A la place d'une Dark Fantasy « épique et spectaculaire »,
Estelle Faye vous propose en fait une Paranormal Romance évitant de façon maniaque toute scène d'envergure
La quatrième de couverture parle de « roman de dark fantasy spectaculaire et épique, dans la lignée de
Joe Abercrombie ou de
Glen Cook », mais on se retrouve en réalité avec de la Paranormal Romance Gay d'une grande mièvrerie et qui, au mépris de l'aspect Flintlock également présent, fait passer au troisième plan la Révolution qui est supposée être au coeur de l'histoire au profit des transports amoureux des protagonistes (et d'un message social contre les intolérances / pour la liberté sexuelle et la libération de la femme -notamment sur le plan professionnel-). Deux des personnages principaux, loin des codes de la Dark Fantasy, sont d'ailleurs des Bishōnen (hommes d'apparence délicate, androgyne, voire carrément féminine) sortis tout droit d'un manga / anime. Si vous pensez que la Dark Fantasy peut s'accommoder de personnages mercenaires au teint de rose et aux cheveux soyeux, dépourvus de la moindre cicatrice, au mépris des codes du genre qui privilégient les protagonistes patibulaires et burinés, allez-y, sinon, fuyez.
Bref si l'aspect « dark » est en effet présent, il est trop noyé dans des éléments qui ne correspondent pas aux codes du genre pour remporter l'adhésion des puristes. L'aspect épique et spectaculaire, vanté lui aussi par la quatrième de couverture, je le cherche encore (en même temps, avec des batailles réglées en quelques lignes lapidaires…), tout comme le magicbuilding, aux abonnés absents (ce qui, vu la présence très importante d'éléments surnaturels, est un comble). L'impression d'ensemble est celle d'un livre peu maîtrisé (avec de grosses incohérences en terme d'intrigue et de worldbuilding), relevant globalement plus du Young adult que de la Dark Fantasy pour adultes : autant dire qu'on est très loin de la comparaison fantaisiste avec Cook et Abercrombie, de grands écrivains maîtrisant avec brio leur sujet. le soin quasiment maniaque avec lequel l'autrice évite toute grande scène potentiellement immersive, spectaculaire ou épique est juste extraordinaire. Ce qui n'aurait pas posé de problème si ce roman avait été présenté comme intimiste, et pas comme « épique et spectaculaire » : là, il y une discordance absolument énorme entre le marketing et la réalité concrète.
Le seul intérêt que je trouve à ce livre est une atmosphère fantastique très agréable, des influences slaves qui le démarquent du tout-venant de la fantasy francophone, et bien entendu la présence de canons et d'armes à feu, ainsi que le contexte Révolutionnaire, qui l'inscrivent dans le mouvement Flintlock Fantasy. Toutefois, dans chacune de ces catégories (ainsi, bien entendu, qu'en Dark fantasy), vous pouvez trouver largement mieux, surtout si vous lisez l'anglais. Si vous êtes intéressé par une exploration au travers d'un prisme Fantasy de la Révolution, on vous conseillera plutôt de vous tourner vers McClellan ou Wexler, nettement plus pertinents (le second proposant également une romance gay autrement plus intéressante). Pour l'aspect civilisation slave + mousquets / canons + magie, les anglophones auront tout intérêt à aller plutôt vers
Bradley P. Beaulieu. Enfin, pour de la Fantasy Gay-friendly, préférez Rien que l'acier de
Richard Morgan, incomparablement plus solide.
Bref, un livre qui se destinera essentiellement au fan de l'autrice, au novice en Fantasy, au lecteur de Young Adult ou de Paranormal Romance, ou au lecteur non-anglophone. le fan de Cook, d'Abercrombie et de Dark Fantasy / Fantasy épique ira, lui, voir ailleurs si l'herbe est plus verte (et elle l'est).
Ce qui précède n'est que la conclusion / le résumé de ma critique : retrouvez l'argumentaire et l'analyse complète sur mon blog.
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