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4,29

sur 9719 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
L'écriture de Gaël Faye m'a vraiment séduite, toute en finesse, elle rend bien les couleurs de l'Afrique où elle nous immerge, comme elle nous auréole des ombres d'un enfant trop tôt grandi, désabusé par un monde horrifiant.

Gaby est un métis de père français et de mère rwandaise. Ses parents, sa soeur et lui vivent au Burundi des jours heureux et insouciants jusqu'à la tragédie banale de la séparation de leurs parents. Sa mère quitte le foyer en même temps que Gaby quitte l'innocence. Les échos de la politique de ces trois pays limitrophes et si proches : le Rwanda d'où sa mère s'est exilée à cause des guerres multiples, le Zaïre (nous sommes en 1994) et le Burundi, lui parviennent comme une rumeur inquiétante. Il n'est pourtant qu'un gamin, mais déjà il entend parler de Hutu, de Tutsi, de cafards, de nez épatés et de silhouettes longilignes comme des signes de reconnaissance ou de haine. Un coup d'état survient, des Présidents sont assassinés alors Burundi et Rwanda s'embrasent dans une folie meurtrière au vu et au su de toute la communauté internationale, impassible...
Un relent amer d'une tuerie génocidaire qu'on s'était pourtant juré de ne plus jamais connaitre. Mais l'indifférence est plus forte que la mémoire des Hommes.

Petit pays raconte donc la nostalgie de l'enfance et la terreur d'un massacre.
C'est un beau livre, mais je dois reconnaitre avoir été charmée par le début, émue par la fin , mais avoir ressenti un flottement entre les deux et cela durant une bonne partie du livre.
L'écriture de Gaël Faye, j'y reviens, vaut néanmoins le détour et pour un premier coup d'essai, on peut sans se tromper affirmer qu'il est prometteur en tant qu'écrivain.
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Gaël Faye réécrit dans une version romancée son enfance au Burundi, à Bujumbura, avec ses quatre copains de l'impasse où se trouve la propriété paternelle. Dans un contexte privilégié, ces enfants, métis pour la plupart, enfants de diplomates, d'universitaires et de chefs d'entreprise, enchaînent les virées chez les voisins pour y voler les mangues, ou pour découvrir les cigarettes et la bière.
Les années 1993-94 sont celles où ce fils d'un père blanc et d'une mère tutsi découvre les tensions raciales, sans bien comprendre au début comment des gens si semblables, vivant dans le même État, parlant la même langue, pouvaient trouver motif à s'opposer.
Sa mère exilée il y a des années du Rwanda voisin entretien le désir d'un retour dans un pays où continuent de vivre une partie de la famille. Les troubles politiques aidant, la vie du jeune Gaël va perdre sa sérénité. Et les nouvelles des cousins du Rwanda vont devenir tragiques.
L'enfance africaine de l'auteur semble un peu légère au début, elle permet cependant de comprendre à quel point avec le génocide rwandais par les hutus et les représailles des tutsis, c'est tout un fragile équilibre qui s'est effondré, laissant place à des violences incontrôlées.
Ce beau récit a reçu de façon grandement méritée le Prix Goncourt des lycéens 2016.
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Un grand bravo pour Gaël Faye.
Car il réussit une exercice littéraire hautement périlleux.
Il ne suffit pas d'avoir vu la guerre et ses cadavres, les populations décharnées en exil, les villes éventrées et abandonnées pour en faire une oeuvre littéraire
Les risques sont nombreux: une approche purement descriptive jusqu à l'écoeurement du lecteur, le manque d'objectivité , les clichés sur l'Afrique, un sentimentalisme de mauvais aloi, une analyse trop géopolitique
J'ai beaucoup apprécié le ryhtme du livre
D'abord , une enfance tranquille, simple et privilégiée, sans souci matériel
Un quotidien rempli de beauté et de moments de bonheur simple
Petit à petit , au loin, on devine que quelque chose se passe juste à côté au Rwanda
Mais cela n'affecte pas directement le jeune Gaby qui s'amuse avec ses copains dans son petit monde imaginaire
La réalité le rattrape doucement et il faut attendre le dernier quart du livre pour qu'elle s'impose à lui jusqu''au dénouement final
Gaël Faye, très intelligemment, ne brusque pas le lecteur. Une première partie descriptive ,paisible , heureuse .Rien ne laisse prévoir le drame qui se prépare.Puis le déchaînement d'une violence plus suggérée que décrite.
Le chaos final dont on comprend qu'il laissera des séquelles d'abord personnelles pour Gaby puis collectives pour de nombreuses générations
Un très beau livre émouvant, poignant et subtil
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Petit pays c'est d'abord un grand cri d'amour pour l'Afrique, pour ce paradis perdu de l'enfance qu'était le Burundi des années 90. Gabriel, 10 ans, grandit dans une famille multiculturelle, père français, mère rwandaise, mélange de copains africains et européens et surtout toute la liberté et les aventures que peut offrir ce pays à un jeune garçon. La première moitié du roman est lumineuse, elle nous embarque dans l'insouciance et le bonheur simple de Gabriel. Mais les nuages s'accumulent à l'horizon, c'est d'abord le couple de ses parents qui vacille puis la politique qui s'invite avec les premières élections libres depuis longtemps dont l'espoir est vite douché par un coup d'état et enfin le drame final que tout le monde aura deviné dès que l'on prononce le mot Rwanda.

J'ai aimé ce court roman pour son ambiance, pour la facilité avec laquelle l'auteur se coule dans la tête et les mots de Gabriel, pour ces pages insouciantes du début qui nous donnent envie de découvrir tous ces personnages haut en couleurs. J'ai aussi beaucoup apprécié la manière dont Gaël Faye nous raconte très simplement mais avec une tension qui devient vite insoutenable (surtout pour un lecteur qui sait déjà comment tout cela va finir) l'enchainement d'événements qui peuvent conduire les hommes et un pays tout entier à la folie, au massacre, les rancoeurs mal digérées, l'engrenage de la violence, la facilité avec laquelle des êtres ordinaires deviennent des brutes sans scrupules. La seconde partie du livre est glaçante en ce qu'elle nous décrit l'horreur de manière presque banale, avec les mots d'un enfant qui cherche à comprendre. Ce récit est teinté de nostalgie, celle des réfugiés chassés de leur pays et qui semblent condamnés à n'être plus jamais chez eux nulle part.

Je reprocherais juste à l'auteur quelques facilités de ci de là (par exemple je n'ai pas aimé du tout la correspondance entre les deux enfants, Gabriel et son amie française, que j'ai trouvé à l'inverse du roman très clichée, on sent l'adulte qui essaye de sonner enfantin et cela ne m'a pas paru plausible du tout) mais heureusement elle sont vite oubliées quand le récit gagne en puissance au fil des pages. J'ai aussi presque regretté que ce roman ne soit pas plus long, j'aurais aimé peut être un peu plus d'explications sur certains événements même si cela fait aussi le charme du livre de les raconter de manière très épurée via le prisme de l'enfance. Une belle lecture, originale et prenante avec un vrai ton, un auteur dont j'ai envie de découvrir les prochains romans.
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Ma première critique de l'année ira à une roman court mais dense, poignant. "Petit pays" a déjà été généreusement présenté, commenté, chroniqué, je ne vais donc pas parler du récit en lui-même mais de mon ressenti.

Comme la plupart des lecteurs, j'ai bien sûr été douloureusement frappée par la violence de cette immersion dans le génocide des Tutsis au Rwanda. Comment y être insensible ? Un triste pan de l'histoire africaine dont on a trop peu parlé, silence coupable ?

Gaby, le jeune narrateur métis, prend le temps de nous présenter son pays, sa famille, sa culture mixte et ses amis avant de nous entraîner au fil de l'histoire, dans un crescendo aussi redoutable qu'un tsunami. Son témoignage nous laisse dans un désarroi nauséeux, sans plus aucune foi dans l'être humain ; tout en nous rappelant que si la guerre semble éternelle faute de pouvoir, savoir pardonner, il existe quand même de bonnes raisons de s'accrocher à la vie, pour tout ce qu'elle a à offrir d'autre que des corps assassinés et déchiquetés.

Peut-être pas la lecture idéale pour débuter une nouvelle année mais une lecture nécessaire.


Challenge ENTRE DEUX 2023
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Le roman débute sur un ton assez léger. En 1992, Gabriel, 10 ans, vit au Burundi, à Bujumbura avec sa soeur Ana, sa mère rwandaise d'origine Tutsi et son père français. Dès les premiers chapitres, même si nous ressentons une tension naissante, nous partageons l'innocence de Gaby, du bonheur partagé avec son cocon familial, ses escapades avec ses amis de l'impasse, Gino, Armand et les jumeaux qui vivent dans un monde un peu à part. Ils se réfugient dans la carcasse d'une combi Volkswagen et partagent des moments savoureux : les baignades dans la rivière, le vol des mangues. La nature apparaît de façon paradisiaque avec les manguiers, les bananiers, les bougainvilliers et les kapokiers. Mais très vite, les parents de Gaby se séparent. Après la fête de quartier donnée pour les 11 ans de Gaby, une guerre civile éclate au Rwanda puis le génocide, suivi de près par le coup d'état au Burundi et l'embrasement entre les Tutsi et les Hutu. le roman prend alors de la hauteur, va devenir de plus en plus dense et je trouve plus poétique malgré la dureté de nombreuses scènes. J'ai beaucoup apprécié cette lecture mais c'est surtout la dernière partie du roman, plus tragique et plus sombre qui m'a happée avec des passages très puissants comme cette phrase (p. 188) :
« Le génocide est une marée noire, ceux qui ne s'y sont pas noyés sont mazoutés à vie. »

Cependant, je m'interroge sur l'attitude du père. Pour moi, une grande incompréhension…

Le style de Gaël Faye est très agréable à lire, simple, fluide, visuel et de plus en plus poétique au fil de la lecture. Après avoir terminé le roman, j'ai écouté le titre Pili Pili sur un croissant au beurre qui fait écho au roman. La chanson et le roman m'apparaissent comme un exutoire, une catharsis sur les réminiscences de l'enfance. Ce roman est une ode joyeuse à l'enfance qui s'oppose à la réalité de l'Histoire et l'anéantissement de peuples, d'un pays.

Une très belle expérience de lecture.

Challenge Multi-Défis 2021
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J'ai 10 ans et je suis insouciant… Voilà comment on pourrait résumer l'enfance de Gabriel au Burundi, fils d'un expat français et d'une mère rwandaise.

Nous sommes en 1992 et je n'ai pas besoin de vous faire un dessin pour ce qui va arriver en 1994, dans le pays voisin, le Rwanda…

Lui ne le sait pas encore, personne ne le sait, personne n'ose imaginer l'indicible qui va se produire dans deux ans, bien qu'il y ait des réfugiés Tutsis au Burundi, qu'il y ait déjà eu des pogroms, des assassinats et que l'ambiance entre les deux ethnies soit des plus tendues. Mais personne ne veut y croire.

Lire le récit de Gabriel est rafraichissant, découvrir son pays (le Burundi), les querelles d'adultes, le divorce de ses parents, aux travers de ses yeux d'enfant, apporte une richesse au récit que l'on aurait pas avec un adulte témoignant.

Lui, tout ce qui compte, c'est jouer avec sa bande de copains, voler des mangues, faire les 400 coups et garder cette amitié éternelle. Ainsi, lorsqu'un de ses amis commencera à faire copain-copain avec leur ennemi du quartier et à changer de comportement, s'enfonçant du côté obscur, Gaby ne saura plus quoi faire…

Comme dans la vie réelle, les amitiés enfantines sont rarement poursuivies à l'adolescence. Comme dans les romans du King qui mettent si bien en scène des bandes de gamins, on en a toujours l'un ou l'autre qui grandit plus vite que les autres, qui ne veut plus jouer à des jeux de gosses, qui devient adulte trop tôt…

Le récit est poignant, même si les descriptions des tueries nous seront épargnées, Gaby n'en ayant pas été témoin. le récit que sa mère fera à la petite soeur de Gaël glacera à jamais son âme d'enfant et celle du lecteur par la même occasion.

Sans jamais sombrer dans le pathos, ce petit récit relatera une part d'insouciance de la jeunesse avant qu'elle ne sombre, elle aussi, du côté obscur de la Force. le récit est simple sans être simpliste, Gaël et ses amis étant des gamins plein de malice et cette malice se ressent dans le récit, sauf dans la partie où ça commence à sentir la haine de l'autre.

Un récit bouleversant, tout en pudeur, tout en délicatesse. Poignant !

Lien : https://thecanniballecteur.w..
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J'ai lu ce livre ,il y a deux ans, ne connaissant rien au génocide du Rwanda si ce n'est les lointaines résonances radiophoniques que j'entendais parfois.
Ce livre est avant tout un livre sur l'enfance déchirée de deux enfants par le divorce de leurs parents et la guerre.
Néanmoins, l'insouciance de l'enfance est maintenue dans le livre tout comme la très belle adaptation cinématographique que j'ai vue hier.Le réalisateur a su maintenir cet équilibre tenu entre l'insouciance de l'enfance et la tragédie familiale et la guerre.
J'avais décidé de lire ce livre après avoir écouté Gaël Faye au salon du livre.J'étais avec ma fille, cet jeune homme nous avait bouleversées par l'émotion qui émanait de lui, ainsi que cette simplicité de lui-même qui donne envie d'être son ami
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Pour commencer, merci à @juten-doji de m'avoir pioché ce livre dans le cadre de Pioche dans ma PAL mars.
De manière générale, j'aborde les lectures primées avec des pincettes. Si Petit Pays n'a pas déclenché en moi un enthousiasme réel, il reste pour autant une bonne lecture, un récit touchant.
Dans une écriture mi-enfant, mi-adulte, Gaël Faye nous emmène dans le quotidien de Gaby lorsqu'il était enfant au Burundi dans les années 1990... Une enfance, une innocence que l'on prend le temps de découvrir, d'apprécier. Ses copains, ses frasques, ses lettres à Laure, son appétit des livres qui lui permet de se créer une bulle, ... Petit à petit, l'auteur pose ses filons et finit par nous transporter vers l'inévitable, les conflits des Grands Lacs, la lutte Hutu/ Tutsie, au Rwanda où Gaby a de la famille, comme au Burundi. Un conflit qui n'épargne personne et va pousser Gaby à grandir beaucoup trop vite...
Cet ouvrage m'a plu par sa narration et par le sujet abordé, une page assez sombre de l'histoire qui me reste encore trop mal connu.

Pioche dans ma PAL mars 2019
Challenge le tour du scrabble en 80 jours
Challenge Trivial Reading
Challenge Multi-défis 2019
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Le Rwanda, le Burundi.
Deux confettis suspendus sous l'équateur, deux ethnies rivales, et deux enfants catapultés en enfer. Ana et Gabriel vivaient pourtant heureux à Bujumbura, aimés d'une mère rwandaise et d'un père entrepreneur français ... jusqu'à ce terrible mois d'avril 1994 où les deux confettis s'embrasèrent. Tueries entre voisins, couvre-feux, affrontements à la machette, 800000 morts en quelques semaines.
Pas Glop.

Avec ses mots d'enfants, sa naïveté et sa candeur, Gabriel témoigne de ce basculement, de son incompréhension totale face la folie meurtière de ses compatriotes, mais il nous raconte aussi cet autre Burundi, celui d'avant l'apocalypse, des virées entre copains, des mangues sucrées, des bougainvilliers en fleurs, des premiers émois, des premières découvertes littéraires, du bar-cabaret où tout le quartier se retrouvait pour refaire le monde...
Glop !

Pour allier la légèreté des souvenirs d'enfance avec l'atrocité de la guerre civile, pour chanter - comme l'oncle Alphonse - ces chansons "drôles en surface et tristes dans le fond", il fallait du culot et un certain talent, deux qualités dont Gaël Faye ne semble heureusement pas manquer !
Son Gabriel, qui tente jusqu'au bout de sauvergarder simultanément son insouciance, sa neutralité et sa famille au bord de l'implosion, est bouleversant.
Du haut de ses 11 ans, lui qui ignore tout de la politique est le seul à mesurer toute l'absurdité de ce courant de haine qui détruit son pays. Sa raison se heurte au dramatique "antogonisme hutu et tutsi", à "l'infranchissable ligne de démarcation qui oblige chacun à être d'un camp ou d'un autre" et le lecteur ne peut qu'adhérer à ce discours pétri d'innocence et de vérité.

Il manque toutefois un je-ne-sais-quoi à cette histoire un peu "simpliste" pour que je lui décerne une cinquième étoile. Peut-être me suis-je un peu lassé ces temps-ci des récits d'enfance, ou bien suis-je à nouveau victime du fameux "on-m'en-avait-dit-tellement-de-bien-que ..."
Il n'empêche que ce premier roman est très bien construit et que son succès est amplement mérité ! Gaël Faye, que je vais continuer à suivre, aborde avec beaucoup de justesse et d'orignialité le thème ô combien délicat du génocide rwandais et commémore à sa façon un drame historique qui ne peut (ne doit !) être oublié !

Le Rwanda, le Burundi : petits pays, certes, mais grandes émotions.
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