Je commencerais par dire que, pour les livres de
Faulkner, je ne peux pas être objectif. Cet auteur m'a tellement bluffé que j'ai un a priori favorable éternel à son égard et que je ne pense pas pouvoir être déçu par lui.
L'originalité de ce
Faulkner réside dans les deux histoires entrecroisés, deux romans en un en quelque sorte. On ne peut s'empêcher forcément de tisser des parallèles entre elles, de chercher des passerelles, d'explorer les raisons qui les ont fait réunir, de traquer, d'espérer, de redouter qu'elles se rejoignent. Elles ont en commun, comme souvent chez
Faulkner, une chronologie bouleversée, des allers retours destinés à perdre le lecteur, pour mieux le retrouver à une autre boucle du fleuve Mississippi. le lecteur ne peut qu'éprouver de l'empathie pour les personnages, car il est souvent aussi balloté qu'eux.
J'ai beaucoup pensé à Belle du Seigneur en lisant une des deux histoires, et je me demande du coup si Cohen avait lu
Si je t'oublie Jerusalem et s'il l'a inspiré, ou si le rapprochement n'est que coincidence et fruit de mon esprit tordu.
En lisant ce
Faulkner, je me suis aussi fait la réflexion que les personnages de l'auteur nous paraissent assez souvent proches de la folie, à la rupture... mais que ce serait sans doute le cas de la plupart des gens, si on pénétrait leur pensées secrètes et qu'on les suivait dans leur méandres les plus tarabiscotés, comme sait si bien le faire ce cher William. Peut-être même mes pensées ne serait-elles pas les plus exemptes de cette folie douce...