AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,45

sur 111 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
LC avec Bellonzo

L'action se déroule au début en 1956 puis en 1976 dans le Mississippi.

Dans le premier chapitre le jeune Colburn, adolescent, assiste au suicide de son père (celui ci se pend dans la grange) (Pour ne pas spoiler, je ne vous dis pas toute la vérité)

20 ans plus tard, dans cette petite ville, qui se meurt, Colburn revient sur les lieux de son enfance, qu'il avait quitté après le drame. Il s'agit d'une toute petite ville, donc tout le monde sait qui il est et ce qu'il a vécu enfant. Il rencontre Celia, une jeune femme qui tient un bar, il apprend un peu plus tard que son père avait consulté la mère de Celia, voyante et s'était suicidé peu après. À la suite de cette consultation, la mère de Celia avait arrêté ses consultations de voyance. On ne saura pas pourquoi, dans ce roman, il y a énormément de non-dits. Tout est dans l'atmosphère glauque, oppressante.

Dans le même temps, une famille étrange arrive dans ce même village. Les membres de cette famille n'ont pas de nom : il y a l'homme, la femme et le garçon. Dans le chapitre précédent on avait assisté à l'abandon du plus jeune des enfants du couple. Cette famille assez effrayante et m'a beaucoup marquée.

Voilà en quelques mots, l'atmosphère de ce livre très sombre. Il semble qu'il n'y aie aucun espoir possible (en même temps, l'écriture est assez envoûtante).

Colburn s'attache à Celia. On ne comprend pas trop ses motivations, même si on suit ses pensées : veut-il comprendre le suicide de son père ? est-il lui-même suicidaire ?

Un autre personnage est le shérif Myer, la soixantaine, proche de la retraite. Il essaye de préserver sa ville et se rend compte du danger d'un côté de Colburn, et de l'autre côté de la famille dysfonctionnelle entrevue précédemment.

La tension monte, on se rend assez vite compte qu'il va y avoir un (ou plusieurs) drames. Tout du long l'ambiance reste troublante, étrange, suffocante.

En conclusion: très sombre, mais très intéressant….
Commenter  J’apprécie          70
"Humain, trop humain" comme soupirait Friedrich.
Une famille de pauvres extrêmement pauvres arrive dans un petit bourg perdu du Mississippi : leur voiture les lâche, ils n'iront pas plus loin. Au même moment, un sculpteur y installe son atelier. Et des choses étranges et parfois belles vont alors survenir, et sortir la ville de sa léthargie.

Ce n'est pas un roman fantastique, ni un polar. C'est une histoire d'hommes et des démons intérieurs qui les hantent, et qui les empêchent de devenir bons comme ils y aspirent pourtant. Il est question de passés qui ne passent pas, et de présents et d'avenirs rongés par les secrets. Il est question aussi d'un pays impitoyable et violent, incapable de protéger les plus faibles. Mais ce n'est pas un roman déprimant pour autant, car malgré sa dureté, il est empreint de mystère et de douceur, notamment avec l'omniprésence d'une Nature foisonnante, pleine d'attraits et de pièges. Et puis, les femmes qui traversent cette histoire sont toutes lumineuses...
J'ai bien aimé l'ambiance qui se dégage de ce roman peuplé de fantômes et d'âmes en peine. J'ai beaucoup aimé sa rudesse et sa poésie surprenante, et j'ai particulièrement apprécié le style de l'auteur et sa façon d'enchaîner les "et" (mais j'aime les écrivains qui malaxent et se réapproprient la langue avec talent).

C'est donc une lecture qui dépayse, remue et émeut, et dont on sort un peu perturbé, comme après un rêve à la fois beau et dérangeant. A tester, pour voir ce que ça fait.
Commenter  J’apprécie          3714
C'est un trou paumé du Mississippi menacé d'ensevelissement par le kudzu. Ses rares habitants vivent avec cette menace rampante, l'observent, écoutent les bruits qui en émergent, en parlent. Des rumeurs inquiétantes courent à son sujet. Dans ce village à l'abandon, un shériff, un jeune homme qui revient s'installer après 20 ans d'absence, une jeune femme qui tient le bar et d'étranges et inquiétants personnages errants (un homme, une femme, un jeune garçon) qui s'y trouvent bloqués dans leur vieille voiture en panne. La tragédie se met en place dès le début, dans une ambiance lourde et moite. Un roman sombre, efficacement mené, qui m'a irrésistiblement fait penser à Cormac MacCarthy par ses thèmes et son écriture, mais qui n'en a ni la puissance, ni la beauté fulgurante.
Commenter  J’apprécie          10
"L'homme regarda à travers la grande étendue de vert, captivé par l'amplitude du kudzu. Par la multitude feuilles en forme de coeur qui semblaient lui adresser des signes tandis que la nuit balayait la vallée. Il se tenait sur la route et le kudzu arrivait jusqu'au bord. À un pas du bitume bosselé. Il s'agenouilla et saisit l'extrémité d'une vigne entre ses doigts, et elle était aussi épaisse qu'un crayon et âpre et rugueuse. Il toucha ensuite une feuille. Lisse et douce. Il l'arracha de la vigne et la tint à plat dans sa paume et la caressa avec le bout de ses doigts râpeux comme s'il tentait de l'apaiser pour qu'elle s'endorme. »

Quel pari insensé de faire d'une plante envahissante, le kudzu, le personnage principal d'un roman ! Car c'est bien de cela qu'il s'agit dans ce roman sombre et étouffant, digne représentant du "Southern gothic".

Cette plante s'accroche partout, colonise tous les bâtiments, envahit tous les espaces. Ainsi, le kudzu peut atteindre jusqu'à 30 m de hauteur et ses racines, peuvent mesurer 2 mètres de long, 20 cm de diamètre et peser 180 kg. Que peuvent les hommes face à ce déferlement ? Surtout ceux de cette petite ville du Mississippi, sombrant dans la misère et l'ennui, ravagés par leurs propres démons et terrifiés par cet environnement hostile et mystérieux.

Lorsque Colburn revient dans la petite ville de son enfance où son père s'est suicidé, c'est parce qu'il espère trouver des réponses. Mais pour trouver des réponses, il faut être prêt à affronter les drames et prêt à affronter son passé.
Ce ne sera pas simple dans cette ville qui étouffe, surtout qu'elle accueillera également une étrange famille de marginaux et que l'arrivée de ces étrangers va sortir la ville de sa longue somnolence. La disparition de jumeaux fera basculer le roman dans une atmosphère mystérieuse et gothique et fera plonger le lecteur dans une totale noirceur.

L'écriture de Michael Farris Smith restitue parfaitement cette sensation d'oppression, qui s'attache à des personnages complexes envahis par le doute, la culpabilité et un incommensurable manque d'amour.

Commenter  J’apprécie          100
Colburn, la trentaine, revient s'installer dans son village d'enfance où il a vécu un drame. Il n'est pas spécialement le bienvenu.

A quelques heures près, une famille en marge de la société s'installe quand à elle, en bordure communale, dans la forêt dans une vieille cadillac en panne.

Ce petit village se meurt et s'enlise peu à peu sous le kudzu qui recouvre tout sur son passage. Cette plante est étouffante et s'insinue dans les moindres recoins, canalisations ou orifices.

Lorsque des jumeaux disparaissent, le shérif et les villageois partent les rechercher mais peine à les trouver sous cette végétation impénétrable. Ils n'y a aucune trace des garçons.

Farris Smith plante un décor inquiétant et étouffant, dans une campagne américaine du Mississippi avec des personnages a priori normaux ou pas, cette intrigue nous glace le sang par moments, cette lecture est tombée à pic en cette période d'Halloween même si tout est rationnel, j'ai parfois eu peur !
Commenter  J’apprécie          50
S'il faut bien concéder un talent à Michael Farris Smith, c'est celui de conteur du malaise. Il déploie dans "Blackwood" toute la gamme de l'étrange, de l'inquiétant, instillant lentement une ambiance sombre, progressivement oppressante et menaçante, jusqu'à être funeste.

Colburn revient dans son Mississippi natal, après avoir été témoin, enfant, du suicide d'un père qui se désintéressait de lui. Cet épisode cité en prologue est saisissant et jette déjà le lecteur dans un abîme de malaise.

✏ Ce retour à Red Bluff a lieu en même temps que chemine vers cette ville une étrange famille dont le père est menaçant, la mère fantomatique et le jeune garçon farouche, craintif et livré à lui-même. Ils auront, sur leur trajet, abandonné leur dernier-né, incapables d'en assurer la charge, eux qui subsistent déjà à peine. L'arrivée de ses personnages dans la ville de Red Bluff sonne le déclenchement d'une inexorable tension qui progresse en intensité conjointement à l'expansion d'une plante-liane, le kudzu, qui lentement s'étend et prend possession des alentours.

✏ Si le récit démarre sur un rythme indolent, posant le cadre d'une ville morne frappée de désolation, où les habitants défilent sans que l'on y ressentent la vie, la disparition de deux jeunes frères, alors qu'ils jouaient à proximité de leur maison, plonge définitivement le lecteur dans une descente dramatique inéluctable.
Pourquoi diable vouloir venir ou revenir à Red Bluff, dans cette ville en déclin où l'on végète plus qu'on n'y vit ? Cette ville qui voit croître à sa lisière le kudzu, parasite et invasif, qui menace de l'engloutir.
Cette plante pleine d'ambivalence, qui ondoie, séduisante, sous le vent et qui affiche cette couleur verte végétale, signe d'une nature bien portante. Pourtant, elle dévore tout sur son passage, recouvre les lieux et les objets comme un voile d'oubli. Ce que l'on ne voit plus existe-t-il encore ? Et qu'y a t-il donc sous ce kudzu qui génère cette atmosphère si angoissante ?

✏ Face à cette propagation pernicieuse, Michael Farris Smith laisse la porte ouverte à l'interprétation, le lecteur y verra ce qu'il voudra:
• Soit il s'en tiendra à un roman où l'ambiance prédomine, entre fantastique et quasi gothique, et comment alors ne pas saluer le talent de l'auteur à instiller l'inquiétude, l'angoisse, la peur sourde, le danger le plus redoutable qui soit car silencieux ?
• Soit le lecteur pourrait oser y voir, comme moi, une métaphore audacieuse d'une communauté rongée par un mal qui s'insinue lentement, un mal laissé aux portes de la ville comme un souvenir coupable que l'on écarte mentalement pour pouvoir continuer à vivre.
Un mal qui pourtant revient et se rappelle à toute une ville, autant qu'il se venge.

Un mal généré par la construction d'une nation, dont les fondations reposent sur des souffrances encore si fraîches si l'on considère la jeunesse de ce pays américain. Combien de sang aura irrigué cette terre, à commencer par celui des natifs massacrés, puis des esclaves réduits à l'état d'objets, suivis par l'hécatombe d'une guerre civile monstrueuse.
C'est osé mais concevable. Ce mal pourrait prendre de nombreux visages : un capitalisme galopant et dévastateur, prônant la loi du plus fort et grignotant tout ce qui ne lui sert plus et qu'il a vidé de sa substance, comme ces villes qui furent à l'âge d'or économique en plein essor et qui laissèrent place, à l'instar de Détroit, à un centre urbain sinistré. Tout comme la pauvreté recouvre progressivement ces grandes villes, le kudzu se propage.
Comme il serait passionnant d'interroger l'auteur sur ses intentions à l'écriture de ce roman !
Si ce dernier ne m'a pas profondément enthousiasmée, je reste admirative de l'habileté de l'auteur à déployer le registre de l'angoisse sourde, tapie au creux du récit.
Commenter  J’apprécie          2611
Red Bluff, une petite ville du Mississippi. Evans Colburn, qui a assisté enfant au suicide de son père, est de retour dans sa ville natale pour y créer des sculptures de métal dans un local prêté par la mairie. Dans ce coin perdu où le kudzu, sorte de vigne vierge très invasive, envahit progressivement les habitations, débarque une famille de marginaux hostiles et un peu agressifs, que le shérif surveille de près. Colburn, lui, noue amitié avec Célia, la propriétaire du bar où il prend ses habitudes, s'attirant la haine de son ex petit ami.

Le drame couve. Sous les frondaisons du kudzu, au coeur de ses racines délétères, il naît et se développe. En surface, on n'en soupçonne rien, ou si peu ; le temps semble s'être ralenti dans la moiteur du climat tandis que, lentement mais sûrement, la ville est engloutie par la vigne. Elle peut pousser et s'accrocher partout, atteindre une bonne vingtaine de mètres ; elle étouffe toutes les autres plantes. C'est elle le personnage principal de cette histoire qui se trame à mesure de la progression des tiges et des racines ; c'est elle qui donne le tempo, lent, insidieux, inexorable. Face à elle, les hommes et leur passé, leur folie, leur impuissance. Michael Faris Smith a su parfaitement tirer profit de cette plante invasive pour camper une atmosphère étouffante et créer un récit noir où tout espoir en l'humanité semble condamné par une nature malfaisante et sans pitié.

Lien : http://usine-a-paroles.fr/le..
Commenter  J’apprécie          40
Tout d'abord un grand bravo au traducteur Fabrice Pointeau qui a su rendre ce roman particulièrement captivant.
J'ai bien apprécié cette histoire aux rapports humains particulièrement tendus dans cette petite ville américaine où la vigne sauvage s'étend démesurément.
Les drames se succèdent.
Qui est responsable ?
La misère, l'incompréhension, la nature dévorante ou les trois à la fois ?
Commenter  J’apprécie          40
Un roman d'atmosphère conseillé par @maldoror.books, grand merci à toi pour la découverte.
Dès les premières pages on assiste au suicide d'un homme et très vite on se sent de glaise, dans une lecture spongieuse à l'ambiance étrange..
Red Bluff, une vallée à Blackwood, Mississipi, où il ne passe rien, où les habitants semblent suspendus dans leurs vies, entourés de cette plante, le kudzu, qui envahit tout et donne l'impression qu'elle va les engloutir inexorablement, un couple de vagabond avec un adolescent y arrive. Fichés dans leur épave de Cadillac, fouillant les poubelles, Meyer, le chérif, ne sait pas quoi faire d'eux. le garçon est mutique, l'homme inquiétant et bizarre, le femme écoeurée de sa vie de merde.
Parallèlement, Colburn Evans, revient à Red Bluff 20 ans après le drame qui s'est joué dans son enfance, le laissant exsangue face à la vie. Il cherche tout en les redoutant, des réponses. C'est Celia, propriétaire de l'unique bar de cette vallée, dont la mère, voyante, a bien connu le père de Colburn, qui les lui apportera.
Mais il y a des voix, des gémissements qui s'élèvent, des enfants et des femmes qui disparaissent sans laisser la moindre trace, des chiens aussi et le kudzu, présent et envahissant, qui prends et garde bien de terribles secrets dans ses feuillages, donne à ce roman un côté glauque, entre chien et loup, on s'enfonce dans le livre comme dans un sable mouvant. C'est un vrai travail d'écriture que de savoir rendre une atmosphère étrange, particulière, inquiétante et c'est tout à fait réussi ! Ce roman peut être classé noir, tout en suggestions, presque hypnotique...
Une vraie découverte de l'univers de cet auteur. Merci Florian !
Commenter  J’apprécie          00
Blackwood est un livre aussi noir que long. Intrigant par le décor dans lequel nous plonge son auteur, Michaël Mike Farris ; il laisse le lecteur rêveur devant cette possible vie sous le Kudzu, cette plante envahissante qui recouvre tout, vallée et collines, maisons, chemins et qui permet une vie sous cette canopée où l'homme peut tailler des chemins à la machette et dégager des sources d'eau pure qui assure l'essentiel.
De rêveur le lecteur passera à dubitatif devant le trio hétéroclite qui se nomme famille mais qui n'en a aucun des attributs. le père ne l'est pas par son comportement, la mère, soumise ne se remet pas de ses choix et le fiston est aussi avili qu'une larve et pourtant rusé comme un renard et économe comme l'écureuil. Est-il vraiment possible de vivre le nomadisme comme ils nous le présentent ?
Quant au personnage central, Colburn, il n'est pas en reste. Taillé par l'auteur à coups de couteaux à peindre, aux couleurs glauques qui se mélangent vite à des noirs de repli, du rouge colère et des gris qui évoquent la poussière de ces vieilles histoires qu'il remue pour tirer une vérité, la sienne, celle qui lui conviendra, ce personnage soutiendra le fond de la longue quête présente dans le livre, aidé, parfois malgré lui, par le sheriff, personnage désemparé, se pensant impuissant et pourtant tellement humain.
Un livre dépaysant. Un livre qui nous laisse entrevoir une Amérique profonde, pauvre, paumée, une Amérique dont on ne parle que peu hormis dans la littérature et pourtant une Amérique bien réelle.
Alors oui, peu d'actions dans ce roman mais quelle ambiance ! Michaël Farris Smith, plante un décor à l'humeurs sans autre pareille. Il vrille son lecteur au milieu de ce fatras et nous quitte quand il le souhaite, laissant au lecteur le soin de rassembler ses idées et de poser ce qu'il pense avoir compris. du très beau travail. Merci à NetGalley et aux Editions Sonatine pour cette belle découverte.
Commenter  J’apprécie          180




Lecteurs (274) Voir plus



Quiz Voir plus

Dead or Alive ?

Harlan Coben

Alive (vivant)
Dead (mort)

20 questions
1822 lecteurs ont répondu
Thèmes : auteur américain , littérature américaine , états-unisCréer un quiz sur ce livre

{* *}