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3,92

sur 578 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Avec Faulkner, je dois y aller doucement. On a tous des auteurs qui font peur, dont on redoute de ne pas pouvoir pénétrer l'univers et Faulkner en est un pour moi, malgré un très grand appétit pour la littérature américaine.
Voilà donc un grand pas de franchi avec la lecture de Sanctuaire, après une première lecture de nouvelles et quelques tentatives avortées.
La bonne surprise, c'est de ne pas m'être retrouvée confrontée à l'univers hermétique et la langue abscons auquel je m'attendais. Autant j'ai du mal à saisir la dimension universelle de cette histoire poisseuse et glauque de viol quasi libérateur et de frustrations noyées dans l'alcool frelaté, autant j'ai pu ressentir à chaque ligne l'atmosphère délétère d'un vieux Sud en décomposition et percevoir tout ce que l'auteur a apporté à toute une génération d'écrivains après lui, de Case à Donald Ray Pollock. C'est immoral, ça pue l'enfer et c'est d'une noirceur étouffante, mais sans l'ombre d'un doute c'est de la littérature.
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Bonjour, aujourd'hui voici une histoire un peu glauque (je vous aurais prévenus!)…

Temple, une jeune fille de bonne famille, passe la soirée avec Gowan ; ils quittent la fête du collège et vont faire un tour en voiture. Mais voilà, Gowan a déjà pris trois cuites, et il s'en prendrait bien une quatrième ! Alors direction une bicoque dans les bois, où des contrebandiers vendent de l'alcool ! Là, c'est la tuile, parce que Gowan plante la voiture dans un arbre. du coup, ils se retrouvent dans la cabane ; Gowan en train de descendre tout ce qu'il peut cul sec, Temple à courir de tous les côtés, complètement affolée ! Vous suivez ?

Dans la bicoque, il y a une femme avec son gamin, et une flopée de contrebandiers ; l'arrivée d'une jeune fille n'est pas une excellente idée et présente quelques dangers ! Après une nuit plus que chaotique, Temple va partir avec Popeye, l'un des contrebandiers !

C'est là que ça devient glauque ! En fait, Faulkner n'explique jamais totalement ce qui se passe. On se retrouve avec une jeune fille qui a disparu (Temple) et qui aurait été abusée, un cadavre (un des contrebandiers) et un procès (d'un innocent, ce n'est pas lui le tueur!).

Mais c'est au fil des pages et des récits de chacun que l'histoire va se mettre en place et que le jour va se faire sur ce qu'il s'est réellement passé. La fin est surprenante, car on s'aperçoit que la petite oie blanche n'est pas si innocente que ça !

Bref, un bon roman mais qu'il faut prendre le temps d'appréhender, car l'intrigue ne se dévoile que par petites touches. Il y a la misère, les moeurs, la masculinité, la bien-pensance ! Chaque personnage est une étude psychologique à lui seul !

À lire confortablement installé(e) dans une vieille bicoque près d'un fût en chêne, en descendant quelques verres de bon Whisky avec des biscuits apéro ! Bonne lecture !

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Une lecture dure pour moi... tant dans le fond que dans la forme. J'ai eu du mal avec tous les personnages au début. Je me suis perdue. Mais j'ai persisté. Et puis une histoire sordide : viol, meurtre, intimidation. Une Amérique noire, de terres reculées, bien profonde. Je suis passé au travers, mais pas indemne. Malaise du début à la fin de ce roman. Faulkner, c'est dense, c'est lourd, mais c'est un Grand. Je le conseille, dans un moment de votre vie où les choses vont bien. Mais surtout, ayez à portée de main un roman léger, pour la suite. Parce que vous aurez envie de voir le soleil briller après la dernière page, vous aurez besoin de lumière, pour reprendre le dessus.
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Après cette deuxième incursion dans une oeuvre de Faulkner, qui suit le Bruit et la Fureur, je peux dire que je ne me ferai jamais au morcellement de la narration dont le romancier fait preuve. Très saccadé en effet, que ce roman à la succession de multiples scènes plus ou moins liées, à l'aspect très théâtral des dialogues et des descriptions de lieux, fonctionnant comme tableaux des évènements qui vont suivre, pour raconter le Sud en pleine Prohibition, entre le Mississipi et Memphis, entre les miséreux qui survivent du trafic d'alcool, de larcins en tous genres, de prostitution, et les familles fortunées, comme coupées de ce monde d'en bas, jusqu'au jour où… les deux vont brutalement se fracasser dans ce morcellement de points de vue, de lieux, pour fusionner dans une violence, plus souvent sous-entendue que décrite pleinement, et peut-être de fait plus éprouvante.

Car oui, ce roman est éprouvant, perturbant, tant sur le fond que sur la forme : je reconnais les qualités de l'un, pointant parfaitement du doigt la quintessence du mal dans toute sa banalité, la force de l'emprise, de la domination, des uns sur les autres ; j'ai un peu plus de mal à reconnaître celles de l'autre, ayant eu parfois une sensation d'inachevé, de caractère un peu brouillon quant à certains passages – il m'a en effet fallu les relire plusieurs fois pour y trouver de la cohérence, ou pas.

Après cette deuxième incursion, certes malgré tout un peu plus concluante, je ne pense pas réitérer l'expérience Faulkner : de nombreux autres romanciers et romancières américain(e)s, et pas que, que j'apprécie davantage, m'attendent en effet.
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« Sanctuaire, c'est l'intrusion de la tragédie grecque dans le roman policier. » , dit André Malraux dans sa préface.
Lu il y a bien longtemps, il m'en était resté le patronyme de Popeye et quelques scènes fortes laissant présager le sordide et l'innommable.
Une relecture s'imposait à la suite du roman le bruit et la fureur et au regard d'un commentaire encourageant d'Allantvers.
William Faulkner pousse ici l'évocation à son niveau le plus ultime, à tel point qu'il faut parfois relire certains passages avec attention et retourner plus d'une fois en arrière afin d'être sûr d'avoir bien saisi l'intention. Cette histoire de meurtre chez un bootlegger (bouilleur de cru dans le texte), associée à un viol et à la tenue d'un procès vite expédié, m'a rappelé le verger de marbre d'Alex Taylor III par son atmosphère glauque et ses non-dits, dont William Faulkner use fort à propos afin de tenir son lecteur jusqu'à la toute fin. J'ai apprécié me plonger à nouveau dans l'oeuvre de ce grand écrivain américain qui a marqué son époque et qui continue encore aujourd'hui de nous attirer.
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Épouvantable ! Cette oeuvre est tout simplement épouvantable ! l'auteur est-il donc si misanthrope qu'il ne peut évoquer que des personnages dont l'ignominie le dispute à la veulerie ?
Le choix est large entre les bandits de la ferme, la femme à l'enfant, l'avocat, plein de bonnes intentions, et sa soeur, bourgeoise étriquée, le petit ami de Temple, étudiant bellâtre, enfin Popeye et Temple Drake, les figures principales de ce drame, celles par qui tout arrive.
Au temps glorieux de la Prohibition dans le sud profond, le lecteur se retrouve dans un repaire de bandits et de bootleggers. Il y croise la plupart des protagonistes de l'histoire, dont Temple Drake, la jeune fille pure, en réalité une jolie fille idiote qui se muera au fil du récit en minable putain déconnectée du réel. Abandonnée par son amoureux, qui ne songe qu'à se saouler la gueule en compagnie des mâles du lieu, la voilà devenue papillon affolé, à errer dans cette ferme sinistre et abandonnée, à se cogner maladroitement à toutes les aspérités, à se cacher comme un enfant malhabile et, à subir un destin contre lequel elle ne tente absolument rien, pas le moindre acte de rébellion chez cette stupide poupée !
Alors qu'elle le pourrait, elle ne fait rien pour s'éloigner de ce lieu de perdition, mais accepte sans la moindre velléité de lutte le sort abject qui lui est dévolu et pire va suivre, apparemment de son plein gré, l'homme monstrueux qui le lui a fait subir.

Au lecteur de débrouiller l'écheveau tendu par Faulkner et, au cours d'un récit haché, de suivre le fil d'Ariane qui lui permettra de comprendre la noirceur dont l'auteur lui propose le tableau et qui, bien évidemment se clôt en apocalypse ! Venez, venez "bonnes gens" et faites justice !

La terre ? un bouge immonde où grouille une humanité pervertie par les vices les plus ignobles. L'espoir ? Il n'existe tout simplement pas, puisque le seul être qui aurait pu inverser le cours des choses, soit se sent incapable d'agir, soit n'en a pas le courage ! allez savoir !
Point d'espoir en l'humanité dans ce récit parfaitement sinistre, où les êtres humains ne sont rien d'autres que pantins, manipulés par les forces obscures qui les animent.

Faulkner agit en entomologiste avec un talent magistral pour conter ces horreurs dans un style éblouissant, une langue riche, somptueuse qui laisse le lecteur stupéfié et épouvanté.
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"Sanctuaire" est un roman intense, noir et dur, inspiré d'un fait divers sordide. L'habileté du récit consiste à faire admettre, sans les moraliser, le viol d'une jeune fille, le meurtre d'un homme, le lynchage d'un innocent, soit des formes de violence extrême, les faits, difficilement soutenables, étant énoncés sans jamais porter de jugement de valeur.

Mais plus que de l'histoire elle-même, la puissance du récit vient de sa construction, magistrale, et de son style, chaotique, tendu, qui ne laisse aucun répit au lecteur. Sa technique narrative est subtile, les chapitres se focalisent à tour de rôle sur le destin des différents protagonistes, et le noyau de l'intrigue n'est révélé qu'à la fin du roman. Pas même révélé d'ailleurs, puisque le lecteur doit plutôt le déduire, ce qui s'est réellement passé n'étant jamais dit explicitement, mais évoqué par bribes. Ce n'est que peu à peu que, l'intrigue se resserrant, les clés pour comprendre le déroulement des faits sont données. Cette construction non linéaire, avec sa chronologique bouleversée et sa narration disloquée, déroute certainement, mais force l'admiration devant son habileté, le lecteur restant incertain jusqu'au bout sur les faits. C'est un livre difficile, qui requiert une attention soutenue et qu'on lit partagé entre fascination et répulsion.

« Temple ne vit pas, n'entendit pas s'ouvrir la porte de sa chambre. Au bout d'un instant, elle tourna par hasard les yeux de ce côté et y aperçut Popeye, son chapeau sur l'oreille. Sans bruit, il entra, ferma la porte, poussa le verrou, se dirigea vers elle. Tout doucement, elle se renfonça dans le lit, remontant jusqu'au menton les couvertures, et resta ainsi, anxieusement attentive aux gestes de Popeye. Il s'approcha, la regarda. Elle sentit son corps se contracter insensiblement, se dérober dans un isolement aussi absolu que si elle eût été attachée sur le clocher d'une église. Elle sourit à Popeye d'un pauvre sourire humble et gauche, découvrant l'émail de ses dents. »

On referme ce livre sonné, à bout de souffle, exsangue, sans savoir comment en parler... J'ai attendu quelques jours, quelques semaines même, le temps de reprendre mon souffle et de chercher mes mots. Je ne suis pas sûre de les avoir trouvés. Mais l'impression généralement qu'il m'en reste aujourd'hui est un sentiment diffus et persistant de violence, de bassesse, de corruption, d'impuissance, de désespérance et... de consternation.
Lien : http://descaillouxpleinleven..
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Sanctuaire, où le récit d'un fait divers sordide qui entraine la déchéance d'une jeune fille de la bonne société sudiste. Un récit à mi-chemin entre une littérature hermétique et roman noir façon Chandler ou Hammett. Ou plus exactement un texte qui s'apparente à ces deux genres à la fois.
Une fois de plus, Faulkner produit une oeuvre difficile d'accès, où le lecteur parfois se perd, mais qui laisse une saveur forte et persistante. Je ne suis pas fumeur, mais j'imagine que le plaisir de fumer un cigare corsé s'apparente à celui de ce type de lecture. On referme le livre en étant marqué, un peu ivre et écoeuré par cet univers pesant et sombre que l'auteur excelle à créer.
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Roman noir et cruel, qui offre une plongée dans une atmosphère glauque que l'on ne peut lâcher, envoûtés par le style littéraire magnifique, poétique et halluciné.
Roman difficile car il faut accepter de ne pas tout saisir en début de livre ; j'ai parfois eu l'impression de voir un film plan par plan et de comprendre l'histoire au fur et à mesure que les séquences se mettent en place.
Un grand livre, auquel font écho, en lecture complémentaire pour cette atmosphère du sud des EU, « ne tirez pas sur l'oiseau moqueur » de Harper Lee, et peut être un peu aussi « j'irai cracher sur vos tombes », pour la froideur et l'absence d'émotion ...
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Un roman très difficile à lire du fait de l'éclatement de tous les repères. On est noyé dans un océan de sensations angoissantes sans comprendre ce qu'il se passe. La 2eme partie, un peu plus facile à lire, éclaircit la 1ere et dévoile l'étendue du drame. A lire mais avec beaucoup d'entêtement...
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