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Un anti-héros alcoolique qui sombre puis se reprend et vainc l'addiction et se réconcilie avec lui-même. A la fois hyper-réaliste, drôle et touchant. Dan Fante digne fils de son père!
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La tête hors de l'eau
Dan Fante (Pulse/13E Note 2012)
Mooch
(Canongate US/2000, Harper Perennial/2009)

L.A., Bruno Dante, est un travailleur passe-partout. Il déteste tout. Sa ville, son boulot et lui-même. Il perd et trouve des jobs. Entre et pendant les heures de prestations, il cuve. Un fils d'écrivain oublié, fauché, mort. Il déprime, c'est chronique, ce n'est pas une déception passagère. Il écrit à l'occasion et espère être publié. Il n'arrive pas à écrire. L'alcoolisme, son mal-être, ses échecs professionnels ne sont pas le problème principal…
Il s'en accommode à la limite.

« … mon problème c'était les gens. Et il y en a partout. » p20

Cela ne l'empêche pas d'être gentil et franc, généreux, parfois passionné, il dépense sans compter pour lui ou pas et surtout quand il est énervé. « Rien à foutre », il assume et fait ce qu'il veut, imbibé ou non.

Il vit entre deux eaux, saoules ou à jeun pendant plusieurs mois, c'est la pire difficulté qui soit. Un vrai cauchemar.
Le défi est de garder un job, une sinécure, en fonction de l'humeur, il change souvent.
La solidarité entre anciens alcooliques reste un phare dans la nuit. Même s'il reste peu convaincu de l'intérêt des réunions aux A.A. (Alcooliques Anonymes), de l'efficacité des phrases de motivation à l'eau de rose, ces rencontres restent un point de repère de marin pêcheur pour ne pas fracasser la coque de son bateau sur les récifs d'une normalité incompréhensible.
Et cela implique de se rendre aux réunions au moins 3X par semaine. Une roue insoutenable tourne et le mène à la tentative de suicide.
Tant qu'il est impossible de s'assumer, le loyer par exemple, la buée voile la vue sur le monde.

Puis il rencontre Jimmy. Elle est une option à laquelle Bruno n'était pas préparé. Séduisante, manipulatrice, une entraîneuse pour payer sa came et toute saleté disponible pour s'achever plus vite. Même si elle se sert de lui, il ne lâche pas prise et espère la sauver.
Ce qui éveille sa lucidité fragile et sa destruction lui souffle dans le cou pour le ramener sous l'eau.
Il la désire, l'aime, la veut, peu importe son je-m'en-foutisme. Une relation clash, torride pareil à l'état de Bruno par rapport à sa vie et sa relation aux autres.

« Personne ne se souciait plus des mots. La littérature était plus morte qu'une redif de la série Seinfeld... La vraie vie, c'était un film de flics et une paire de nichons siliconés » p60

Difficile d'écrire et d'y croire. La dépendance que connaît Bruno réduit sa capacité à créer. Pourtant, les mots l'habitent, restent présents. le néant l'envoute dans son combat pour la sobriété. Son échelle pour grimper et sortir de ce puits sans fond est un assemblage de lettres.

L'amour le bouffe autant que la bouteille, sauf que pour le premier rien n'est prévu pour le vaincre. Pas de réunions des A.A., des amoureux anonymes. La boisson et son abus sont des notions plus quantifiables, dont les conséquences sont faciles à cibler physiquement et mentalement. Aimer est pire que d'ingérer un litre de vodka. Tu ne sais pas ce qui t'attend.

Sans sentiment, sans attention partagée, Bruno perd le contrôle. Il plonge dans ce qu'il rejette. L'errance. Jusqu'à ce qu'au plus bas, il crie à l'aide.

La vérité transpire le livre. En totale cohésion avec le quatrième de couverture, une introduction très juste, tout est vrai. Une écriture triste, caustique, aérée, crue. Une histoire dans le smog de LA, c'est du « Blue Jay Way » de Fabrice Colin vu d'en bas, c'est du Patrick O'Neil, du Tony O'Neill, du Mark Safranko, sarcastique à la Fante père et à la Bukowski. Tout ce monde se rejoint sous le même toit : 13E Note (ceci était un spot publicitaire :-)).

La décadence et la déprime des bas fonds, à l'opposé de celle des mythes et des légendes hollywoodiennes. Un roman noir réaliste où la solidarité poussée (entraide profonde et sincère entre anciens alcooliques) et ironique (les performances à fournir au travail) chevauche le pessimisme d'individus qui n'existent plus. Des plantes qui vivent grâce à la photosynthèse, nourrie de lumière, plantée dans le crack et arrosée à l'alcool. Leurs couleurs, leurs éclats, leurs dynamismes évaporés, des mortes assurées, toutes mort-nés. Ces plantes sont là, absentes, transparentes dans un décor déprimant, elles sont délavées par le temps.

Un mélange d'amour-haine entre un homme et une femme. Représentatif de la position qu'a Bruno à L.A. L'amour-haine entre Los Angeles, son travail et lui. le liquide à 40 ° transparent est la bouée pour garder la tête hors de l'addiction à l'amour, à la boisson, à la dépression. L'anesthésiant contre ces symptômes incontrôlables. Une flotte dangereuse, traite, avocate du diable. Garder la tête hors de l'eau quelle que soit sa consistance n'est pas une mince affaire.

« J'ai su pourquoi j'aimais cette fille. Elle était comme mon défunt père, en guerre contre sa propre existence » p185
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Bruno Dante, alcoolique au bout du rouleau et écrivain quand il n'est pas dépressif, a décidé de s'inscrire aux Alcooliques anonymes.
[...]
Dans la lignée des beatniks, Bruno Dante sombre dans les excès et la dépression. À l'image de l'auteur, Dan Fante, fils du grand écrivain John Fante, Bruno n'a pas la vie facile.

À la fois pathétique et provocateur, carrément détraqué mais souvent drôle, il nous fait voir comment la valeur du travailleur se mesure à l'aune de sa productivité (et de sa rentabilité). Dieu Flexibilité, permettez-nous de vendre toujours plus de cartouches d'encre et à moindre coût !

Pourtant, Bruno Dante ne se laisse pas facilement appréhender. Même si La Tête hors de l'eau est écrit à la première personne, le récit est factuel, peu interrompu par des réflexions, même lorsque le personnage apprend une nouvelle grave.

D'autre part, l'écriture de Dan Fante n'est-elle pas surtout cathartique ? Car même le héros de la nouvelle que Bruno Dante écrit ressemble à s'y méprendre à Bruno/Dan. le double romanesque, même s'il a l'air très proche de l'auteur, permet quand même de créer une distanciation,
car il faut du cran pour écrire ce texte, par ailleurs souvent drôle, et beaucoup d'autodérision.

Malgré l'impression d'un personnage imperméable et réservé sur ses sentiments, La Tête hors de l'eau est un roman super bien rythmé, qui envoie sec à chaque page. Les frasques de Bruno Dante et les descriptions des personnages, tantôt attachants, tantôt antipathiques, sont percutantes qui l'emportent sur les quelques défauts du roman. Si vous aimez ce genre, alors c'est pour vous !

L'article entier sur mon blog :
http://www.bibliolingus.fr/la-tete-hors-de-l-eau-dan-fante-a112438248
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13ème note a fait le choix de publier tous les livres de Dan Fante. D'ailleurs, ce dernier se définit comme un auteur français car les éditeurs lui ont fait confiance contrairement à ceux de son pays, les Etats-Unis d'Amérique. le titre La tête hors de l'eau a été épuisé chez Christian Bourgeois et 10/18, une belle occasion pour 13ème note pour proposer le deuxième tome des aventures de Bruno Dante, le double littéraire de Dan Fante.

Après Rien dans les poches, Bruno Dante, anti-héros alcoolique, décide tant bien que mal de s'en sortir en laissant la bouteille de côté. Son cv est plus long que mon bras, car garder un boulot est très compliqué. Il se reprend en main surtout grâce à un emploi dans une entreprise de télémarketing tenu par des anciens alcooliques qui essaient de motiver tous le monde et de donner confiance en chacun. Bruno aurait pu s'en sortir plus facilement s'il n'avait pas rencontrer Jimi, une femme dévastatrice qui va lui faire perdre la tête. le problème c'est que lui veut s'en sortir mais elle veut s'enfoncer dans les noirceurs des ténèbres en mêlant sexe, drogue et alcool. le fait d'avoir un jeune garçon ne lui permet de tenir le cap pour lui donner un environnement un peu stable.

Entre quelques gouttes d'alcool et l'arrêt de se poison addictif, il essaie de reprendre l'écriture car il aime cela. Il sent en lui le besoin de coucher des mots, mais est-ce possible sans être saoul? Y a t'il une vraie réponse à cette question? C'est une question que l'auteur se pose souvent, fils de John Fante (Mon chien stupide) alcoolique notoire et passionnée de la plume de Bukowski. le succès n'est-il pas au fond de la bouteille? Une interrogation qui le taraude, le poussant à réfléchir et à faire des choix qui peuvent lui coûter beaucoup.

La noirceur d'un monde se fait par ces gens qui vivent dans l'excès de tout en détestant ce qui les entoure. Un roman intense qui avance lentement mais nous tient en haleine avec se personnage qui se confond dans les méandres de la dépression et de l'espoir. Un auteur qui me donne envie de le lire encore.
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On y est. On vit le truc avec lui. On a le même mal au coeur, les trippes en vrac, envie de vomir. L'envie de s'en sortir mais replonger à la première occase. On n'y peut rien. On en a marre de cette fille de cette bouteille de cette vie. Mais nous au-moins on peut choisir : le temps des breaks, reprendre son souffle. Choisir le moment où on reprend le livre, où on remet le truc en route. Elle est belle la vie de lecteur..
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Bruno Dante réside dans un foyer de réadaptation, il fréquente les AA suite à de nombreux déboires avec l'alcool. Sa carrière professionnelle n'est pas une réussite car il enchaîne les petits boulots. Il vend des aspirateurs au porte à porte et se fait virer à cause de ses absences. Il trouve un job dans une société fondée par un ancien alcoolique, une chance pour Bruno de refaire surface. Il fait la connaissance de Jimmy, une stagiaire à la beauté Méxicaine auquel il s'attache, qu'il aime mais, une fois encore la chance tourne. Non seulement elle est infidèle mais à cause de leur relation, il est viré.
L'inévitable arrive, Bruno replonge dans l'alcool et sa vie est rythmée tantôt par l'espoir puis les désillusions.

Un livre qui parle de l'alcool, de misère, d'espoir. L'auteur nous fait part de son franc-parler, de son humour, de sa déchéance. On le compare souvent à son père, John lui aussi écrivain qui a connu la bouteille pendant une vingtaine d'années.
Un roman sombre, réaliste qui vous entraîne dans la combativité, la tentation...
Lien : http://lesromansdechris.blog..
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L'auteur arrive à merveille à nous décrire toutes les étapes de la déchéance, de la volonté suprème à la foi divine, de l'abandon absolu au sixième sous-sol. Les mots sont crus et les émotions à vif, il rouvre chaque petite plaie pour en faire une bouillie nauséabonde. On retrouve encore cette ambiance si particulière propre à 13e note, cette odeur d'illusion brûlée à l'acide, cette fougue destructrice et malsaine, qui pourraient être déplaisantes si seulement chaque livre n'était pas un vrai régal à lire. Ca a des petits airs de Charles Bukowski, et on se croirait presque dans un roman de Chuck Palahniuk, puisqu'on y retrouve toute une farandole de drogués, que ce soit au crack, à l'alcool, au sexe ou au boulot, et que jamais l'un d'eux ne réussit à aller assez loin pour ouvrir la poignée de la porte de sortie. Parce que la volonté, ça ne s'achète pas par correspondance. Sinon, on vous aurait bien fait un prix, pour le fils et le père.

(voir la critique intégrale sur le blog)
Lien : http://lecombatoculaire.blog..
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Jusqu'à présent, chaque lecture des éditions 13ème Note a été une bonne découverte. Nous suivons Bruno Dante, un ancien alcoolique qui essaie de se trouver une place dans le télémarketing.

Les choses se passent (un peu) mieux pour lui, il a réussi à trouver un travail et se débrouille très bien, d'ailleurs. Mais il tombe amoureux de Jimmi, une jeune femme accro au crack et à l'alcool qui ne semble pas vouloir l'aimer. Entraîneuse, elle est séduisante et manipulatrice.

Les pages s'enchaînent, j'ai lu le livre à une vitesse folle, m'attachant à ce anti-héros. C'est un roman bien rythmé, où nous suivons les frasques de Bruno et ses tentatives pour se rattraper. Il va de désillusion en désillusion. C'est un roman sombre, qui ne plaira pas à tout le monde, mais n'hésitez surtout pas à tenter l'expérience.
Lien : http://anais-lemillefeuilles..
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Pâle copie de son père.
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Je regarde le film d'Oliver Stone " Wall Street " avec Douglas et Sheen . Juste après avoir fini , d'une seule traite ,la lecture de ce foutu bouquin. Une vie détestable , exécrable dans un univers impitoyable . L.A ou N.Y , une seule quête,l'argent à tout pris . Et du sexe ,en veux - tu, en voilà. de la drogue et des rasades de Mad Dog 20-20 ,les ingrédients d'un roman écrit en mode "Nuit américaine ". Il n'y a pas de ciel bleu et la nature a disparue , dévorée par le béton. Pourtant , on en envie de savoir comment cela va finir , s'il va s'en sortir. Pas mal !
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