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Une belle fiction-témoignage autour du vécu de l'autrice, mais narrée avec du recul et à travers les voix de ses proches. Un procédé narratif original ! Chaque témoignage apporte des petits bouts de vérité et de l'émotion. Comme toujours, la plume de Manon Fargetton est fluide, subtile, intelligente, puissante et délicate. Un moment de lecture qui ne laisse pas indifférent.
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Manon,

Je n'ai pas envie de parler à ta place.
Toi qui as si bien écrit ce récit de fiction inspiré de ce que tu as vécu.
J'ai juste envie de dire : « Je vous recommande ce livre, il m'a bouleversé, je pense qu'il vous bouleversera aussi et que c'est un récit essentiel à lire. »

Et puis, je me rappelle, que dans ce livre, tu n'as pas donné la parole à Manon.
Manon qui a 17 ans lorsqu'elle fait la rencontre de Gérald, 57 ans, éditeur de bandes dessinées.
Tour à tour, ce sont sa mère, son père, ses frères, et même Gérald et sa femme qui vont nous parler d'elle.
Je vais donc simplement rajouter ma voix à la leur.

De toute cette galerie de personnages, je retiendrai ta mère.
Sa force, sa détermination à te protéger, et à te montrer que l'amour, le vrai, n'est pas un amour qui prive et qui exclut.

Avant même de savoir que c'était un récit inspiré de ta vie, je l'ai deviné.
Tout est si bien décrit, cette emprise, cette manipulation, et ce prétendu amour inconditionnel pour une adolescente, que cela m'a semblé impossible de l'inventer de toutes pièces.
En même temps,
C'est annoncé dans le titre,
Tout ce que dit Manon est vrai.
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"Tout ce que dit Manon est vrai" et pourtant, elle ne dit rien Manon. Elle ne raconte rien, ne se dévoile pas.
Ce sont eux, les autres, qui parlent d'elle et la disent, qui tracent les contours de son visage et de son histoire. Ceux qui l'aiment et qui ne la comprennent pas, pas toujours. Ceux qui voudraient la protéger mais qui ne la voient pas, pas vraiment. C'est qu'elle est secrète Manon aussi.
Peut-être qu'elle étouffe parfois, peut-être qu'à force d'être celle des autres et d'endosser les costumes qu'ils veulent lui faire porter, elle n'a pas d'autres choix que d'avancer parée, masquée.
Il n'empêche, tout ce que dit Manon est vrai.

Elle a seize ans, l'âge des princesses de contes de fées.
L'âge où les princes les éveillent d'un baiser et les épousent, l'âge dont on nous a fait croire qu'il était celui où des presque-enfants étaient enfin des femmes désirables, plus désirables encore parce que si jeunes encore... Pour les princes et les poètes aussi: Cassandre n'avait que quatorze ans après tout...
Pour les princes, les poètes et les hommes dont certains sont restés en pleine Renaissance, comme Gérald, par exemple.
Gérald est éditeur, il a cinquante-six ans. Manon lui a envoyé les premières planches de la bande-dessinée sur laquelle elle travaille et il va l'aider, la guider, l'éditer. Elle a tellement de talent la petite surfeuse, de charme aussi. Elle pétille et l'éditeur tombe amoureux. La correspondance, au fil des mois quitte la sphère professionnelle pour se faire amoureuse, érotique parfois. Manon perd alors le contrôle, elle est happée par cet amour fou et ce désir que lui prodigue son brillant éditeur et l'épouse -fragile- de ce dernier dont l'emprise perverse est de plus en plus évidente.
De plus en plus inquiétante aussi pour les proches de l'adolescente qui tentent de comprendre. de protéger aussi, quitte à blesser, quitte à foutre en l'air un équilibre familial déjà mis-à-mal par un divorce difficile et un secret en forme de non-dit.

On ne peut parler de "Tout ce que dit Manon est vrai" sans penser à "La familia Grande" ou à "Le Consentement" qui évoquent aussi le sujet difficile et délicat de la pédocriminalité, de l'emprise. Cependant, alors que les textes de Camille Kouchner et de Vanessa Springora sont des témoignages, celui de Manon Fargetton est un roman dans lequel l'auteure sensible de "A quoi rêvent les étoiles" propose une autofiction troublante, captivante, intelligente.

La vrai force de ce roman, outre son sujet, réside dans son procédé narratif qui alterne les points de vue. Tour-à-tour les proches de Manon -sa mère, son père, ses frères, son amie de lycée, Gérald, sa femme- prennent la parole et nous offre dans une écriture orale efficace leur version de l'histoire. Tous sauf Manon, qui ne consent à raconter qu'à de rares passage où la femme de 2021 apostrophe l'adolescente de 2004. Cette multiplicité des points de vue donne beaucoup de profondeur et de complexité à l'histoire, ne l'éclairant que partiellement jusqu'à sa résolution, disséquant pour nous au passage les mécanismes implacables et glaçants de la manipulation. A cet égard, les échanges de mail entre Manon et Gérald sont terrifiants, tout comme la voix et la construction du discours de ce dernier qui m'a mise très, très mal à l'aise parfois, au point de me pousser à poser le livre le temps d'une respiration.
C'est un roman dur et malséant, choquant mais "Tout ce que dit Manon est vrai" est également un beau roman intime et clairvoyant qui sait dire avec finesse les contours flous de la frontière entre l'adolescence et l'âge adulte, entre le consentement et la manipulation et qui brosse le très beau portrait d'une mère touchante et admirable et d'une fratrie qui parvient à rester soudée malgré la distance, les tempêtes et les silences.

Uppercut engagé et nécessaire, bouleversant et dérangeant à mettre entre toutes les mains: celles des adolescentes et celles de leurs parents. Il me semble qu'à seize ans, j'aurais aimé qu'on me parle de ces choses-là... Je n'ai pas vécu ce que vit Manon, mais toutes les adolescentes du monde n'ont pas cette chance, et un livre parfois peut faire beaucoup.
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En commençant « Tout ce que dit Manon est vrai », je m'attendais au récit d'une fieffée menteuse, manipulatrice, un peu intrigante, cherchant à embobiner son monde à grand renfort de mensonges et de demi-vérités. Il s'avère que Manon est simplement une jeune fille de son âge, en pleine adolescence, des émotions qui la terrassent comme des tsunamis, des hauts qui touchent les étoiles, des bas qui avoisinent les bas-fonds. Manon est douée. Très douée. Elle travaille sur un storyboard de BD en croquant les dessins et en écrivant les textes. À cette occasion, elle est approchée par Gérald, directeur de collection et éditeur. Marié à Viviane, cela ne l'empêche pas d'être extrêmement clair sur ce qu'il ressent. Manon, flattée, entre dans ce jeu, happée par les messages de Gérald, suspendue à sa BD. Autour d'elle gravitent plusieurs personnages : sa mère Pascale, son père Antoine, ses frères Louen et Tristan, quelques amis, puis Luc.

L'originalité de ce roman réside incontestablement dans sa construction. « Tout ce que dit Manon est vrai » rassemble une succession de voix qui « diront tous je ». Or, à travers ces voix, c'est bien Manon qui parle… à travers ces voix, chacun exprime son ressenti, ce qu'il a bien voulut témoigner de la situation vécue, mais c'est bien Manon qui retranscrit les paroles. Cette forme de construction est la première que je lis dans un roman et force est de constater qu'elle suscite de formidables émotions. Mais, Manon Fargetton, auteur du roman, n'en reste pas là. Elle insère au gré du récit un dialogue entre la Manon d'alors, et celle d'aujourd'hui.« Pour te comprendre Manon, pour te dire en entier, je dois lâcher les masques et prendre la parole. Moi. Celle que tu es devenue. Celle qui était déjà là, en germe, quand tu te débattais avec la fin de ton adolescence. »

Comme toute adolescente de 16 ans qui veut susciter de l'intérêt, elle se croit amoureuse. Amoureuse de son éditeur, de trente ans son aîné. Entre admiration, tendresse, et curiosité, toutes les émotions se mélangent. Ajoutez à cette situation une relation conflictuelle avec sa mère, et vous obtenez un contexte explosif où les déséquilibres familiaux font pousser les envies d'un ailleurs.

C'est alors que Pascale, mère de Manon découvre avec effarement les messages qu'ils s'envoient, les mensonges de Manon pour voir Gérald en cachette, et tisse, progressivement les origines de leur histoire et le mode de fonctionnement du monsieur. La confiance entre la mère et la fille est rompue : « Tu m'as tellement menti. Tu as passé ton enfance à me raconter des salades plus grosses que toi, des histoires abracadabrantes dans lesquelles tu spiralais sans fin. » Pascale refuse de fermer les yeux. Elle est bien décidée à empêcher cette relation à tout prix, même si cela présage de grosses altercations avec sa fille. L'histoire ne s'arrête pas là. Au coeur de ce raz de marée émotionnel, Gérald est le confident privilégié du passé de Manon. C'est vers lui qu'elle se tourne pour évoquer un traumatisme. S'ajoutent alors au récit des extraits de procès-verbaux. Les dépositions de différents protagonistes se succèdent et avec elles, des révélations.

Au-delà de ce trio pathologique formé par Manon, Viviane et Gérald, au-delà des nausées, de la révulsion, et de la colère suscitées par les attitudes, paroles et écrits de Gérald où l'amalgame entre projet professionnel et « amour naissant » se confondent, il y a deux choses qui m'ont littéralement bouleversée dans le traitement du roman.

D'une part, une place singulière est faite à Pascale, la mère. Acharnée et tenace, elle sait, au plus profond d'elle-même qu'elle doit s'opposer et accomplir son devoir de mère. « Et il a un fonctionnement tordu. Il l'idéalise, lui dit qu'elle le sauve, qu'elle est son miracle. Et puis d'un coup, il vrille, lui reproche de ne pas l'aimer assez, de le rendre triste, de réveiller ses angoisses, et elle doit en faire des caisses pour le rassurer. Ils répètent cette phrase encore et encore, “plus jamais seuls”. C'est exactement le fonctionnement des sectes. » Cela la rend impopulaire, haïe, responsable de saccager délibérément le plus bel amour idéalisé qui soit. Ce portrait de mère, sublime, poignant et intègre dont Manon dira plus tard « Et je mesure notre chance Manon, d'être née de cette femme qui ne se dérobe pas. » a littéralement brisé mon coeur de mère tant cet ultime témoignage, cette vérité après bien des combats, rend hommage à sa lutte acharnée, lorsque presque seule contre tous, elle livrait bataille.

D'autre part, Manon Fargetton fait se rencontrer Manon adolescente et Manon grandie. Cette rencontre, unique, divine où celle d'après discute avec celle d'avant frôle le sublime. Alors, ce que dit Manon est vrai. Alors, lorsque Manon évoque ses relations avec sa mère, ses punitions planifiées, ses plans machiavéliques sonnent vrai « Vous étiez fusionnelles. Mais pour devenir toi-même, il te faut t'affirmer. Il te faut rompre, trancher. Il te faut Gérald. Tu as choisi tout ce que tu exècres — la manipulation, la dissimulation — et tout ce qui la séduit — la dimension intellectuelle, la création, les livres, l'enseignement, la rébellion contre l'ordre établi — réunis en un seul homme. Un cheval de Trois. (…) Pour la punir de t'aimer si bien, tu joues une autre carte. le camouflet ultime : te confier à ton père plutôt qu'à elle. »

« Tout ce que dit Manon est vrai » a été un véritable choc littéraire. La qualité indéniable de l'écriture, le schéma narratif, l'originalité de la construction, la façon d'aborder l'emprise sous des prismes différents et à travers une multitude de voix, font de ce roman un phare dans la nuit, à faire lire aux mères et à leurs filles. Afin que cesse toute forme d'emprise possible à cause de l'âge, du manque d'expérience, de l'absence de lucidité, du manque de communication entre parents et enfants, l'auteur livre un texte essentiel, aborde des thématiques cruciales (à travers certains points que je ne peux révéler) pour laisser le lecteur abasourdi par une fin consternante. Manon Fargetton rentre dans MA cour des grandes. Peu sont si justes, peu sont si originales, peu sont aussi douées. Ce récit est un véritable travail d'artiste, dans tous les sens du terme.
Lien : https://aude-bouquine.com/20..
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Ce qui pourrait être aussi déstabilisant en dehors de l'histoire c'est le je omniscient qui intrigue aussi bien qu'il interroge. Ce sont des voix différentes, des voix de l'entourage de cette jeune Manon , qui racontent sa vie l'année de ses 16 ans. Cette année où tout bascule... Elle, elle ne parle pas que peu. Manon entame une relation avec son futur éditeur; il a 40 ans de plus qu'elle. Ils s'aiment sous la bénédiction de sa femme à lui, très malade. C'est sans compter la volonté farouche de sa mère qui voit d'un très mauvais oeil cette prétendue romance.
c'est un roman très actuel, qui est construit intelligemment et qui apporte aux lecteurs les réponses essentielles à ses questions. Entrecoupés par ces voix, des sms, des rapports d'audition viennent compléter le récit. c'est une machinerie complexe et implacable qui nous entraîne vers une fin irrémédiable.
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Alors qu'elle a déjà écrit 24 livres, je découvre Manon Fargetton avec ce roman et ce fut une intense expérience.
Le personnage central est Manon, 17 ans au début du roman; elle dessine une BD et rencontre, dans le cadre d'un salon, Gérald, 56 ans, éditeur, qui a l'intention de publier son oeuvre; mais celui-ci, marié à Viviane, gravement malade, tombe amoureux de Manon. S'installe alors une relation malsaine, une sorte d'emprise insidieuse : Gérald essaye de couper Manon de sa famille, instaure une tension sexuelle difficile à refuser, la fait se sentir coupable lorsqu'elle refuse ses avances, tout cela avec la bénédiction de Viviane. Heureusement, la mère de Manon, Pascale, sent le danger et ne lâchera rien malgré l'hostilité de sa fille et la haine de Gérald. Elle découvrira, par ailleurs, que Manon a été victime d'attouchements sexuels vers 6 ans de la part du fils d'amis proches, qui avait 6 ans de plus qu'elle. Elle décide de poursuivre en justice pour que la vérité soit dite et libère Marion de souvenirs plus ou moins refoulés.
J'ai trouvé, dans ce roman, des ressemblances avec "Le consentement' de Vanessa Springora où Vanessa, 13 ans, se retrouve sous emprise de G(abriel Matzneff), 50 ans; les mêmes mécanismes sont à l'oeuvre : une toute jeune adolescente est flattée qu'un homme mûr s'intéresse à elle, qu'il lui ouvre les portes d'un monde inconnu, prometteur, qu'il comble un vide paternel.
Mais les différences sont plus nombreuses; dans ce roman, la mère, par sa détermination, son amour, permet à sa fille de se sortir, sans trop de dommages de cette relation toxique alors que dans "Le consentement", la mère était honorée que G. vienne dîner chez elle! Elle ne la juge jamais, essaye de maintenir le dialogue mais n'hésitera pas à prendre ses responsabilités; j'ai ressenti beaucoup d'admiration pour elle. Autre différence de taille, Manon garde un certain libre arbitre, refuse toute relation sexuelle et prend de la distance contrairement à Vanessa dans "Le consentement" pour laquelle la relation avec G. sera profondément destructrice. Manon ne ressent pas de honte et ne se sent pas salie.
Ce qui fait l'intérêt et l'originalité de ce roman, c'est que Manon ne s'exprime que rarement directement (lorsqu'elle le fait, c'est 16 ans après les faits en s'adressant à l'adolescente qu'elle était alors). Ce sont tous ceux qui la connaissent qui prennent la parole, à tour de rôle, en s'adressant à elle en la tutoyant, et qui dessinent une Marion plurielle (sa mère, son père, ses frères, son amie, Gérald, Viviane, le psychologue, le psychiatre...). Je regrette, cependant, les quelques minutes de confusion qui s'installent à chaque début de chapitre avant de pouvoir comprendre qui s'exprime; ce procédé rend la lecture hachée, fait parfois perdre le fil de la narration et douche les émotions.
Ce roman aborde, de front, de nombreux problèmes qui peuvent toucher les enfants et les adolescents : les agressions sexuelles par des proches, l'emprise, l'autorité des parents, les limites de la liberté accordées à ses enfants; une fois le livre refermé, la réflexion ne s'arrête pas.
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Coup de coeur pour ce livre lu en un week-end ! J'en avais beaucoup entendu parler et je me suis enfin lancée. A travers différents points de vue, nous apprenons à connaître Manon, ado créative et exubérante, éprise de son éditeur, un homme névrosé de cinquante ans son ainé ou presque. Elle échappe au contrôle parental pour le retrouver avec sa femme dans différents lieux où, sous couvert de travail sur la BD qu'elle souhaite éditer à travers sa collection, ils s'adonnent à un jeu du chat et de la souris amoureux assez déroutant. Cependant, une autre intrigue se tisse à travers cette relation à la limite de la légalité et du "socialement acceptable", montrant que le personnage de Manon est encore plus complexe que ce que l'on pensait.

Moi qui ai aussi écris sur les sujets abordés dans ce roman, les voir sous un autre angle était très intéressant et inspirant.

Nous n'avons jamais de chapitre du point de vue de Manon, ce qui la fait seulement exister à travers la réalité des autres. Ainsi, quelle est la vérité des faits ? Ou n'est-ce que le récit fantasmé de cette adolescente en quête de repères ? Il m'est même arrivé de me demander si cette Manon n'était pas l'auteure tant certains passages me semblaient réalistes. On n'invente pas des choses comme cela ou alors l'auteure est très douée. Je n'en doute pas ! Alors, quelle est la part autobiographique dans ce récit ? le doute s'installe chez le lecteur. C'est brillant et complet, percutant et très prenant.
La plume de l'auteure se marie à merveille avec les différents types de témoignages et fait monter la tension qui pèse sur Manon au fil des pages.

Ainsi, je vous le recommande vivement ! C'était une excellente découverte !
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Incroyablement fort, percutant, et génial. Manon et la relation qu'elle entretien avec son "éditeur", l'emprise qu'il développe au fil du temps sur sa personne et les rouages de cette dernière, nous emporte au coeur de ce tourment.
Il donne à réfléchir sur la réalité du vécu de cet amour ambigu, sur les tenants et les aboutissants...
Franc et vrai, sans jamais pencher s'un côté ou de l'autre sur cette balance des relations, les faits, concrets, bruts, et les différents point de vue des protagonistes, nous apprend énormément sur ce mécanisme de l'emprise. Qui a tort et qui a raison ? Qui dit vrai, qui dit faux ?
C'est une oeuvre incontournable sur le sujet, qui se lit d'une traite, tellement nous sommes emportés par cette histoire et par les conséquences multiples qui résonnent dans la vie de tous ceux qui connaissent Manon.
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Récit d'une emprise.

Manon à 16 ans. Elle est talentueuse et a besoin de se sentir aimée. C'est pourquoi elle a écrit une bande-dessinée et contacté un éditeur pour se faire publier. le coup de foudre est réciproque entre l'adolescente et l'éditeur. Un problème réside toutefois, Gérald a quarante ans de plus qu'elle. Cette relation peut-elle vraiment être saine?

C'est un roman choral. En effet, tout l'entourage de Manon s'exprime (ses parents, son amie du lycée, son éditeur, ses frères...), la seule voix que nous n'entendrons pas est celle de Manon à 16 ans. Même si par moments Manon, mais plus âgée, interviendra pour apporter des éclairages sur cette époque de sa vie. Ainsi l'entourage de Manon exprimera tour à tour son inquiétude, sa colère, sa résignation, mais aussi son déni de la situation.

Pascale, la mère de Manon, pourrait presque être le personnage principal de ce roman. En effet, une partie de l'histoire se passe de son point de vue. Elle est un modèle de courage, une femme forte. En effet, malgré vents et marées elle continuera à se battre pour soustraire coûte que coûte sa fille des griffes du prédateur qu'est Gerald. Et cela même si cela implique de s'opposer à Manon et abîmer leur relation. Son père et ses frères seront plus des spectateurs impuissants de l'emprise qu'exerce Gerald sur Manon.

Gérald l'éditeur de Manon est un personnage complexe. Celui-ci est ambivalent. Un jour séducteur, l'autre violent, celui-ci tombe sous le charme de Manon et la met peu à peu sous emprise. Il fera tout pour l'éloigner de ses proches et alternera les phases de séduction avec les phases de culpabilisation pour essayer de la garder sous emprise et avoir des relations sexuelles avec elle. Il restera dans le déni, considérant les réserves des proches de Manon comme de la "bien-pensance". Sa femme Viviane demeure également impossible à cerner. Celle-ci est une ancienne élève de Gérald, une ancienne "proie" qu'il a mis sous emprise. Viviane est mourante à cause d'un cancer. Elle semble considérer Manon comme sa "remplaçante" après son décès. Elle sera donc une complice passive de Gerald. Étant sous emprise de Gérald, elle considère que le comportement de ce dernier est parfaitement normal et ne comprend pas l'opposition de la mère de Manon.

Cette relation toxique fera émerger un traumatisme ancien chez Manon, que ses parents découvriront alors et qui entraînera une procédure judiciaire en parallèle. Celle-ci prendra de plus en plus d'importance au fil du roman, jusqu'à supplanter la relation de Manon avec Gerald.

Ce roman est un coup de coeur. J'ai trouvé qu'il décrivait parfaitement ce qu'est l'emprise. Je me suis inquiétée pour Manon, j'ai été révoltée par le comportement de Gerald et Viviane que ce soit envers elle ou envers sa mère, j'ai également admiré le combat de Pascale contre ces deux prédateurs. Enfin, j'ai trouvé la conclusion parfaite, même si elle demeure glaçante par certains aspects.
Ce livre est salutaire et devrait être lu par le plus de monde possible afin de comprendre ce qu'est l'emprise et comment les manipulateurs fonctionnent.




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J'ai découvert Manon Fargetton par la série "Les plieurs de temps", attirée par la couverture du tome 1 et pour lire à mon enfant le soir. Très bonne série jeunesse, très bien écrite, j'ai donc décidé de poursuivre avec ses autres écrits.
Quelque soit le genre, la plume de cette autrice est addictive.
Les messages passent, le suspense est maintenu, les histoires restent.
Dans celui-ci, encore, le grand écart avec ceux que j'ai lus.

Manon est une jeune fille qui adore dessiner et écrire. Elle commence donc à écrire sa première BD.
Elle rencontre lors d'un salon un éditeur qui est intéressé par son travail mais pas que ça.
Ils vont entretenir une relation alors qu'ils ont une différence d'âge importante, 30 ans, qu'elle est une mineure de 16 ans et qu'il est marié.
La mère de Manon va tout faire pour protéger sa fille qui ne veut pas voir la vérité et qui ment à ses parents pour protéger son éditeur.
Celui-ci se sert d'elle, de son passé, la manipule, pour tenter d'obtenir d'elle ce qu'il désire.

Une lecture difficile sur plusieurs points, d'abord il y a le côté malsain de cette relation. En tant que maman, on se met forcément à la place de celle de Manon. L'envie de lui ouvrir les yeux, de la mettre sous cloche, de faire disparaitre cet homme qui abuse de son pouvoir et que dire de son épouse qui couvre cette relation !

Ensuite, c'est un roman choral et il faut donc à chaque chapitre savoir rapidement qui nous raconte la vie de Manon et ils sont nombreux à l'entourer et à l'aimer !

De temps en temps, c'est Manon qui intervient en se parlant à elle même mais quelques années plus tard.

C'est un roman qui laisse une trace indélébile. Ce genre de prédateur est partout et malheureusement, des histoires comme celle de Manon, on en entend parler de plus en plus.
Beaucoup moins tabou qu'avant, ou tout simplement car les victimes osent enfin se délivrer de leur secret, ouvrent les yeux sur leur passé en se disant que ce qu'elles ont vécu n'était pas normal et qu'il faut donc agir pour que ça ne se reproduise plus, ni pour elles, ni pour les victimes qui pourraient être les suivantes.

Je n'ai pas trop compris pourquoi Manon n'a pas décidé d'aller jusqu'au bout.

Un roman difficile mais qui pourrait être utile s'il permettait à d'autres victimes de s'y retrouver dedans et de sentir plus forte pour ne plus se laisser faire.
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