Cette imposante et lourde "Histoire de la Marine Française" est généralement admise comme la référence du genre. Son auteur,
Claude Farrère, est un officier de Marine issu de la promotion 1899 de l'École Navale. Promu Capitaine de Corvette en 1918, il pose la casquette au lendemain de la grande guerre pour se consacrer pleinement à sa carrière d'écrivain.
Près de 80 ouvrages, dont "
Les civilisés" superbe roman anti-colonialiste, vont amener cet auteur prestigieux d'abord au prix Goncourt, en 1905, puis, supplantant son malheureux rival
Paul Claudel, à
L Académie Française où il entra en 1935.
Il s'inspire largement de ses voyage pour rédiger une oeuvre dense et brillante.
En 1906, il écrit un recueil de nouvelles fantastiques dont certaines furent publiées dans "Fiction" et dans "
l'homme qui assassina", vingt ans avant
Agatha Christie, il fit d'un assassin le narrateur de son histoire....
"Histoire de la Marine Française" s'ouvre sur sur notre première marine qui, en l'an 47 avant Jésus-Christ en Armorique, opposa une très belle résistance aux troupes romaines et à leurs galères menées par
Jules César.
Et l'ouvrage se ferme, près de 450 pages plus loin, sur la Marine Nationale Française du vingtième siècle et son porte-hélicoptère "la Résolue" (qui attend d'être rebaptisée "
Jeanne d'Arc"), sur son arme sous-marine pas encore nucléarisé et sur ses deux porte-avions dont le tout récent "Foch".
L'ouvrage est imposant, passionnant et illustré de belle manière grâce à un nombre impressionnant de photos, de dessins, d'enluminures et de reproductions de tableaux.
Le texte est rédigé par un véritable marin doublé d'un talentueux écrivain. La documentation sur laquelle il s'appuie fait de cet ouvrage une véritable mine d'érudition et de savoir.
Sans cesse réédité et remis à jour par son auteur, depuis 1932, la dernière mouture date de la fin des années 50 et a été publiée en 1962.
J'ai, pour la petite histoire, la chance de connaître un vieux monsieur, résident de la maison de retraite où je travaille, qui faisait partie de l'équipage du contre-torpilleur "Bison" atteint*, en 1940, par une bombe d'avion sur la côte de Norvège. Cette nuit-là, ce vieux monsieur s'est retrouvé, brûlé au visage, à la baille deux fois, à quelques heures d'intervalle. Il a encore, lorsqu'il le raconte des trémolos dans la voix. Je lui ai demandé de signer mon livre. Il a accepté. Je l'en remercie, mon exemplaire n'en a que plus de valeur. Et je le salue...
*p391 reproduction d'une photo du musée de la Marine "le contre-torpilleur Bison atteint par une bombe d'avion sur la côte de Norvège pendant la campagne de 1940"