'Assurance maladie, c'est une suite de déconvenues qui se révèlent aux yeux d'Axel, un enchaînement de faits et le pauvre Axel se croit maudit des dieux ou plutôt de ce courrier du programme national de dépistage du cancer colorectal, car toutes les autres catastrophes qui s'ensuivent découlent de là forcément : la convocation au lycée parce que le fils d'Axel, Tristan, a dessiné deux de ses professeurs dans une scène de fornication, le voisin qui inévitablement va lui rappeler que ça y est nous sommes arrivés à l'échéance des trois mois et que le moment est venu pour eux de se plier au rituel de l'apéritif chez Axel cette fois, sa fille Jade amoureuse éconduite qui demande à son père de mettre un cierge à Notre-Dame d'Espérance pour jeter un sort à sa rivale et, cerise sur le gâteau, les amis, ces chers amis, qui proposent d'initier Anna et Axel au paddle l'été prochain sur la plage de Biarritz.
Pourquoi ?! Warum ?! Alors, oui, cette fois-ci, bien sûr toujours si vous lisez mes chroniques à haute voix, vous pouvez le faire un peu plus ténébreux pour casser le rythme, façon plus sobre dans le tragique, à la manière de Louis Jouvet ou d'Alain Cluny, vous savez cet acteur un peu sinistre dans Notre-Dame-de-Paris qui joue le rôle d'un prêtre et qui se fait jeter par Quasimodo par-dessus les gargouilles de la cathédrale et qui, peut-être lui-même a crié un dernier et ultime Pourquoi.
Alors dans ces cas-là, tous les yeux se tournent vers Axel : il faut prendre une décision. Mais, pourquoi, et là c'est plutôt « pourquoi moi ?».
La vie lui échappe, au pauvre Axel... C'est terrible, j'ai l'impression qu'Axel me ressemble... Et c'est sans doute ce que ce diable de Fabrice Caro espérait que je dise, l'ingrat! alors que je fais des efforts désespérés pour lui concocter une chronique aux petits oignons...
Moi, je dis que cela ne serait pas arrivé en d'autres temps. En d'autres temps anciens, les courriers hautement importants n'étaient même pas confiés par la malle postale, transport trop risqué à cause des bandits des grands chemins. Non, les militaires avaient tout pensé depuis belle lurette (alors ici, belle lurette n'est pas le nom de la compagne de Gai-Luron personnage créé par ce cher Gotlib, c'est juste ici une expression un peu désuète pour mettre un petit cachet rétro à ma chronique).
Ces courriers importants, hautement confidentiels, étaient confiés à des pigeons voyageurs. Alors, voilà j'ai alors imaginé Fabrice Caro transposant son histoire au XVIIIème siècle et peut-être que tout ceci ne se serait pas passé comme cela. À l'époque, chaque courrier de ce style était vu et revu avant son départ. Pas question que le pigeon voyageur parte avec un destinataire qui n'était pas le bon, vous imaginez ce que cela aurait pu être en tant de guerre ! Les risques ? Alors, imaginons un programme de dépistage national du cancer colorectal au hasard en 1715 envoyé par des pigeons voyageurs. Génial, non ? Ne me demandez surtout pas : pourquoi en 1715 ?! Alors peut-être qu'alors, l'âge ne serait pas le même à cause de l'espérance de vie, peut-être qu'on lancerait l'opération à partir de quarante ans et qu'un certain Axel recevrait une missive alors qu'il n'aurait que trente-six ans, neuf mois et vingt-deux jours. Oui, ça vous paraît précis, mais j'ai fait bêtement une règle de trois. Et alors, j'ai imaginé dans la tête de Fabrice Caro, un délire fou. Imaginons le fameux pigeon chargé de la missive hautement délicate, s'arrêtant en chemin sur des arbres où figurent des baies rouges, de bien belles baies rouges délicieuses et parfumées,- chouette! les jolies baies rouges!, mais hautement laxatives, vous voyez venir le scénario, un pigeon qui amène une information hautement stratégique sur un programme de dépistage du cancer colorectal et qui arrive avec sa missive dans une situation des plus délicates et des plus gênantes pour le volatile et surtout pour les personnes en-dessous auxquelles s'adresse la missive, quelle magnifique publicité pour le programme en question ! Et là, Axel aurait pris cela comme un message de bonne augure, un geste portant le bonheur...
Tandis qu'en 2020...
Quelque chose de lourd, de pesant, d'oppressant est là dans le présent. Axel prend conscience de cette impression de subir en permanence le présent, sans ne rien savoir maîtriser, n'avoir jamais prise sur rien, cette sensation de ne rien décider, de passer à côté de soi. Peut-être que nous ressentons la même chose et si nous en rions, c'est que cela nous touche aussi.
Il y a ce côté autruche, si facile, s'enfouir la tête dans le sable lorsqu'il faut être présent, décider. Mais pourquoi faut-il encore décider dans nos existences où tout semble régulé d'avance... ?
Je découvre qu'Axel me ressemble et c'est terrible. Je soulève le rideau de la fenêtre et j'entrevois la maison du voisin. Ouf ! Je me sens plus heureux qu'Axel...
Mais pourquoi dans nos vies compliquées, faudrait-il toujours savoir prendre des décisions ? Vaste sujet. Qu'en pensez-vous ?
Autant vous dire que Broadway fut une lecture jouissive, elle m'a fait un bien fou en cette période particulière. Mais par-delà l'autodérision, il y autre chose aussi, il y a la saveur des premières fois, de la tristesse infinie, des rendez-vous manqués, une mélancolie douce-amère... Une envie de continuer de croquer la vie.
Et si la seule manière de survivre à un quotidien où l'on perd pied, n'était pas de se tenir droit debout en équilibre sur un paddle, les bras ouverts face à la plage de Biarritz ?
Broadway, j'ai aimé.
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Alex va sur la cinquantaine, avec des caractéristiques communes à beaucoup : le pavillon , les enfants, une femme qui fait de lui ce qu'elle veut, un métier pas folichon, des voisins casse bonbon...Oui, on est d'accord, cela nous rappelle quelque chose.
Mais Alex va être bouleversé par l'arrivée d'un courrier lui proposant un examen colorectal...A 46 ans , soit 4 ans avant l'âge déclencheur de la susdite missive.

J'ai le même sentiment que lors de la lecture du Discours :
1/ C'est très drôle , en tous les cas pour moi, ça me fait rire même si je me demande parfois si cet humour ne s'adresse pas surtout aux hommes.
2/ C'est un peu décousu : L'auteur nous trimbale dans ses souvenirs pour nous faire rire si bien que l'intrigue principale est quasi inexistante. Pas grave mais bon à savoir
3/ C'est sans doute plus profond qu'il n'y parait. le questionnement autour du rôle de père, la volonté de s'arracher à son quotidien, par le rêve ou les actes, l'analyse de la façade que l'on renvoie par nos paroles ou nos actes et l'image qui en découle, si loin de ce que l'on ressent parfois.

Cela donne un roman très agréable à lire , qui forcément me parle puisque je pourrais être Alex ( mais en mieux quand même :).
J'ai beaucoup ri et il y a un scène très bien décrite qui m'a ramené à une époque pas si lointaine . Et vous aussi , si les joies de la maternité ou paternité ont égayé vos vies, vous avez connu ça:
Les spectacles de fin d'année , à l'école ou à l'assos .
Cela a toujours été un cauchemar pour moi : D'une part, on se retrouve entouré de parents surexcités , téléphone à la main , vous écrasant en tenant d'immortaliser l'héritier, en pagne au milieu de la cours jetant furtivement un coup d'oeil à son voisin pour voir s'il est dans le bon tempo. La musique grésille entre deux larsens , on commence à être attaqué par la fumée du préchauffage du barbecue, la danse agrémentée de chant dissonant n'en finit pas , le soleil tape , les effluves d'aisselles des pseudo cameramen déboulent...
Mais pour moi , le cauchemar ( dans lequel on se ruerait tous aujourd'hui, on est bien d'accord) était ailleurs :
'Alors papa j'étais comment ? '
'Ben t'étais nul, comme tous les autres, tu chantes aussi mal qu'eux , aucune synchro, ta copine qui se fout à chialer au milieu de la chasse à l'éléphant(qui d'ailleurs a perdu une oreille en entrant sur scène) n'a rien arrangé".
La vraie question est : Un père (ou une mère) doit il être faux cul à ce point avec ses enfants ou leur faire sentir que l'art , c'est aussi respectable que le français ou les mathématiques , avec toutes les précautions d'usage? Je n'ai jamais su et donc me suis inscrit assez vite pour gérer le barbecue .
Merci Mr Caro pour ses souvenirs et tant d'autres moments oubliés qui émaillent ce livre .
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D'une lettre bleue à l'autre

Pour égayer cette rentrée, rien ne vaut un petit tour à Broadway, car le nouveau roman de Fabrice Caro scintille comme le fronton des théâtres newyorkais. Pétillant et drôle!

Un nouveau livre de Fabrice Caro, c'est la promesse de passer un bon moment. Et cette fois encore la promesse est tenue. C'est bien simple chers amis lecteurs, vous allez vous régaler!
Pour vous situer les personnages, rien ne vaut un télescopage dont l'auteur a le secret. Il fait ici se rencontrer une lettre d'amour bleue arrivant de Juan-les-Pins chez Axel, alors adolescent en proie à ses premiers émois amoureux et une autre lettre bleue arrivant quelque 30 ans plus tard chez le même destinataire (qui a désormais 46 ans) et l'invitant à un dépistage du cancer colorectal. Une lettre bleue qui servira de fil rouge à ce roman désopilant. Car toutes ces histoires de la vie ordinaire d'une famille sont teintées d'humour, mettant le doigt sur leur côté absurde ou caricatural. Prenez la convocation chez le proviseur du collège de Tristan (14 ans) durant laquelle il est sommé de donner son avis sur le dessin de son fils montrant l'un de ses profs prendre en levrette une autre prof. Que penser de cette oeuvre d'art provocatrice? Ou alors imaginez devoir vous répondre à l'invitation d'un voisin enquiquinant, essayant de vous convaincre de l'accompagner pour vos prochaines vacances à Biarritz, où vous pourrez découvrir les joies du paddle. Sans oublier de répondre aux souhaits d'Anna, une épouse bien sous tous rapports.
Des soucis qui s'accumulent et un horizon qui s'assombrit. Alors cette fichue lettre bleue n'est vraiment pas la bienvenue. Voilà donc Axel se perdant en conjectures: «Pourquoi nous évertuons-nous à n'effectuer que des actes pourvus de sens? Pourquoi une existence qui n'en a aucun devrait-elle être constituée d'une suite ordonnée de faits rationnels, et pourquoi ne nous mettrions-nous pas subitement à courir dans la rue sur Modern Love comme chez Leos Carax ou Noah Baumbach? Pourquoi tout doit-il être cohérent quand la vie elle-même ne l'est pas pour deux sous et qu'on peut très bien se réveiller un matin avec un courrier destiné à un type de cinquante ans alors qu‘on n'en a que quarante-six? Pourquoi l'utile, pourquoi l'approprié?»
Après quelques digressions sur le whisky, les graines de courge, la dose de Nutella sur les tartines des orphelins ou la puissance évocatrice de la scène d'ouverture du film Under the Silver Lake, je pourrais encore vous parler d'un rêve récurrent à la terrasse d'un café de Buenos Aires, mais ce serait sans doute une façon de vous gâcher le régal promis. Disons simplement que ce bilan d'une vie se lit avec le sourire aux lèvres, même si le constat est peu reluisant. Au lieu des lumières de Broadway, on se retrouve sous les néons d'une halle accueillant un spectacle de fin d'année pas vraiment réussi.
Le dessinateur Fabcaro qui nous avait régalé avec Zaï Zaï Zaï Zaï, Moins qu'hier (plus que demain) ou encore Open Bar et son double romancier Fabrice Caro, auteur de l'inénarrable le discours sait ajouter la touche de mélancolie à son texte pour lui donner davantage de profondeur. Cette politesse du désespoir qui entraîne les grandes remises en cause.


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Reçu dans le cadre d'une Masse Critique privilégiée, je remercie Babelio et les éditions Gallimard pour l'envoi de ce roman.
Nouveau roman très attendu de Fabrice Caro, » Broadway « est publié en cette rentrée littéraire chez Gallimard dans la collection Sygne. Après les succès de » Zaï Zaï Zaï Zaï « et » le discours « Fabrice Caro place la barre très haute avec ce qui me semble son meilleur roman. Il confirme son style à l'humour décalé, osant écrire tout haut ce que nous pensons trop souvent tout bas. Une comédie à la Broadway foireuse sur fond de crise de la cinquantaine : Cocktail hilarant !
Tout commence par la réception d'un courrier somme toute plutôt banal de la CPAM.
p. 8 : » Je tiens dans ma main une enveloppe plastifiée bleue au bas de laquelle est inscrit : Programme national de dépistage du cancer colorectal. «
La scène aurait pu s'arrêter là, courrier des administrations françaises, parmi tant d'autres. Mais le problème, c'est qu'Axel n'a que quarante-six ans ! Pourquoi recevoir un courrier pour un dépistage alors qu'il n'a pas encore cinquante ans ? A peine hypocondriaque, Axel va s'en faire une montagne, négligeant ses problèmes de famille et de voisinage, et utilisant avec une maladresse cocasse le mensonge par omission envers son épouse.
p. 15 : » Alors que nous avons toujours tout partagé, que nous avons traversé la vie dans ses moindres recoins obscurs, ses moments les moins glorieux, pourquoi lui cacher une enveloppe de dépistage du cancer colorectal ? «
Axel s'embourbe page après page dans ses monologues, ses réflexions, ses extrapolations.
p. 96 : » On devrait toujours s'inventer des angoisses insensées pour les déconstruire dans la foulée et se sentir léger. «
Mais Axel n'a pas le loisir de s'inventer des angoisses, elles lui tombent dessus en cascade. Entre la convocation par le proviseur du collège suite à des dessins scabreux de son fils, le chagrin d'amour de sa fille de 18 ans, son voisin qui lui court après pour une invitation apéro / barbecue et l'organisation de vacances à Biarritz avec les amis de sa femme alors qu'il déteste ça ! C'est trop pour une seul homme…
p. 80 : » Nous sommes la succession de personnes étrangères les unes aux autres qui, probablement, n'auraient pas grand chose à se dire si elles se croisaient. «
Superbe témoignage de la crise existentielle par excellence ! Entre désillusions et compromis, bienvenue dans la vraie vie ! le lecteur se retrouve forcément dans certaines scènes de la vie, aussi pathétiques que drôles finalement. Alors, prenons un peu de légèreté et ne nous prenons pas trop au sérieux !
Lien : https://missbook85.wordpress..
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Vous connaissez le petit grain de sable qui va vous pourrir la journée si tout va bien, des semaines si vous êtes de nature angoissée ? Axel le connaît bien. Pour lui c'est le courrier qu'il reçoit de la caisse d'assurance maladie pour un dépistage. Pourtant tout allait bien jusqu'à ce jour. Marié, deux adolescents, une maison dans un lotissement, un voisin, certes un brin intrusif, mais avec qui il partage un apéritif tous les trois mois, un bon job et des amis.

Il se demande pourquoi lui ? La machine à ruminations est lancée. Les amis qui décident de faire du paddle à Biarritz cet été, qui sont plutôt les amis de sa femme et il n'a aucune envie de ces vacances mais il n'ose pas donner son avis, le voisin avec qui il boit du whysky tous les trois mois alors qu'il déteste cette boisson, se rendre à la convocation du lycée et se retrouver devant cette femme pour découvrir le dessin de son fils, deux professeurs en train de copuler et devoir expliquer le geste, ou plutôt trait de crayon de son fils, les collègues et le boss, et sa fille qui lui demande d'aller brûler un cierge pour que sa rivale devienne borgne, tout y passe.

De temps en temps, Axel se réfugie mentalement dans un coin du Monde. Il est attablé avec un bon verre, des enfants jouent au foot devant lui, de belles femmes lui parlent par-dessus son épaule, des amis parlent foot,il fait beau et chaud le bonheur. Juste le temps de se ressourcer et il repart dans ses ruminations.

C'est très drôle quand on ne le vit pas. Une mention spéciale pour le texto qu'Axel envoie en pleine nuit en se trompant de destinataire, cela ne va pas arranger ses ruminations.

Prenez votre souffle avant de commencer cette histoire, les phrases sont très longues parce que les ruminations le sont aussi très souvent, font perdre les moyens et coupent la respiration.

Cet homme nous donne une leçon de vie : ne pas tout accepter, parler, savoir dire non et donner son avis, même si l'envie première est qu'on nous fiche la paix.
Lien : http://pyrouette.canalblog.c..
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N'étant pas lecteur de BD, je ne connaissais pas Fabcaro, mais grâce aux nombreux éloges lus sur Babelio, j'ai bien fini par le rencontrer, surtout après avoir appris qu'il publiait aussi des romans depuis quelque temps. Et je ne le regrette pas. J'avais besoin d'une lecture amusante et Broadway m'a bien fait rire. La plume de Fabcaro est à la fois légère et empreinte d'une certaine nostalgie et d'un zeste de critique de la société actuelle. le narrateur est dépassé par les événements quotidiens. Il se sent mal dans sa peau et rêve de changer sa vie, sachant au fond de son être qu'il est pris dans un engrenage dont il ne pourra pas s'échapper. Il accumule les gaffes et toutes ses tentatives de les effacer échouent. le Broadway de Fabcaro me fait un peu penser au Manhattan de Woody Allen.
Quoi qu'il en soit, je suis conquis par ce gaffeur moderne et ce ne sera pas mon dernier Fabcaro.
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Axel vient de recevoir l'enveloppe bleue de dépistage du cancer colorectal, l'enveloppe que tous les affiliés à la Caisse Maladie reçoivent à 50 ans, sauf que lui, il n'a que 46 ans ! Cet incident anodin va lui faire remettre en cause toute sa vie, ses relations, familiales, professionnelles, sociales. Broadway, c'est deux cent pages de paranoïa mesquine et hilarante, deux cent pages qui nous font nous regarder en face, réinterpréter nos actes les plus anodins, comme inviter les voisins à l'apéro, deux cent pages de rire, parfois un peu jaune, parce qu'on y retrouve certaines de nos obsessions, les plus ridicules, et c'est toujours un plaisir de retrouver ce type de personnage cher à Fabrice Caro, toujours un peu déconnecté du monde, rêveur, idéaliste et un peu paumé, procrastinateur, loser, et souvent lâche, mais d'une lâcheté sympathique. Broadway est un roman léger et amusant, qui détend, qui fait rire, mais qui, dans cette désinvolture, offre plus à réfléchir qu'on ne pourrait le croire.
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Après avoir apprécié le film LE DISCOURS adapté du roman éponyme, je voulais absolument savourer à l'écrit l'humour doux amer de Fabrice CARO.

Dans BROADWAY, j'ai retrouvé le ras-le-bol des conventions sociales, j'ai renoué avec ses personnages écrasés par les diktats familiaux, et la dénonciation des cons (" chemin long truffé de cons ").
Le titre de ce livre aurait pu être " Quand tout d'un coup, tout vous pèse...", mais je vous laisse le plaisir de lire l'origine du choix de Broadway.

Lire F.C. et les tourments intérieurs d'Axel, 46 ans, père de famille très désabusé, c'est écouter sa petite musique intérieure, ses commentaires, ses ressentis, tout ce qu'il pense mais n'exprime jamais vraiment. Chaque événement qu'il vit et nous raconte porte en lui sa comédie autant que sa tragédie.

Le problème, c'est " le temps qui passe ", " la fin de la parenthèse enchantée " (les enfants petits, les premières années du couple), et puis, peu à peu Axel dénonce aussi la lassitude de l'éternel " suiveur arrangeant et mutique " qui le grignote jour après jour, l'évolution et le changement du corps et la pression sociale (aaahh !!!
Le barbecue du voisin avec son mâle alpha derrière le grill).

Axel est en fait devenu comme étranger à sa vie, mais on le sent, à s'interroger, à se refaire le film de son existence, à tergiverser sur tout absolument tout, face aux événements, face aux exigences de ses partenaires de vie, il va lui falloir enclencher quelque chose de fort. Ce qu'il ne fait jamais.

Tous en prennent pour leur grade, avec leurs petites vies autocentrées et ridicules sous la plume humoristique de F.C. et ça c'est jouissif. Mais, ces sentiers tumultueux du quotidien narrés par notre pauvre antihéros ne sont-ils pas avant tout l'expression de son manque de courage et de personnalité ? Et de son pessimisme chronique (la fameuse enveloppe du test colorectal déclencheuse d'une angoisse incommensurable et de ce roman) ?

Les phrases très longues (mais au style facile) rapportent finement le discours intime et intimiste d'Axel, mais au cours de ce plaisant (et original) moment de lecture drôlissime et désespérant à la fois, j'ai surtout ressenti une irrépressible envie. Celle de secouer fortement Axel ou de lui envoyer un bon coup de pied au derrière.
Le doux amer a des limites chez moi et les geignards m'exaspèrent.

Lien : http://justelire.fr/broadway..
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